Ledebouria — Wikipédia

Le genre Ledebouria est un genre de plantes à fleurs bulbeuses de la famille des Asparagacées, sous-famille des Scilloideae (également traitée comme la famille des Hyacinthaceae). La zone de répartition de ce genre s'étend de l’Afrique australe au sous-continent indien en passant par le sud de la péninsule arabique. Le genre est bien représenté en Afrique du Sud, avec environ 39 espèces répertoriées[2] (Venter 2008).

Description

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Le genre Ledebouria est un groupe de plantes bulbeuses aux feuilles diversement tachetées, texturées et colorées, allant des petites curiosités aux grandes plantes feuillues bien adaptées au jardin. Les plantes de ce genre produisent généralement des rosettes de feuilles dont le nombre peut varier d'une à plusieurs feuilles, généralement densément à peu tachetées ou unies ; les feuilles de certaines espèces sont texturées avec des pustules, des noyaux ou des poils et peuvent être de diverses nuances de vert ou autrement colorées. Les fleurs typiques sont petites et produites sur des grappes lâches non ramifiées et varient en couleur du lilas vif au rose foncé ou violet, mais peuvent également être vertes ou vert jaunâtre et présentent généralement une bande verte centrale sur chaque pétale.

Répartition et habitat

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Le genre est réparti principalement en Afrique subsaharienne avec quelques espèces à Madagascar, Socotra, sud de la péninsule arabique, au Sri-Lanka et en Inde. Le centre de diversité du genre est situé dans le nord-est et l’est de l’Afrique australe (Venter 2008), le plus grand nombre d’espèces étant présent dans les régions de pluies estivales et seulement quelques-unes étant enregistrées dans le sud et l’ouest du pays.

Le genre Ledebouria a été décrit en 1821 par Roth, bien que l'histoire du genre remonte encore plus loin, plusieurs auteurs le plaçant dans d'autres genres. La plus ancienne mention de ces espèces est celle de Linnaeus le Jeune (nom abrégé en botanique « L.f. »), datant de 1782, qui l'a placé dans le genre Hyacinthus (Venter 1993). De nouvelles espèces ont été décrites récemment, comme L. weberi[3] et L. junnarensis[4]

Le genre porte le nom de Carl Friedrich von Ledebour (1785-1851), botaniste germano-estonien. Il fut professeur de sciences à l'Université de Tartu, en Estonie, de 1811 à 1836. Il est connu pour ses travaux importants, dont Flora Altaica, la première Flore des montagnes de l'Altay, publiée en 1833, et Flora Rossica, publiée en quatre volumes entre 1841 et 1853, la première flore complète de l'Empire russe.

Selon la 'World Checklist of Selected Plant Families, 63 espèces étaient reconnues en janvier 2024[5]

Ledebouria contient des espèces qui poussent sur des sols argileux, sableux ou sur du terreau et préfèrent des environnements bien ensoleillés. La dispersion des graines se fait principalement par l'eau (ruissellement de l'eau de pluie) qui emporte les graines de l'endroit où elles ont été libérées par la plante mère.

On sait peu de choses sur la pollinisation spécifique de ce groupe de plantes, mais la structure florale suggère que la pollinisation peut être effectuée par n'importe quel insecte visiteur. Venter (1993) suppose que les principaux pollinisateurs pourraient être aussi bien des abeilles sociales que des abeilles mellifères.

On pense que les feuilles tachetées, particulièrement communes dans ce genre, sont associées au camouflage contre les insectes herbivores. Plusieurs espèces présentent des adaptations écologiques uniques tandis que d'autres sont adaptées aux niches spécifiques qu'elles occupent. En voici quelques exemples : Ledebouria viscosa, dont les feuilles sont collantes, provoquant une accumulation de grains de sable qui adhèrent à la surface des feuilles, les rendant moins attrayantes pour les herbivores. L. marginata possède de grandes quantités de fibres dures dans le tissu foliaire, ce qui est possiblement également associé à une limitation des herbivores[2].

Ledebouria a été cité comme étant utilisé à des fins médicinales, notamment pendant la grossesse, la diarrhée, la grippe, les maux de dos, les irritations cutanées, les plaies et le lumbago (Long 2005). Le genre est également réputé toxique en Afrique, bien qu'il soit rapporté que les bushmen mangent les bulbes de L. apertiflora et L. revoluta (Pfosser & Speta 2001).

Statut de conservation

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Plusieurs espèces de Ledebouria sont exposées à différents degrés de menace, principalement causées par la perte d'habitat due aux activités humaines telles que l'agriculture, l'urbanisation et le boisement (foresterie commerciale). Certaines espèces sont naturellement rares et connues uniquement dans une région limitée, comme L. parvifolia, tandis que d'autres sont présentes dans des zones soumises à des pressions de développement qui réduisent l'habitat disponible pour l'espèce, comme L. coriacea.

Selon la dernière liste rouge de données pour l'Afrique du Sud, les espèces suivantes sont répertoriées comme menacées[2]:

  • Ledebouria atrobrunnea - Vulnérable
  • Ledebouria cremnophila - Rare
  • Ledebouria crispa - En voie de disparition 
  • Ledebouria dolomiticola - Vulnérable
  • Ledebouria galpinii - En voie de disparition
  • Ledebouria lepida - Rare
  • Ledebouria mokobulanensis - Vulnérable
  • Ledebouria parvifolia - Données insuffisantes

Une nouvelle espèce endémique de l’Inde a été décrite, Ledebouria  junnarensis, elle est considérée en danger critique d’extinction selon les critères établis par l’IUCN[6].

  

Culture des plantes du genre Ledebouria

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Ledebouria socialis, originaire de la province du Cap oriental, est bien connue dans le monde entier comme une plante en pot ornementale avec ses bulbes exposés au-dessus du niveau du sol et ses feuilles tachetées d'argent qui sont souvent violet vif sur la face inférieure.

La micropropagation pour une multiplication à grande échelle est réalisée avec succès par embryogénèse somatique, ou organogenèse par culture de cals[7],[8], chez l’espèce Ledebouria revoluta.

Évolution du genre Ledebouria

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L'incertitude taxonomique qui caractérise ce groupe peut être attribuée à sa vaste répartition (Afrique subsaharienne, Madagascar et Inde) et à la grande variation morphologique trouvée parmi les espèces pour la plupart mal connues.

Le genre possède un haut degré de diversité morphologique : la forme et la taille des feuilles et des bulbilles varient considérablement au niveau spécifique selon les différentes conditions climatiques et géographiques. Il est ainsi nécessaire de faire des analyses cytologiques pour mieux comprendre la taxonomie du genre ledebouria. L. botryoides est une plante succulente originaire d’Afrique de l’Est, et les nombreux comptages chromosomiques réalisés sur cette espèce ont montré une grande diversité, allant de 2x=30 à 2x=66 voire 126 chromosomes[9]

  

Il a été démontré que Ledebouria est paraphylétique avec Drimiopsis et Resnova, mais jusqu'à présent, les analyses n'ont inclus que quelques taxons[10].

Des scénarios possibles ont été avancés afin d’expliquer pourquoi ce groupe n'est pas présent dans le bassin méditerranéen[11] sachant que certains taxons étroitement apparentés ont la même répartition mais peuvent aussi être localisés dans les régions à climat méditerranéen. Afin de comprendre pleinement l’histoire évolutive de ce groupe, de nombreux autres taxons provenant de toute la répartition de ce groupe doivent être inclus dans les études futures.

Notes et références

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  1. POWO. Plants of the World Online. Facilitated by the Royal Botanic Gardens, Kew. Published on the Internet; http://www.plantsoftheworldonline.org/, consulté le 30 janvier 2024
  2. a b et c « Ledebouria genus | PlantZAfrica », sur pza.sanbi.org (consulté le )
  3. (en) ERNST VAN JAARSVELD and STEPHANUS VENTER, « Ledebouria weberi (Asparagaceae, Massoniinae), a new species from the Western Cape, South Africa », Phytotaxa, vol. 408, no 4,‎ (lire en ligne Accès payant)
  4. « 216726ii168421-8433.html », sur threatenedtaxa.org (consulté le )
  5. (en) « Ledebouria Roth | Plants of the World Online | Kew Science », sur Plants of the World Online (consulté le )
  6. (en) Savita Sanjaykumar Rahangdale et Sanjaykumar Ramlal Rahangdale, « Rediscovery, systematics and proposed Red List status of Ledebouria junnarensis S.S. Rahangdale and S.R. Rahangdale nom. nov. (Asparagaceae) - an endemic species from the Western Ghats, Maharashtra, India », Journal of Threatened Taxa, vol. 8, no 2,‎ , p. 8421–8433 (ISSN 0974-7907, DOI 10.11609/jott.2167.8.2.8421-8433, lire en ligne, consulté le )
  7. Sk Moquammel Haque et Biswajit Ghosh, « Productive method for commercial propagation through direct embryogenesis and organogenesis in Ledebouria revoluta—an underutilized medicinal plant with cardioprotective properties », Industrial Crops and Products, vol. 157,‎ , p. 112941 (ISSN 0926-6690, DOI 10.1016/j.indcrop.2020.112941, lire en ligne, consulté le )
  8. Sk Moquammel Haque, Avijit Chakraborty et Biswajit Ghosh, « Callus mediated shoot organogenesis and regeneration of cytologically stable plants of Ledebouria revoluta: An ethnomedicinal plant with promising antimicrobial potency », Journal of Genetic Engineering & Biotechnology, vol. 16, no 2,‎ , p. 645–651 (ISSN 1687-157X, PMID 30733784, PMCID 6353769, DOI 10.1016/j.jgeb.2018.05.002, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Deshmukh, « Karyomorphological Study in Ledebouria botryoides (Asparagaceae) », Cytologia, vol. 88,‎ , p. 15-19 (10.1508/cytologia.88)
  10. (en) Howard, C.C., « Peeling Back the Layers: First Phylogenomic Insights into the Ledebouriinae (Scilloideae, Asparagaceae », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 169,‎ (107430 doi.org/10.1016/j.ympev.2022.107430)
  11. (en) « Ledebouria Roth », sur www.gbif.org (consulté le )