L'Homme mesuré — Wikipédia

L'Homme mesuré

Titre original Der vermessene Mensch
Réalisation Lars Kraume
Scénario Lars Kraume
Musique Julian Maas, Christoph M. Kaiser
Acteurs principaux

Leonard Scheicher, Girley Charlene Jazama, Peter Simonischek

Pays de production Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Genre Drame historique
Durée 116 minutes
Sortie 2023

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

L'Homme mesuré (Der vermessene Mensch) est un film allemand, réalisé par Lars Kraume, présenté dans la catégorie Berlinale Special lors du 73e Festival international du film de Berlin en 2023. Le film est une fiction sur la base de faits historiques.

Lors d'une visite de « zoos humains » à l'exposition coloniale de Berlin en 1896, le professeur Josef von Waldstätten accompagné de ses élèves et d'Alexander Hoffmann, doctorant en ethnologie, réunit une délégation d'Héréros et de Namas afin de mesurer leurs crânes sensés être plus petits que ceux des européens, théorie communément admise par l'Université et érigée en preuve absolue de la supériorité de la race blanche sur toutes autres races. Alexander Hoffmann, un héritier de la pensée d'Alexander von Humboldt qui est un des assistants de Waldstätten, se prend d'affection pour Kézia, une héréro qui avait appris à parler allemand auprès de missionnaires. En tant qu'interprète, elle fait partie de la délégation envoyée par Samuel Maharero, le chef des héréros, lors de la rencontre préparée par Theodor Leutwein entre des représentants de peuples de la colonie du sud-Ouest africain allemand et l'empereur Guillaume II. À son contact, il se persuade que les théories raciales en cours, tendant à affirmer la supériorité des blancs, sont fausses à l'instar de feu son père, lui-même ethnologue et considéré par l'académie comme un excentrique (qui finit mangé par les « sauvages »).

En 1904, une guerre éclate au sud-ouest africain allemand entre les autochtones et les colons. L'armée impériale est envoyée sur place pour réprimer la révolte. Afin d'étudier les indigènes en toute sécurité, le professeur Josef von Waldstätten propose au professeur d'anthropologie, Bernd Wendenburg, un darwinien, de se rendre au sud-ouest africain. Hoffmann se porte alors volontaire pour faire partie de l'expédition.

Après la traversée en bateau, les deux ethnologues rejoignent l'armée impériale et accompagnent dans le Waterberg une patrouille d'éclaireurs qui débusque le camp de Samuel Maharero. Mais Wendenburg, mordu par un mamba noir, meurt, étouffé par le lieutenant Wolf von Crensky qui veut l'empêcher de hurler et alerter les Héréros. Hoffmann est aussi le témoin, lors de la bataille de Waterberg, des ordres d'extermination du général Lothar von Trotha pour vaincre les Héréros.

La guerre permet à Hoffmann, dans ses travaux d'ethnologues, de récolter des crânes d'indigènes, morts au combat, et de prouver que la taille du crâne d'un « sauvage » est équivalente à celui des blancs. Quelques semaines plus tard, il retrouve à Swakopmund le professeur Josef von Waldstätten, venant du Cap où il a été invité par la société des sciences britannique afin d'enregistrer des langues autochtones. Hoffmann lui fait part des conclusions de ses recherches, affirmant ce qu'il avait déjà théorisé à l'université de Berlin. Le professeur reconnaît la justesse de ses conclusions mais refuse de faire publier l'article rédigé par Hoffmann, arguant une très probable mauvaise réception de ses affirmations par la presse nationale. Il lui suggère alors de trouver des crânes vieux de 200 à 300 ans supposés plus petits pour corroborer la théorie la plus couramment admise... s'il veut un jour obtenir une chaire à l'académie de Berlin.

Accompagné du lieutenant Wolf von Crensky, du caporal Kramer et du soldat Hartung, Hoffmann se rend dans le désert et profane une sépulture indigène isolée, lorsqu'une attaque survient. Hartung et von Crensky sont tués tandis que Kramer s'enfuit à cheval. Hoffmann reste seul à l'intérieur de la sépulture et parvient à abattre leur assaillant d'un coup de son révolver. Il s'enfuit alors dans le désert où, à bout et perdu, il tente de se suicider avant de finalement tire des coups de feu en l'air. Il est retrouvé inanimé par des indigènes placés sous la protection du pasteur Kuhlmann de la mission rhénane allemande et où il est soigné. Lors de sa convalescence, Hoffmann, qui n'a jamais oubliée Kézia et conserve, en permanence sur lui, une photographie qu'il avait prise d'elle lors de son séjour à Berlin, rencontre son mari, lui-même blessé et soigné par les missionnaires. Il lui indique que Kézia est internée au camp de concentration de Shark Island.

Un peu plus tard, à Lüderitz, Hoffmann retrouve le professeur von Waldstätten, qui lui propose de prendre le bateau le lendemain avec lui pour l'Allemagne. Mais Hoffmann refuse et, dans l'espoir de retrouver Kézia, se rend au camp de concentration de Shark Island. Sur place, il y constate que les conditions de vie sont abominables et que les prisonniers, amaigris et épuisés sont astreints à des travaux forcés. Convoyé par l'officier en charge du camps, Hoffmann est mené à un atelier de fortune. Surmontant l'odeur pestilentielle qui s'en dégage, Hoffmann découvre que dans cet atelier sont décapités des cadavres et leurs crânes mis à bouillir pour être nettoyer puis chargés dans des caisses expédiés au Musée ethnologique de Berlin. Une femme est alors désigné par l'officier comme étant Kézia. Celle-ci est attablée et occupée à racler un crâne pour en détacher des lambeaux de chair. Malgré la certification de son identité, Hoffmann feint de ne pas la reconnaître et sort précipitamment de l'atelier avant de s'éloigner définitivement.

Des années plus tard, en 1920, à Berlin, Alexander Hoffmann est enseignant à l'Université. Pendant un de ses cours, un élève lui montre un ouvrage où figure un article qu'il avait écrit en 1896, à la suite de son examen des Héréros et dans lequel il réfutait l'inégalité biologique des races entre blancs et noirs, évoquant plutôt des différences culturelles liées entre autres à la géographie et au climat. L'étudiant lui demande alors pourquoi il avait changé d'avis. Après une longue hésitation, Hoffmann lui répond : « J'étais jeune », avant de déchirer les pages du livre où figuraient ses écrits.

Girley Charlene Jazama à la Berlinale 2023 qui incarne Kunouje ou Kézia

Fiche technique

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Distribution

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Distinctions

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Récompenses

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Nominations

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Autour du film

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L'histoire d'Alexander Hoffmann sert de prétexte au réalisateur du film à retracer une période sombre et peu connue de l'histoire de l'Empire allemand lors de la prise de possession de territoires coloniaux. L'action se situe à Berlin et en Afrique, plus particulièrement dans ce qu'était la colonie d'Afrique du Sud-Ouest (aujourd'hui la Namibie) occupée à partir de 1884 par l'Empire de Guillaume II. Lors d'une insurrection des autochtones contre les colons, le général Lothar von Trotha, dépêché en urgence sur place, décide de construire des camps de concentration et de pratiquer l'extermination systématique des insurgés.
Le génocide est reconnu par les autorités allemandes en 2021[5].
Le film est projeté en Namibie où le réalisateur, par manque de structure adéquate, utilisera un cinéma mobile alimenté par énergie solaire[6].
On peut lire juste avant le générique de fin : « Le génocide des Hovaherero, des Nama, des Damara et des San a duré de 1904 à 1908, ses effets se font encore sentir. La théorie des races a jeté les bases de la politique nazie de la Shoah »[5].
Jusqu'ici, seul le film Morenga du réalisateur allemand Egon Günther et présenté en 1985 au festival de Berlin, traite du même sujet[5].

Le film a été tourné à Berlin, en Afrique du Sud et à Swakopmund du au .

La première diffusion de ce film sur la chaîne Arte en France, a eu lieu le 4 octobre 2024.

Un exemple de la richesse culturelle du peuple héréro. Dans le film, le prénom de la jeune interprète, Kézia, renferme tout un concept : « Peu importe où tu iras, tu trouveras un nouveau monde ».

Notes et références

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  1. (de) « Prix du film allemand », sur deutscher-filmpreis.de (consulté le ).
  2. (de) « Festival du cinéma allemand », sur festival-des-deutschen-films.de (consulté le ).
  3. (de) « Zero One Film Awards », sur zeroone.de (consulté le ).
  4. https://pib.gov.in/PressReleaseIframePage.aspx?PRID=1975005
  5. a b et c « Le Monde : Le génocide des Herero et des Nama en Namibie porté à l’écran », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  6. « Critiques culturelles de Martinique », sur madinin-art.net (consulté le ).

Liens externes

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