Avec l'instauration du protectorat, de nombreux chrétiens français, italiens et maltais s'installent dans le pays. En 1956, ils sont plus de 250 000 à vivre en Tunisie, soit 7 % de la population totale[2]. Pour assurer un soutien spirituel à ces familles très croyantes, les autorités ecclésiastiques envoient des prêtres partout où les fidèles en font la demande. Des comités de souscription sont créés pour recueillir des fonds pour la construction d'églises. Même les villes ouvrières construites par les compagnies minières sont pourvus de lieux de culte financés par l'investisseur.
L'indépendance de la Tunisie en 1956 est un tournant dans le développement de la présence chrétienne en Tunisie. Dix ans plus tard, 90 % des Européens ont quitté le pays[2] et les églises sont désertées. Un modus vivendi est donc signé entre la Tunisie et le Vatican le et paru au Journal officiel de la République tunisienne le 24 juillet[3]. Cet accord prévoit la cession à l'État tunisien à titre gratuit et définitif des 107 lieux de culte[4] à l'exception de ceux mentionnés en annexe de l'accord (cathédrale de Tunis, église Sainte-Jeanne-d'Arc de Tunis, église de La Goulette, église de Grombalia et église Saint-Félix de Sousse)[5] avec « l'assurance qu'ils ne seront utilisés qu'à des fins d'intérêt public compatibles avec leur ancienne destination ». L'idée directrice est de faire disparaître l'aspect extérieur et visible de l'Église et d'entrer en possession de tout ce qui peut être utilisé[6].
D'autres lieux de culte sont transférés au domaine tunisien lors des nationalisations des sociétés agricoles européennes le ou des compagnies minières qui étaient propriétaires des édifices religieux.
↑François Dornier (préf. Fouad Twal), La Vie des catholiques en Tunisie au fil des ans, Tunis, Imprimerie Finzi, , 643 p., p. 637..
↑ a et bMahmoud Seklani, La population de la Tunisie, Tunis, CICRED, , 189 p. (lire en ligne [PDF]), p. 24, 27, 30 et 179.
↑« Décret n°64-625 du 23 juillet 1964 portant publication de l'accord conclu entre le Gouvernement de la République tunisienne et le Saint-Siège », Journal officiel de la République tunisienne, no 36, , p. 902 (lire en ligne, consulté le ).
↑Pierre Soumille, « La représentation de l'islam chez les chrétiens de Tunisie pendant le protectorat français (1881-1956) et après l'indépendance », dans Françoise Jacquin et Jean-François Zorn [sous la dir. de], L'altérité religieuse, Paris, Karthala, , 397 p. (lire en ligne), p. 116.
↑Philippe Delisle et Marc Spindler, Les relations Églises-État en situation post-coloniale, Paris, Karthala, , 419 p. (lire en ligne), p. 200.