Musique roumaine — Wikipédia

La musique roumaine est celle des populations roumanophones de Roumanie et des pays voisins, ainsi que celle des minorités ethniques qui vivent dans le pays. Parmi les roumanophones hors-frontières, le principal groupe est celui des Moldaves ; parmi les minorités de Roumanie, les deux principaux groupes sont celui des Hongrois à la musique hongroise et celui des Roms dont la musique, jouée par les cobzari (citharistes) et les lăutari (bardes) croise et transmet des influences roumaines, hongroises, slaves, grecques, turques

La musique populaire traditionnelle influence d'autres styles de musique, de la musique folklorique touristique jusqu'à la pop roumaine moderne en passant par les manele (style tsigane de type mani, mais avec des passerelles vers le hip-hop). Le musicien Gheorghe Zamfir a été l'ambassadeur de la musique roumaine grâce au succès de sa flûte de Pan (naï). Même le rock, comme celui du groupe roumain Taxi ou du groupe moldave O-Zone, comporte des phrasés issus de la musique traditionnelle.

La musique religieuse inspirée de la musique byzantine s'est, pour sa part, développée au sein de monastères orthodoxes transylvains, moldaves et valaques. La polyphonie qui se développe depuis le XVe siècle vient, elle, de l'influence russe et européenne.

Musique traditionnelle

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Le Taraf Ochii-Albi, en 1860.

Toujours bien vivante en Roumanie, où elle dispose de chaînes radio et télévisuelles spécifiques, la musique traditionnelle diffère grandement selon les régions. La doina est le style de musique traditionnelle le plus courant. Elle est poétique et mélancolique, jouée sur une mélodie lente accompagnée d'un rythme rapide. Ses variations régionales incluent ca pe luncă, de codru, haiducească, horea lungă, ca din tulnic, ciobanul, de dragoste, de jale, de leagăn.

Les autres styles incluent : bocet (lamentation funéraire), cântec (chant proprement dit), cântec batrânesc ou baladă (chant des anciens, chant épique, ballade),, cântec de dragoste (chant d'amour), colindă (chant de quête de Noël), melodie de joc (chant à danser) (Valachie (Munténie, Olténie et Dobroudja) : sârba, hora, breaza (ou ca la Breazacomme à Breaza), brâul pe șapte et pe opt (danse de ceinture à sept et à huit), rustemul, geamparaua, maneaua, cadâneasca), învârtita, jocul fecioresc (feciorească, feciorescu ou feciorește), poșovoaica, hațegana, țarina, jocul de doi, brâul, ardeleana, sorocul, poarga ou polca, mănânțel, bătuta, corăgheasca, trilișești, strigături et țâpurituri (vers chanté parlando), et semnal (appel instrumental).

Les ensembles de musiques varient selon les régions. Dans le Banat, le violon est l'instrument principal ici avec le taragot ou le saxophone qui accompagne les danses joc de doi, ardeleana et brâu. Efta Botoca y est un violoniste connu. La Bucovine abrite d'anciens instruments tels la tilinca, la fluier (ou fluier moldovenesc) et le violon accompagnés à la cobza. Dans la Crișana, les duos de violons sont fréquents ici. Le violon à pavillon (vioara cu goarnă ou higheghea cu tolcer) est spécifique à cette région.

La Dobroudja est une région qui a subi une forte influence rythmique grecque, puis turque : la danse geampara y est spécifique. Dans le Județ de Maramureș et le pays d'Oaș, les ensembles sont composés de zongora et violon. Des techniques particulières sont utilisées en chant et au violon afin de les rendre perçants. En Moldavie, les duos de violon et țambal (qui a remplacé la cobza) accompagnent les danses batuta, sîrba, rusasca et geampara. Des fanfares se trouvent aussi ici. Ion Drăgoi y est un violoniste réputé. Les Csángós, une minorité hongroise, et les Juifs ont aussi des musiciens connus.

La Transylvanie est une région multiculturelle où, outre les Roumains, on trouve[style à revoir] aussi des minorités sicules, magyares, saxonnes, serbes, slovaques et Roms, a toujours été un foyer folklorique où déjà Bartók, Kodály et Constantin Brăiloiu firent des collectes musicales. Les ensembles composés de violon, alto, contrebasse et parfois un țambal jouent lors des mariages notamment et avec les danses fecioreste, învârtita, săpora et hăisa. Les Transylvains de toutes langues sont fameux pour leurs chants hainale ou legănate et pour leur musique ancienne jouée sur le gardon. Le festival Maramuzical est créé pour faire connaître les styles de la région.

En Valachie, les ensembles tarafs y sont communs : ils accompagnent les danses brâu, geamparale, sârba et hora (aux rythmes « boiteux » axaci). La vièle vioară conduit la musique accompagnée au țambal et à la contrebasse pendant que le chant évoque les haidoucs (les « Robin des Bois » locaux). Le Taraf de Haïdouks devient célèbre parmi les lăutari, ces musiciens qui accompagnent les noces.

En Munténie (dite aussi « Grande-Valachie » ou « Valachie orientale »), les instruments accompagnant les danses brâu, sârba et rustemul sont le violon et le fluier avec la clarinette et l'accordéon dont Vasile Pandelescu et Ilie Udilă sont des interprètes connus. En Olténie, le violon se marie à la flûte de Pan naï en plus du țambal et de la guitare (remplaçant la cobza). La cornemuse [impoi y est aussi populaire.

Musique classique

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Georges Enesco.

Parmi les compositeurs de renom, on peut citer[style à revoir] : Paul Constantinescu, Vladimir Cosma, Georges Enesco, Philip Herschkowitz, Mihail Jora, Marcel Mihalovici, Ciprian Porumbescu, et Constantin Silvestri. Parmi les interprètes, on note[style à revoir] : Sergiu Celibidache, Clara Haskil, Dinu Lipatti, et Radu Lupu.

Musique folklorique

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Anton Pann possédait les premières transcriptions d'un nouveau style présent dans les faubourgs de Bucarest au XIXe siècle. Ce nouveau style prospère et se développe, promu par des musiciens ordinaires jouant dans des banlieues appelées Mahala. Ce style musical combine les styles balkaniques (de nombreux genres folkloriques traditionnels, y compris turcs) et tziganes en un nouveau style appelé manele. Après la révolution roumaine de 1989, ce genre est en plein essor.

Musique populaire

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Dès les premières années du régime communiste (les années 1960), la Roumanie connait une scène rock active. En raison de leur attitude libre, associée à la culture occidentale et à la société capitaliste, le régime communiste censure autant que possible les musiciens de rock[1], qui occupent d'emblée le statut de « paria ». Les symboles du mouvement, tels que les cheveux longs, les jeans et l'attitude sur scène, étaient considérés comme décadents. Les groupes opéraient sous le nom d'« ensemble musical instrumental-vocal » pour éviter l'expression « rock », considérée comme subversive[2]. Malgré cela, la scène rock résiste avec conséquence dans une sorte de « clandestinité officielle » avant la [[révolution de 1989[3].

Les vétérans de la scène maintiennent l'esprit rock en vie dans des conditions restrictives difficiles[4]. La connexion avec les « nouvelles » de l'Ouest se faisait par le biais de stations de radio telles que Radio Free Europe, qui étaient interdites. En ces temps troublés, le rock était pour ses partisans roumains bien plus que de la musique. C'était une attitude contre le manque de liberté[5]. Les noms ayant une résonance historique pour le mouvement rock roumain comprennent Phoenix, Sfinx, Roșu și Negru, Mondial, Sincron, Sideral, Semnal M, Metropol, FFN, Progresiv TM (ro), Pro Musica, Catena, Iris (ro), Compact, Holograf,Timpuri Noi (ro), Krypton, Cargo (ro), Celelalte Cuvinte (ro), Post Scriptum (ro), Florian Pittiș, Cornel Chiriac (ro), Dan Andrei Aldea (ro), Octave Octavian Teodorescu (ro), Sorin Chifiriuc (ro), Nicu Covaci (ro), Valeriu Sterian (ro), Mircea Baniciu (ro), Ovidiu Lipan (ro), Ilie Stepan, Liviu Tudan, Mircea Florian (ro), Dorin Liviu Zaharia (ro), Teo Peter (ro), Florin Ochescu, Cristi Minculescu (ro), et Dan Bittman (ro).

La liberté politique et l'ouverture culturelle acquises après la révolution de 1989 marquent une nouvelle ère pour la musique rock en Roumanie. La scène est très active dans les années 2010, bien que le rock ne soit pas l'un des thèmes principaux des médias roumains. Les clubs de rock ont une riche liste de concerts. De grands festivals de rock à caractère national et international sont organisés chaque année[6].

À l'exception du groupe moldave O-Zone, l'europop roumaine n'a pas d'échos considérables en dehors des frontières du pays jusqu'en 2005, lorsque le groupe Morandi conait le succès avec des chansons écrites en anglais, portugais brésilien et dans d'autres langues. Le style musical de Morandi, DJ Project, Fly Project et quelques autres marque la période de transition vers la dance-pop roumaine de la fin des années 2000 et du début des années 2010.

Des artistes tels que Edward Maya, Vika Jigulina, Alexandra Stan, Andreea Bănică, Smiley, Inna, Andreea Bălan, Antonia, David Deejay, Play and Win et Radio Killer]] font émerger un nouveau son qui réussit à obtenir un succès commercial en dehors de la Roumanie et à dominer les classements musicaux nationaux à la télévision et à la radio. Ce nouveau son, surnommé péjorativement par certains « popcorn » d'après le nom d'un de ses synthés caractéristiques, se caractérise par des mélodies « brillantes » et dansantes, des hooks parfois basés sur l'accordéon synthétisé.

Instruments traditionnels

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Les instruments à vent comprennent : accordéon, bucium, tulnic, trâmbiță, caval, cimpoi (cornemuse), clarinetă, fluier, naï, ocarina, piculine, saxophone, tárogató, trișcă, et tilincă. Les instruments à cordes comprennent : cobza, țambal, gardon, contră, vioară cu goarnă, vioară, et țiteră. Les percussions comprennent : dobă, tobă, toacă, et drâmbă.

Musique underground

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Les groupes underground d'avant 1989 comprennent le groupe new wave Rodion G.A. et des groupes de rock plus anciens tels que Celelalte Cuvinte et Semnal M. Les premières tentatives de musique électronique appartiennent au compositeur Adrian Enescu (ro).

D'abord représentée par des groupes tels que Vorbire Directă et R.A.C.L.A., le hip-hop connaît rapidement connu un succès grand public avec des groupes tels que B.U.G. Mafia, La Familia et Paraziții, bien qu'ils aient été critiqués pour leur langage et leurs thèmes explicites. La scène est divisée entre les rappeurs grand public (Puya, Guess Who) et les rappeurs underground (Vexxatu Vexx, CTC., Haarp Cord). Les labels dédiés au hip-hop comprennent Hades Records, 20 CM Records et Facem Records (le premier label roumain de hip-hop underground).

La house music exerce une influence importante sur la dance-pop roumaine. Elle connait un tel succès dans les clubs que, grâce à des stations de radio telles que Pro FM, elle atteint le statut de musique grand public. La house minimale dans la veine de Ricardo Villalobos est et est encore produite par des DJ tels que Petre Inspirescu, mais la house vocale continue d'avoir plus de succès. Dans les années 2010, le dubstep fait son apparition aux côtés de la house music, bien qu'il soit encore underground.

Notes et références

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  1. (ro) « Arta Sunetelor - Magazine - 2009-01-25 Article: Interview with Florin Ochescu (Reporter: Sorin Lupașcu) », Yes! There was Romanian rock before the '80s! There are many explanations for the lack of recordings ... including the fact that during this period the censorship operated oscillating ... when more severe when larger, I think this was a policy to keep the things under control, culturally at that time.
  2. (ro) « History National Museum of Romania - Project "The Communism in Romania" - Article: Our youthfulness - The music of the '70s-'80s », Beyond the music and text, clothes and haircut distinguish the rockers from the rest of the population. Through this, young displayed openly a statement to the regime. On the other hand, the censorship gave way in the press only negative news about the rock (drug use, sexual promiscuity, violence). So it was that if you wanted to be on TV or in a more importantly concert, your hair had to be cut, you don't wag and, especially, to be clothed regulation: the uniform of the band was a popular shirt or suit. In any case you could not show up dressed in jeans and T-shirt. If you passed the test "suit" after that you had to argue on the repertoire, it was not allowed to sing in foreign languages or parts that the censorship don't like. There have been cases where censorship expressly requested to modify the words of some lyrics..
  3. (ro) « Formula As - Magazine - 2004 Article: Interview with Iulian Vrabete (Reporter: Corina Pavel) », e appeared rarely on TV, because we had long hair and we had to collect it back with clips, to mask it. But the concerts were extraordinary and the world loved us unconditionally. Maybe where there were no other offers..
  4. (ro) « Adevărul - Newspaper - 2012-06-14 Interview with Cristi Minculescu, singer (Reporter: Laurențiu Ungureanu) », It was, until '90, a struggle, a continual torment. With that chasing, with the censorship. But we can not arrogate credit for that time because we weren't the only ones in that situation.
  5. (ro) « Project of the "Society Online" Association - 2012-05-10 Article: In Memoriam Cornel Chiriac an unforgettable soldier of liberty (Author: Vladimir Tismăneanu », sur Contributors.ro, Cornel Chiriac, the one who, first at "Radio Romania", then at the Radio "Free Europe" proved that rock music could undermine the petrified system, it can be an efficient form to contest the totalitarianism and the retrieval of dignity. He was one of the most prized radio journalists by the legendary Bernard Noel. He didn't just exceptional music programs, but organized true tribunes for freedom.
  6. (en) « Cronici concerte / evenimente » (consulté le ).

Bibliographie

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  • Étienne Bours, Dictionnaire thématique des musiques du monde, Fayard, 2002.
  • Broughton, Simon. Taraf Traditions. 2000. In Broughton, Simon and Ellingham, Mark with McConnachie, James and Duane, Orla (Ed.), World Music, Vol. 1: Africa, Europe and the Middle East, p. 237-247. Rough Guides Ltd, Penguin Books. (ISBN 1-85828-636-0).
  • (ro) Mihai Berindei (1976). Dicționar de jazz, Editura Științifică și Enciclopedică, București.
  • (ro) Saviana Diamandi et Ágnes Papp (1993). Musicalia danubiana 14/A. Codex Caioni, Editura Muzicală a Uniunea Compozitorilor, Bucarest, (ISBN 973-42-0133-6).
  • (ro) Doru Ionescu. Timpul chitarelor electrice. Jurnal de călătorie în arhiva TVR (vol. 1, ediția întâi), Editura Humanitas Educațional. (ISBN 973-689-063-5).
  • (ro) Constantin Preda]et al. (2000). Enciclopedia arheologiei și istoriei vechi a României (vol. III, M–Q), Editura Enciclopedică, București.
  • (ro) Gheorghe Oprea (2002). Folclorul muzical românesc, Editura Muzicală, București. (ISBN 973-42-0304-5).
  • (ro) Iosif Sava et Luminița Vartolomei (1979). Dicționar de muzică, Editura Științifică și Enciclopedică, București.
  • (ro) Vasile Tomescu (1978). Musica daco-romana (tomul I), Editura Muzicală, București.
  • (ro) Vasile Tomescu (1982). Musica daco-romana (tomul II), Editura Muzicală, București.

Articles connexes

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Liens externes

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