Irano-Québécois — Wikipédia

Irano-Québécois

Populations importantes par région
Montréal 19 670
Montérégie 2 350
Laval 1 185
Population totale 25 530 (2016)[1]
Autres
Régions d’origine Drapeau de l'Iran Iran
Langues Persan, français, anglais, kurde, azéri
Religions Chiisme, judaïsme
Ethnies liées Québécois, Persans, Azéris d'Iran, Kurdes d'Iran, Lors

Les Irano-Québécois sont une minorité ethnique issue de la migration de l'Iran vers le Québec.

Dans les années 1980, un grand nombre d'Iraniens fuient la révolution islamique, puis la guerre irako-iranienne, et s'établissent à Montréal, notamment un millier de juifs iraniens (en)[2]. Dans les années 1990, qui suit l'émigration serait plus de l'ordre politique, mais de l'ordre économique[3].

Démographie

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Au recensement de 2016, le Québec compte 17 760 habitants nés en Iran[4]. La population d'Irano-Québécois est estimée à 25 530 personnes en 2016[1]suivant l'origine ethnique contre 12 370 recensés en 2006[5]. L'immigration iranienne est relativement récente au Québec puisque plus de la moitié des Irano-Québécois se sont établis au Québec au cours de la dernière décennie et que déjà en 2006, 91,3 % des Irano-Québécois étaient de première génération, c'est-à-dire nés à l'étranger. En 2014, l'Iran est le pays d'où provient le plus grand contingent d'immigrants arrivant au Québec, avec cette année-là près de 6 000 nouveaux arrivants. Historiquement, la moitié des Iraniens immigrant au Québec s'établissent ensuite au Canada anglais[6].

Au total, 32 965 Québécois parlent persan (farsi), et 20 000 l'emploient à la maison. Moins de 1 000 personnes utilisent dans leur ménage une autre langue parlée en Iran, soit le kurde, l'azéri ou une autre langue iranienne. Le taux de rétention la langue d'origine est relativement élevé, soit 73,9 % pour le persan, ce qui peut s'expliquer par le caractère récent de l'immigration iranienne au Québec[4]. Une proportion de 70,1 % des Iraniens au Québec maîtrisent le français, 85,1 % l'anglais, et 60,4 % le français et l'anglais (2006)[5].

Langues iraniennes parlées au Québec[4],[7]
Langue maternelle
Langue 2011 2016
Persan (Farsi) 19 835 27 490
Kurde[8] 820 985
Azéri[9] . 290
Autres langues iraniennes . 440
Total 20 655 29 205
Langue parlée à la maison
Langue 2011 2016
Persan (farsi) 14 380 20 310
Kurde 380 510
Azéri . 100
Autres langues iraniennes . 235
Total 14 760 21 155

Géographie

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Les Irano-Québécois se concentrent dans la région métropolitaine de Montréal, soit à 91,3 % en 2006, et principalement sur l'île de Montréal (75,6 %). Les principales concentrations traditionnelles de population iranienne se trouvent à Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Pierrefonds-Roxboro, la Rive-Sud de Montréal, Laval et Côte-Saint-Luc (2006)[5].

Nombre d'Iraniens, selon entité géographique, 2016[10]
Entité Personnes nées en Iran Personnes parlant persan(1)
Arrivées avant 2011 Arrivées depuis 2011 Total Langue maternelle À la maison
Montréal 5 365 5 545 10 910 12 585 9 355
Autres villes de l'agglomération de Montréal 2 050 1 200 3 250 3 600 2 795
Île de Montréal 7 415 6 745 14 160 16 185 12 150
Longueuil(2) 690 260 950 4 115 3 065
Laval 765 60 825 3 275 2 395
Roussillon-Vaudreuil-Soulanges(3) 375 20 395 665 420
Rive-Nord(4) 205 - 205 340 180
Couronne Sud-Est(5) 205 - 205 255 180
RM de Montréal (hors île) 2 040 345 2 385 8 555 6 155
Région métropolitaine de Montréal 9 455 7 090 16 545 24 740 18 305
Sherbrooke(6) 75 75 150 1 230 1 010
Gatineau(6) 395 105 500 585 330
Québec(6) 170 175 345 485 360
Autres régions métropolitaines(7) 640 355 995 2 300 1 700
Montérégie (hors RMR de Montréal)(5), (8) 25 30 55 285 220
Mauricie(7), (8) 15 - 15 30 15
Estrie (hors Sherbrooke)(8) - - - 30 15
Chaudière-Appalaches (hors Lévis)(8) - - - 25 25
Laurentides (hors RMR de Montréal)(4), (8) 10 - 10 20 15
Centre-du-Québec(8) 10 - 10 20 10
Saguenay–Lac-Saint-Jean(8) 15 25 40 15 10
Abitibi-Témiscamingue(8) 25 - 25 10 -
Lanaudière (hors RMR de Montréal)(4), (8) 25 - 25 10 -
Bas-Saint-Laurent(8) - - - 5 5
Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine(8) - - - 5 5
Outaouais (hors Gatineau)(8) - - - 5 5
Côte-Nord(8) - - - 5 -
Nord-du-Québec(8) - - - - 5
Capitale-Nationale (hors RMR de Québec)(8) - - - - -
Autres régions 160 60 220 450 305
Le Québec 10 255 7 505 17 760 27 490 20 310
Voir notes[11].

Les Irano-Québécois détiennent un diplôme universitaire dans une proportion de 40,1 %, soit davantage que dans l'ensemble de la population québécoise. Toutefois, le revenu moyen est inférieur dans la communauté iranienne que dans la population en général (2006)[5]. La communauté iranienne dispose d'un réseau de commerces offrant les produits iraniens, par exemple les supermarchés Akhavan[12]. La Chambre de commerce de la communauté iranienne du Québec (CCCIQ) vise à contribuer au développement professionnel et commercial de la communauté irano-québécoise et à organiser et promouvoir son implication dans l'économie québécoise[13].

Les intellectuels iraniens établis au Québec demeurent attachés à la culture persane. Les membres du CaféLitt discutent d’histoire, de science, de littérature et des arts. La Galerie Mekic, située sur le Plateau-Mont-Royal, remplit des fonctions de galerie d’art, de centre culturel, de bibliothèque et de maison d’édition principalement de la culture iranienne[14]. Le peintre irano-québécois dirige le Festival Accès Asie[15]. Dans la triologie Un, Deux et Trois, l'Irano-Québécois Mani Soleymanlou aborde la question d'identité, tenant de décrire l'Iranien dans Un, se confrontant à un Québécois dans Deux et abordant le thème de la diversité dans Trois[16].

L'ensemble Constantinople, créé en 1998 par les frères irano-québécois Kiya et Ziya Tabassian[17], vise l'interprétation d'un répertoire métissé provenant à l’esthétique médiévale, baroque et contemporaine, de l’Europe méditerranéenne à l’Orient[18].

Une cinquantaine de familles iraniennes juives demeurent au Québec[2].

Dans le cadre du débat sur la laïcité au Québec, l'Association des femmes iraniennes de Montréal est favorable à ce que la burqa soit interdite dans l'espace public, s'appuyant sur le fait que l'État et la religion sont séparés et que cet objet réduit la sécurité, limite les contacts et est un signe de l'Islam politique et rétrograde[19].

En 2003, la photojournaliste Zahra Kazemi de Montréal est arrêtée, torturée et meurt à la prison à Téhéran. En 2016, l'anthropologue irano-québécoise Homa Hoodfar est arrêtée, emprisonnée puis relâchée à Téhéran lors d'un séjour pour recueillir des données sur la participation des femmes aux élections en Iran[20].

Personnalités

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Notes et références

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  1. a et b Statistique Canada. 2017. Montréal, Montérégie, Laval et Québec (tableau). Profil du recensement, Recensement de 2016, produit nº 98-316-X2016001 au catalogue de Statistique Canada. Ottawa. Diffusé le 29 novembre 2017. Consulté le 15 avril 2020.
  2. a et b « Les juifs iraniens du Québec », CJ News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Vahid Garousi, « Iranians in Canada : a Statistical Analysis », The Iranian,‎ , p. 8, 9 (résumé, lire en ligne)
  4. a b et c Statistique Canada. 2017. Québec (tableau). Profil du recensement, Recensement de 2016, produit no 98-316-X2016001 au catalogue de Statistique Canada. Ottawa. Diffusé le 29 novembre 2017. Consulté le 17 octobre 2018.
  5. a b c et d Immigration et Communautés culturelles Québec - MICCQ, Portrait statistique de la population d’origine ethnique iranienne recensée au Québec en 2006, Québec, Gouvernement du Québec, , 9 p. (lire en ligne). Il est à noter que comme ces données datent de plus de 10 ans et que les effectifs ont crû énormément depuis, ces informations doivent être employées avec circonspection pour décrire la situation actuelle.
  6. André Dubuc, « Les Iraniens les plus nombreux à avoir choisi le Québec », La Presse,‎ .
  7. Statistique Canada. 2012. Québec (Code 24) et Canada (Code 01) (tableau). Profil du recensement, Recensement de 2011, produit no 98-316-XWF au catalogue de Statistique Canada. Ottawa. Diffusé le 24 octobre 2012. Consulté le 17 octobre 2018)
  8. Le kurde est également parlé en Irak et en Turquie.
  9. L'azéri est également parlé en Azerbaïdjan.
  10. Statistique Canada. 2017. Profil du recensement, Recensement de 2016, Abitibi-Témiscamingue, Bas-Saint-Laurent, Capitale-Nationale, Centre-du-Québec, Chaudière-Appalaches, Côte-Nord, Estrie, Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Ottawa-Gatineau (partie Québec), Gatineau, TÉ, Haut-Richelieu, Lanaudière, L'Assomption MRC, Laurentides, Laval, TÉ, Lévis, TÉ, Longueuil, TÉ, Marguerite-D'Youville, Mauricie, Mirabel, TÉ, Montréal, V, Montréal, TÉ, Moulins, Nord-du-Québec, Outaouais, Québec, RMR, Québec, TÉ, Roussillon, Saguenay, RMR, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Sherbrooke, RMR, Thérèse-De Blainville, Trois-Rivières, RMR, Vaudreuil-Soulanges, Québec (tableau). Produit no 98-316-X2016001 au catalogue de Statistique Canada. Ottawa. Diffusé le 29 novembre 2017. Consulté le 17 octobre 2018.
  11. Notes au tableau : Les totaux peuvent être différents des sommes des parties, en raison des arrondissements et de la nature échantillonnale des données. (1) Pour la langue, comprend uniquement les réponses uniques et exclut les réponses multiples.
    (2) Agglomération.
    (3) La MRC de Roussillon est totalement comprise dans la RMR de Montréal alors que la partie urbaine (est) de la MRC de Vaudreuil-Soulanges est incluse dans la RMR de Montréal alors que la partie rurale (ouest) en est exclue.
    (4) La Rive-Nord est ici définie comme les MRC ou TÉ de Deux-Montagnes, de Mirabel, de La Rivière-du-Nord, de Thérèse-De Blainville dans la région des Laurentides, ainsi que des Moulins et de L'Assomption dans la région de Lanaudière. Les entités Laurentides (hors RMR Montréal) et Lanaudière (hors RMR de Montréal) correspondent aux MRC à l'extérieur du territoire de la RMR de Montréal, c'est-à-dire celles non mentionnées dans la liste précédente. Ce territoire est à peu de chose près celui du découpage territorial de Statistique Canada en 2016, la seule différence étant Gore exclue ici de la RMR. Cette différence marginale n'engendre pas d'écart significatif.
    (5) La Couronne Sud-Est est ici définie comme les MRC de Marguerite-D'Youville, de La Vallée-du-Richelieu et du Haut-Richelieu dans la région de la Montérégie. L'entité Montérégie (hors RMR Montréal) correspond aux MRC à l'extérieur du territoire de la RMR de Montréal, c'est-à-dire celles non mentionnées dans la liste précédente. Ce territoire est à peu de chose près celui du découpage territorial de Statistique Canada en 2016, les seules différences étant Calixa-Lavallée, incluse ici de la RMR, et Richelieu et Saint-Mathias-sur-Richelieu, exclues ici de la RMR. Ces différences marginales n'engendrent pas d'écart significatif.
    (6) Région métropolitaine de recensement.
    (7) En raison des faibles valeurs, les populations des régions métropolitaines de Trois-Rivières et de Saguenay sont comprises dans leurs régions administratives respectives, soit la Mauricie et le Saguenay–Lac-Saint-Jean respectivement.
    (8) Basé sur échantillon de 20 %. Valeurs inférieures à 150 non significatives.
  12. Boris Proulx, « Des Iraniens du Québec inquiets : Des immigrants d’ici craignent d’être victimes des politiques de Donald Trump », Journal de Montréal, Québecor Média,‎ .
  13. Chambre de commerce de la communauté iranienne du Québec CCCIQ, « À propos de nous », (consulté le ).
  14. Annick Brabant, « La vie culturelle iranienne à Montréal », Mémoire des Montréalais : grand dossier mémoires d'immigration,‎ (lire en ligne)
  15. Brabant Annick, « La vie culturelle iranienne à Montréal », Mémoires de Montréal, Ville de Montréal,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. AFP, « «L'obsession française» pour l'identité mise en scène par l'Irano-Québécois Mani Soleymanlou », Journal de Montréal, Québecor Média,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. Pascal Eloy, « Constantinople : la Méditerranée vue du Québec », L'Outarde libérée,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. Constantinople, « L'Ensemble », (consulté le ).
  19. « Les Iraniennes et les Québécois ont le même avis », Journal de Montréal,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Mélanie Marquis, « Une prof canadienne libérée en Iran », Le Soleil, Groupe Capitales Médias,‎ (ISSN 0319-0730, lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

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  • Aghdas Dadashzadeh, L'intégration des Iraniens de première génération : Analyse comparée Montréal - Toronto, Montréal, Université du Québec à Montréal, , 109 p. (lire en ligne).
  • (en) HASHEMZADEH, Kianoosh. Not a Place but a Culture: the Cultivation of Iranian Subjectivity in Montreal, Mémoire (MA), Montréal, Université McGill, 2009, 109 pages.
  • Immigration et Communautés culturelles Québec - MICCQ, Portrait statistique de la population d’origine ethnique iranienne recensée au Québec en 2006, Québec, Gouvernement du Québec, , 9 p. (lire en ligne).
  • NAMAZI, Vahideddin. Les trajectoires de l’intégration professionnelle des immigrants iraniens travaillants comme chauffeurs de taxi à Montréal, Thèse de doctorat, Montréal, Université de Montréal, 2010, 606 pages.

Articles connexes

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Liens externes

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