Marie-Jeanne (canon) — Wikipédia

Gravure réalisée en 1874 par Octave de Rochebrune représentant la Marie-Jeanne.

La Marie-Jeanne est le premier canon capturé par l'Armée catholique et royale, lors de la bataille de la Butte-aux-Hommes à Coron le , qui devint rapidement son palladium[1].

Cette couleuvrine de calibre douze est initialement un cadeau du roi Louis XIII au cardinal de Richelieu[1], qui fut évêque de Luçon.

Retirée de la défense de la ville de Richelieu par les républicains, elle est capturée par les troupes vendéennes lors d'une attaque à l'arme blanche dans la ville de Coron le et sera reprise par la cavalerie républicaine le , au cours de la première bataille de Fontenay-le-Comte[2].

Devenue un véritable symbole pour l'armée vendéenne, sa capture devient alors un impératif pour l'honneur et le moral des troupes. Une récompense de cent écus est même promise par les chefs vendéens à celui qui arriverait à la prendre de nouveau. Quelques jours plus tard, le , l'armée vendéenne assaille une nouvelle fois Fontenay-le-Comte. La ville est prise, mais le canon demeure introuvable, emporté par un escadron de cavalerie en fuite. L'apprenant, le marquis de Lescure envoie des cavaliers à sa poursuite qui, après de furieux combats au cours desquels la couleuvrine est reprise et perdue six fois, parviennent finalement à s'en emparer[2].

La Marie-Jeanne participe ensuite à la plupart des batailles des Vendéens, avant de disparaître en octobre 1793 lors de la virée de Galerne, au cours de laquelle elle aurait été jetée dans la Loire ou dans l'étang du château du Bas-Plessis ; malgré plusieurs campagnes de fouilles, le canon n'a jamais été retrouvé. Un canon identique est conservé au Musée de l'Armée (les Invalides à Paris) mais on considère qu'il ne s'agit que d'un "jumeau" de la Marie-Jeanne.

L'aquafortiste vendéen Octave de Rochebrune (1824-1900) l'a représentée en 1874.


Dans la culture populaire

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Symbole des armées vendéennes, la Marie-Jeanne a inspiré plusieurs œuvres :

  • La Marie Jeanne, chanson de Théodore Botrel parue dans le recueil Chansons de la Fleur de Lys en 1899 ;
  • Marie-Jeanne, poème de dom Joseph Roux paru dans Souvenirs du bocage vendéen en 1898.

Notes et références

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  1. a et b Pierre Victor Jean Berthre de Bourniseaux, Histoire des guerres de la Vendée et des Chouans : depuis l'année 1792 jusqu'en 1815, vol. 1 (lire en ligne), p. 344

    « Au nombre des pièces de canon était une superbe pièce de douze, que Louis XIII avait donnée au cardinal de Richelieu. Elle était décorée d'inscriptions et de trophées ; ce furent sans doute ces enjolivemens qui frappèrent les Vendéens ; ils la nommèrent, je ne sais pourquoi, Marie-Jeanne.

    L'enthousiasme se mêla bientôt à l'admiration ; cette pièce fut, pour les paysans du Bocage, ce qu'avaient été pour les Romains les boucliers sacrés de Numa : c'était à qui l'embrasserait et l'enjoliverait de rubans. « Nous sommes sûrs de vaincre avec Marie-Jeanne, » disaient les paysans : aucun d'eux n'eût pu donner le motif de cette ridicule confiance ; c'était un effet sans cause mais qui n'en était pas moins réel »

    .
  2. a et b Jean-Louis de Margaret, Récits et souvenirs de la guerre de Vendée, Delhomme et Briguet, , 287 p.