Le Chant des Africains — Wikipédia
Le Chant des Africains est un chant militaire composé dès 1941 par le capitaine de l'armée française Félix Boyer (1887-1980)[1], à partir des paroles d'une marche de 1915 de la Division marocaine[2],[3] chantée sur l'air de l'hymne de l'Infanterie de marine et écrit, suivant les sources, par le commandant Reyjade[4], pseudonyme de Jeanne Decruck, ou par le sergent Bendifallah et le tirailleur Marizot[5]. Il lui donne son titre, Chant de guerre des Africains, en changeant le C'est nous les Marocains… du texte original par le célèbre C'est nous les Africains du texte actuel.
Fait prisonnier par les Allemands lors de la campagne de 1940, le capitaine Félix Boyer est libéré comme ancien combattant de la Grande Guerre. Il est mis à la disposition du général Joseph de La Porte du Theil qui l'affecte comme chef de la Musique régionale des Chantiers de la Jeunesse d’Afrique du Nord française, puis de la musique du Gouvernement provisoire de la République française à Alger. Le chant est dédié au colonel Van Hecke, commandant du 7e régiment de chasseurs d'Afrique, régiment issu des Chantiers de la jeunesse d'Afrique du Nord. L'armée d'Afrique l'adopte rapidement et en fait sa marche officielle. Elle rend célèbre le chant à travers ses campagnes au point qu'il en devienne le symbole de la gloire de l'armée d'Afrique. Il est pour cette raison très souvent repris lors des cérémonies militaires commémoratives de la Seconde Guerre mondiale. À noter que le général de Gaulle refusa que ce chant soit interprété lors des obsèques du maréchal Alphonse Juin, lui-même pied-noir, qui fut commandant en chef de l'armée d'Italie. Il n'avait pas admis l'opposition du maréchal à sa politique algérienne.[réf. nécessaire]
Il fut repris pendant la guerre d'Algérie par les Pieds-Noirs et les partisans de l'Algérie française pour affirmer leur fidélité à la métropole. Après l’indépendance algérienne en 1962, les musiques et fanfares militaires françaises ne furent pas autorisées à le jouer, car étant devenue « séditieuse ». Cette interdiction fut levée en [1]. À cause de cet emploi, ce chant est parfois dénoncé comme « le chant de l'OAS » et les autorités tentent parfois de renouveler son interdiction comme en où le président local de l'Union nationale des combattants (UNC), Roland Botron, lieutenant-colonel honoraire, s'est vu signifier par le préfet du département des Hautes-Pyrénées, Jean Marie Delage, l'interdiction d'entonner l'hymne Les Africains et même de le faire interpréter par la fanfare militaire[6].
L'armée malienne invitée au défilé parisien du défila au son de cet air[7].
Le chant figure dans l'édition de 1985 du TTA 107, qui reste le recueil de chants officiel de l'armée de terre puisqu'il n'a pas connu de réédition.
La marche Les Africains figure dans la circulaire du [8] fixant le répertoire national des marches militaires.
Les paroles
[modifier | modifier le code]Le texte de 1915
[modifier | modifier le code]- I
- Nous étions au fond de l'Afrique
- Embellissant nos trois couleurs,
- Et sous un soleil magnifique,
- Retentissait ce chant vainqueur :
- En avant ! En avant ! En avant !
- Refrain
- C'est nous les Marocains,
- Qui venons de bien loin.
- Nous v'nons d'la colonie,
- Pour défen'le pays.
- Nous avons abandonné
- Nos parents nos aimées,
- Et nous avons au cœur,
- Une invincible ardeur,
- Car nous voulons porter haut et fier
- Ce beau drapeau de notre France entière :
- Et si quelqu'un venait à y toucher,
- Nous serions là pour mourir à ses pieds.
- Roulez tambour, à nos amours,
- Pour la Patrie, pour la Patrie
- Mourir bien loin, c'est nous les Marocains !
Le texte de 1943
[modifier | modifier le code]- I
- Nous étions au fond de l'Afrique,
- Gardiens jaloux de nos couleurs,
- Quand sous un soleil magnifique
- A retenti ce cri vainqueur :
- En avant ! En avant ! En avant !
- Refrain
- C'est nous les Africains
- Qui revenons de loin,
- Nous venons des colonies
- Pour sauver la Patrie (pour défendre le pays)
- Nous avons tout quitté
- Parents, gourbis, foyers
- Et nous gardons au cœur
- Une invincible ardeur
- Car nous voulons porter haut et fier
- Le beau drapeau de notre France entière
- Et si quelqu'un venait à y toucher,
- Nous serions là pour mourir à ses pieds
- Battez tambours, à nos amours,
- Pour le Pays, pour la Patrie, mourir au loin
- C'est nous les Africains !
- II
- Pour le salut de notre Empire,
- Nous combattons tous les vautours,
- La faim, la mort nous font sourire
- Quand nous luttons pour nos amours,
- En avant ! En avant ! En avant !
- Refrain
- III
- De tous les horizons de France,
- Groupés sur le sol Africain,
- Nous venons pour la délivrance
- Qui par nous se fera demain.
- En avant ! En avant ! En avant !
- Refrain
- IV
- Et lorsque finira la guerre,
- Nous reviendrons dans nos gourbis,
- Le cœur joyeux et l'âme fière
- D'avoir libéré le Pays
- En criant, en chantant : en avant !
- Refrain
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « C'est nous les Africains qui revenons loin Felix Boyer », sur www.babelouedstory.com (consulté le )
- Stéphane Audoin-Rouzeau, Sortir de la grande guerre: le monde et l'après-1918, Tallandier, 2008, p. 407
- La Division marocaine n'était pas composée de soldats marocains mais de Tirailleurs algériens et tunisiens, de Zouaves et de légionnaires. Les premiers Tirailleurs marocains servirent eux, dans une autre division, au sein de la Brigade de chasseurs indigènes, connue aussi sous l'appellation de Brigade marocaine, avant de former le 1er régiment de tirailleurs marocains en 1915 puis le 2e régiment de tirailleurs marocains en 1918, Anthony Clayton, Histoire de l'Armée française en Afrique 1830-1962, Albin Michel, 1994, p. 126
- D'après Francis Josse : http://www.fncv.com/biblio/musiques/chants_14-18/chant_africains/historique.html
- Capitaine Léon Lehuraux, Chants & chansons de l'armée d'Afrique, Soubiron, 1933, pp. 103-105.
- UNC : Le chant des Africains frappé d'interdiction préfectorale ? http://unplalettre.over-blog.com/article-26742892.html
- franceinfo avec AFP, « VIDEO. L'armée malienne ouvre la marche lors du défilé du 14-Juillet », sur francetvinfo.fr, Franceinfo, (consulté le ).
- Circulaire n° 42839/MA/CM/K, du 15 novembre 1961.