Opération Michael — Wikipédia

Opération Michael
Description de l'image Western_front_1918_german.jpg.
Informations générales
Date 21 mars 1918 - 5 avril 1918
Lieu Nord de la France
Issue Échec stratégique allemand
Belligérants
Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand Drapeau de la France France
Drapeau du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande Royaume-Uni
Drapeau de l'Australie Australie
Drapeau du Canada Canada
Drapeau des États-Unis États-Unis
Commandants
Drapeau de l'Empire allemand Erich Ludendorff Drapeau de la France Ferdinand Foch
Drapeau du Royaume-Uni Douglas Haig
Forces en présence
72 divisions 26 divisions britanniques plus 3 de cavalerie
23 divisions françaises
Pertes
239 800 177 739 Britanniques
77 000 Français
77 Américains

Première Guerre mondiale

Batailles

Offensive du printemps :

Coordonnées 49° 51′ nord, 3° 17′ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Opération Michael
Géolocalisation sur la carte : Picardie
(Voir situation sur carte : Picardie)
Opération Michael
Géolocalisation sur la carte : Aisne
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Opération Michael

L’opération Michael est l'une des opérations militaires allemandes de la Première Guerre mondiale qui composait l'offensive du printemps qui débuta le . L'opération Michael fut la principale et plus importante opération de l'offensive puisque son but était de percer les lignes alliées, déborder les forces britanniques de la Somme à la Mer du Nord et bloquer ainsi le trafic maritime entre la France et l'Angleterre. L'état-major allemand espérait ainsi que les Français chercheraient à négocier des conditions d'armistice en cas de succès de leur entreprise. Les autres offensives : Georgette, Gneisenau et Blücher-Yorck étaient subordonnées à Michael et avaient été conçues pour détourner les forces alliées de l'offensive principale sur la Somme.

Contexte historique

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La Russie s'étant retirée du conflit par le traité de Brest-Litovsk du , l'armée allemande fut libérée du front oriental et put transférer ses troupes sur le front occidental pour l'offensive de printemps ou bataille du Kaiser qui devait, selon son état-major, conduire l'Allemagne à la victoire.

Déroulement

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L'« opération Michael » commença le à h 40 en Picardie, à partir de la ligne Hindenburg où l'armée allemande s'était retranchée depuis 1917, par un bombardement d'artillerie assez court mais extrêmement violent, avec l'aide de 6 200 canons[1]. Avant que les défenseurs britanniques étourdis ne puissent réagir, des équipes spéciales de troupes d'assaut allemandes sortirent du brouillard et de la fumée pour attaquer ou contourner les points stratégiques des lignes. À 9 heures 40, deux cent mille Allemands attaquèrent les lignes anglaises entre Cambrai et Saint-Quentin. Pris par surprise, débordés et submergés, les défenseurs reculèrent sur l'ensemble du front, une large brèche s'ouvrit, permettant aux Allemands d'avancer de plus de 50 km. Plus de 160 000 Britanniques furent mis hors de combat.

Dans le Pas-de-Calais

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Mais la percée allemande ne réussit pas, parce que le général Ludendorff, chef du Grand État-Major général, qui ne subissait pourtant que peu d'opposition sur sa gauche, continua à concentrer ses réserves devant Arras, où la résistance britannique devint de plus en plus forte. Malgré les appels désespérés du général Haig, commandant des forces britanniques, Foch refusa d'engager ses réserves restreintes. Haig dut faire venir d'urgence des renforts du Royaume-Uni et le QG britannique dut retirer des divisions d'autres théâtres d'opérations.

Dans la Somme

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Ce n'est que le que Ludendorff songea brusquement aux possibilités qui se présentaient du côté de la Somme pour effectuer une percée rapide et décisive en direction de Paris, mais il était trop tard. Deux jours auparavant, les Alliés s'étaient mis d'accord pour confier au général Foch le commandement unique sur le front occidental. Un de ses premiers actes de commandement fut d'employer une partie de ses maigres réserves pour boucher la dangereuse brèche sur la Somme. Le , l'offensive Michael fut arrêtée dans la région de Montdidier et le par la Bataille de Villers-Bretonneux (1918) où l'ennemi fut stoppé dans sa marche vers Amiens, centre de gravité des Alliés.

L'offensive allemande fut stoppée grâce à l'arrivée de renforts de l'armée française : la 56e division d'infanterie de réserve commandée par le général Demetz (avec notamment ses 4 bataillons d'élite dont le 65e bataillon de chasseurs à pied à Montdidier), avec la 133e division d'infanterie et la 4e division de cavalerie dirigés par le général Mesplé, et la 22e division d'infanterie et la 62e division d'infanterie du général Robillot. La 163e division d'infanterie défendit Moreuil.

L'ennemi essaya de pousser son avantage depuis la Somme jusqu'à Lassigny par une série de combats confus, violents mais indécis : le au cours de la bataille du bois de Moreuil, la Brigade de cavalerie canadienne attaqua la 23e division allemande qui dut évacuer le bois de Moreuil ; le  : à Grivesnes, comme à Hangard, à Rollot, les Allemands ne purent se maintenir, laissant des prisonniers et du matériel ; le , les Allemands lancèrent une attaque sur un front de 20 kilomètres, dans le secteur d'Albert ; le , ils lancèrent de violents assauts, sur un front de 15 kilomètres, de Cantigny à Hangard. Leur objectif était d'atteindre la voie ferrée Paris-Amiens et ils engagèrent dans cette opération 15 divisions, dont 7 divisions de réserve. Mailly-Raineval, Morisel, Castel, le bois de l'Arrière-Cour furent conquis par les Allemands, tandis que dans le secteur de Villers-Bretonneux, entre l'Avre et la Somme, avec 10 divisions, ils s'emparèrent de Marcelcave et du Hamel. Cependant, le , malgré une lutte très vive, notamment à Bucquoy, Hangard et au bois de Sénécat (68e, 90e, 335e RI), l'ennemi n'atteignit aucun de ses objectifs malgré l'intervention de vingt-cinq de ses meilleures divisions. L'offensive allemande sur l'Avre était stoppée.

Dans l'Aisne

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Le , les Allemands attaquèrent le long de l'Oise, de Manicamp à Tergnier à travers la forêt de Saint-Gobain jusqu'à Anizy-le-Château, le saillant tenu par l'armée française. Le terrain marécageux et boisé étant difficile à défendre, les troupes françaises firent retraite les 6, 7, 8 et et prirent position à une dizaine de kilomètres, le long de l'Ailette[2].

Bilan et conséquences

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Bien que les Allemands aient avancé sur 65 km et se soient emparés d'un territoire de 3 100 km2, aucun de leurs objectifs stratégiques ne fut atteint, notamment pas les prises d'Amiens et d'Arras. Les pertes alliées s'élevaient à plus de 75 000 prisonniers britanniques, 1 300 pièces d'artillerie et 200 chars.

L'échec allemand s'explique en grande partie par les difficultés à approvisionner les troupes en temps nécessaire. Toutes les offensives allemandes ont ainsi tourné court.

En , le danger d'une percée allemande était passé. L'armée allemande avait subi de lourdes pertes et ne disposait plus d'assez de troupes pour poursuivre l'offensive.

À partir du , les Alliés purent mettre en œuvre l'Offensive des Cent-Jours qui débuta par la Bataille d'Amiens, du 8 au  : le général Fayolle put attaquer dans la région de Montdidier et le général Rawlinson, commandant la 4e Armée britannique de part et d'autre de la Somme, put attaquer entre la Luce et l'Ancre.

Notes et références

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  1. Laffargue, p. 69.
  2. « Les combats à Montdidier de mars à août 1918 », sur chtimiste.com (consulté le ).

Bibliographie

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Ressources numériques

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Articles connexes

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Liens externes

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