Méthode Ier de Constantinople — Wikipédia

Méthode Ier de Constantinople
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Patriarche de Constantinople
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Méthode Ier de Constantinople (en grec ancien : Μεθόδιος, en latin Methodius) fut patriarche de Constantinople du à sa mort le . Son avènement correspondit au rétablissement du culte des images après la deuxième période iconoclaste : le triomphe de l'orthodoxie.

La principale source utilisée pour reconstituer la biographie de Méthode est une Vie (reproduite en PG, vol. 100) considérée comme très postérieure à la mort du patriarche[1]. L'attribution à Méthode de la Vie d'Euthyme de Sardes, transmise anonymement par un seul manuscrit[2], conduit à apporter certaines corrections aux données traditionnellement admises[3].

Il naquit à Syracuse, dans une riche famille, en 787 ou 788[4]. Jeune homme, il vint à Constantinople pour chercher un emploi à la cour, mais fut sensible à la prédication d'un moine et entra au monastère de Chènolakkos[5]. Il y devint peut-être higoumène[6].

En mars 815, l'empereur Léon V l'Arménien déposa le patriarche Nicéphore Ier de Constantinople et rétablit officiellement l'iconoclasme. Méthode partit pour Rome, peut-être envoyé par Nicéphore, et y resta jusqu'au meurtre de Léon V le jour de Noël 820[7]. Ensuite, espérant apparemment un changement de politique religieuse de la part de Michel II, le nouvel empereur, il revint à Constantinople porteur d'une lettre du pape Pascal Ier réclamant le rétablissement du patriarche Nicéphore et l'abandon de l'iconoclasme. Selon sa Vie, il n'eut pas plus tôt délivré son message à l'empereur qu'il fut saisi par les gardes, reçut 70 coups de fouet, puis fut enfermé dans un cachot souterrain qui était une ancienne tombe, où il resta pendant sept ans dans des conditions affreuses ; mais l'auteur de la Vie d'Euthyme de Sardes fut seulement consigné dans une cellule de monastère sur l'îlot Saint-André (mer de Marmara), où il écrivit plusieurs textes et eut des contacts suivis avec l'extérieur.

En 829, peu de temps avant sa mort, Michel II aurait, selon la Vie de Méthode, promulgué une amnistie générale qui aurait permis au futur patriarche de sortir de son cachot ; mais l'auteur de la Vie d'Euthyme resta consigné bien plus longtemps dans le monastère Saint-André où il se trouvait encore en 832, date de la rédaction de ce texte (avec une plus grande liberté de mouvement ?)[8]. En 831, un autre texte prophétique circula, contenant l'annonce de la mort de l'empereur Théophile ; ce fut la raison de l'arrestation d'Euthyme de Sardes, apparemment accusé d'avoir diffusé le texte, conduit sur l'îlot Saint-André et soumis à un interrogatoire brutal, ponctué de coups de fouet, pour l'amener à dénoncer ses complices, à la suite de quoi il mourut.

Sous le pontificat du patriarche Jean VII le Grammairien (intronisé en 837), l'empereur Théophile trouva dans la bibliothèque du palais impérial un mystérieux document dont l'interprétation le tourmenta tellement qu'il en perdit l'appétit. Son chambellan, nommé Jean, l'assura que Méthode pouvait lui en donner l'explication. Avec l'accord de l'empereur, il se rendit sur l'îlot Saint-André, où le futur patriarche était donc toujours consigné. Impressionné par la réponse fournie, Théophile fit venir Méthode au palais et le logea dans un bâtiment appelé le Sigma pour pouvoir le consulter quand il en aurait besoin[9]. Installé au palais, Méthode put nouer des liens avec l'impératrice Théodora, qui à l'insu de son époux était partisane du culte des images.

Après la mort prématurée de Théophile, en janvier 842, Théodora, devenue régente, et le ministre Théoctiste s'employèrent à écarter le patriarche Jean le Grammairien, et à rétablir le culte des icônes. Une assemblée de dignitaires civils et religieux triés sur le volet se tint au domicile de Théoctiste le dimanche , en l'absence du patriarche Jean ; elle réaffirma la validité du deuxième concile de Nicée de 787, déposa le patriarche (qui aurait été arrêté et enfermé dans un monastère), et nomma Méthode à sa place. Le dimanche suivant, , le nouveau patriarche, flanqué de l'impératrice Théodora, de son jeune fils Michel III, âgé de trois ans, et du ministre Théoctiste, dirigea une procession solennelle depuis l'église Sainte-Marie des Blachernes jusqu'à la basilique Sainte-Sophie, symbolisant le retour des icônes dans l'église impériale : ce fut le triomphe de l'orthodoxie.

Quelque temps après, Méthode fit apporter les reliques du patriarche Nicéphore à Constantinople, les fit exposer plusieurs jours dans la basilique Sainte-Sophie, puis les fit inhumer dans l'église des Saints-Apôtres. La politique religieuse qu'il mena fut jugée de manière contradictoire : introduit au palais dès les dernières années du règne de Théophile, nommé patriarche par Théodora et Théoctiste sur la promesse, notamment, d'exonérer la mémoire de l'empereur défunt, il pouvait apparaître comme le tenant d'une ligne modérée ; cependant la purge qu'il mena dans le clergé ne fut pas spécialement indulgente, et il destitua presque tous les évêques de l'empire et les remplaça, même ceux qui avaient abjuré l'iconoclasme, sur le motif qu'ils avaient méprisé les décrets d'un concile œcuménique[10]. Mais cette sévérité relative ne trouva pas grâce aux yeux des moines aux positions extrémistes du monastère de Stoudios, qui trouvèrent à redire à nombre de ses choix pour les nominations. Méthode ne put éviter d'apparaître comme un modéré face aux moines intransigeants, mais il fut soutenu par l'ermite Joannice du mont Olympe de Bithynie, qui se déplaça à Constantinople pour le cautionner. Quand il mourut, en juin 847, il fut remplacé par un candidat soutenu par les Stoudites, Ignace Rhangabé.

Méthode était un homme instruit, réputé pour sa science théologique, et qui écrivit beaucoup. Il reste de lui des lettres, des sermons et des textes hagiographiques et liturgiques. Dans cette dernière catégorie, il est probablement l'auteur du canon de l'Église orthodoxe célébrant la restauration du culte des images. Il fut aussi d'autre part l'auteur de textes à caractère prophétique, contenant l'annonce de la mort de Léon V, celle de Michel II et celle de Théophile[11]. Le texte intitulé Visions de Daniel (829), conservé en traduction slavonne, a toutes chances d'être de lui[12].

Éditions de textes

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  • Patrologia Graeca de Migne, vol. 99 (canon pour la restauration des images) et 100.
  • Méthode le Patriarche, Vie d'Euthyme de Sardes, éd. J. Gouillard, TM 10 (1987), p. 1-101.
  • Méthode le Patriarche, Vie de saint Théophane le Confesseur, éd. V. Latyšev, Mémoires de l'Académie des Sciences de Russie, 8e série, 13, 4, Petrograd (1918), p. 1-40.

Notes et références

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  1. Cf. (en) Alexander Kazhdan, History of Byzantine Literature, vol. I, 1999, p. 368.
  2. Jean Gouillard, « Une œuvre inédite du patriarche Méthode : la Vie d'Euthyme de Sardes », dans Byzantinische Zeitschrift, 53, 1960, p. 36-46.
  3. (en) Warren Treadgold, « The Prophecies of the Patriarch Methodius », dans Revue des études byzantines, 62, 2004, p. 229-237.
  4. L'auteur de la Vie d'Euthyme de Sardes dit explicitement qu'il n'était pas encore né le jour de l'ouverture du deuxième concile de Nicée (24 septembre 787). D'autre part, une lettre de Théodore Studite adressée à Méthode, qui était à Rome, et datant probablement de 818, lui donne le titre d'« abbé » ; comme Méthode était parti pour Rome en 815, et que, selon le droit canonique, on ne pouvait pas devenir abbé de monastère avant 35 ans, on faisait naître traditionnellement Méthode « avant 780 ». Cependant, les dérogations au droit canonique étaient fréquentes à l'époque ; voir (en) Warren Treadgold, art. cit..
  5. Monastère fondé sous Léon III l'Isaurien par saint Étienne de Chènolakkos, sa localisation est incertaine : le mont Olympe de Bithynie selon Raymond Janin, Les églises et les monastères : Bithynie, Hellespont, etc., Institut français d'études byzantines, 1975 ; à proximité de Constantinople selon (en) Vincenzo Ruggieri Byzantine Religious Architecture (582-867), Pontificium Institutum Orientale, Rome, 1991.
  6. Ou peut-être devint-il à la fois prêtre et abbé au début de son séjour à Rome entre 815 et 817, ce qui suppose de toute façon pour l'auteur de la Vie d'Euthyme de Sardes d'importantes dérogations, puisqu'en principe l'âge minimum pour la prêtrise était de 30 ans, et pour l'abbatiat, qui supposait la prêtrise, de 35 ans.
  7. L'auteur de la Vie d'Euthyme déclare que, séjournant hors des frontières de l'Empire byzantin, hors de portée donc de la police impériale, il publia une prophétie annonçant la mort de Léon V huit mois avant l'événement (donc en avril ou mai 820).
  8. Cinq mois avant la mort de Michel II le 2 octobre 829 (donc en avril ou mai), une prophétie avait circulé annonçant la mort de l'empereur. Celui-ci, soupçonnant l'auteur de la Vie d'Euthyme, confiné sur l'îlot Saint-André, l'avait fait interroger et brutaliser. Cependant cet auteur, déclarant ignorer si la prophétie était datée ou non, nie implicitement l'avoir rédigée. Selon (en) Warren Treadgold, art. cit., cette « prophétie » ne serait autre que le texte intitulé Visions de Daniel, inspiré de l'Apocalypse du pseudo-Méthode et conservé dans une traduction slavonne, qu'un examen interne permettrait de dater précisément du printemps 829. Par ailleurs, le fait que ce texte se réfère à la littérature apocalyptique attribuée à Méthode d'Olympe, saint patron du futur patriarche, et qu'il témoigne d'une bonne connaissance de la Sicile, où avaient lieu alors des affrontements entre Byzantins et Arabes (Méthode était natif de Syracuse), pourrait indiquer que son refus d'en endosser la paternité, quelle qu'en fût la raison, était mensonger.
  9. Pseudo-Syméon Magistros, Chronique, éd. Bekker, p. 644-645. Selon Warren Treadgold (art. cit.), il s'agissait sûrement d'une mystification organisée par Méthode lui-même, Jean le Chambellan, secrètement iconodule, étant son complice. L'épisode aurait eu lieu au cours des mois suivant la prise d'Amorium par les Arabes (été 838).
  10. Il fut en butte à une accusation, attribuée par la tradition à un complot des iconoclastes, et qui fit l'objet d'un procès : une femme (mère de Métrophane, futur évêque de Smyrne) l'accusa d'avoir abusé d'elle, mais se rétracta ensuite, et fut convaincue d'avoir été payée pour le calomnier.
  11. Son nom monastique « Méthode », choisi donc délibérément, vient de celui de Méthode d'Olympe, un auteur chrétien du IIIe siècle à qui on attribuait faussement un texte eschatologique syrien du VIIe siècle, appelé aujourd'hui l'Apocalypse du pseudo-Méthode, qui, traduit en de nombreuses langues, marqua beaucoup le Moyen Âge.
  12. Traduction anglaise de ce texte dans (en) Paul J. Alexander, Byzantine Apocalyptic Tradition, Berkeley, 1985, p. 62-72.

Liens externes

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