Purple drank — Wikipédia

Une cuillerée du sirop à base de prométhazine et de codéine, montrant sa couleur pourpre caractéristique.

Le purple drank ou la lean est une concoction comportant du sirop ou des comprimés codéinés à visée psychotrope. Ce mélange est considéré comme une drogue avec entre autres un risque de dépendance. Le purple drank est devenu populaire dans la communauté hip-hop du sud des États-Unis depuis les années 2010. Plusieurs personnalités du rap sont mortes à la suite d'une overdose.

Aux États-Unis

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Cette boisson est très appréciée dans le milieu du rap américain[1]. Au début du XXIe siècle elle est considérée comme un problème de santé publique aux États-Unis où la pratique est popularisée depuis les années 1990 par des rappeurs américains comme Lil Wayne[2], Ludacris[3],[2], Juicy J, Future, Juice Wrld[4], Mac Miller ou d'autres artistes comme Justin Bieber[5].

En 2014, le rappeur Future sort le morceau Codeine Crazy en référence à la boisson, qui participe avec l'aide de nombreux autres rappeurs, à l'augmentation de la consommation du mélange chez les adolescents (bien que le morceau raconte les mésaventures et la souffrance qu’il subit en conséquences de son addiction à cette boisson)[6].

En France, depuis 2013 environ, le purple drank est de plus en plus populaire auprès des adolescents[7],[8]. L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a détecté des « demandes suspectes de délivrance de codéinés, des cas d’abus, voire de dépendance, ainsi que des signalements avec une multiplication de cas à partir de 2015 »[2], alertant l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)[8].

L'ordre national des pharmaciens a mis en garde contre la délivrance de ces médicaments, notamment aux adolescents[9]. Depuis le , à la suite d'un arrêté, les médicaments codéinés sont uniquement vendus par ordonnance[10]. Avant cela, les médicaments à base de codéine étaient en vente libre en pharmacie d'officine en France sous forme de sirops et en comprimés, si la dose ne dépassait pas 30 mg par comprimé[11]. Un pharmacien, par déontologie, peut de surcroît refuser la délivrance de ces médicaments s'il le juge nécessaire[12].

La lean est popularisée plus récemment par plusieurs rappeurs, comme Freeze Corleone. Ce dernier utilise régulièrement dans ses textes la forme francisée du mot : « le lin »[13]. Dans ses clips, il apparaît souvent en possession d'une bouteille de soda contenant de la lean.

D'autres rappeurs français y font référence comme d'un danger dont il ne faut pas s'approcher, comme Hayce Lemsi, dans un morceau intitulé Codéine où il compare cette dernière à une prison qui se referme sur le consommateur, ou comme Luv Resval, décédé dans la nuit du 20 au 21 octobre 2022 d'une crise d'asthme. Fort consommateur, il avait annoncé stopper la lean peu de temps avant son décès après avoir eu des moments d'absences de plus en plus présents, notamment lors de lives Instagram où il perdait connaissance en direct.

En Belgique

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L'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé belge (AFMPS) s'est alarmée le quant à la consommation croissante, notamment chez les adolescents, du mélange. Elle demande aux pharmaciens de faire preuve de vigilance et de ne pas délivrer les produits si un usage abusif est suspecté[14],[15].

Dénomination

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Le purple drank ou la lean est parfois désignée par d'autres dénominations : dirty sprite, syzzurp, codé-sprite, tsikuni, syrup, Texas tea, Wock (s'écrit aussi Wok)…

Consommation

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Le mélange se prépare comme un cocktail, dans lequel du sirop ou des comprimés codéinés sont dilués par une autre boisson telle que du soda, du jus de pamplemousse blanc (augmente les effets de la boisson en inhibant le métabolisme des principes actifs) ou encore une boisson énergisante[8]. Les consommateurs y ajoutent souvent des bonbons donnant plus de goût et de couleur, ainsi la couleur violette est caractéristique de la boisson bien que tous les sirops de codéine ne soient pas de la même couleur[1].

Le mélange se consomme avec un antihistaminique — pour contrer certains effets secondaires de la codéine[1] — et est parfois consommé avec de l'alcool ou du dextrométhorphane[1],[2],[5],[8]. La concoction est principalement consommée par un public jeune et inséré, tels que des lycéens, étudiants, jeunes actifs[2],[8] et parfois avec « doses récréatives qui peuvent aller jusqu’à 25 fois la dose thérapeutique »[1].

L'OFDT indique que la boisson provoque une euphorie, « une impression de légèreté, comme de voler » et un sentiment de bien-être grâce à la codéine. Néanmoins, les effets indésirables dus à l'opiacé sont nombreux, c'est pourquoi un antihistaminique, comme la prométhazine, est associé au mélange afin de diminuer les démangeaisons et les vomissements[5]. Certaines personnes ne détournent pas seulement la codéine pour ses effets, mais aussi la prométhazine qui à haute dose peut donner des hallucinations[16].

Malgré cela, cette drogue peut conduire à différents troubles : altération du sommeil, bouffée de chaleur, démangeaison, problème de transit, éruption cutanée, gonflement du visage, dépression, dépression respiratoire, dépendance, convulsions et overdose[17],[2],[18],[19],[20].

Prévention

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Aux États-Unis

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En 2017, de plus en plus de rappeurs prennent conscience et dénoncent les drogues, notamment le rappeur Trippie Redd dans un entretien, où il s’exprime et dit que « la lean est de l'héroïne liquide, n'en buvez pas »[21].

Centres régionaux de prévention

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Il existe en France treize centres régionaux d’addictovigilance, formant un dispositif unique en Europe, permettant de traquer les cas d'abus ou de dépendance à des substances psychoactives, des médicaments ou des drogues[8]. Avec des partenaires sur le terrain, « médecine de ville, pharmacies, structures de prise en charge des addictions, laboratoires de toxicologie et autres », les centres s'informent des décès ou des ordonnances falsifiées. De cette manière, le réseau français d’addictovigilance émet des signalements pour tenter d'endiguer la consommation globale, comme elle l'a fait en rapportant les premiers cas de consommation du mélange en 2013[8],[22].

Réponse politique et législation

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Le lancement d’une pétition par la mère d'une adolescente, morte en à la suite d’une overdose de médicaments codéinés a provoqué une prise de conscience autour des problèmes que pose ce mélange[23]. Ainsi, la prévention contre ce cocktail a été renforcée par un arrêté le de la ministre de la Santé Agnès Buzyn — après le décès de deux mineurs — qui inscrit les médicaments à base de codéine sur la liste des produits délivrés sur ordonnance[8],[10].

La ministre de la santé Agnès Buzyn a appliqué cette restriction par un arrêté à application immédiate avec pour objectif d'empêcher l'utilisation récréative d'un mélange à base de codéine par les adolescents. Néanmoins, ce sont les plus âgés qui se disent être touchés par la mesure. Aucune mesure d’accompagnement n’a été prise au niveau national. Agnès Buzyn a été interpellée le à l’Assemblée nationale, évoquant le cas problématique de la boisson, sans parler des autres cas d’usage de la molécule[24].

Certains spécialistes en addictologie redoutent à l'application de l'arrêté, l’apparition de circuits d’approvisionnement à l’étranger grâce à Internet, voire la prise de substances plus dangereuses. Les habitués qui ne cherchent pas un autre moyen d’approvisionnement pourront se voir confrontés à un sevrage agressif et dangereux[24]. Le réseau français de réduction des risques conseille dès l'apparition de la boisson en France d'éduquer les jeunes consommateurs pour les informer des risques et réaliser un travail de prévention, car selon le réseau, rien ne peut empêcher des preneurs de risques de consommer et la pénalisation est donc une réponse insuffisante[1].

Consommation mortelle

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En France, le nombre de morts causé par l'abus d'opiacés et d'opioïdes médicamenteux comme la codéine chaque année est incertain et sous-estimé d'après Nathalie Richard, directrice adjointe du service Médicaments du système nerveux central à l'ANSM, car « il y a une sous-notification des cas déclarés à l'Agence du médicament »[25]. Il est estimé que des centaines de décès chaque année sont liés à un opioïde.

Dans le monde, « les opioïdes sont responsables chaque année d’environ 70 000 décès par overdose », un nombre en constante augmentation selon des données de l’Organisation mondiale de la santé[26]. La boisson est impliquée dans le décès de DJ Screw, des rappeurs américains Pimp C[5], ainsi qu'ASAP Yams[27], et celui de Fredo Santana[28] en 2018.

Notes et références

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  1. a b c d e et f « Purple drank, la nouvelle drogue des ados ? », sur Un monde cent drogues, (consulté le )
  2. a b c d e et f « La codéine, « drogue des ados », en 5 questions », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  3. ANSM, « Usage détourné de médicaments antitussifs et antihistaminiques chez les adolescents et les jeunes adultes », Point d'Information, 2016
  4. « Future se sent coupable de la mort de Juice Wrld », 20 Minutes,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. a b c et d (en-GB) James Draper, « What is Sizzurp? Prescription cough syrup may have caused Fredo Santana's death », Mirror,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Le "Purple Drank", le cocktail codéiné qui fait rage aux États-Unis », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. « Ces ados qui transforment le sirop contre la toux en drogue », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
  8. a b c d e f g et h Sandrine Cabut, « Des centres régionaux placent les addictions sous haute surveillance », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « "Purple drank" : ces ados qui se droguent avec du sirop pour la toux », RTL.fr,‎ (lire en ligne)
  10. a et b « Arrêté du 12 juillet 2017 portant modification des exonérations à la réglementation des substances vénéneuses », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le )
  11. « Risque d'addiction : ordonnance désormais obligatoire pour les médicaments à la codéine », Europe1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Quand le sirop pour la toux devient une drogue pour les jeunes », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. SCH (Ft. Freeze Corleone) – Mannschaft (lire en ligne)
  14. « En Belgique, des adolescents utilisent du sirop pour la toux comme drogue: l’Agence fédérale des médicaments met en garde contre ses dangers », sur Sudinfo, (consulté le )
  15. « Flash VIG-news : risque d’utilisation abusive du dextrométhorphane, notamment par des adolescents, en vue d’obtenir des effets psychotropes », sur AFMPS, (consulté le )
  16. « Fiches OMS d'information à l'usage des prescripteurs - Médicaments utilisés en anesthésie : Prométhazine », sur apps.who.int, (consulté le )
  17. « Le lean chez les adolescents… faut il interdire la vente libre de codéine ? », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. B. A. Sproule, U. E. Busto, G. Somer et M. K. Romach, « Characteristics of dependent and nondependent regular users of codeine », Journal of Clinical Psychopharmacology, vol. 19, no 4,‎ , p. 367–372 (ISSN 0271-0749, PMID 10440466, lire en ligne, consulté le )
  19. « Le danger des purple drank, ces mélanges explosifs à base de médicaments en vente libre grâce auxquels les ados se font planer », Atlantico.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. Shih-Chen Kuo, Ya-Chu Lin, Shu-Min Kao et Yea-Huei Kao Yang, « Probable codeine phosphate-induced seizures », The Annals of Pharmacotherapy, vol. 38, no 11,‎ , p. 1848–1851 (ISSN 1060-0280, PMID 15466903, DOI 10.1345/aph.1E189, lire en ligne, consulté le )
  21. « Trippie Redd : Don't Do Lean, Please Don't Do Lean, That Is Liquid Heroin » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  22. Joëlle Micallef et Michel Mallaret, « Édito », sur Addictovigilance (consulté le )
  23. Hélène Assekour et Mattea Battaglia, « Codéine sur ordonnance : dans les pharmacies, un certain « flottement » », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  24. a et b Hélène Assekour et Mattea Battaglia, « Codéine : les usagers pris de court par l’arrêté ministériel », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  25. « Les médicaments à la codéine désormais interdits à la vente libre », France info, (consulté le )
  26. Pascale Santi, « Opiacés : En France, des centaines de morts par an », Le Monde, (consulté le )
  27. « Les causes du décès d'ASAP Yams révélées » (consulté le ).
  28. « Le rappeur américain Fredo Santana meurt à l'âge de 27 ans », Le Figaro, (consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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