Morphée — Wikipédia

Morphée
Dieu de la mythologie grecque
Morphée et Iris, Pierre-Narcisse Guérin, huile sur toile, 1811, musée de l'Ermitage.
Morphée et Iris, Pierre-Narcisse Guérin, huile sur toile, 1811, musée de l'Ermitage.
Caractéristiques
Nom grec ancien Μορφεύς / Morpheús
Fonction principale Dieu des rêves
Résidence Pays des Cimmériens
Lieu d'origine Grèce ou Rome antique
Période d'origine Antiquité hellénistique ou romaine
Groupe divin Oneiroi
Culte
Mentionné dans Ovide, Métamorphoses
Famille
Père Hypnos (dieu du sommeil)
Fratrie Oneiroi (Icélos ou Phobétor, Phantasos)

Dans la mythologie grecque et romaine, Morphée (en grec ancien Μορφεύς / Morpheús) est une divinité mineure des rêves, un des Oneiroi, les mille enfants d'Hypnos (le Sommeil).

Il apparait dans les Métamorphoses d'Ovide, où il annonce en rêve à Alcyone la mort de son mari Céyx en prenant la forme de celui-ci.

Étymologie

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Le nom Μορφεύς / Morpheús est issu de μορφή / morphế (« forme »), ce qui correspond à la capacité du dieu de créer des apparitions dans les rêves des mortels[1],[2],[3].

Karl Tümpel (de) propose de rapprocher ce nom de μορφνός / morphnós (« sombre », « noirâtre »), faisant de Morphée un être obscur et nocturne, en relation avec Nyx, la Nuit[1],[4],[5]. Si un lien entre les termes n'est pas rejeté, la première hypothèse est préférée[5].

Morphée dans la demeure de Céyx, devant Alcyone, Johann Wilhelm Baur, estampe, 1641, British Museum.

La seule mention antique de Morphée se trouve dans les Métamorphoses de l'auteur romain Ovide[6]. Il s'agit peut-être d'une invention du poète[6], à moins qu'il tire cette tradition d'une source alexandrine, comme pour le reste du passage[5].

Morphée apparait dans l'histoire d'Alcyone et Céyx : Alcyone prie Junon pour le retour de son mari Céyx, sans savoir que celui-ci est mort en mer. La déesse envoie Iris, sa messagère, demander à Hypnos, le dieu du sommeil, d'apprendre la nouvelle de la mort de Céyx à sa femme, en rêve. Iris trouve le dieu dans une caverne sombre, au pays des Cimmériens, où coule l'eau du Léthé, le fleuve de l'oubli[7].

Parmi les milles enfants d'Hypnos[a], les Oneiroi, trois sont nommés : Hypnos, Icélos ou Phobétor et Phantasos, capables de créer des « formes », respectivement d'humains, d'animaux et de paysages[4]. Morphée, le plus habile, s'envole silencieusement jusqu'à Trachis où il apparait à Alcyone sous la forme du cadavre de Céyx pour conter sa mort et demander des funérailles[7].

Postérité

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Littérature

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Dans la série de romans graphiques Sandman, ainsi que dans l'adaptation en série télévisée, le personnage principal, Dream, porte plusieurs surnoms, parmi lesquels ceux de « Morpheus » et de « Oneiros » ; il partage également avec Morphée la capacité de s'introduire dans les rêves des mortels[8].

Le personnage de Morpheus, incarné par Laurence Fishburne et Yahya Abdul-Mateen II dans la série de films Matrix, s'inspire à la fois du personnage mythologique originel et de celui des romans graphiques Sandman[9],[10].

Expressions

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L'expression « être dans les bras de Morphée » signifie « rêver », « dormir profondément », tandis que « tomber dans les bras de Morphée » veut dire « s'endormir ».

(4197) Morphée, astéroïde Apollon découvert le , est nommé en 2015 en référence à Morphée et, par extension, à Morpheus, personnage de la série de films Matrix[11].

La morphine, alcaloïde d'opium issu du pavot somnifère découvert au début du XIXe siècle, est nommée en 1817 « morphium » par Friedrich Sertürner en référence à Morphée, en raison du pouvoir soporifique de la molécule[12],[13].

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Sources antiques

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Bibliographie

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Encyclopédies et dictionnaires

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Liens externes

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Notes et références

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  1. La mère de Morphée n'est pas nommée explicitement par Ovide, mais d'autres auteurs citent la Terre ou la Nuit comme mère des Oneiroi[6].

Références

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  1. a et b (it) Ezio Pellizer et al., « Dizionario Etimologico della Mitologia Greca » [archive du ] [PDF], sur demgol.units.it, p. 248.
  2. Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque : Histoire des mots, Paris, Klincksieck, 1968-1980 (lire en ligne), « μορφή », p. 714.
  3. (en) Robert Beekes (en) et Lucien van Beek, Etymological dictionary of Greek, Leyde et Boston, Brill, , 1808 p. (ISBN 978-90-04-32186-1), « μορφή », p. 969.
  4. a et b Tümpel 1897, col. 3215.
  5. a b et c Hanslik 1933, col. 313.
  6. a b et c (en) Alessandro Barchiesi, Edward J. Kenney et Joseph D. Reed, A Commentary on Ovid's Metamorphoses, vol. 2 : Books 7-12, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-89580-4, lire en ligne), p. 524.
  7. a et b Kapsambelis 2016, p. 571-572.
  8. Léa Lara, « The Sandman : l'Antiquité dans les bras de Morphée », Antiquipop,‎ (ISSN 2553-4114, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Theo Kogod, « The Sandman: How Neil Gaiman’s Morpheus Inspired The Matrix’s Coolest Character », sur CBR, (consulté le ).
  10. (en) Julio Bardini, « How Neil Gaiman Inspired This Character From The Matrix », sur Collider, (consulté le ).
  11. (en) « (4197) Morpheus = 1982 TA », Minor Planet Circulars,‎ , M.P.C. 91790 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  12. Pierre Beaulieu, Pharmacologie de la douleur, Presses de l'université de Montréal, , 593 p. (ISBN 978-2-7606-1951-7, lire en ligne), p. 41.
  13. Kapsambelis 2016, p. 572-573.