Marie Trintignant — Wikipédia

Marie Trintignant
Marie Trintignant par Jean-Loup Othenin-Girard.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, tombe des Trintignant (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Marie Trintignant-CorneauVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Période d'activité
Père
Mère
Fratrie
Conjoints
Samuel Benchetrit (de à )
Bertrand Cantat (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Roman Kolinka
Paul Cluzet (d)
Léon Othnin-Girard (d)
Jules BenchetritVoir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Vue de la sépulture.

Marie Trintignant (/maʁi tʁɛ̃tiɲɑ̃/[a] Écouter), née le à Boulogne-Billancourt, et morte des suites de violences conjugales le à Neuilly-sur-Seine, est une actrice française.

Sa carrière de comédienne commence très tôt et se développe durant les années 1990, notamment grâce à son travail artistique pour le film Une affaire de femmes[1]. Elle obtient cinq nominations aux César.

Dans la nuit du 26 au , elle est rouée de coups par son compagnon, Bertrand Cantat, dans une chambre d'hôtel à Vilnius (Lituanie). Elle meurt le après avoir été rapatriée en France.

Ses parents, Nadine Trintignant et Jean-Louis Trintignant, en 1968.

Marie Trintignant est la fille de l'acteur Jean-Louis Trintignant et de la réalisatrice Nadine Trintignant. En 1998, sa mère épouse son compagnon de longue date, le réalisateur Alain Corneau, lequel adopte dans le même temps, Marie et son frère Vincent, avec le consentement de leur géniteur, Jean-Louis Trintignant[2].

Habitant tantôt Uzès, tantôt Paris[3], Marie Trintignant est la mère de quatre enfants : Roman, né en 1986 de Richard Kolinka, Paul né en 1993 de François Cluzet, Léon né en 1996 de Mathias Othnin-Girard et Jules né en 1998 de Samuel Benchetrit.

Elle commence sa carrière d'actrice en 1966, à l'âge de quatre ans, pour le long métrage Mon amour, mon amour réalisé par sa mère, aux côtés de son père, puis elle enchaîne d'autres films également mis en scène par sa mère.

En 1978, à 16 ans, elle incarne le personnage de Mona dans le film Série noire[b] d'Alain Corneau, lequel devient culte parmi le genre film noir, grâce à sa mise en scène, l'ambiance sombre et désespérée qui en émane et, surtout, l'interprétation de Patrick Dewaere sans lequel le film « n'aurait pas existé[c] », selon le réalisateur.

Dans les années 1980, sa notoriété se confirme grâce à Étienne Périer, metteur en scène du téléfilm en deux épisodes La Garçonne, pour France 2, d'après le roman de Victor Margueritte (1922), et grâce à Claude Chabrol pour le film Une affaire de femmes, — dans lequel elle incarne une prostituée, amie du personnage principal interprété par Isabelle Huppert — ainsi que Betty (1992) du même réalisateur, dans lequel elle tient le premier rôle, une alcoolique en rupture avec sa famille bourgeoise qui provoque le désordre dans le couple qui la recueille.

Dans les années 1990, elle tient le premier rôle dans Nuit d'été en ville de Michel Deville. Elle joue dans des comédies comme Cible émouvante et … Comme elle respire, deux films de Pierre Salvadori où elle donne la réplique à Jean Rochefort et à Guillaume Depardieu.

En 2000, sous la direction de sa mère, elle incarne une militante du droit à l'avortement dans le téléfilm Victoire ou la Douleur des femmes. La même année, elle est membre du jury du festival du cinéma américain de Deauville.

Nommée cinq fois aux César du cinéma, elle n'obtient cependant pas de trophée.

Dans la nuit du 26 au dans la chambre d'hôtel du Domina Plaza de Vilnius en Lituanie où elle tourne le téléfilm Colette, une femme libre, une dispute au sujet d'un message envoyé par son mari Samuel Benchetrit, dont elle est séparée, éclate avec son compagnon le chanteur Bertrand Cantat. Ce dernier et Marie Trintignant ont une relation tumulteuse depuis 18 mois[4]. Bertrand Cantat la frappe à plusieurs reprises, « une vingtaine de traces de coups sont apparentes »[5]. La comédienne tombe au sol, inanimée[6]. Il la porte dans son lit, sans appeler les secours. Plus tard dans la nuit, il appelle au téléphone Vincent Trintignant, le frère de Marie. Celui-ci rejoint le chanteur, ne mesure pas la gravité de la situation et Cantat le dissuade à plusieurs reprises d'appeler un médecin. Au matin à h 15, Vincent Trintignant voit que sa sœur ne réagit pas et appelle les secours. Marie Trintignant est admise à l'hôpital universitaire de Vilnius dans un coma profond[7].

À deux reprises, les chirurgiens opèrent la jeune femme pour décompresser le cerveau. Elle est rapatriée en France le en état de mort cérébrale, à la suite d'un œdème cérébral suivi d'un coma profond provoqué par les coups portés[8]. Une opération de la dernière chance est tentée par le neurochirurgien Stéphane Delajoux[9], mais elle meurt le lendemain, le , à Neuilly-sur-Seine.

Bertrand Cantat est condamné à huit ans de prison par la justice lituanienne pour « meurtre commis en cas d'intention indirecte indéterminée »[10], peine dont il ne purge que la moitié.

Marie Trintignant est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (45e division) le , en présence d'une assistance vêtue de blanc comme l’a demandé la famille. Le cercueil est recouvert de tournesols, sa fleur favorite[d]. Le matin, un hommage réunit des proches au théâtre Édouard VII pour des lectures de textes et des chansons joués ou appréciés par la comédienne.

Le , son père adoptif Alain Corneau est inhumé auprès d'elle. Leur sépulture porte en épitaphe une phrase de Percy Shelley : « Paix, paix, ils ne sont pas morts, ils ne sont pas endormis, ils se sont réveillés du rêve de la vie. »

Le square Marie-Trintignant, à Paris, inauguré en mai 2007.

Nadine Trintignant publie en 2003 le livre Marie, ma fille, résumé par ces mots :

« Je t'aime, ma fille chérie. Je t'aime à jamais. Peut-être parviendrai-je un jour à ne plus être obsédée par les horribles images de la fin de ta vie. J'arriverai à penser à toi avec douceur, et à te sourire. Peut-être. Je ne suis sûre de rien[11]. »

Le , Bertrand Delanoë, maire de Paris, inaugure le square Marie-Trintignant (ou jardin Marie-Trintignant) situé entre l'hôtel de Sens et la Seine, rue de l'Ave-Maria, dans le 4e arrondissement[12]. Il existe également une rue Marie-Trintignant à Brest et une allée Marie-Trintignant à Rezé (Loire-Atlantique).

En 2016, Samuel Benchetrit, son ex-mari, lui rend hommage à travers son livre La Nuit avec ma femme[13].

En 2021, Eva Almassy revient sur le meurtre de Marie Trintignant dans R’avec (Arcane 17). La romancière franco-hongroise adopte le point de vue d'une autre victime potentielle de Bertrand Cantat, son épouse Krisztina Rády, qui s'est suicidée en 2010[14].

En mars 2025, Netflix diffuse une minisérie intitulée De rockstar à tueur : le cas Cantat, en 3 épisodes, coréalisée par Anne-Sophie Jahn, Nicolas Lartigue, Zoé de Bussierre et Karine Dusfour[15],[16]. La série, fruit d'une enquête ayant débuté en 2016, revient sur les morts de Marie Trintignant et de Krisztina Rády, et connaît un grand succès de diffusion et médiatique[16]. Le rôle de Cantat dans les morts des deux femmes, l'emprise qu'il a eue sur les deux ainsi qu'une forme d'omerta autour de lui sont décryptées[17],[18].

Le documentaire explique que la défense de Bertrand Cantat à l'issue du meurtre de Marie Trintignant, invoquant l'accident, est « restée dans l'imaginaire collectif », et génère pendant plusieurs années une empathie envers lui aussi grande qu'envers la victime[19],[15]. Un rapport médical inédit est révélé, montrant la violence conjugale qu'il faisait subir à son épouse Krisztina Rády : violence psychologique et physique que cette dernière ne confiait qu'à de rares proches[20],[21],[22]. Le documentaire témoigne d'un changement de regard sur le personnage, lié aux évolutions sociétales depuis l'émergence du mouvement MeToo. La thèse du « crime passionnel », longtemps véhiculée par les médias et l'opinion publique, a progressivement fait place à celle d'un féminicide[15],[23],[24]. Ainsi, la chanteuse Lio, qui témoigne dans ce documentaire, a été dans les premières à dénoncer publiquement la violence de Cantat, n'a pas été écoutée pendant longtemps, et a même subi des conséquences négatives sur sa carrière[25],[26],[27]. Elle explique notamment : « Bertrand Cantat l’a tenue avec le genou sur la gorge. Le médecin légiste l’avait dit. C’était une exécution[21]. »

Filmographie

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Longs métrages

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Courts métrages

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Télévision

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Enregistrements

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Distinctions

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Récompenses

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Nominations

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Notes et références

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  1. Prononciation en français de France retranscrite selon la norme API.
  2. Le scénario est tiré d'un livre de Jim Thompson, A Hell of a woman, et les dialogues sont de l'écrivain oulipien Georges Perec.
  3. Maurin 2006, p. 181.
  4. La tombe de Marie Trintignant se trouve à côté de celle du producteur de cinéma Daniel Toscan du Plantier à sa gauche et de celle du chanteur de variété Gilbert Bécaud à sa droite.

Références

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  1. « Marie Trintignant », sur gala.fr.
  2. Romain Clergeat, « Alain Corneau : Nadine Trintignant, la femme de sa vie », Paris-Match, 3 septembre 2010.
  3. Bastide et Durand 1999.
  4. Eric Pelletier et Laurent Chabrun, « Cantat-Trintignant: les clefs du procès », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Ce que l'affaire Cantat nous apprend sur les féminicides », enquête exclusive de M6, sur madame.lefigaro.fr.
  6. Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard, « La justice lituanienne », Le Parisien, 20 février 2004.
  7. Stéphane Bouchet, Frédéric Vézard, Bertrand Cantat, Marie Trintignant : l'amour à mort, Archipel, , p. 127.
  8. « Causes de la mort de Marie Trintignant », La Voix du Nord, 18 octobre 2007 (lien brisé, uniquement accessible via archive.is).
  9. Agathe Fourgnaud, « Le drame de Marie Trintignant », Le Point, 18 janvier 2007.
  10. Jugement du TGI de Toulouse reprenant le déroulement des faits et la condamnation dans Le Figaro
  11. « Ma fille, Marie - Nadine Trintignant » [livre], sur Babelio (consulté le ).
  12. « Les nouveaux jardins et équipements », dossier de presse Jardins et Nature à Paris, 1er semestre 2007, sur le site web de la Mairie de Paris.
  13. Nathalie Dupuis, « Samuel Benchetrit se livre dans un roman sur Marie Trintignant », Elle,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. Eva Almassy, R'avec, (lire en ligne).
  15. a b et c « De rockstar à tueur : le cas Cantat : "On s'est tous trompés", confie sur RTL la coréalisatrice du documentaire », sur rtl.fr, (consulté le ).
  16. a et b « Le cas Cantat sur Netflix : "Je veux savoir combien de femmes ont été victimes de Bertrand Cantat" », sur Le Point, (consulté le ).
  17. « Sur Netflix, De rockstar à tueur : le cas Cantat dénonce la couverture médiatique qui fut accordée au meurtre de Marie Trintignant », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. « Sur Netflix, une série documentaire accablante pour Bertrand Cantat rend justice à Marie Trintignant et Kristina Rady » Accès libre, sur L'Humanité, (consulté le ).
  19. « De rockstar à tueur : le cas Cantat : pour les auteurs du documentaire Netflix, "les temps n'ont pas du tout changé" », sur BFMTV, (consulté le ).
  20. « Affaire Cantat : un rapport médical relance la polémique », lematin.ch,‎ (ISSN 1018-3736, lire en ligne, consulté le ).
  21. a et b « De rockstar à tueur, le cas Cantat : "Cette affaire, c'est notre baromètre, nous en tant que société" », sur information.tv5monde.com, (consulté le ).
  22. « Kristina Rady : que s'est-il vraiment passé avec Bertrand Cantat ? », sur elle.fr, (consulté le ).
  23. « L’affaire Bertrand Cantat en vingt ans de couverture médiatique : de “crime passionnel” à “féminicide” », sur telerama.fr, (consulté le ).
  24. Maxime Poul, « Bertrand Cantat : que devient le chanteur, dix-huit ans après sa sortie de prison pour le meurtre de Marie Trintignant ? », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  25. Ève Beauvallet, « De rockstar à tueur : le cas Cantat sur Netflix, archives d’un féminicide », sur Libération (consulté le ).
  26. « Lio prend la parole sur Bertrand Cantat : "Moi mon problème, c’est que tout le monde savait" », sur elle.fr, (consulté le ).
  27. « Le traitement médiatique de l'affaire Cantat », sur France Inter, (consulté le ).

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Bibliographie

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Documentaires télévisés

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Liens externes

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