La Guajira — Wikipédia

La Guajira
Blason de La Guajira
Blason
Drapeau de La Guajira
Drapeau
La Guajira
Colline de La Teta, située dans la municipalité d'Uribia, au nord de la Guajira
Administration
Pays Drapeau de la Colombie Colombie
Capitale Riohacha
Gouverneur Juan Francisco Gómez Cerchar
Démographie
Population 655 943 hab.[1] (2005)
Densité 31 hab./km2
Géographie
Coordonnées 11° 33′ nord, 72° 21′ ouest
Superficie 2 084 800 ha = 20 848 km2
Localisation
Localisation de La Guajira

La Guajira est l’un des 32 départements de la Colombie.

La Guajira, habité principalement par les Wayuu, la principale communauté indigène du pays, est un département pauvre et historiquement délaissé par l’État colombien. Il est exposé à de graves problèmes de malnutrition[2].

Le département de La Guajira tire son nom de la péninsule homonyme où il est situé, laquelle est nommée d'après le terme de Guajiro, nom espagnol des indiens Wayuu qui vivent dans cette région.

Époque précolombienne

[modifier | modifier le code]

Époque coloniale

[modifier | modifier le code]

Histoire récente

[modifier | modifier le code]

Entre 2008 et 2013, trois mille mineurs sont morts de sous-nutrition. La sécheresse en est la cause principale, elle-même accentuée par la déforestation et l'exploitation minière, mais la corruption, les déplacements forcés et l'abandon de la part des pouvoirs publics sont également des facteurs dénoncés par les populations locales[3]. En 2016, le nombre de morts s’élève à plus de 7 000[4].

Les déplacements forcés de plusieurs milliers de personnes, initiés au début des années 1980 et toujours en cours, ont jeté dans l’extrême pauvreté de nombreuses personnes concernées et ont déstabilisé les économies agro-pastorales des populations locales. Puis, l’exploitation massive de la houille, accompagnée d’un déboisement de quelque 60 000 hectares, aurait peu à peu modifié le climat et les conditions biologiques : « Avant il pleuvait plus et les rivières avaient un débit correct. Avec les explosions de Cerrejón, qui provoquent des minitremblements de terre, et la poussière constante qui émane de la mine, tout s’est asséché. Et les plantes et les arbres sont contaminés », selon un représentant d'une communauté indigène[3].

Géographie

[modifier | modifier le code]

Géographie physique

[modifier | modifier le code]
Carte topographique de La Guajira.

C’est le département le plus septentrional du pays, situé dans la péninsule de même nom, qui pénètre dans la mer des Caraïbes qui l’entoure tant au nord qu’à l’ouest. À l’est, le département est limité par le golfe du Venezuela et avec la république du Venezuela. Au sud, il est bordé par le département de Cesar et à l’ouest par celui de Magdalena.

Le relief est marqué au nord par la serranía de Macuira, et au sud par la serranía de Perijá et la Sierra Nevada de Santa Marta, séparées par les vallées du río Cesar et du río Ranchería, ce dernier rejoignant la mer des Caraïbes au niveau de la capitale du département, Riohacha.

Le département a un climat désertique chaud. La moitié nord du département est occupée par le désert de La Guajira.

Découpage administratif

[modifier | modifier le code]
Municipalités de La Guajira

Le département de La Guajira est divisé en quinze municipalités. Sa capitale est Riohacha.

Municipalité Superficie (km2) Population (2005) Densité (hab./km2)
Albania 425 19 429 45,72
Barrancas 742 26 462 35,66
Dibulla 6 633 22 000 3,32
Distracción 232 12 023 51,82
El Molino 190 7 346 38,66
Fonseca 662 26 881 40,61
Hatonuevo 249 14 796 59,42
La Jagua del Pilar 267 2 732 10,23
Maicao 1 782 103 124 57,87
Manaure 1 971 68 578 34,79
Riohacha 3 120 169 311 54,27
San Juan del Cesar 1 415 29 532 20,87
Uribia 8 200 116 674 14,23
Urumita 329 13 450 40,88
Villanueva 265 23 605 89,08

Démographie

[modifier | modifier le code]
Évolution de la population du département de La Guajira
(Source : DANE[5])
1985 1990 1995 2000 2005 -
362 631408 175454 810548 617681 575-

Ethnographie

[modifier | modifier le code]

Selon le recensement de 2005, 44,9 % de la population de La Guajira se reconnait comme étant « indigène », c'est-à-dire descendant d'ethnies amérindiennes et 14,8 % se définit comme afro-colombienne[6].

L'économie locale repose aujourd'hui principalement autour de la mine de charbon à ciel ouvert d’El Cerrejon, exploitée par la multinationale Glencore. Elle représente 43 % du produit intérieur brut (PIB) de la Guajira et des milliers d’emplois directs et indirects. L'exploitation minière a cependant de nombreuses conséquences sur l'environnement et les communautés locales. La communauté de 1 200 familles afro-colombiennes de Tabaco, dans la municipalité d’Hatonuevo, au centre du département, a ainsi été expulsée de ses terres au début des années 2000 pour faire place à un projet d’extension de la mine. L’entreprise minière a commencé par assécher en amont la rivière Tabaco, en bétonnant et en déviant des cours d’eau souterrains qui l’alimentaient. La communauté a tenté de résister mais l’arrivée d’hommes armés, « des paramilitaires à la solde l’entreprise minière », finit par imposer violemment l’évacuation du territoire. En 2014, puis à nouveau trois ans plus tard, la mine a été condamnée par la justice colombienne à indemniser et à reloger la communauté, mais dix ans plus tard les réparations n'ont toujours pas été versées et la municipalité d’Hatonuevo, chargée de la construction du nouveau village de Tabaco, n’a pas commencé les travaux[2].

Le président colombien Gustavo Petro, élu en août 2022, a tenté de contrer les plans d’expansion de Glencore. Le 2 juillet 2023, il déclarait ainsi « l’état d’urgence économique, social et écologique dans la Guajira », un régime juridique permettant de geler tout nouveau projet industriel sur ce territoire. Mais la Cour constitutionnelle a en partie annulé cette décision en octobre 2023 et la multinationale suisse, estimant que ses droits d’exploitation étaient lésés, a décidé de répliquer en novembre en demandant, pour la quatrième fois depuis 2016, un arbitrage international auprès du Mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États (ISDS). La loi qui régit les différends entre investisseurs et États signataires d’accords de libre-échange, critiquée pour ne pas tenir compte des questions environnementales et des droits de l'homme, a déjà permis au géant minier de recevoir des compensations de la part de la Colombie[2].

Références

[modifier | modifier le code]
  1. (es) Censo General 2005 — La Guajira [PDF], DANE.
  2. a b et c « En Colombie, la Guajira dévastée par le charbon, craint l’arrivée des éoliennes », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Christophe Koessler, « La faim sévit dans le nord de la Colombie », Le Courrier,‎ (lire en ligne)
  4. « El río que se robaron: el documental del exterminio del pueblo wayúu », sur Semana,
  5. (es) Site du Département Administratif National de la Statistique (DANE).
  6. (es) Censo General 2005 — La visibilidad estadística de los grupos étnicos[PDF], p. 29-30 sur le site du DANE