Notre-Dame des Douleurs — Wikipédia
Notre-Dame des Douleurs | |
La Mater Dolorosa, avec les 7 glaives de douleur dans le cœur, église San-Salvador, Getaria, Guipuscoa, Pays basque. | |
Observé par | Catholiques |
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Célébrations | |
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Notre-Dame des Douleurs ou Notre-Dame des Sept Douleurs, invoquée en latin comme Beata Maria Virgo Perdolens ou Mater Dolorosa, est l'un des nombreux titres par lesquels l'Église catholique vénère la Vierge Marie, mère de Jésus. Elle est parfois aussi appelée « Notre-Dame des sept Langueurs », comme à Boutissaint (Yonne)[1].
Le titre de Notre-Dame des Douleurs doit son nom aux sept Douleurs éprouvées par la Vierge Marie relatées dans les évangiles, qui angoissèrent et firent souffrir la Vierge Marie dans la mesure où elle accompagnait son fils Jésus dans sa mission de Rédemption.
Notre-Dame des Douleurs est liturgiquement commémorée le dans l'Église catholique[2],[3]. C'est également tout le mois de septembre qui lui est dédié chaque année[4].
Histoire de la dévotion
[modifier | modifier le code]Origine de la dévotion
[modifier | modifier le code]La dévotion aux souffrances de la Vierge commence à se développer à partir de la fin du XIe siècle, notamment dans les pays méditerranéens[2].
En 1239, l'Ordre des Servites de Marie (Ordo Servita) du diocèse de Florence en Italie, fondé en 1233 par sept marchands dont la spiritualité est très attachée à la Sainte Vierge, fixe la fête de Notre-Dame des Douleurs au . Cet ordre religieux contribua largement à la diffusion du culte de Notre-Dame des Douleurs[3].
Cette dévotion aurait inspiré le Stabat Mater, un hymne religieux et une séquence traditionnellement attribué à Jacopone da Todi (1230-1306)[2].
Apparitions mariales
[modifier | modifier le code]Le Vendredi saint 13 avril 1239, d'après le récit hagiographique des sept fondateurs florentins de l'Ordre des Servites, ainsi que relaté par Alphonse de Liguori dans son livre Les Gloires de Marie, la Vierge leur serait apparue en leur présentant l’habit noir qu’ils devraient porter en souvenir des souffrances qu’elle a éprouvées lors de la Passion du Christ[3]. Elle leur dit également de méditer souvent sur ses douleurs s'ils voulaient lui être agréables[5].
D'après les écrits de Lucie Dos Santos, voyante des apparitions mariales de Fátima, la Vierge serait apparue, entre autres, sous l'apparence de Notre-Dame de Douleurs accompagnée de Jésus lors de l'apparition qui donna lieu au « Miracle du soleil » le 13 octobre 1917[6].
En 1945, deux enfants - Marcelina Barroso Expósito et Afra Brígido Blanco - ont signalé plusieurs apparitions de Notre-Dame des Douleurs près de La Codosera, en Espagne. Quelques années plus tard, l'évêque de Badajoz autorise la construction d'un grand sanctuaire marial sur le lieu des apparitions rapportées (désormais baptisé Chandavila)[7]. Annuellement, le dernier dimanche du mois de mai, des cérémonies religieuses sont organisées au sanctuaire pour célébrer les apparitions de 1945. Elles attirent de nombreux pèlerins[8].
Entre 1981 et 1989, lors des apparitions mariales de Kibeho au Rwanda, la Vierge aurait invité les voyants à la remise en avant du chapelet des sept Douleurs[9],[10].
Dévotions aux sept Douleurs de Marie
[modifier | modifier le code]Les sept Douleurs
[modifier | modifier le code]Le titre de Notre-Dame des Douleurs doit son nom à « sept Douleurs » qui angoissèrent et firent souffrir la Vierge Marie au cours de sa vie et qui sont relatées dans les évangiles. Elles soulignent l’association de Marie à la souffrance de son fils Jésus dans sa mission de rédemption, et plus particulièrement au moment de sa Passion. Elle vécut ces souffrances pleinement et indiciblement, en gardant constamment confiance en Dieu et restant toujours « bienheureuse » et sans péchés depuis son Immaculée Conception.
Pour l'Église catholique, « c'est pour avoir communié intimement à la Passion du Christ que Marie a été associée d'une manière unique à la gloire de sa Résurrection. [...] Marie n'a jamais été plus mère qu'au pied de la croix : c'est là que son cœur a été "transpercé comme par une épée" à la vue des souffrances de Jésus ». Marie est la figure de l’Église qui souffre au long des âges sur la Terre. L’Église, comme Marie, est appelée à partager la gloire de la Résurrection du Christ[11],[12]. Il est également considèré qu'en acceptant les souffrances et le sacrifice de son fils à venir, les douleurs de Marie étaient un martyr de nature spirituelle. D'après Alphonse de Liguori, Marie est donc la reine des martyrs car son supplice fut plus long et plus douloureux que celui de tous les autres martyrs : « Les martyrs ont souffert leur supplice dans leur corps; Marie a souffert son martyr dans l'âme. [...] Or, autant l'âme l'emporte sur le corps, autant les douleurs de Marie surpassèrent celles des autres martyrs[5].»
Les « sept Douleurs » de Marie font l'objet d'une dévotion catholique, qui a principalement pour objet la méditation de chacune de ces douleurs dans le but d'honorer Marie dans son rôle de mère du Christ et d'éprouver de la compassion pour ses souffrances. Elle se présente également sous la forme de prières (généralement un Je vous salue Marie) en l'honneur de chaque douleur.
Les sept Douleurs, dans l'ordre chronologique :
- Elle entend la prophétie du saint vieillard Siméon, dans le Temple ;
- Elle vit la fuite en Égypte ;
- Elle recherche avec saint Joseph, durant trois jours, l'enfant Jésus et le trouve dans le Temple ;
- Elle rencontre Jésus portant sa croix et échange un regard avec lui alors qu'il monte au Calvaire ;
- Elle est debout, silencieuse, au pied de la croix. Elle regarde Jésus crucifié et suit son agonie ;
- Elle reçoit dans ses bras Jésus mort, descendu de la croix ;
- Elle assiste à l'ensevelissement de Jésus et à sa mise au tombeau.
- La disparition de Jésus pendant trois jours au Temple (Lc 2,41-51).
- La rencontre de Marie et Jésus sur la Via crucis (Lc 23,27-31).
- Marie contemplant la souffrance et la mort de Jésus sur la Croix (Jn 19,25-27).
- Marie accueille son Fils mort dans ses bras lors de la Descente de croix (Mt 27,57-59).
- Marie laisse le corps de son fils lors de la mise au tombeau (Jn 19,40-42).
D'après Alphonse de Liguori dans son livre Les Gloires de Marie, Véronique de Binasco aurait reçu de la part de Jésus la révélation suivante au sujet de la méditation des douleurs de Marie : « ...les larmes que l’on répand sur ma passion me sont chères ; mais aimant ma mère d’un amour intense, la méditation des douleurs qu’elle souffrit à ma mort me sont encore plus chères.» Toujours d'après lui, il aurait été révélé à Élisabeth de Hongrie que Jésus-Christ aurait promis à Marie 4 grâces particulières à ceux qui auraient une dévotion envers ses douleurs[5] :
- Celui qui invoquerait Marie par ses douleurs aurait une sincère pénitence de ses péchés au moment de sa mort ;
- Qu’il les protègeraient durant leurs épreuves, et surtout à l’heure de la mort ;
- Qu’il imprimerait en eux la mémoire de sa passion, et qu’il leur donnerait une récompense au ciel pour cela ;
- Qu’il les placerait entre les mains de Marie, afin qu’elle en dispose selon son bon plaisir et qu’elle leur obtienne toutes les grâces qu’elle voudrait.
Chapelet aux sept Douleurs de la Vierge Marie
[modifier | modifier le code]Le chapelet aux sept Douleurs (quelquefois appelé le Rosaire aux sept Douleurs ou le Rosaire des Servites) a été développé par l'Ordre des Servites de Marie et son nom est issu du fait qu'il se réfère aux sept évènements particulièrement tristes ou douloureux précédemment cités.
C'est un chapelet formant un collier de sept septaines de grains, séparées chacune par une petite médaille illustrant une des Douleurs de Marie, ces médailles pouvant être remplacées par des grains plus gros que les quarante-neuf autres. Une « queue », composée de trois grains et d'une médaille, est fixée au collier principal (avant la première « Douleur ») ; positionnée en début de chapelet elle sert à dédier ses prières aux Larmes de Marie. Les manières de le prier peuvent toutefois varier. Certains débutent par la première Douleur, donc au premier grain du collier, et finissent par la « queue » ; d'autres commencent par la médaille et les trois grains de « queue » puis font le tour du chapelet. Traditionnellement, les grains sont en bois noir (ou matériau noir) de manière à symboliser la tristesse la plus profonde. Il est parfois appelé le chapelet aux sept Épées en référence à la prophétie de Syméon :
« Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l'âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées. » (Lc 2,34-35).
Par sa lettre Redemptoris du , le pape Benoît XII enrichit la pratique, grâce à des indulgences. Le pape Clément XII confirma et augmenta celles-ci par sa bulle Unigeniti du . Toutes ces indulgences furent de nouveau confirmées par un décret de la Congrégation Sacrée des Indulgences, émis selon la volonté du pape Clément XIII, du .
Scapulaire de Notre-Dame des sept Douleurs
[modifier | modifier le code]Le scapulaire de Notre-Dame des sept Douleurs est un scapulaire catholique associé aux Servites de Marie parfois nommé scapulaire noir, il ne doit cependant pas être confondu avec le scapulaire noir de la Passion.
Fêtes
[modifier | modifier le code]Fête liturgique
[modifier | modifier le code]Notre Dame des Douleurs est vénérée le , avec rang de mémoire obligatoire sur le calendrier liturgique[11].
Le , la Congrégation des rites autorise l'Ordre des Servites à célébrer la messe votive des sept Douleurs de la Sainte Vierge. Le décret mentionne que « les Frères des Servites portent la robe noire en souvenir du veuvage de Marie et de la souffrance qu'elle a subie durant la Passion de son Fils ».
Le , le pape Innocent XII autorise la célébration de la fête des « sept Douleurs de la Sainte Vierge » le troisième dimanche de septembre.
Ce culte se répandant, le , la Congrégation des rites approuve la célébration des sept Douleurs de Marie, le vendredi avant le dimanche des Rameaux.
Puis le , le pape Pie VII ordonne l'extension de la fête liturgique (fixée le troisième dimanche de septembre) à toute l'Église, et l'inscrit dans le Calendrier romain.
Enfin, le pape Pie X, au début du XXe siècle, la fixe au , soit le lendemain de la célébration de l'Exaltation de la Croix (le ), avec l'appellation de « Notre-Dame des Douleurs »[14], l'élevant au rang de fête de seconde classe[15],[2].
Fête patronale
[modifier | modifier le code]Sous le vocable Notre-Dame des Douleurs, la Sainte Vierge est la patronne de la Congrégation de la Sainte-Croix, de la Slovaquie, de la région italienne du Molise, de l'État du Mississippi, de plusieurs villes des Philippines et des communes italiennes d'Accumoli, Mola di Bari, Paroldo et Villanova Mondovì. Au Québec, un petit village, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, porte aussi son nom. De plus, au Portugal où son culte est particulièrement répandu, de nombreuses paroisses, comme Poço do Canto, sont consacrées au vocable latin de la mère des douleurs.
Galerie
[modifier | modifier le code]- La Vierge douloureuse, sculpture en bois recouverte de tissu brodé avec des fils d'argent (XVIIe siècle), musée diocésain d'Asti, Italie.
- Statue de la Mère des Douleurs, San Cristóbal de La Laguna, Îles Canaries.
- Statue de la Mère douloureuse, église de Pörtschach am Wörthersee, Autriche.
- Relief de Notre-Dame des Douleurs, chapelle du Calvaire (1710), Calvariestraat, Maastricht, Pays-Bas.
- Icône de N.-D. des Douleurs (fin XVIIe-début XVIIIe siècle), collections du musée byzantin et chrétien d'Athènes, Grèce.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Prieuré Saint-Lazare de Boutissaint », sur terres-et-seigneurs-en-donziais.fr (consulté le ), p. 2.
- « Notre Dame des Douleurs - Vatican News », sur www.vaticannews.va (consulté le )
- « 15 septembre : pourquoi fêter Notre-Dame des sept douleurs ? », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- Désiré Germain Hallez, Le mois de septembre consacré à la Très-Sainte Vierge des douleurs, Casterman, , 216 p. (lire en ligne).
- Saint Alphonse de Liguori, Les Gloires de Marie (lire en ligne), Seconde Partie, chap. IXe (« Discours sur les douleurs de Marie »), (en ligne: p.154-172)
- Rudy Ventura, « Apparitions, miracles, secrets... Que s'est-il passé à Fátima ? », sur Le Pèlerin, (consulté le )
- Thèse : L'Église catholique face …, p. 129.
- (es) Office de tourisme de la Codosera : Información Turística del Municipio de La Codosera. Consulté le .
- « Kibeho, histoire des premières apparitions mariales reconnues en Afrique », sur La croix international, (consulté le )
- « Rwanda : 40 ans des apparitions de Kibeho - Vatican News », sur www.vaticannews.va, (consulté le )
- « La messe, Notre-Dame des Douleurs », Magnificat, no 238, , p. 207.
- (it) Padre Liborio Siniscalchi, « Beata Vergine Maria Addolorata », sur Santi e Beati, santiebeati.it, (consulté le ).
- « Notre-Dame des sept Douleurs », sur Nominis, nominis.cef.fr (consulté le ).
- La mémoire de « Notre-Dame des Douleurs » est fixée à la date au 15 par le pape Pie X, diocèse de Saint-Claude
- « Notre-Dame des Douleurs » élevée au rang de fête de seconde classe en 1908, site Actualités
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Mater dolorosa
- Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (homonymie)
- Églises dédiées : Église dédiée à Notre-Dame des Douleurs
- Congrégation des religieuses de Notre-Dame de la Compassion
- (208) Lacrimosa