Nombre de Heegner — Wikipédia

En théorie des nombres, un nombre de Heegner est un entier positif n sans facteur carré tel que l'anneau des entiers du corps quadratique imaginaire ℚ[in] est principal (ou encore : factoriel, ce qui ici est équivalent car l'anneau est de Dedekind).

Le théorème de Stark-Heegner indique qu'il y a exactement neuf nombres de Heegner[1] :

1, 2, 3, 7, 11, 19, 43, 67 et 163 (suite A003173 de l'OEIS).

Ce résultat fut conjecturé par Gauss et démontré, à quelques erreurs près, par Kurt Heegner en 1952. Alan Baker et Harold Stark ont indépendamment démontré la conjecture en 1966, et Stark a comblé la preuve de Heegner[2].

La détermination de ces nombres est un cas particulier du problème du nombre de classes, et ils sous-tendent plusieurs résultats arithmétiques frappants. Par exemple, pour certains nombres de Heegner d, le nombre est presque entier.

Polynôme d'Euler générateur de nombres premiers

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Le polynôme d'Euler

qui donne des nombres premiers pour n = 0, ..., 39, est lié au nombre de Heegner 163 = 4×41 − 1.

Rabinowitsch (en)[3] a montré quedonne des nombres premiers pour si et seulement si son discriminant est l'opposé d'un nombre de Heegner.

(Remarquons que , de sorte que est maximal.)

Les nombres de Heegner 1, 2, et 3 n'étant pas de la forme 4p − 1 avec p ≥ 2, les nombres de Heegner qui fonctionnent sont donc 7, 11, 19, 43, 67, 163, ce qui correspond aux coefficients p = 2, 3, 5, 11, 17, 41 ; ces derniers ont été nommés nombres chanceux d'Euler par François Le Lionnais[4].

Presque entiers et constante de Ramanujan

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La constante de Ramanujan est le nombre eπ163, qui est à la fois transcendant (comme eπγ pour tout nombre algébrique non nul γ, d'après le théorème de Gelfond-Schneider) et presque entier[5] :Ce nombre a été découvert en 1859 par le mathématicien Charles Hermite[6]. Cette coïncidence est due à la multiplication complexe et au q-développement du j-invariant.

Cela s'explique, en bref, par le fait que est entier lorsque d est de Heegner, etpar q-développement.

Si est un irrationnel quadratique, alors le j-invariant est un entier algébrique de degré égal au nombre de classes de . Ainsi, si l'extension quadratique imaginaire a un nombre de classes égal à 1 (donc si d est un nombre de Heegner), alors le j-invariant est entier.

Le q-développement de j, son développement en série de Fourier en s'écrit :Les coefficients croissent asymptotiquement commeet les termes suivants croissent moins vite que [pas clair]. Donc pour , j est bien approximé par ses deux premiers termes. Posons d'oùOrdoncc'est-à-direLe terme d'erreur est donné par[réf. nécessaire]ce qui explique pourquoi est très proche d'un entier.

Formules autour de pi

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Les frères Chudnosky trouvent en 1987 queen utilisant le fait queD'autres séries similaires existent, cf. Série de Ramanujan-Sato (en).

Autres nombres de Heegner

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Pour les quatre nombres de Heegner les plus grands, on obtient les approximations suivantes[7],où le carré provient de certaines séries d'Eisenstein. Pour les nombres de Heegner , les nombres obtenus ne sont pas proches d'entiers. Les j-invariants sont fortement factorisables :Ces nombres transcendants, en plus d'être proche d'entiers (c'est-à-dire proches d'entiers algébriques de degré 1), sont aussi approximés par des nombres algébriques de degré 3[8],Les racines des polynômes de droite peuvent être explicités en fonction de la fonction êta de Dedekind η(τ), une forme modulaire impliquant une racine 24-ième, cause de l'exposant 24 ci-dessus. De même par des nombres algébriques de degré 4[9],Si désigne les expressions entre parenthèses (e.g. ), les équations quartiques sont respectivement satisfaites:Notons à nouveau l'apparition des entiers .

De même, par des nombres algébriques de degré 6,où les x sont respectivement donnés paravec une nouvelle apparition des j-invariants.

Ces approximations algébriques peuvent être exprimées explicitement en fonction de la fonction êta de Dedekind. Par exemple, si , alors,où les expressions mises à la puissance sont exactement celles écrites plus haut.

Nombre de classes égal à 2

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Les trois nombres 88, 148, 232, pour lesquels le corps quadratique a un nombre de classes égal à 2, ne sont pas des nombres de Heegner mais partagent certaines propriétés dont les approximations par des entiers. Par exempleet

Premiers consécutifs

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Soit p un nombre premier impair. Il semblerait[10] que la suite (à valeurs dans ) des pour (par symétrie, il suffit de considérer ceux-là car ) donne une succession de nombres composés suivie d'une succession de nombres premiers, si et seulement si p est un nombre de Heegner.

Références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Heegner number » (voir la liste des auteurs).
  1. G. H. Hardy et E. M. Wright (trad. de l'anglais par François Sauvageot, préf. Catherine Goldstein), Introduction à la théorie des nombres [« An Introduction to the Theory of Numbers »] [détail de l’édition], chapitre 14 (« Corps quadratiques (1) »), section 14.7.
  2. (en) Harold Stark, « On the gap in the theorem of Heegner », J. Number Theory, vol. 1, no 1,‎ , p. 16-27 (DOI 10.1016/0022-314X(69)90023-7 Accès libre, lire en ligne).
  3. (de) Georg Rabinowitsch, « Eindeutigkeit der Zerlegung in Primzahlfaktoren in quadratischen Zahlkörpern », J. reine angew. Math., vol. 142,‎ , p. 153-164 (lire en ligne).
  4. F. Le Lionnais, Les nombres remarquables, Hermann, Paris, 1983, p. 88 et 144.
  5. (en) Eric W. Weisstein, « Ramanujan Constant », sur MathWorld.
  6. (en) John D Barrow, The Constants of Nature, London, Jonathan Cape, (ISBN 0-224-06135-6)
  7. « More on e^(pi*SQRT(163)) »
  8. « Pi Formulas »
  9. « Extending Ramanujan's Dedekind Eta Quotients »
  10. Question posée sur (en) « Simple Complex Quadratic Fields », sur mathpages.com, avec référence à (en) R. A. Mollin, « Quadratic polynomials producing consecutive, distinct primes and class groups of complex quadratic fields », Acta Arithmetica, vol. 74,‎ , p. 17-30 (DOI 10.4064/aa-74-1-17-30, lire en ligne).

Articles connexes

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