Jennie Jerome — Wikipédia

Jennie Jerome
Jennie Spencer-Churchill vers 1880.
Titre de noblesse
Lady
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Jennie Jerome
Nationalité
Activités
Père
Mère
Clarissa Hall (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Clarita Jerome (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Randolph Churchill (de à )
George Cornwallis-West (de à )
Montagu Porch (en) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Autres informations
Distinctions
Blason
Vue de la sépulture.

Lady Randolph Spencer-Churchill, née Jennie Jerome à New York le et morte à Londres le , est une personnalité mondaine du Royaume-Uni. Elle est l'épouse de lord Randolph Churchill et la mère du Premier ministre britannique, sir Winston Churchill.

Les ancêtres de Jennie Jerome sont en partie d'origine huguenote. Ils ont fui les persécutions religieuses et s'installent en Angleterre afin de retrouver sécurité et protection. L'un d'entre eux, Timothy Jerome (ex-Jérôme), est né dans l'île de Wight, en 1688. Il émigre en Nouvelle-Angleterre vers 1709 et travaille pour le monopole de la fabrication du sel. Dès son arrivée, il épouse en 1709 Abigail Rich[1], fille de Nicholas Rich et Abigail Green, à Wenham, Essex, dans le Massachusetts. Puis, le couple emménage à Dorchester dans le même État, mais ils ont aussi vécu à Windham, Connecticut, en 1713. Timothy Jerome est par la suite résident de Wallingford, Connecticut, en 1717. Il meurt dans cette ville le [2],[3].

Le Jerome Mansion, manoir du financier Leonard Jerome à Madison Avenue, New York, vers 1878. Le bâtiment est édifié de 1859 à 1865.

Jennie Jerome est née le dans le quartier de Rochester[4]. Elle est la troisième des cinq filles de l'homme d'affaires Leonard Jerome (1817-1891) et de sa femme, Clarissa dite Clara Hall (1825-1895). Ses deux sœurs survivantes s'appellent Clara (1851-1935) et Léonie (1859-1943). Le prénom de Jennie viendrait de la soprano suédoise Jenny Lind que son père appréciait beaucoup. Une légende entretenue par certains membres de la famille voudrait que Jennie ait eu un arrière-grand-père iroquois[3].

Jennie et son père Leonard ont des intérêts communs. Ce dernier a acheté l'hôtel particulier Bathgate, à l'ouest de Fordham, dans le comté de Westchester (aujourd'hui dans le Bronx) et y construit un champ de courses, le Jerome Park Racetrack (en). Habitant l'hôtel particulier de son père, Jennie se met à l'équitation, comme son père se met aux paris. C'est là qu'elle rencontre son futur mari : Randolph Churchill.

Réputée pour sa beauté — un admirateur, Edgar Vincent d'Abernon, dira qu'elle tenait plus de la panthère que de la femme dans son apparence — Lady Randolph travaille d'abord dans un magazine.

Selon la rumeur, elle a un tatouage en forme de serpent au poignet, qu'elle dissimule avec un bracelet. La mode à l'époque pour certaines femmes est de se faire tatouer mais il n'y a cependant aucune preuve de l'existence de ce tatouage et l'historien officiel de la famille Winston Churchill, Martin Gilbert, considère cette rumeur comme peu probable.

Mariage et enfants

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Lady Randolph Churchill avec ses fils

Longtemps considérée comme l'une des plus belles femmes de son temps, Jennie Jerome se marie le à l'ambassade britannique de Paris avec lord Randolph Churchill (1849–1895), troisième fils de John Spencer-Churchill, 7e duc de Marlborough[5]. Par ce mariage, elle devient lady Randolph Churchill et est citée dans les conversations comme lady Randolph.

Les Churchill ont deux fils : Winston (1874-1965), né moins de huit mois après le mariage, et John Churchill (1880-1947). Les sœurs de Jennie pensent que le père biologique de ce dernier est Evelyn « Star » Boscawen, 7e vicomte de Falmouth[6].

Lady Randolph a eu de nombreux amants durant son mariage, notamment le prince Charles Andreas Kinsky et le prince de Galles d'alors, futur roi Édouard VII du Royaume-Uni.

Comme le voulaient les mœurs de son époque, Jennie Churchill n'a joué qu'un rôle limité dans l'éducation de ses fils. Elle a principalement été assurée par des nourrices, comme Mrs Everest, que Winston adorait. Ce dernier a cependant aimé tendrement sa mère. Il lui a écrit de nombreuses lettres durant ses séjours en pension, la suppliant de venir le voir, ce qu'elle fit rarement. Néanmoins, une fois Winston devenu adulte, lui et sa mère sont restés proches, voire alliés très unis : il la considérait comme un mentor politique, plus une sœur qu'une mère.

Dotée d'une forte personnalité, Jennie était respectée et influente dans la haute société britannique et parmi la classe politique. On la décrit comme très intelligente, pleine d'esprit et prompte au rire. La reine Alexandra de Danemark elle-même appréciait sa compagnie, malgré la liaison passée de Jennie avec son mari, Édouard VII, qu'elle n'ignorait pas[7]. Grâce à tous ses contacts, familiaux et à ses liaisons, lady Randolph a largement contribué à lancer la carrière politique de son mari et plus tard celle de son fils.

En 1909, quand l'imprésario américain Charles Frohman devient directeur du Gielgud Theatre, sa première production fut His Borrowed Plumes, écrit par Lady Randolph.

Galerie Lady Randolph Churchill. La photographie de gauche est signée par le modèle.

Autres mariages

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Les sœurs Jerome : Jennie (1854-1921), Clara (1851-1935) et Léonie (1859-1943).

En 1900, cinq ans après la mort de Randolph, elle épouse George Cornwallis-West (18741951), un capitaine des Scots Guards, qui a le même âge que son fils aîné. À cette époque, elle est reconnue pour avoir fait affréter un bateau humanitaire lors de la Guerre des Boers. En 1908, elle écrit The Reminiscences of Lady Randolph Churchill. Elle se sépare de son second mari en 1912 et divorce en . Cornwallis-West épouse peu après Mrs. Patrick Campbell, une actrice anglaise. Jennie abandonne alors le nom de Cornwallis-West et reprend officiellement celui de lady Randolph Churchill.Le , elle épouse en troisièmes noces Montague Phippen Porch (18771964), un membre du Civil Service anglais au Nigéria. À la fin de la Première Guerre mondiale, Porch démissionne du service colonial et repart en Afrique en 1921 pour refaire sa fortune.

En 1921, Jennie glisse d'un escalier alors qu'elle se trouvait chez un ami. Une gangrène survient et sa jambe doit être amputée au-dessus du genou. Elle meurt à Londres à l'âge de 67 ans d'une hémorragie liée à cette amputation.

Elle est inhumée aux côtés de son premier mari, dans le cimetière paroissial de l'Église Saint-Martin de Bladon.

D'après la légende, Jennie Churchill est à l'origine de l'invention du cocktail Manhattan. Elle a prétendu avoir commandé à un barman une boisson spéciale pour fêter l'élection du gouverneur Samuel Jones Tilden en 1874. Il est cependant prouvé qu'elle était en Angleterre à la même période pour donner naissance à son fils.

La BBC a réalisé sur Jennie une série télévisée où elle est incarnée par Lee Remick. Dans le film Les Griffes du lion, c'est Anne Bancroft qui lui prête ses traits.

Jennie Churchill a été une source d'inspiration pour de nombreux écrivains. Elle est décrite par Edith Wharton dans son dernier roman, resté inachevé, The Buccaneers. Le personnage de Lizzy Elmsworth présente avec elle de nombreuses similitudes.

Bibliographie

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  • Autobiographie: The Reminiscences of Lady Randolph Churchill, by Mrs. George Cornwallis-West. Londres, Edward Arnold, 1908, 372 p.
  • Leslie, Anita. Jennie: The Life of Lady Randolph Churchill. Londres, Hutchinson, 1969, 370 p. (Réédition. Jennie : The Mother of Winston Churchill. Maidstone, George Mann, 1992).
  • (en) Ralph G. Martin, The Life of Lady Randolph Churchill : (1) The Romantic Years, 1854-1895. (2) The Dramatic Years, 1895-1921. 2 vol, Londres, Éditions Cassell, 1969-1971, 335 & 384 (ISBN 978-0-304-93430-0)
  • (en) Anne Sebba, American Jennie : The Remarkable Life of Lady Randolph Churchill, New York, Éditions W. W. Norton & Company, , 416 p. (ISBN 978-0-393-05772-0)
  • Antoine Capet, Churchill : Le dictionnaire. Paris : Perrin, 2018 (862 p.), Rubrique "Lady Randolph", p. 27-28.

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Articles de l'encyclopédie

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Abigail Rich est née le 2 octobre 1687 à Wenham Massachusetts et décédée le 18 novembre 1771 à Farmington, Connecticut.
  2. Sources - Société généalogique historique de la Nouvelle-Angleterre à Boston (« New England Historic Genealogical Society ») :
    • Revue no 520 : Timothy and Abigail Jerome of Meriden, Connecticut, and their son Zerubbabel Jerome of Bristol, Connecticut.
    • Revue no 525 : Jerome History and Genealogy by Samuel B. Jerome.
    • Revue no 532 : Jerome Family.
    • Revue no 542 : Ancestors and Descendants of Eugene Murray Jerome and Paulina von Schneidau by Emily Olcott Garrison.
    • Accès recherches : (en) « Visiter N.E.H.G.S. », sur Société généalogique historique de la Nouvelle-Angleterre. Coordonnées : 99–101 Newbury Street, Boston, Massachusetts, 02116, USA.
  3. a et b (en) Ralph G. Martin, Jennie : The Life of Lady Randolph Churchill, The Romantic Years, 1854-1895, Londres, Éditions Cassell, , 335 p. (ISBN 978-0-304-93430-0).
  4. (en-US) « Lady Churchill to Wed », The New York Times,‎ (lire en ligne [PDF]).
  5. (en) Anita Leslie, Lady Randolph Churchill: The Story of Jennie Jerome,
  6. Anne Sebba, American Jennie: The Remarkable Life of Lady Randolph Churchill, Norton, 2008
  7. EdwardVII