Lombosciatique — Wikipédia
Spécialité | Orthopédie et neurologie |
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CISP-2 | L86 |
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CIM-10 | M54.3-M54.4 |
CIM-9 | 724.3 |
MedlinePlus | 000686 |
eMedicine | 827016 |
MeSH | D012585 |
La lombosciatique (ou sciatique, ou névralgie sciatique) est une douleur vive suivant le territoire du nerf spinal S1 ou L5 atteint au niveau de la colonne vertébrale (rachis lombaire) ou à sa proximité immédiate. Elle doit être distinguée du nerf sciatique, appelé parfois « (le) sciatique » tout court et qui naît de la réunion de plusieurs racines nerveuses (dont L5 et S1). Une lésion du (nerf) sciatique peut donc provoquer une (névralgie) sciatique. Les symptômes sont habituellement localisés dans un seul côté du corps. La douleur peut s'intensifier en cas d'exposition à une basse température.
Épidémiologie
[modifier | modifier le code]C'est une maladie fréquente : elle concerne 5 à 10 % des patients ayant des douleurs du dos (dorsalgies)[1]. L'âge, le stress, le tabagisme et un travail impliquant des mouvements du dos augmentent le risque de lombosciatique[2].
Étiologie
[modifier | modifier le code]La hernie discale cause 90 % des lombosciatiques[1]. D'autres causes peuvent inclure : un processus tumoral (bénin ou malin), un processus infectieux (spondylodiscite, épidurite, méningo-radiculite liée à une borréliose ou au HSV), une fracture vertébrale, une sténose du canal rachidien.
Présentation
[modifier | modifier le code]Signes cliniques
[modifier | modifier le code]Les douleurs sont typiquement intermittentes, d'un seul côté (unilatérale), irradiantes du rachis lombaire jusque dans les orteils, parfois majorées lors des efforts de toux ou à la défécation, calmées par le repos en position allongée ou debout. Elles peuvent être déclenchées par la position assise (notamment en voiture).
Elles sont parfois accompagnées d'un cortège de symptômes tel des fourmillements (paresthésies) localisés dans la jambe ou dans les orteils, une perception douloureuse de certains stimulus à l'origine non douloureux (allodynie) ou une perte de la sensibilité d'une partie de la jambe. Une perte (ou diminution sensible) du réflexe achilléen est un autre indicateur de la lombosciatique (seulement dans le cas d'une lombosciatique S1). Il peut exister une forme très douloureuse avec éventuellement blocage du rachis lombaire appelée lumbago.
La douleur est reproduite par la manœuvre de Lasègue : flexion passive de la hanche (provoquée par l'examinateur), jambe tendue. Le « Lasègue croisé », où elle est reproduite par l'élévation de l'autre jambe, serait plus spécifique mais moins sensible[3].
La topographie peut être indicative du nerf atteint : face latérale de la jambe et face dorsale du pied jusqu'au gros orteil (« hallux ») pour la racine L5, face postérieure du mollet et plante du pied pour la racine S1.
Les signes cliniques sont suffisants pour établir le diagnostic dans la majorité des cas.
Examens complémentaires
[modifier | modifier le code]La radiographie standard du rachis lombaire n'est nécessaire que si l'on suspecte une cause autre qu'une hernie discale, ou en cas de lombosciatique récidivante ou rebelle au traitement. Elle ne permet pas cependant de visualiser la hernie (le disque intervertébral étant radio-transparent).
Seuls l'IRM et le scanner rachidien permettent de visualiser la hernie. La sensibilité et la spécificité de ces examens est cependant loin d'être absolue : un cinquième à un tiers des patients ont une hernie discale et n'ont jamais souffert d'une lombosciatique[4].
La sacco-radiculographie par injection directe d'un produit de contraste dans le canal rachidien est une technique abandonnée depuis les années 1990. Les examens biologiques sont utiles dans certaines situations (vitesse de sédimentation et numération globulaire). L'électromyogramme est inutile dans les formes typiques (aide lors du diagnostic différentiel).
Diagnostic différentiel
[modifier | modifier le code]La souffrance du muscle piriforme ou pyramidal, qui prend son origine sur le sacrum à l’intérieur du petit bassin et se dirige en dehors vers la hanche pour se fixer à la partie supérieure du fémur, encore appelée grand trochanter, peut être responsable de douleurs évoquant la lombosciatique mais dont la cause et le traitement sont différents. En effet, le muscle pyramidal sort du petit bassin par la grande échancrure sciatique, qui contrairement à ce que laisse penser son nom, n'est pas très large. Le nerf grand sciatique passe également par cette échancrure entre le muscle pyramidal et d’autres muscles, ou pour un faible pourcentage de la population (moins de 15 %), directement à l'intérieur du pyramidal[5]. Ce muscle, qui est rotateur externe de la cuisse, est très sollicité lors de la course à pied et du cyclisme et sujet à surmenage. Par ailleurs, il peut souffrir d'ischémie partielle si l'on reste trop longtemps assis sur un siège qui le comprime, ce qui peut être le cas chez les cyclistes. Plus rarement, une souffrance du pyramidal peut se produire sans exercice sportif chez des personnes qui conservent trop longtemps une position mettant ce muscle en état d'ischémie (siège dur appuyant au mauvais endroit) et maintiennent leur(s) jambe(s) dans une position d'étirement ou de flexion continuelle du muscle.
La contracture douloureuse qui s'ensuit peut comprimer ou irriter le nerf sciatique, entraînant une sciatalgie[6]. En principe, la manœuvre de Lasègue n'entraîne pas de douleur révélant une compression du nerf au niveau des vertèbres.
Sont habituellement recommandés du repos, des étirements spécifiques du muscle, éventuellement dans le cadre d'une kinésithérapie. Des anti-inflammatoires peuvent être prescrits. En cas d'échec de ces traitements, une infiltration du muscle peut être proposée, à base d'anti-inflammatoires et/ou de corticoïdes et/ou de toxine botulique, ou une combinaison des trois[7]. Il est parfois soutenu[Qui ?] que les résultats sont meilleurs quand est infiltré le muscle obturateur interne, qui jouerait un rôle dans cette pathologie, et qui, même, ne formerait qu'une avec le syndrome du muscle obturateur interne[réf. souhaitée].
Évolution
[modifier | modifier le code]Elle est favorable dans la plupart des cas de manière spontanée. Elle peut parfois se prolonger ou récidiver. Dans de rares cas, elle se complique d'un syndrome de la queue de cheval avec apparition d'une paralysie et de troubles des sphincters, relevant d'une intervention chirurgicale urgente.
Un an après les premières symptômes, 55 % des gens n'ont plus de douleur (sur un échantillon de 609 personnes)[8].
Traitements
[modifier | modifier le code]Il existe des traitements médicaux et chirurgicaux. Habituellement, le traitement débute par une prise en charge médicale. Il n'y a pas de preuve de supériorité d'un traitement par rapport aux autres[9].
Traitement médical
[modifier | modifier le code]Il était traditionnel de prescrire un repos allongé sur un plan dur durant l'accès de lombosciatique. Cette attitude n'a pas prouvé son efficacité[10]. Au contraire, les personnes souffrant de sciatique aigüe peuvent bénéficier d’un léger soulagement de la douleur et d’une amélioration fonctionnelle lorsqu’on leur conseille de rester actifs plutôt que de se reposer au lit[11].
Le port d'un corset et des séances de kinésithérapie peuvent être prescrits, ainsi que des mesures de prévention et des exercices.
Les massages et autres pratiques (chiropratique, tractions, ostéopathie…) sont d'une efficacité discutable[12].
L'administration d'antalgiques (médicaments antidouleurs) ou d'anti-inflammatoires non stéroïdiens ne fait pas mieux que minorer momentanément les symptômes douloureux.
L'injection de corticoïdes dans le canal lombaire (infiltration épidurale) semble avoir un effet bénéfique[13] même s'il reste controversé[14].
Chirurgie
[modifier | modifier le code]Elle consiste à supprimer la hernie discale. Elle ne doit être proposée que dans trois cas : déficit moteur ou troubles sphinctériens, douleur en dépit du traitement morphinique et corticoïde, ou durée d'évolution supérieure à trois mois en dépit du traitement.
Une technique est la chimionucléolyse. Elle consiste en l'injection dans le disque intervertébral d'une substance enzymatique, la chymopapaïne, qui va dissoudre le noyau « nucleus pulposus » réduisant ainsi la hernie. Cette technique s'adresse à des hernies discales de petite taille et dont les parois ne sont pas rompues. Elle n'est plus autorisée en France.[réf. nécessaire]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) B.W. Koes, M.W. van Tulder et W.C. Peul, « Diagnosis and treatment of sciatica », BMJ, vol. 334, , p. 1313-1317 (DOI 10.1136/bmj.39223.428495.BE).
- (en) Helena Miranda, Eira Viikari-Juntura, Rami Martikainen, Esa-Pekka Takala et Hilkka Riihimäki, « Individual factors, occupational loading, and physical exercise as predictors of sciatic pain », Spine, vol. 27, no 10, , p. 1102-1108 (résumé).
- (en) Walter L.J.M. Devillé, Daniëlle A.W.M. van der Windt, Aisa Dzaferagić, P.D. Bezemer et Lex M. Bouter, « The test of Lasegue: systematic review of the accuracy in diagnosing herniated discs », Spine, vol. 25, no 9, , p. 1140-1147 (résumé).
- (en) Maureen C. Jensen, Michael N. Brant-Zawadzki, Nancy Obuchowski, Michael T. Modic, Dennis Malkasian et Jeffrey S. Ross, « Magnetic Resonance Imaging of the Lumbar Spine in People without Back Pain », The New England Journal of Medicine, vol. 331, , p. 69-73 (résumé).
- Pierre Kamina et Jean-Jacques Santini, Anatomie, introduction à la clinique : Nerfs des membres, t. 6, Maloine, , 2e éd..
- Docteur Jehan Lecocq, Service de Médecine Physique et de Réadaptation, CHU de Strasbourg, cité dans [1] ; [2] ; [3].
- (en) Jonathan S. Kirschner, Patrick M. Foye et Jeffrey L. Cole, « Piriformis syndrome, diagnosis and treatment », Muscle & Nerve, vol. 40, no 1, , p. 10-18 (DOI 10.1002/mus.21318).
- (en) Kika Konstantinou, Kate M. Dunn, Reuben Ogollah et Martyn Lewis, « Prognosis of sciatica and back-related leg pain in primary care: the ATLAS cohort », The Spine Journal, vol. 18, no 6, , p. 1030–1040 (ISSN 1529-9430 et 1878-1632, PMID 29174459, DOI 10.1016/j.spinee.2017.10.071, lire en ligne, consulté le )
- (en) Maurits van Tulder, Wilco Peul et Bart Koes, « Sciatica: what the rheumatologist needs to know », Nature Reviews Rheumatology, vol. 6, , p. 139-145 (DOI doi:10.1038/nrrheum.2010.3).
- (en) Kåre B. Hagen, Gro Jamtvedt, Gunvor Hilde et Michael F. Winnem, « The updated Cochrane review of bedrest for low back pain and sciatica », Spine, vol. 30, no 5, , p. 542-546 (résumé).
- (en) Kristin Thuve Dahm, Kjetil G Brurberg, Gro Jamtvedt et Kåre Birger Hagen, « Advice to rest in bed versus advice to stay active for acute low-back pain and sciatica », Cochrane Database of Systematic Reviews, (DOI 10.1002/14651858.CD007612.pub2, lire en ligne, consulté le )
- (en) Mark J. Hancock, Chris G. Maher, Jane Latimer, Andrew J. McLachlan, Chris W. Cooper, Richard O. Day, Megan F. Spindler et James H. McAuley, « Assessment of diclofenac or spinal manipulative therapy, or both, in addition to recommended first-line treatment for acute low back pain: a randomised controlled trial », The Lancet, vol. 370, no 9599, , p. 1638-1643 (DOI 10.1016/S0140-6736(07)61686-9).
- (en) Patrick C.A.J. Vroomen, Marc C.T.F.M. de Krom, Patty D. Slofstra et J. Andre Knottnerus, « Conservative treatment of sciatica: a systematic review », Journal of Spinal Disorders, vol. 13, no 6, , p. 463-469 (résumé).
- (en) Pim A.J. Luijsterburg, Arianne P. Verhagen, Raymond W.J.G. Ostelo, Ton A.G. van Os, Wilco C. Peul et Bart W. Koes, « Effectiveness of conservative treatments for the lumbosacral radicular syndrome: a systematic review », European Spine Journal, vol. 16, no 7, , p. 881-899 (DOI 10.1007/s00586-007-0367-1).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- [1885] Jules-Charles-Gaston Chauvin, faculté de médecine et de pharmacie de Lyon (d), De l'emploi des pulvérisations de chlorure de méthyle, Lyon, Imp. nouvelle, , 88 p., 26 cm (OCLC 942715780, BNF 36865935, SUDOC 191729299, présentation en ligne, lire en ligne sur Gallica).
- [1910] Léon Lortat-Jacob (d) et Georges Sabaréanu, Les sciatiques, leurs traitements, Paris, Masson / Hachette Livre (réimpr. 1913 et 2018) (1re éd. 1910), 218 p., 21 cm (ISBN 2-3291-1601-2, OCLC 14794115, BNF 31273573, SUDOC 019997248, présentation en ligne, lire en ligne sur Gallica).
- [1980] Lucien Simon (dir.) et Francis Blotman (dir.), 6e Colloque international de pathologie locomotrice, La Sciatique et le nerf sciatique, Montpellier / Paris / New York / Barcelone, Masson, coll. « Collection de pathologie locomotrice (ISSN 0182-2985), no 4 », , 306 p., 24 cm (ISBN 2-225-66374-2, OCLC 1044668069, BNF 34665585, SUDOC 00044068X, présentation en ligne).
- [1988] Patrick Gessant, Homéopathie et lombo-sciatalgies, Paris, Ed. Similia, coll. « Le Point sur (ISSN 0990-2872) », , 93 p., 21 cm (ISBN 2-904928-21-9, OCLC 18124463, BNF 34932550, SUDOC 002433001, présentation en ligne).
- [1997] Éric Thomas, Francis Blotman et François Segnarbieux, Sciatique et hernie discale, Montpellier, Espaces 34, coll. « Espace science (ISSN 1142-7108) », , 160 p., 24 cm (ISBN 2-907293-40-0, OCLC 301591378, BNF 36178408, SUDOC 004216873, présentation en ligne).
- [2008] François Ricard (trad. Kraus Biomédical), Traitement ostéopathique des lombalgies et lombosciatiques par hernie discale [« Tratamiento osteopático de las lumbalgias y lumbociáticas por hernias discales »], Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, coll. « Ostéopathie (ISSN 1768-1995), Paris » (réimpr. 2011) (1re éd. 2008), 683 p., 24 cm (ISBN 978-2-84299-839-4, OCLC 377991306, BNF 44673611, SUDOC 123040868, présentation en ligne, lire en ligne ).
- [2011] André Chantepie et Jean-François Pérot, Traitement ostéopathique des lombosciatalgies, Paris, Maloine, coll. « Cahiers d'ostéopathie, no 6 », , 269 p., 24 cm (ISBN 978-2-224-03111-4, OCLC 758750851, BNF 42373141, SUDOC 15052529X, présentation en ligne).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Ressources relatives à la santé :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :