Liao Yiwu — Wikipédia

Liao Yiwu
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Liao Yiwu en 2010
Naissance
Yanting, Sichuan
Activité principale
Écrivain, poète et musicien.
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture chinois

Œuvres principales

Compléments

Signataire de la Charte 08

Liao Yiwu, alias Lao Wei, est un écrivain, poète et musicien chinois né le à Yanting dans le Sichuan.

De 1990 à 1994, il est emprisonné après avoir dénoncé la répression des manifestations de la place Tian'anmen de 1989. Il est l'un des 303 intellectuels chinois signataires de la Charte 08. Il vit exilé en Allemagne depuis .

Liao Yiwu est le fils d’un professeur de littérature, condamné lors de la révolution culturelle en 1966[1]. Né durant la grande famine, Liao Yiwu faillit en mourir à l'âge de 2 ans[2]. Dans les années 1980, il vagabonde gagnant sa vie comme routier, cuisinier ou ouvrier. Il découvre des « poètes interdits » ; Arthur Rimbaud, John Keats ou Charles Baudelaire[2].

Il est arrêté en 1990 et passe 4 ans en prison, dans le Centre d'investigation de Songshan, comme « contre-révolutionnaire » après avoir publié un poème intitulé Le Grand Massacre concernant la répression des manifestations de la place Tian'anmen de [3],[4]. Il subit des tortures en prison[5]. Dès le premier jour, il prend connaissance des punitions appliquées à travers une brochure spécifique. Ce menu comprend « le ragoût de groin de cochon » (les lèvres de la victime sont écrasées entre deux baguettes) ou « le Mapo tofu » (des grains de poivre sont introduits dans l’anus)[2]. Il est psychologiquement affecté et commet deux tentatives de suicide[6]. Lors de cet emprisonnement, il apprend à jouer de la flûte xiao (flûte en bambou) avec un moine tibétain incarcéré[7].

Sa libération, annoncée par John Kamm à la même date que celle de Xiao Bin et Ding Junze, se produit en 1994[8] et il se retrouve seul[9]. Ses anciens « compères beatniks » se sont détournés de la politique et sont lancés dans les affaires. Sa femme Axia, après avoir été emprisonnée à cause de lui, a demandé le divorce. Il ne reverra pas sa fille Miao Miao, née pendant sa captivité[2]. En 2008, il sera l'un des 303 signataires de la charte 08 pour promouvoir la réforme politique et le mouvement démocratique chinois dans la République populaire de Chine[10],[11].

Exil en Allemagne

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En 2011, il s'exile en Allemagne[12]. La même année, il reçoit le Prix frère et sœur Scholl.

En , Liao Yiwu s'est vu décerner le Prix de la paix des libraires allemands[6]. En septembre, il est l'invité d'honneur du Festival international de littérature de Berlin (en)[3] où il organise une exposition sur les « prisons, visibles et invisibles »[13] et parle abondamment du 17e karmapa en exil et des auto-immolations de Tibétains au Tibet lors de la cérémonie d'ouverture. En septembre, il rencontre le 17e karmapa à Dharamsala en Inde dans ses efforts pour qu'il soit autorisé à se rendre en Allemagne[14],[3]. En , lors de la visite du karmapa à Berlin, il donna une représentation musicale, accompagné du contrebassiste Marcus Hagerman[15].

Le 10  , il passe une nuit dans la prison de Stockholm où il entendait protester à la suite de la remise du prix Nobel de littérature à Mo Yan, un écrivain chinois dont il dénonce l'ambiguïté envers le système de censure et d’oppression en Chine[9].

En 2019, à la suite des importantes manifestations de 2019 à Hong Kong, il publie un poème intitulé « Élégie pour Hongkong » (traduit en français par la sinologue Marie Holzman)[4].

Accueil critique

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Robert Badinter considère son ouvrage  Dans L’Empire des ténèbres  comme « l’un des grands livres de la littérature pénitentiaire, à côté de Soljenitsyne »[5]. Pierre Haski y note une « écriture rabelaisienne », un « humour ravageur » et « beaucoup d’autodérision », mais c'est aussi d'« une violence, physique et morale, insupportable »[5]. Grégoire Leménager, critique littéraire au Nouvel Observateur, qualifie le livre Dans L’Empire des ténèbres de « magistral » et indique que Liu Xiaobo le juge comme un « chef-d’œuvre »[16].

Ses livres restent interdits en Chine, mais ils circulent en versions piratées[17].

Notes et références

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  1. Liao Yiwu, la Chine en exil, Jour de Fred, 22 janvier 2014
  2. a b c et d Pascale Nivelle, Liao Yiwu, supplicié chinois, Libération, 16 janvier 2013
  3. a b et c (en) Phuntsok Yangchen, Dissident Chinese writer invites Gyalwang Karmapa to Berlin, Phayul.com, 11 septembre 2012
  4. a b et c Frédéric Koller, « Liao Yiwu sur la situation honkgongaise : « Depuis Tiananmen c’est la première fois qu’on assiste à un tel défi pour cette dictature » », Le temps,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. a b et c Pierre Haski, « Avec Liao Yiwu, voyage au bout de l’enfer du goulag chinois », sur Rue89, nouvelobs.com, .
  6. a et b Persecuted Chinese Author Liao Yiwu Visited the 17th Karmapa The Tibet Post, 11 septembre 2012
  7. Nicolas Truong, Chine : le porte-voix des bas-fonds Le Monde, 1 novembre 2010
  8. (en) Dan Biers, China Releases Three Political Prisoners in Move to Appease Washington, AP, 4 février 1994
  9. a et b Mariana Grépinet, Liao Yiwu : « En Chine, les valeurs sont polluées » Paris-Match, 15 janvier 2013
  10. Le Figaro : Charte 08
  11. "Ich war ein Propaganda-Autor" 3 mars 2010
  12. Chinese writer Liao opts for exile in Germany
  13. Festival de littérature : Les dissidents à l'honneur, Arte, 6 septembre 2012
  14. (en) Dissident Chinese writer meets Karmapa, 9 septembre 2012, The Indian Express
  15. (en) Wangdu, Developing Inner Peace, 11 juin 2014
  16. Liao Yiwu, le Soljenitsyne chinois Nouvel Observateur, 10 février 2013
  17. Ursula Gauthier Liao Yiwu : Le Christ est passé à Pékin 14 avril 2015
  18. Liao Yiwu, anti-Xistème Libération, avril 2019

Liens internes

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Liens externes

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