Jean de Tinan — Wikipédia
Nom de naissance | Jean Le Barbier de Tinan |
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Naissance | Paris |
Décès | |
Activité principale |
Genres |
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Jean Le Barbier de Tinan, dit Jean de Tinan, né à Paris (7e) le [1] et mort dans la même ville et le même arrondissement le [2], est un romancier et chroniqueur français.
Biographie
[modifier | modifier le code]Fils d'Eugène Jean-Marie Théodose Le Barbier de Tinan (dit Maurice, 1842-1919) et de Valentine Derval (1851-1921)[3], il grandit à l’écart de ses parents, élevé par sa grand-mère et sa tante, non loin de l’abbaye de Jumièges, où sa famille possède des biens[4].
Il emménage à Paris en 1895 après avoir obtenu un diplôme de l'école d'agronomie de Montpellier[5], étant au départ partagé entre l'amour des sciences exactes et la littérature : au Quartier latin, il devient l'ami intime de Pierre Louÿs et d'André Lebey, se lie aussi à Paul Valéry et André Gide. Situés non loin du jardin du Luxembourg, leurs cafés préférés sont le D'Harcourt et la Taverne du Panthéon, ainsi que chez Vachette, au 27 boulevard Saint-Michel[4].
Il est le prête-plume de Willy pour deux de ses romans. Il tient entre autres la rubrique des « sciences biologiques » dans le Mercure de France[4], qui est l'un de ses éditeurs. Il écrit aussi pour la Revue blanche et Le Centaure.
L'un de ses « cocktails » préférés était le mélange d'éther et de curaçao, qu'il absorbait en réalité pour lutter contre la douleur et se donner du tonus[4].
En effet, malade du cœur depuis l'enfance, à l'automne 1898, il est paralysé après une attaque et meurt quelque temps plus tard d'une crise cardiaque le ; il est enterré au cimetière du Père Lachaise, dans le caveau d’Antoine Merlin de Thionville, un de ses arrière-grands-pères[6].
Il est une figure caractéristique de la Belle Époque[7] et un représentant de l'esthétique du décadentisme.
Vie sentimentale
[modifier | modifier le code]Durant sa courte vie d'adulte, Jean de Tinan a de nombreuses liaisons amoureuses.
Il a une liaison avec Irmine Gertrude Louise Boex, surnommée « Minnie », qui est la première fille de J.-H. Rosny aîné : elle a à peine 15 ans[8]. Cette expérience inspire à l'auteur un roman, Aimienne ou le détournement de mineure, publié à titre posthume en 1899 par le Mercure de France. À propos de cette histoire, Edmond de Goncourt note dans son Journal : « Paul Margueritte me parle d'un dîner avec Rosny, qu'il a trouvé bien acerbe et qui continue à lui faire légèrement peur. Et comme on dit qu'il ne doit pas être commode dans son intérieur, Victor Margueritte raconte que sa fille aînée, qui a une quinzaine d'années, s'est enfuie de chez lui et s'est engagée comme fille de brasserie au café Harcourt et là, s'est laissé emmener dans la chambre de Jean de Tinan, un jeune poète, qui, lorsqu'il a appris qu'elle était la fille de Rosny, a été trouver le père, qui lui aurait dit qu'il avait un rendez-vous pour le moment et n'aurait été la rechercher que le lendemain... Mais le surlendemain, elle était pendue à la sonnette du poète[9]. » Toujours à propos de cette liaison, dans les notes du Journal de J.-H. Rosny aîné[10], Jean-Michel Pottier précise : « Dans sa biographie de Jean de Tinan, Jean-Paul Goujon rappelle les faits en publiant un fac-similé d'une lettre écrite par Minnie qui ne laisse pas de doute sur l'authenticité de cette liaison. » Irmine Boex est la mère de Robert Borel-Rosny qui collabore avec sa femme Raymonde sous le nom R. & R. Borel-Rosny.
Jean de Tinan fut également, durant sa vie, amoureux éperdu de Marie de Régnier, qui avait été la maîtresse de son meilleur ami, Pierre Louÿs[4].
Commentaires et critiques
[modifier | modifier le code]Stéphane Mallarmé parla du roman de Jean de Tinan, Penses-tu réussir !, comme d'une version moderne de L'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert[3].
Paul Léautaud, un des amis de Tinan, le mentionne à trente-huit reprises dans son Journal littéraire, à deux reprises dans son récit autobiographique Le Petit Ami et aussi dans Le Théâtre de Maurice Boissard (XXe chronique, datée du ). Dans son Journal littéraire en date du , Léautaud écrit qu'Alfred Vallette lui a dit : « si on mettait de l’argent sur les écrivains comme on en met sur les chevaux, j’en mettrais sur Tinan ».
Publications
[modifier | modifier le code]- Un document sur l'impuissance d'aimer, roman, avec une eau-forte en frontispice de Félicien Rops, Paris, Librairie de l'art indépendant, 1894.
- Érythrée : les amphores de Phéidas, contes, ornementations de Maurice Delcourt, Paris, Éditions du Mercure de France, 1896 — 1er de huit contes annoncés : lire sur Gallica.
- Penses-tu réussir ! ou les diverses amours de mon ami Raoul de Vallonges, roman, Paris, Éditions du Mercure de France, 1897.
- Willy, Maîtresse d'esthètes, roman à clefs, couverture illustrée par Albert Guillaume, Paris, H. Simonis Empis, 1897 — écrit par Tinan en qualité de prête-plume.
- L'Exemple de Ninon de Lenclos amoureuse, roman, couverture illustrée par Toulouse-Lautrec, Paris, Éditions du Mercure de France, .
- Willy [Jean de Tinan], Un vilain monsieur, couverture illustrée par Albert Guillaume, Paris, H. Simonis Empis, 1898.
- Publications posthumes
- Aimienne, ou le détournement de mineure, roman, couverture illustrée par Maxime Dethomas et portrait de l'auteur par Henry Bataille, Paris, Éditions du Mercure de France, 1899 —Texte en ligne
- Annotation sentimentale (1921) Texte en ligne
- Noctambulismes (1897-1898) (1921)
- Œuvres (2 volumes, 1922-1923) Texte en ligne 1 2
- Œuvres complètes (2 volumes, 1990)
- Journal intime 1894-1895, édition établie par Jean-Paul Goujon, Bartillat, 2016
- Correspondance
- L'Amitié de Pierre Louÿs et de Jean de Tinan, Les Amis de Pierre Louÿs, Reims, 1977
- Lettres inédites à André Lebey, Éditions Complexe, Dolhain, 1984
- Pierre Louÿs, Jean de Tinan : Correspondance, 1894-1898, Éditions du Limon, Paris, 1995
- Correspondance inédite, Impr. du Lérot, Tusson, 2005
- Lettres à Madame Bulteau, édition établie, présentée et annotée par Claude Sicard, Paris, Honoré Champion, 2019.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-Paul Goujon, Jean de Tinan, Plon, Paris, 1990
- Jean-Paul Goujon, Jean de Tinan, biographie, Bartillat, Paris, 2016
Adaptation cinématographique
[modifier | modifier le code]En 2002, son roman Penses-tu réussir ! a été adapté au cinéma par Jean-Paul Civeyrac sous le titre Le Doux Amour des hommes[11].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Son acte de naissance (n° 100) dans les registres de naissance du 7e arrondissement de Paris pour l'année 1874.
- Son acte de décès (n° 1723) dans les registres de décès du 7e arrondissement de Paris pour l'année 1898.
- In: Lire : « L'actualité de la littérature française et de la littérature étrangère ».
- « L'esthète et ses maîtresses : la vie brève du symboliste Jean de Tinan, à travers une bio et son journal », par Jean-Didier Wagneur, Libération du 10 juin 2016.
- « Tinan et les Goncourt », sur le site consacré aux Frères Goncourt.
- « Jean de Tinan, une voix émue » par Xavier Houssin, Le Monde du 10 mars 2016.
- Magazine littéraire : « Bibliophilie - Jean de Tinan. Le beau ténébreux »
- Fabrice Mundzik, « Dossier : « J.-H. Rosny aîné et Jean de Tinan » » (consulté le )
- Edmond de Goncourt, Journal, Robert Laffont, , à la date du 10 mai 1896
- J.-H. Rosny aîné (préf. Jean-Michel Pottier), Journal - Cahiers 1880-1897, Du Lérot éditeur,
- Doux Amour des hommes, Le (2002)
Liens externes
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- (fr) Jean de Tinan, météore ou feu follet ? article de Lucien Jude ;
- (fr) Portrait dans La Revue blanche de 1898 par Henry Bataille ;
- (fr) Jean de Tinan vu par Paul Léautaud.