Kiakhta — Wikipédia

Kiakhta
(ru) Кяхта
Blason de Kiakhta
Héraldique
Drapeau de Kiakhta
Drapeau
Kiakhta
Vue générale de Kiakhta
Administration
Pays Drapeau de la Russie Russie
Région économique Sibérie de l'Est
District fédéral Sibérien
Sujet fédéral Drapeau de la république de Bouriatie Bouriatie
Raïon Raïon de Khiakta
Maire Alexandra Vladimirovna Protassova
Code postal 671840 — 671843
Code OKATO 81 233 501
Indicatif (+7) 30142
Démographie
Population 178 880 hab. (2024)
Densité 6 389 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 21′ nord, 106° 27′ est
Altitude 760 m
Superficie 2 800 ha = 28 km2
Fuseau horaire UTC+09:00 (YAKT)
Heure de Iakoutsk
Divers
Fondation 1727
Statut Ville depuis 1934
Ancien(s) nom(s) Troïtskossavsk
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Russie
Voir sur la carte topographique de Russie
Kiakhta
Géolocalisation sur la carte : Bouriatie
Voir sur la carte topographique de Bouriatie
Kiakhta

Kiakhta (en russe : Кяхта, [ˈkʲæxtə] ; en mongol : Хиагт, Hiagt, [ˈçæχtʰ] ; en bouriate de Russie : Хяагта хото, Khiaagta khoto, [ˈçæːχtə]) est une ville transbaïkale d'importante régionale et le centre administratif du raïon de Kiakhta, en république de Bouriatie. Sa population s'élevait à 17 880 habitants en 2024.

Fondée en 1727 sous le nom de Troïtskossavsk, elle joue à l'origine un rôle de fort militaire sur la frontière russo-chinoise. Dès l'année suivante, une colonie commerciale apparaît à côté du fort, sous le nom de Khiakta, devenant le terminus oriental de la route de Sibérie. La ville devient alors le centre des échanges commerciaux entre l'Empire russe et la Chine de la Dynastie Qing, principalement du thé. Kiakhta acquiert le statut de sloboda en 1743 tandis que Troïtskossavsk fut érigé en ville en 1805. Le commerce permit à Kiakhta de s'enrichir tout au long du XVIIIe siècle et au cours du XIXe siècle, et ainsi, elle devint surnommer la « Venise sablonneuse ». Néanmoins, la seconde moitié du siècle avec l'ouverture de nouvelles routes commerciales, notmmant le canal de Suez, mis la ville à l'écart des échanges commerciaux, marquant le début de son déclin. En 1868, la ville est ravagée par un incendie, et elle déclina encore davantage à l'aube du XXe siècle avec l'ouverture du chemin de fer de l'Est chinois. En 1921, la ville est prise par les Soviétiques, et Troïtskossavsk la ville et Kiakhta la sloboda sont fusionnés en 1930.

Des bâtiments civils comme religieux témoignent du passé riche de la ville, mais certains sont aujourd'hui laissés à l'abandon. Lors de son apogée, la scène culturelle était florissante avec un orchestre et le premier journal de Transbaïkalie notamment. Un pidgin russo-chinois s'y développa pour les communications entre les marchands des deux pays, qui subsista jusqu'au XXe siècle. Depuis 2010, le gouvernement russe a inscrit Kiakhta sur la liste sélective des villes historiques de Russie.

Géographie

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Khiakhta est situé dans la république de Bouriatie[1], qui est un sujet de la fédération de Russie en Sibérie orientale. La ville fait partie du district fédéral extrême-oriental, se situant à 2 100 km au nord-oiest de Vladivostok, la capitale du district. La capitale Moscou est à 6 195 km km à l'ouest tandis que Oulan-Oudé, la capitale de son sujet, est à 183 km au nord-est[a]. Le fuseau horaire est l'heure d'Irkoutsk (MSK+5, UTC+08:00).

Kiakhta est située dans le sud-ouest de la Transbaïkalie[1], région montagneuse de Sibérie orientale. Elle se trouve sur la rivière Kiakhta, près de la frontière russo-mongole, et fait face à la ville mongole d'Altanboulag.

Kiakhta est associée au village voisin de Soudja pour former la ville de Kiakhta, une municipalité du raïon. La municipalité s'étend sur 37 438 hectares, et elle est limitrophe de la municipalité de Naouchki à l'ouest, de Khoronkhoï au nord-ouest, d'Oust-Kiakhta au nord et d'Oust-Kiran au nord-est. Au sud, elle est limitrophe de la Mongolie[2].


Kiakhta
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −24,5 −20,4 −11,5 −2,6 3,9 10,9 14 11,6 4,5 −3,8 −13,9 −21,7 −4,46
Température moyenne (°C) −20,1 −15,1 −5,6 3,8 10,9 17,5 19,9 17,1 10 1,3 −9,2 −17,6 1,07
Température maximale moyenne (°C) −15 −9 1,1 11,2 18,6 24,8 26,4 23,7 16,9 7,7 −3,9 −12,6 7,49
Record de froid (°C)
date du record
−55,2
1931
−49,1
1923
−39,7
1923
−24,8
1984
−12,1
1931
−4,5
1992
1,4
1988
−2,7
1972
−9,7
1947
−26,8
1901
−34,7
1952
−42,1
1901
−55,2
1931
Record de chaleur (°C)
date du record
−0,1
2002
8,6
2007
20,5
2002
30,6
2020
35
1974
39,3
2010
40,6
1999
37,1
1936
31,6
2022
26,6
1986
−12,8
2009
−5,4
1977
40,6
1999
Précipitations (mm) 4 3 5 13 39 59 79 79 41 14 8 6 349
Précipitations les plus basses (mm)
année du record
0
1918
0
1917
0
1923
0
1925
4
1996
9
1969
17
1992
26
1980
4
1947
0,2
1940
0
1930
0
1998
163
1934
Précipitations les plus hautes (mm)
année du record
16
1934
31
1922
25
1922
54
1967
126
1924
187
1971
215
1932
231
1990
106
1917
39
1975
26
1931
24
1927
617
1990
Source : pogoda i climat « Tableaux climatiques. Données pour Kiakhta. », sur pogodaiklimat (consulté le )
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
−15
−24,5
4
 
 
 
−9
−20,4
3
 
 
 
1,1
−11,5
5
 
 
 
11,2
−2,6
13
 
 
 
18,6
3,9
39
 
 
 
24,8
10,9
59
 
 
 
26,4
14
79
 
 
 
23,7
11,6
79
 
 
 
16,9
4,5
41
 
 
 
7,7
−3,8
14
 
 
 
−3,9
−13,9
8
 
 
 
−12,6
−21,7
6
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Voies de communication et de transports

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Transports routiers

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Transport ferroviaire

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Jusqu'en 1934, la ville était divisée en deux, à savoir Troïtskossavsk pour la forteresse et la ville officielle, ainsi que Kiakhta à 4 kilomètres le sud, qui était le bourg commercial. Troïtskossavsk tire son nom de la Trinité, car sa construction commença le jour de la Trinité, et du nom de son fondateur, Savva Vladislavitch, un Serbe originaire de Raguse. Quant au nom de Kiakhta, il dérive de la rivière Kiakhtou, dont son nom dérive du mot mongol « Kia », aussi écrit « xiag » ou « khiag ». Ce mot désigne le chiendent (triticum repens), une plante qui croit en grande quantité dans l'endroit[3]. Les mots « ta(i) » ou « t(u) » qui composent la deuxième partie du mot sont deux formes du comitatif en mongol, signifiant « avec. »[4].

Empire russe

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Fondation des deux villes

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Plan de la forteresse avec la rivière Kiakhta et le tracé de la frontière.

L'histoire de la ville est liée à l'expansion des Empires russe et chinois, qui atteignent leur expansion maximale au début du XVIIIe siècle. En effet, la Russie a conquis la Sibérie tandis que la Mongolie est passée sous domination de la Dynastie Qing depuis 1691. Les deux empires cherchent alors à tracer une frontière pour délimiter leur territoire. Un premier traité est signé à Boura, une localité à une vingtaine kilomètres de l'actuelle ville, le 20 août 1727 ( dans le calendrier grégorien), traité préliminaire au traité de Kiakhta. Ce dernier est signé le 21 octobre 1727 ( dans le calendrier grégorien), et délimite la frontière par des bornes frontières du Haut-Iénisseï à l'ouest jusqu'à la rivière Gorbitsa à l'est[5].

Le jour de la Trinité de 1727, à la suite de la signature du traité, commença la construction de Troïtskossavsk par Savva Vladislavitch, un Serbe de Raguse qui fut ambassadeur russe à Constantinople avant d'être mis à la tête de l'ambasse envoyé Pékin à 1725 pour fixer la frontière que le traité de Nertchinsk n'avait pas définie. Troïtskossavsk était une forteresse dootée de quatres bastions, troies portes d'accès et d'une palissade, ce qui lui permit de devenir le centre administratif. Selon le traité de Kiakhta, nul individu ne pouvait franchir la frontière sans des autorisations spéciales, mis à part à deux endroits de la frontière, à Curuxajtu et à Kiakhta. Ces deux postes commerciaux permettaient de remplir les volontés russes de pouvoir commercer, face à la Chine qui désirait une frontière étanche. Curuxajtu[b], sur la rive de l'Argoun près de Nertchinsk, se situait dans une zone montagneuse, rendant la pratique du commerce difficile[6]. Ainsi à quatre kilomètres au sud de la forteresse de Troïtskossavsk apparut Kiakhta, la zone dévoulue aux échanges commerciaux. Lors de sa fondation, Kiakhta ft entourée d'un rempart de bois avec six bastions ainsi que qu'un fossé. En 1730 s'ajouta du côté chinois de la frontière la ville de Maimatchine[7].

Interruptions du commerce et contrebande

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Au XVIIIe siècle, les Dzoungars se livrent à des raids en terre chnoise avant de trouver refuge en Russie, où les autorités rechignent à extrader ces derniers à la Chine. Face à ce contexte de raids et de menace, la Chine referme ses frontières à de multiples reprises. Le commerce est interrompu plusieurs jours en 1744, 1747, 1751, presque six mois en 1756 et 5 semaines en 1757. Cela entraîne un isolement de Kiakhta, tandis que Maimatchine en face se vide. En août 1757, le prince dzoungar Amoursana, gendre de Galdan-Tseren et qui avait appelé les Dzoungars à se rebeller contre la Chine en 1755, se réfugie à Tobolosk. Il meurt là-bas de la variole en septembre, et sept mois plus tard, les autorités russes exposent le corps à Kiakhta[c], ce qui permet pour la Russie de dire qu'elle ne veut plus accueillir de réfugiés[8]. La Chine ferme à nouveau sa frontière pour des cas similaires plusieurs jours en 1759, totalement d'avril 1764 à juillet 1768, en 1775, d'avril 1778 à avril 1780, en 1785 et en 1792. En conséquence, les Russes exposent les cadavres à Kiakhta en face de la Chine, pour que la Chine voit les corps morts et réouvre ainsi sa frontière[8]. Les interruptions commerciales entraînaient des pénuries de thé chez les habitants de Transbaïkalie, Bouriates commes Russes et de fourrures à Pékin[9].

Vue de Kiakhta en 1783.

En parallèle émerge autour de Kiakhta un important commerce de contrebande, qui peut être sanctionné de la peine de mort dans certains cas. Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle les Russes traversent la frontière pour aller vendre leurs fourrures dans les villes mongoles, mais aussi de l'or et de l'argent. Lorsque Peter Simon Pallas passe par Kiakhta, il observe le commerce de contrebande de la rhubarbe, pourtant sanctionné par la peine de mort en Russie comme en Chine[10].

À la fin du XVIIIe siècle se retrouve dans les étales de la ville des procelines avec des figures des mythologies grecques et romaines en direction de la Chine, alors en vogue en Europe, comme en témoignent Pallas et William Coxe. Pallas remarque aussi des denrées chinoises comme la badiane, le millet, les arbouses, le riz, des vêtements en satin, du coton, de la poterie ou encore de la porcelaine chinoise[11].

Apogée du commerce (XIXe siècle)

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Au tout début du XIXe siècle, le marché des fourrures s'épuise en Russie alors que le pays s'industrialise. Les produits échangés à Kiakhta sont des produits manufacturés russes comme le drap, qui constitue l'essentiel des exportations vers l'Empire du milieu, tandis que le thé devient la principale exportation chinoise de loin[12].

Kiakhta et son commerce étaient remarquables car jusqu'au traité de Nankin en 1842 elle était la seule ville avec Canton où des échanges commerciaux étaient assurés entre un pays étranger et la Chine. De plus c'était jusqu'au traité de Tien-Tsin de 1858 le seul point pour le commerce entre la Russie et la Chine. À partir du , aucun étranger n'est autorité du côté russe à Kiakhta, ce qui fait que la classe des marchands détient dans la ville un pouvoir considérable, égal nul part ailleurs dans l'Empire russe[13].

Les Empires russe et chinois voulaient réguler leurs réserves de métaux précieux, ce qui les avaient motivés à interdire la vente de marchandise contre de l'argent. Ainsi à Kiahta le commerce reposait exclsuivement sur le troc, le kitajka, une étoffe de coton, puis après 1800 le thé, servant d'unité de mesure pour les échanges. Mais à la suite de la première guerre de l'opium, la Chine nécessite d'importants besoins en métaux précieux pour verser les lourdes compensations au Royaume-Uni. Les commerçant sont alors autoriser en 1854 de commercer avec de l'or et de l'argent, en 1855 avec des pièces de monnaies[13].

La ville de Kiakhta est à son apogée le centre du commerce de thé, que la Russie est alors la plus grand consommatrice mondiale. Dans le milieu des années 1855, 90 % des importations à Kiakhta sont du thé, et la ville est surnommée le « royaume du thé »[14]. Le thé de Kiakhta était en concurrence avec le thé d'Odessa et celui directement importé par les pays occidentaux en Europe. Ainsi, le gouvernement tsariste qui se préoccupait du développement économique de la Sibérie et de son accès au commerce chinois, intervena par décrets et règlements douaniers en faveur de Kiakhta et de son thé[15].

Vue générale de Kiakhta en 1891.

La ville se distingue dans la seconde moitié du XIXe siècle par son architecture semblable à un quartier élégant d'une ville européenne. Lorsque les voyageurs occidentaux reviennent depuis la Chine, la ville agit comme le marqueur du retour en Europe. Elle fait contraste avce Maimatchin, semblable à un faubourg de Pékin[16].

Début du XXe siècle

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Kiakhta vit au début du XXe siècle un déclin économique, la ville ayant lentement perdu son statut de centre du commerce du thé. Mais elle reste développée et densement peuplée pour une ville de Sibérie[17].

Au niveau politique, la période est marquée par l'arrivée d'idées révolutionnaires dans la population. Un groupe de l'intelligentsia se forme en 1903, et évolue pour donner en 1905 la branche de Troïtskossavsk du parti ouvrier social-démocrate. Lors de la révolution russe de 1905, l'intelligentsia locale soutient la grève politique panrusse de fin octobre 1905. Dans la ville ont lieues deux manifestations et un comité est fondé pour l'organisation des manifestations. Mais les membres de ce comité sont arrêtés en décembre 1905 et en janvier 1906 lors d'une vague répressive à l'échelle nationale. Le comité se reforme entre 1909 et 1911, quand les idées révolutionnaires se renforcent à nouveau, et leurs activités deviennent alors plus présentes[17].

Révolution et guerre civile russe

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Sous le pouvoir des Bolcheviks

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La chute du régime tsariste à la suite de la révolution de Février entraîne à Kiakhta la transformation du comité local du POSDR en un organe exécutif des Soviétiques, répondant au Soviet de Petrograd. Un comité de Sécurité publique, représentant le gouvernement provisoire est aussi formé au même moment, les deux voulant diriger la ville. En décembre 1917, une faction des bolcheviks du POSDR se forme dans la ville, dirigé par K.A. Maskov, venant d'une famille d'ouvriers et ayant étudié à Tchita et Kazan[18]. Face au comité du gouvernement provisoire, un soulèvement est organisé par les Soviétiques au sein de la garnison militaire de la ville, qui contenait environ 1 500 soldats et 200 cosaques sous les ordres de l'armée cosaque de Transnsbaïkalie. Ainsi le , le désormais soviet des ouvriers et soldats de Troïtskossavsk renversa le Comité de Sécurité publique, et la Douma muncipala transféra le pouvoir au Conseil des députés ouvriers et paysans[19].

Entre-temps le territoire voisin de la Mongolie, notammment ses zones frontalières, est devenu le lieu de formation de détachements des Armées blanches. Les détachements dans les régions de Shaamar et de Yeröö furent formés pour mener des raids sur la ville et sur d'autres villes frontaliers. Début août 1918, le village frontalier de Bolchaïa Koudara est occupté par le capitain Nazdorovo dans l'objectif d'atteindre l'arrière du fond transbaïkal et ainsi menacer le pouvoir soviétique en Sibérie orientale. Cependant avec les commandants Tretiakov et Ragozine, la ville est protégée et les Gardes rouges sont repoussés vers la Mongolie[19].

En parallèle, la légion tchécoslovaque rebellée progressait en Sibérie orientale, menaçant le pouvoir soviétique. Alors que de nombreuses régions de Sibérie avaient déjà été reprises par les Armées blanches et le Corps tchécoslovaque, les Soviétiques étaient toujours présents à Troïtskossavsk. Les forces partisanes de la ville étaient relativement importantes, avec les détachements de N.A. Kalandarichvili et de V. Rogozine. Ces derniers se limitaient à lutter contrer les traîtres et anarchistes, ne souhaitant pas mener d'offensives envers les Blancs dans la région. Un groupe d'Armées blanches, le groupe de Lavrov, aussi nommée l'escouade internationale, composé d'environ 1000 soldats, la plupart des Hongrois anciennement retenus prisonniers de la Première Guerre mondiale près de Verkhnéoudinsk, tenta d'installer des détachements en Mongolie dans le but de permettre à leur groupe de rentrer dans leur pays par la Mongolie et la Chine. Il fallait pour cela passer par la ville de Troïtskossavsk, à la main en août 1918 des Soviétiques. Dans la nuit du 15 au 16 août 1918, une réunion des Soviétiques eut lieu pour élaborer un plan d'action face à l'approche des Armées blanches et des Tchévoslovaques. Les deux généraux, Nestor Kalandarichvili et Tretiakov, décidèrent d'évacuer la ville le soir-même vers Oust-Kiakhta, afin de traverser la Selenga en direction de Tcheremkhovo[19].

Reprise par les Armées Blanches

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La ville fut prise le 16 août par l'escouade internationale, bloquant les sorties de la villes et arrêtant entre 50 et 60 bolcheviks. Le , les unités des Armées blanches et des Tchécoslovaques rentrèrent à leur tour dans la ville lors d'une marche solenelle. Le millier de soldats approximatif de l'escouade internationale, déposa leurs armes à ces nouvelles troupes puisque leur chef Grigori Semenov leur avait promis leur retour dans leurs pays d'origine via la Mongolie. La nuit du 2 au 3 août fut marquée par des célébérations et des feux d'artifices. Mais ensuite, toute l'escouade internationale fut fusillée au cours de la même nuit, et des répresailles suivirent contre les bolcheviks locaux. Certains bolcheviks furent abattus, d'autres arrêtés et transférés à Verkhnéoudinsk et Tchita. Plus de 300 personnes sont détenus dans l'ancienne prison municipale et dans un des bâtiments de la Caserne[20].

Dans la seconde moitié de 1919 est créée une nouvelle organisation bolchévique de manière clanestine. Les Soviétiques envoyèrent secrètement un certain N.P. Kalouguine, révolutionnaire expérimenté chargé de rétablir l'organisation. Les membres se réunissaient à Maimatchine en Mongolie pour éviter les répressions. La Caserne rouge fut transformée par Grigori Semenov en une prison, recevant à partir de la fin de septmbre 1919 les prisonniers faits par Koltchak en Ourla et en Sibérie occidentale. C'était notamment des prisonniers de Perm, Koungour, Tcheliabinsk ou encore Zlatooust. Lorsque le mouvement partisan en Transbaïkalie a commencé à s'effondrer, l'ataman Semenov ordonna la liquida de tous les prisonniers de Transbaïkalie. Entre le 26 décembre 1919 et le 9 janvier 1920 se déroule ainsi la Tragédie de la Trinité, où entre 1 500 et 1 600 prisonniers[d] furent abattues dans la Caserne rouge par groupes[21].

Intervention chinoise

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Après le massacre de la Trinité, les Semenovites quittèrent la ville, la cédant aux armées chinoises, qui rentrèrent dans la ville le [21].

Période soviétique

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Elle prend le nom de Troïtskossavsk au début du XXe siècle, mais recouvre son nom originel en 1935.

De nos jours, Kiakhta se trouve sur la route reliant la capitale bouriate, Oulan-Oude, à la capitale mongole, Oulan-Bator, et reste un point de transit important entre la Russie et la Mongolie.

Depuis 1991

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L'époque contemporaine a été marquée par les tentatives des autorités de restauration l'aspect historique de la ville tout en lui assurant un développement socio-économique. Dans le cadre du programme fédéral du développement du tourisme intérieur de 2011 à 2018, un culster touristique a été créé à Kiakhta. Pour ce même programme sur la période 2019-2024, la reconstruction historique de la localité historique a été commencé. Cette reconstruction s'appuie sur certains bâtiments toujours existant, tels que la douane historique et les Galeries commerciales, et sur les photographies d'époques, notamment celles de la forteresse de Kiakhta[17].

Politique et administration

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Quinze concurrents étaient en lice pour l'élection maïorale de 2023, mais la bataille s'est jouée principalement entre Aleksandra Protassova de Russie unie et Igor Lesnoï de Russie juste. Protassova a gagné l'élection en recueillant 1 104 voix, en légère avance sur Lesnoï qui a reçu 1 033 voix[22].

Scrutin 1er tour 2d tour
1er % 2e % 3e % 4e % 1er % 2e % 3e % 4e %
Maïorale 2023[22] ER 25,84 SRZP 24,18 Les données manquantes sont à compléter Tour unique

Population et société

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Recensements (*) ou estimations de la population[23]

Évolution démographique
1856 1897* 1923* 1926* 1959* 1970*
5 4008 7888 4678 64610 32715 316
1979* 1989* 2002* 2010* 2012 2013
14 99018 30718 39120 02420 04619 998

Entreprises

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En 2018, la ville de Kiakhta enregistrait sur son territoire 542 entités économiques, réparties entre 93 institutions et entreprises et 449 auto-entrepreneurs[17].

Garnison militaire

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Kiakhta est la ville de garnison de la 37e brigade de fusiliers motorisés, régiment suspecté de crimes de guerre à Mothyzyn en Ukraine lors l'invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022[24].

Culture locale et patrimoine

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De part son patrimoine, Kiakhta est memere de l'Association des petites villes historiques de Russie, de l'Union russe des villes et régions historiques et de l'Association des villes de Sibérie et d'Extrême-Orient[2].

Notes et références

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  1. Distances à vol d'oiseau ou distances orthodromiques.
  2. Tsuruxajtunskaja sloboda en russe.
  3. Seon une autre version, il aurait été exposé à Sélenguinsk où les autorités chinoises auraient été conviées à le voir.
  4. Le musée d'histoire locale de la ville a identifié 640 victimes des prisonniers du massacre.

Références

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  1. a et b Ville de Kiakhta 2017, p. 4.
  2. a et b Ville de Kiakhta 2017, p. 5.
  3. Savelli 2007, p. 272.
  4. Savelli 2007, p. 273.
  5. Savelli 2007, p. 277.
  6. Savelli 2007, p. 278.
  7. Savelli 2007, p. 272-273.
  8. a et b Savelli 2007, p. 279-280.
  9. Savelli 2007, p. 296-297.
  10. Savelli 2007, p. 280-281.
  11. Savelli 2007, p. 292-295.
  12. Savelli 2007, p. 289.
  13. a et b Savelli 2007, p. 282.
  14. Savelli 2007, p. 281.
  15. Savelli 2007, p. 296.
  16. Savelli 2007, p. 301.
  17. a b c et d Mitypova 2018, p. 41.
  18. Mitypova 2018, p. 46.
  19. a b et c Mitypova 2018, p. 47.
  20. Mitypova 2018, p. 47-48.
  21. a et b Mitypova 2018, p. 48.
  22. a et b https://vk.com/wall-63355439_186558
  23. « Recensements et estimations de la population depuis 1897 », sur pop-stat.mashke.org(ru) « Office fédéral de statistiques, Recensement de la population russe de 2010 », sur www.ru[RAR] (ru) « Population résidente par municipalité de la fédération de Russie au 1er janvier 2012 », sur gks.ru[RAR] (ru) « Population résidente par municipalité de la fédération de Russie au 1er janvier 2013 », sur gks.ru.
  24. Crimes de guerre : le visage des bourreaux, Complément d'enquête, France 2, 23 juin 2022

Articles connexes

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (ru) G.S. Mitypova (Directeur d'édition) (Avec le soutien du Gouvernement de la république de Bouriatie, de l'Administration de la municipalité « Raïon de Kiakhta » et de l'Association des historiens locaux de la région du Baïkal), Кяхта — национальное достояние России: материалы международной научно-практической конференции, посвященной 95-летию Кяхтинского района и 290-летию г. Кяхта (Кяхта, 10–12 июня 2018 г.) [« Kiakhta est un trésor national de la Russie : documents de la conférence scientifique et pratique internationale consacrée au 95e anniversaire du raïon de Kiakhta et au 290e anniversaire de la ville de Kiakhta (Kiakhta, 10-12 juin 2018) »], Maison d'édition de l'Université d'État de Bouriatie d'Oulan-Oudé,‎ , 176 p. (ISBN 978-5-9793-1280-4, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (ru) Ville de Kiakhta, Règlement du 16 janvier 2017 no 13, Kiakhta, , 14 p. (lire en ligne)
  • Dany Savelli, « Kiakhta ou l’épaisseur d'une frontière », Études mongoles et sibériennes, centrasiatiques et tibétaines, vol. 38, no 1,‎ , p. 270–338 (DOI 10.3406/emong.2007.1191, lire en ligne, consulté le )

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