J'ai du bon tabac — Wikipédia
J'ai du bon tabac est une chanson française populaire attribuée à l'abbé de l'Attaignant (1697-1779).
Origine
[modifier | modifier le code]Cette chanson est attribuée à l'abbé de l'Attaignant, bien qu'il ne l'ait pas signée[1].
Michel Corrette est l'auteur d'un concerto comique, La Servante au bon tabac (1733), dont le troisième mouvement a pour thème la mélodie de J'ai du bon tabac.
Paroles
[modifier | modifier le code]- (couplet unique de la version courte)
J'ai du bon tabac dans ma tabatière,
J'ai du bon tabac, tu n'en auras pas.
J'en ai du fin et du bien râpé,
Mais ce n'est pas pour ton grand doigt d’pied !
(refrain strict :)
J'ai du bon tabac dans ma tabatière,
J'ai du bon tabac, tu n'en auras pas.
Version satirique de Lattaignant
[modifier | modifier le code]L'abbé Gabriel-Charles de Lattaignant a ajouté en 1760 huit couplets satiriques à la chanson d'origine.
Lattaignant est renommé pour avoir composé des opéras-comiques, des cantiques spirituels, des poésies profanes le plus souvent légères et frivoles, des épigrammes, des pamphlets politiques (comme Voltaire dont il est contemporain et admirateur), des lettres et des chansons, parfois très libres et estimées en son temps puisque Bachaumont l'appelle « le grand chansonnier »[2].
La dernière strophe raille :
- Ce bon Monsieur de Clermont-Tonnerre
- Qui fut mécontent d'être chansonné
Pour avoir écrit des vers peu élogieux à l'encontre de Clermont-Tonnerre, l'abbé manque de se faire corriger. Prévenu à temps, il évite la bastonnade et c'est un autre chanoine de Reims qui reçoit la correction à sa place ! C'est pour se venger du comte que l'abbé compose ce couplet qu'il termine par le refrain :
- J'ai du bon tabac dans ma tabatière
- J'ai du bon tabac, tu n'en auras pas
Il refuse ainsi à Clermont-Tonnerre la plus élémentaire des marques de courtoisie : une prise de sa tabatière (car le tabac est alors très en vogue)[3].
Outre le réquisitoire contre l'intolérance et le cléricalisme[4], il peut s'agir de l'une des nombreuses chansons dont la simplicité enfantine des paroles dissimule un double sens paillard, tabatière et doigt de pied faisant dans ce cas référence aux organes génitaux d'une jeune fille souhaitant notamment garder sa virginité et d'un homme à qui elle se refuse[5].
Paroles de la version satirique de Lattaignant
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Ce refrain connu que chantait mon père,
Un noble héritier de gentilhommière
Un vieil usurier expert en affaire, |
Juges, avocats, entr'ouvrant leur serre,
D'un gros financier la coquette flaire
Neuperg, se croyant un foudre de guerre, |
Tel qui veut nier l'esprit de Voltaire,
Par ce bon Monsieur de Clermont-Tonnerre,
Voilà dix couplets, cela ne fait guère |
Œuvres musicales où la mélodie est utilisée
[modifier | modifier le code]- Michel Corrette, concerto comique, La Servante au bon tabac (1733), troisième mouvement.
- Alexandre Glazounov, Les Ruses d'Amour, ballet, op. 61 (1898), première scène.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Poésies diverses et Pièces inédites de Lattaignant, Chanoine de Reims, Avec une Notice bio-bibliographique par Ernest Jullien, Paris, A. Quantin, 1881, p. VI. Consultable sur Gallica.
- Mémoires secrets, 12 avril 1775
- M. David, A.-M. Delrieu ; préface de C. Roy, Refrains d'enfance : histoire de 60 chansons populaires, Paris : Herscher, 1988, p. 159
- « J'ai du bon tabac - Paris le nez en l'air » (consulté le )
- « Chansons grivoises » (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Article connexe
[modifier | modifier le code]Lien externe
[modifier | modifier le code]- [PDF] « 10 partitions pour piano »