Mirra Alfassa — Wikipédia
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nom de naissance | Blanche Rachel Mirra Alfassa |
Nationalité | |
Formation | |
Activités | |
Fratrie | Matteo Alfassa (d) |
Conjoint | |
Enfant | Andre Morisset (1898) (d) |
Maîtres |
---|
Mirra Alfassa (Blanche Rachel Mirra Alfassa), née le à Paris 9e et morte le à Pondichéry (Inde), aussi surnommée Douce Mère ou la Mère, a pour nom d'épouse Mirra Richard. Elle est connue pour son parcours spirituel avec Sri Aurobindo, ses écrits, et pour être à l'origine de la cité d'Auroville en Inde.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origines et famille
[modifier | modifier le code]Mirra Alfassa naît en 1878 à Paris[1] dans une famille bourgeoise. Elle est déclarée à l'état civil sous le nom de Blanche Rachel Mirra Alfassa. Sa mère, Mathilde Ismalun, née à Alexandrie en Égypte, et son père, Moïse Maurice Alfassa, banquier[2], né à Andrinople, en Turquie, tous deux juifs non pratiquants[3], se sont installés en France en 1877. Son frère aîné, Mattéo Alfassa, né à Alexandrie en 1876, devait devenir gouverneur du Congo français (en 1919) puis, gouverneur de l'Afrique-Équatoriale française (en 1934).[4],[5],[6].
Études
[modifier | modifier le code]Mira Alfassa apprend à lire à l'âge de sept ans mais ne va à l'école qu'à partir de neuf ans. Elle s'intéresse alors à divers domaines artistiques, au tennis, à la musique et au chant, mais sans attachement durable à l'une ou l'autre de ces activités[7]. À l'âge de 14 ans, elle a lu presque tous les livres de la bibliothèque paternelle, ce qui contribuera plus tard à sa maîtrise du français[8]. Son biographe, Georges Van Vrekhem, note que l'enfant connaît plusieurs expériences occultes mais sans en comprendre le sens ni l'intérêt. Mira Alfassa rapporte qu'elle ne s'en ouvre pas à sa mère, car celle-ci les aurait considérées comme les symptômes d'une maladie mentale nécessitant des soins[9]. Elle se rappelle en particulier qu'à l'âge de 13 ou 14 ans, elle a eu la vision d'une figure sombre qu'elle appelait Krishna, mais qu'elle n'avait jamais vue dans la réalité[10].
Elle étudie en 1893 les Beaux-Arts à l'Académie Julian dans le 6e arrondissement, rue du Dragon, et y obtient son diplôme de peintre[11].
Vie artistique parisienne et premier mariage
[modifier | modifier le code]En 1897, elle obtient une médaille d'argent de la Société des amis des arts de Seine-et-Oise après une exposition au château de Versailles[12].
Elle se marie, le , à 19 ans, avec le peintre Henri Morisset, disciple de Gustave Moreau, dont l'atelier était au 15 rue Lemercier à Paris. Son fils André naît le . Elle tombe gravement malade à la suite de cette naissance. Outre Moreau qu'elle fréquente par l'intermédiaire de son mari, elle est l'amie du sculpteur Auguste Rodin[11].
De 1903 à 1905, elle expose certaines de ses œuvres au Salon de la Société nationale des beaux-arts[11].
Ésotérisme, occultisme et second mariage
[modifier | modifier le code]À partir de 1903, elle fait la connaissance, par son frère Mattéo, de Louis Thémanlys (1874-1943), lequel l'introduit dans un groupe ésotérique appelé « Mouvement Cosmique », fondé par Louis Maximilien Bimstein, dit Max Théon (1845-1927) et son épouse Mary Christine Woodroffe Maurel, dite Alma. Alfassa prend la responsabilité de la rédaction de La Revue Cosmique, dont le précédent rédacteur en chef était l'occultiste et astrologue F.-Ch. Barlet. Elle retranscrit et traduit alors de nombreux articles de Max Théon[13].
En 1904, elle rencontre enfin en personne Max Théon et son épouse Alma. De 1905 à 1906, puis en 1907, elle effectue des séjours d'initiation à l'occultisme à Tlemcen[14], en Algérie, où réside le couple[13].
Alfassa fonde ensuite sa première association : Idea. Elle tient des causeries à Paris éveillant à la liberté de pensée et à un ésotérisme accordant une valeur spécifique aux femmes, par exemple avec le groupe de l'Union de la pensée féminine. Elle donne une conférence dans le cadre de la foi bahá’íe, à la demande du fils de son fondateur, 'Abbâs Effendi (1844-1921). Elle devient l'amie d'Alexandra David-Neel, partageant avec elle un intérêt prononcé pour le bouddhisme[13].
Elle divorce d'Henri Morisset en 1908 et se remarie avec Paul Antoine Richard (-) en .
Ashram de Sri Aurobindo
[modifier | modifier le code]Elle se rend en Inde avec son mari, en 1914, à Pondichéry et rencontre Sri Aurobindo. Elle passe une première année à Pondichéry, revient en France en [3] puis part quatre ans au Japon à partir du [3] avec Paul Richard. Elle revient définitivement à Pondichéry auprès de Sri Aurobindo le 24 [3]. Son mari la quitte en .
Lorsque Sri Aurobindo se retire en 1926, il laisse à Alfassa — qu'il a commencé à appeler « Mère » — la direction de l'ashram, qu'elle organise et développe. Elle assiste aux derniers moments de Sri Aurobindo début décembre 1950.
Fondation d'Auroville
[modifier | modifier le code]Le , elle fonde, au nord de Pondichéry, dans le sud du Tamil Nadu, une communauté internationale soutenue par l'UNESCO[15],[16] et dont la vocation est de réaliser l'unité humaine[17]. C'est de sa chambre à Pondichéry que sera prononcé en français le discours de la fondation d'Auroville qui sera diffusé en direct sur All India Radio[18].
Décès
[modifier | modifier le code]Mirra Alfassa meurt le 17 novembre 1973[1] à Pondichéry, à l'age de 95 ans, d'un arrêt cardiaque. Dans les jours qui suivent, des milliers de personnes défilent à l'ashram pour voir son corps, enveloppé dans un tissu de soie dorée et reposant dans la salle de méditation. Nolini Kanta Gupta, l'un des plus anciens et importants disciples de Sri Aurobindo, est désigné pour succéder à Alfassa à la tête de l'ashram.
Œuvre écrite
[modifier | modifier le code]Mirra Alfassa laisse derrière elle une importante œuvre écrite, notamment son journal Prières et méditations, les Entretiens — causeries aux membres de l'Ashram — et les treize tomes de L'Agenda de Mère recueillis par un de ses disciples, le Français Satprem (Bernard Enginger), qui raconte ce qu'elle nomme « sa percée au cœur de la matière », pour donner naissance à ce qu'elle nomme « l'espèce nouvelle » ou « la vie sans mort ». Sri Aurobindo écrit dans The Mother (25.49) : « Elle travaille ici, dans le corps, pour faire descendre quelque chose qui ne s'est pas encore exprimé en ce monde matériel et qui transformera la vie ici-bas ».
- Prières et Méditations (1912-1919), première édition en 1932.
- La Découverte suprême (1912), première édition en 1937
- Paroles d'Autrefois (1946)
- Quelques Paroles (1951)
- Quelques Réponses (1964)
- Éducation (1952)
- Les Quatre Austérités & Les Quatre Libérations (1953)
- Le Grand Secret (1954)
- Commentaires sur le Dhammapada (1960)
- White Roses (1964-1970)
- Sri Aurobindo, Pensées et Aphorismes, deux volumes commentés par la Mère.
- Entretiens (1929-1958), huit tomes publiés pour la première fois de 1933 à 1972. Trad. T. I : Entretiens. 1929, Shri Aurobindo Ashram, 1967, 165 p.
- L'Agenda de Mère (1951-1973), treize tomes édités par Satprem, trad., Institut de recherches évolutives, Interforum, 13 vol. T. I : L'Agenda de Mère. 1951-1960.
Source : bibliographie des œuvres de Mère citées par Satprem dans Mère. L'Espèce Nouvelle, p. 563.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Sophie Landrin, « Auroville, la cité utopique indienne menacée par le désenchantement et le nationalisme hindou », sur Le Monde,
- Profession figurant sur les actes de naissance de ses deux enfants.
- Georges Van Vrekhem, La Mère, éditions les Belles lettres, 2007, p. 10 ; 11; 51; 65 ;184 ; 190 ; 213.
- Dossier de la Légion d'honneur LH/18/55.
- Van Vrekhem 2004, p. 4-7.
- (en) Mother's Chronicles Book I; Mother on Herself – Chronology, p. 83.
- Van Vrekhem 2004, p. 8.
- Van Vrekhem 2004, p. 10.
- Van Vrekhem 2004, p. 11-13.
- Van Vrekhem 2004, p. 14.
- [1] Brême, 2018, Mirra Alfassa (1877-1973), la figure de la Mère, une analyse des hybridations culturelles de ses représentations, p. 26.
- « Journal des artistes », sur Gallica, (consulté le ).
- [2] Brême, 2018, Mirra Alfassa (1877-1973), la figure de la Mère, une analyse des hybridations culturelles de ses représentations, p. 27.
- Van Vrekhem 2004, p. 37-67.
- (en) « Statements of support UNESCO »
- « Le courrier de l'Unesco, 1972, Auroville et la pensée de Sri Aurobindo ».
- (en) Auroville, India, sur le site www.iisd.org.
- « Auroville fête ses 50 ans », .
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Satprem, Mère, Robert Laffont, 1977.
- Marc-Alain Descamps, Rencontres avec douze femmes remarquables, Alphée, 2006, p. 41-51.
- David Brême, "La figure de la Mère, Mirra Alfassa (1878-1973). Une analyse des hybridations culturelles de ses représentations", thèse de sciences des religions, Université de Québec à Montréal, 2018.
- (en) Georges Van Vrekhem, The Mother the story of her life, Rupa & Co, , p.4-7.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Associationconsacrée à l'œuvre de Sri Aurobindo, Mère et Satprem
- Écrits de la Mère (en anglais)