Lucie Cousturier — Wikipédia

Lucie Cousturier
Lucie Cousturier, Autoportrait (entre 1905 et 1910),
Minneapolis, musée d'art d'Indianapolis.
Naissance
Décès
Période d'activité
Nom de naissance
Jeanne Lucie BrûVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Lucie Brû, Lucie CousturierVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Maîtres
Mouvement
Conjoint
Edmond Cousturier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
François Cousturier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Lucie Cousturier, née Jeanne Lucie Brû à Paris le et morte dans la même ville le [1] est une artiste peintre, écrivaine, essayiste et militante anticolonialiste française.

Lucie Brû naît dans une famille aisée qui possédait une manufacture de poupées à Paris, Les Poupées Brû (du nom de son père Léon Casimir Brû)[2]. Dès 14 ans, elle s'intéresse à la peinture. Elle est l’élève des artistes néo-impressionnistes, Paul Signac et Henri-Edmond Cross. Elle peint dans un style proche de ces peintres et consacre des études à leurs œuvres. Elle se marie en 1900 avec Edmond Cousturier, peintre et critique d'art. Elle fait partie du courant des néo-impressionnistes et expose au Salon des indépendants en 1901. Elle expose en 1906 au Salon de la libre esthétique de Bruxelles et présente des toiles à la Berliner Secession de Berlin[3]. Des expositions personnelles régulières ont lieu de 1906 à 1913. Elle peint des œuvres au « pointillisme modéré » dont elle sait aussi s’affranchir[4]. Elle rédige à partir de 1911 divers articles et monographies sur les membres importants de ce mouvement (Georges Seurat, Paul Signac, Henri-Edmond Cross, Ker-Xavier Roussel, Maurice Denis) qui constituent des témoignages de première main, montrent sa maîtrise de la théorie de la peinture néo-impressionniste et font d'elle la première spécialiste de ce mouvement[5].

Durant la Première Guerre mondiale, elle va vivre à Fréjus dans une maison achetée en 1913, « Les Parasols », à côté de laquelle sont installés des campements de tirailleurs sénégalais qui y séjournent avant leur montée au front. Elle visite les campements et décide d'améliorer l'apprentissage de la langue française des soldats. Elle organise dans ce but des cours d'alphabétisation à son domicile, ce sera le thème d'un récit Des inconnus chez moi qu'elle publie en 1920[6].

En 1921 et 1922, chargée par le gouvernement français d’étudier "le milieu indigène familial et spécialement le rôle de la femme"[7], elle effectue un voyage en Afrique-Occidentale française dont elle ramène de nombreuses toiles et trois nouveaux livres qui racontent ce périple. Lucie Cousturier fait figure de précurseur sur ce sujet, avant d’autres intellectuels français engagés comme André Gide (Voyage au Congo, 1927 et Retour du Tchad, 1928) ou Michel Leiris (L'Afrique fantôme, 1934). Les portraits qu'elle réalise sont loin des représentations stéréotypées des peuples africains, nus ou dans des costumes authentiques, qui prévalaient alors. Revenue en France, elle écrit dans Le Paria, « journal des prolétariats noirs et jaunes »[8], et consacre la fin de sa vie au combat pour l’émancipation des peuples de couleur.

Le nègre écrivant, aquarelle peinte entre 1921 et 1924.

Son oeuvre présente une variété de thèmes et son style se modifie au cours de sa vie, passant d'un néo-impressionnisme maîtrisé à des aquarelles spontanées réalisées durant ses voyages.

Commencée par son père — sans doute sur le conseil de sa fille —, la collection Bru-Cousturier dont hérite Lucie Cousturier, comptait des pièces importantes du mouvement néo-impressionniste, dont la célèbre toile de Georges Seurat, Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte, achetée à la famille Seurat en 1900 pour 800 francs. La toile est vendue en 1924 aux collectionneurs de Chicago, Frederic Clay et Helen Birch Bartlett[9], puis donnée à l'Art Institute of Chicago deux ans plus tard, avec une clause interdisant tout prêt extérieur, à l'exception d'une unique fois, ce qui aura lieu à New York en 1958 pour une rétrospective Seurat organisée par les directeurs de l'Art Institute of Chicago et du Museum of Modern Art, Daniel Catton Rich et René d'Harnoncourt.

Publications

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  • Des inconnus chez moi, 1920[19].
  • La forêt du Haut-Niger, 1923[20].
  • Mes inconnus chez eux, mon amie Fatou, citadine[21], Paris, F. Rieder et Cie, éditeurs, 1925.
  • Mon ami Soumaré, laptot, 1925.
  • Seurat, Paris, 1926[22].
  • K. X. Roussel, Paris, 1927[23].

Expositions

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  • Elle fait partie des artistes présentées dans le cadre de l'exposition « Artistes voyageuses, l'appel des lointains – 1880-1944 » au palais Lumière d'Évian puis au musée de Pont-Aven en 2023[24].
  • Une exposition lui est consacrée du 16 juin au 14 octobre 2018 au musée de Vernon[25].

Notes et références

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  1. Archives de Paris, acte de décès n°1216, vue 3 / 19.
  2. Biographie dans Lucie Cousturier, les tirailleurs sénégalais et la question coloniale, Paris, L'Harmattan, 2009.
  3. « Lucie Cousturier », sur AWARE Women artists / Femmes artistes (consulté le )
  4. Éléments biographiques sur le site RFI.
  5. « Lucie Cousturier, artiste néo impressionniste », sur Mairie de Vernon (consulté le )
  6. La Compagnie la Poursuite adapte cette œuvre à la scène en 2014, au moment de la célébration du centenaire de la Première Guerre mondiale.
  7. « Lucie COUSTURIER – Mes inconnus chez eux », sur aflit.arts.uwa.edu.au (consulté le )
  8. « En 1921 naît, en marge du parti communiste, un pôle plus radical, l'Union intercoloniale, petite association dépendante du PCF (qui) fonde en avril 1922 le journal Le Paria, un mensuel où s’expriment côte à côte Indochinois, Maghrébins, Antillais, Africains et Malgaches » (cf. [PDF] Hommes et immigrations.
  9. Art Institute of Chicago, notice de l'œuvre.
  10. « Flowers and Fruit of Provence »
  11. IHOI, « Pivoines » (consulté le )
  12. « Les Jouets »
  13. « Autoportrait »
  14. « Femme faisant du crochet »
  15. « Fleurs »
  16. « Femme à sa toilette »
  17. a b c d et e René Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, tome 1, A-E, Art & Édition, 1930, p. 328.
  18. « Le nègre écrivant », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )
  19. Lucie Cousturier, Des inconnus chez moi, Paris, Éditions de la Sirène, (lire en ligne)
  20. Lucie Cousturier, La Forêt du Haut-Niger, Les Cahiers d'aujourd'hui, (lire en ligne)
  21. Commentaires sur le livre sur le site Femmes écrivains et littérature africaine
  22. Lucie (1876-1925) Auteur du texte Cousturier, Seurat / par Lucie Cousturier, (lire en ligne)
  23. Lucie Cousturier, K.-X. Roussel, (lire en ligne)
  24. Éric Biétry-Rivierre, « Des artistes globe-trotteuses en quête d'exotisme », Le Figaro, supplément Le Figaro et vous,‎ , p. 32 (lire en ligne).
  25. Réseau des Musées de Normandie

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Bibliographie

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  • Roger Little (dir.), Lucie Cousturier, les tirailleurs sénégalais et la question coloniale, Paris, L'Harmattan, 2009. — Actes du colloque tenu à Fréjus (ISBN 9782296073487) [lire en ligne].
  • Adèle de Lanfranchi, Lucie Cousturier, 1876-1925, Paris, auto-édition, 2008.
  • Gilles Kerzerho, Lucie Cousturier de Signac à Bakoré Bili, Rousset, éd. INDEX, 2014 (ISBN 978-2-9537744-9-8) — catalogue de l'exposition consacrée à Lucie Cousturier en . Exposition labellisée Mission centenaire 1914-1918.

Liens externes

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