Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception — Wikipédia

Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception

Cadre
Forme juridique Association loi de 1901
But Droit à l'avortement
Education sexuelle
Zone d’influence France
Fondation
Fondation 4 avril 1973
Origine À la suite du manifeste des 331
Identité
Présidente Monique Antoine
Vice-présidentes Jeannette Laot
Simone Iff
Méthode Désobéissance civile
Membres 15 000+ adhérentes à son apogée[1]
Dissolution
Dissolution 1975

Le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) était une association française loi de 1901, créée en avril 1973 dans le but de légaliser l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en France[1]. Elle regroupait des militants du Planning familial, du Mouvement de libération des femmes et du Groupe information santé[2]. Le mouvement a été dissout en février 1975 après le vote de la loi Veil autorisant l'IVG, l'objectif du mouvement ayant été atteint[Note 1],[1].

En France, la première démonstration de l'avortement par la « méthode de Karman » a lieu dans l'appartement de Delphine Seyrig en en présence de militantes du MLF, de Pierre Jouannet[3] [4], et de Harvey Karman[5], psychologue et militant pour la liberté de l'avortement en Californie depuis les années 1950[6]. Les médecins du Groupe information santé vont ensuite permettre à d'autres femmes de l'utiliser illégalement.

La lutte pour l'avortement a été facilitée avec l'apparition de cette méthode de Karman, dite d'avortement par aspiration. Le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) est créé le 4 avril 1973[7] après le manifeste des 331 médecins. C'est un mouvement mixte rassemblant médecins et non-médecins, voulant que l'avortement soit exercé à la simple demande de la femme et remboursé par la sécurité sociale, en tant qu'acte médical[8]. Ces deux objectifs seront les piliers de la loi Veil de 1975. Les archives du MLAC sont conservées au Centre des archives du féminisme à l'université d'Angers[9] qui en est propriétaire.

Les cinéastes qui ont réalisé en 1972 et 1973 le film Histoires d'A à la demande du Groupe information santé ont donné leur recette au MLAC.

En , la Charte du MLAC est signée. Les objectifs cités sont : la diffusion d'une information sexuelle, la liberté de la contraception et la liberté de l'avortement[10]. Le mouvement veut créer des centres mettant à disposition des informations sur la contraception, la sexualité et l'avortement. Ces centres seront gérés par les usagers[11].

Organisation

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L'association s'organise autour d'un comité central et de comités locaux implantés dans toute la France (des groupes sont formés dans les hôpitaux, les universités ou encore dans les entreprises). Ils pratiquent des permanences et des avortements. Le mouvement est présent dans les moyennes et grandes villes. L'ouest et le massif central (de forte tradition catholique) contiennent très peu de comités. À l'inverse, Paris et ses banlieues sont très couverts[1]. Le bureau de l'association, à sa création, est composé de cinq membres :

Le MLAC pratique :

  • L'interruption volontaire de grossesse,
  • L'apprentissage de la méthode de Karman[12]. Le mouvement donne une visibilité à ces actions et une couverture juridique aux pratiquants [11]. Le film Histoires d'A de Marielle Issartel et Charles Belmont contribue à faire connaître l'action du MLAC,
  • L'organisation de voyages collectifs vers Londres ou Amsterdam pour les femmes enceintes de plus de 12 semaines[8]. 248 femmes sur 338, regroupées au centre d’orthogénie de Bayeux, auront recours à cette pratique entre 1973 et 1974[11]. Les voyages s'arrêtent le lors de la discussion au parlement de la loi Veil.

Pour plus de visibilité, un « Tour de France du MLAC »[11] a été organisé lors de l'été 1974. Ce tour s'est fait dans un car avec des banderoles et des haut-parleurs. Le départ est organisé le au camp de Canjuers. Le , le car s'arrête à Romans et soutient une grève de femmes dans un atelier de chaussures. Le a lieu un arrêt à Besançon et un soutien est organisé autour des ouvrières de LIP. Ce tour de France s’achève le sur le plateau du Larzac.

Documentaires

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Deux documentaires sur le MLAC ont vu le jour : Histoires d'A, sorti en 1973, durant la période d'activité de l'association et initialement interdit à la diffusion[13], et Regarde... elle a les yeux grand ouverts, réalisé par Yann Le Masson en 1980[14].

Annie colère, sorti en 2022, relate les actions du MLAC à travers Annie, une ouvrière et mère qui va progressivement s'impliquer dans le combat pour le droit à l'avortement.

Le jour où j'ai découvert que Jane Fonda était brune est un documentaire réalisé par Anna Salzberg en 2022. Elle interroge une chorale de femmes qui étaient militantes au MLAC, dans les années 1970[15].

En janvier 2024 paraît le témoignage d'Annie Chemla Nous l'avons fait. Récit d'une libération féministe. Dans cet ouvrage, préfacé par la sociologue Lucile Ruault, Annie Chemla, militante des droits des femmes, raconte son engagement au sein du MLAC dans les années 1970-1980[16].

Le film Annie colère (2022) met en scène une cellule du MLAC en 1974-1975.

Notes et références

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  1. Une partie du mouvement a cependant continué son activité pendant plusieurs années, notamment en faisant pression pour l’application de la loi dans les hôpitaux publics.

Références

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  1. a b c et d Michelle Zancarini-Fournel, « Histoire(s) du MLAC (1973-1975) », Clio, no 18,‎ , p. 24 (ISBN 2-85816-706-0, lire en ligne)
  2. « Chronologie - Contraception et IVG, 25 ans après la loi Veil », sur ladocumentationfrancaise.fr, La Documentation française, (consulté le )
  3. "68', révolutions dans le genre", par Vincent Porhel [1]
  4. Pavard 2012.
  5. Porhel et Zancarini-Fournel 2009, p. 80.
  6. Pavard 2009.
  7. Pauline Rameau, « Pratiques illégales de l'avortement dans les années 68 à Dijon et à Saint-Étienne », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 111, no 3,‎ , p. 133–146 (ISSN 0294-1759, DOI 10.3917/vin.111.0133, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b MONTREYNAUD, Florence, Le XXe siècle des femmes, Paris, Nathan, 1989
  9. Centre des archives du féminisme : [2], .
  10. Bibia Pavard, Si je veux, quand je veux : contraception et avortement dans la société française (1956-1979), Rennes, PUR, 2012, p.172.
  11. a b c et d Bibia Pavard « Genre et militantisme dans le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception. Pratique des avortements (1973-1979) », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 29|2009, mis en ligne le 11 juin 2009. URL : http://clio.revues.org/9217 ; DOI: 10.4000/clio.9217
  12. GAUTHIER Xavière, Naissance d'une liberté: avortement, contraception : le grand combat des femmes au XXe siècle,Paris, R.Laffont, 2002
  13. « Histoires d'A de Charles Belmont, Marielle Issartel - (1973) », sur Télérama.fr (consulté le )
  14. « Fiche technique de "Regarde... elle a les yeux grand ouverts" », sur Unifrance.org (consulté le )
  15. « JANE FONDA BRUNE ? », sur LE CINEMA DOCUMENTAIRE DE A à Z, (consulté le )
  16. « « Nous l’avons fait » : récit d’un combat pour disposer librement de son corps », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Monique Antoine, Une histoire du M.L.A.C. - Le féminisme et ses enjeux, 27 femmes parlent, Paris : Edilig, 1988. - P. 243-249.
  • Naghette Arghnia, Le Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception [mémoire de maîtrise]. - Paris : s.n., 1999.
  • Bibia Pavard, Si je veux, quand je veux : contraception et avortement dans la société française (1956-1979), Rennes, PUR, 2012,
  • Bibia Pavard, «Genre et militantisme dans le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception. Pratique des avortements (1973-1979)», Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 29|2009, mis en ligne le . URL : http://clio.revues.org/9217 ; DOI: 10.4000/clio.9217 .
  • Anne-Marie Devreux et Ferrand-Picard Michèle, 1982, « La libération de l’avortement. Chronologie des événements et des prises de position», Revue française de sociologie, XXIII, juillet-septembre.
  • Xavière Gauthier, Naissance d'une liberté: avortement, contraception : le grand combat des femmes au XXe siècle, Paris, R.Laffont, 2002.
  • Éliane Gubin (dir.), Le Siècle des féminismes, Paris, les éditions de l'atelier, 2004.
  • Le Naour et Valenti, 2003, Histoire de l’avortement, Paris, Le Seuil.
  • Florence Montreynaud, Le XXe siècle des femmes, Paris, Nathan, 1989.
  • Lucile Ruault, « Apprendre à (s’)avorter. À propos des modes d’élaboration et de validation des savoirs dans des groupes profanes de pratique abortive militante », Zilsel, vol. 9, no. 2, 2021, pp. 257-270.
  • Lucile Ruault, Le spéculum, la canule et le miroir. Avorter au MLAC, une histoire entre féminisme et médecine, Lyon, ENS Éditions, 2023.
  • Michelle Zancarini-Fournel, «Histoire(s) du MLAC (1973-1975)», Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 18|2003, mis en ligne le . URL: http://clio.revues.org/624 ; DOI: 10.4000/clio.624
  • Irène Jouannet, Mes années MLAC : petite chronique d'une grande conquête, Éditions du Croquant, collection «  Documents », 2020 (ISBN 978-2-36512-236-8)

Liens externes

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