Orang-outan de Sumatra — Wikipédia

Pongo abelii

Pongo abelii
Description de cette image, également commentée ci-après
Spécimen dans le centre de réhabilitation de Bukit Lawang, Sumatra
Classification MSW
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Mammalia
Ordre Primates
Sous-ordre Haplorrhini
Infra-ordre Simiiformes
Micro-ordre Catarrhini
Super-famille Hominoidea
Famille Hominidae
Sous-famille Ponginae
Genre Pongo

Espèce

Pongo abelii
Lesson, 1827

Statut de conservation UICN

( CR )
CR A4bcd :
En danger critique

Statut CITES

Sur l'annexe I de la CITES Annexe I , Rév. du 01/07/1975

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-après
Aire de répartition de Pongo abelii sur l'île de Sumatra[1].

L'Orang-outan de Sumatra (Pongo abelii) est l'une des trois espèces d'orangs-outans (genre Pongo), qui appartient à la famille des hominidés.

Un individu se déplaçant à l'aide de ses quatre membres préhensiles.

Dénominations

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Bien qu'elle ne soit pas la seule espèce d'orang-outan de l'île de Sumatra, elle porte pour des raisons historiques le nom normalisé d'orang-outan de Sumatra[2]. L'autre espèce d'orang-outan vivant sur cette île, l'orang-outan de Tapanuli, était auparavant considérée comme une sous-population isolée de cette espèce et n'a été décrite comme une espèce distincte qu'en 2017. « Orang-outan » provient de l'indonésien et du malais « orang hutan », qui signifie « personne de la forêt » (ou « des bois »)[3],[4].

Son nom scientifique, Pongo abelii, est composé du nom générique, Pongo, et d'une épithète spécifique, abelii. Le premier provient du kikongo (langue d'Afrique centrale) « mpongi »[5],[6], un mot qui servait initialement à désigner les gorilles dans cette région africaine, repris par Andrew Battel en anglais, puis par Buffon en français[7],[8] qui pensait alors que les gorilles et les orangs-outans pouvaient ne former qu'une seule espèce[9]. Le second lui a été donné par le naturaliste français René Primevère Lesson, en hommage au naturaliste anglais Clarke Abel, dont les observations lui ont servi à réaliser une première description de l'espèce en 1827[10].

Caractéristiques

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L'espèce présente un fort dimorphisme sexuel. Les mâles mesurent en moyenne 97 cm pour un poids moyen de 87 kg, tandis que les femelles mesurent en moyenne 78 cm pour un poids moyen de 37 kg[11]. Ils sont plus fins que les orangs-outans de Bornéo, ont des faces plus allongées et des poils plus longs et plus pâles[11]. L'orang-outan de Sumatra est plus grand que l'orang-outan de Bornéo[12].

L'orang-outan de Sumatra dispose de membres antérieurs exceptionnellement longs par rapport aux postérieurs. Démuni de queue préhensile, il peut néanmoins marcher en position bipède sur des branches étroites en se servant de ses bras pour s'équilibrer.

En captivité, le record de longévité est atteint par Puan, une femelle morte à 62 ans au zoo de Perth[13]. Major, un mâle mort à 50 ans au zoo de La Boissière, est un des plus vieux mâles connus[14].

Écologie et comportement

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Nid d'un orang-outan de Sumatra.

L'orang-outan de Sumatra est un singe arboricole : il escalade les troncs et il se déplace d'arbre en arbre avec les lianes et les branches, dans un mouvement de brachiation, en se balançant et en utilisant ses quatre membres, ses pieds étant aussi souples que ses mains[15].

Cet orang-outan est plus arboricole que son cousin de Bornéo. Il se déplace d'arbre en arbre, peut-être à cause de la présence du tigre de Sumatra.

L'orang-outan de Sumatra est plus sociable que son homologue de Bornéo. Les individus se rassemblent en groupes pour se nourrir dans les figuiers. Cependant les mâles évitent le contact entre eux.

Alimentation

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Par rapport à l'orang-outan de Bornéo, l'orang-outan de Sumatra a tendance à être plus frugivore et insectivore. Ses fruits préférés sont les fruits du jacquier et les figues. Il peut aussi manger des œufs d'oiseaux et des petits vertébrés.

Des orangs-outans de Sumatra sauvages ont été observés se fabriquant des gants avec des feuilles pour éviter les piqûres d'abeilles ou cassant des morceaux de branches qu'ils vont attacher aux extrémités. Puis ils vont enfoncer le bâton dans des creux d'arbres pour attraper des termites. Ils peuvent également se servir du bâton pour pousser des nids d'abeilles, et prendre le miel[16].

Reproduction

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Les jeunes mâles s'accouplent plus avec des jeunes femelles car les plus matures peuvent plus facilement les repousser. Et les femelles adultes préfèrent s'accoupler avec des mâles matures.

Les femelles donnent naissance à des petits pour la première fois à environ 15 ans[réf. nécessaire]. Les bébés restent dépendants de leur mère jusqu'à leurs trois ans, mais après cette période, les jeunes resteront proches de leurs mères[réf. nécessaire]. Ils s'accouplent pour la première fois à environ 12,3 ans[réf. nécessaire].

Fibraurea tinctoria.

En 2024, un mâle orang-outan de Sumatra est observé avoir mâché les feuilles d'une plante réputée pour ses propriétés médicinales, Fibraurea tinctoria, puis en avoir récupéré le jus pour soigner une blessure ouverte sur son visage, avant d'appliquer les feuilles mâchées par-dessus. Au bout de quelques jours, la blessure était refermée. Cette liane est connue pour ses propriétés antibactériennes, anti-inflammatoires et analgésiques. C'est la première fois qu'un animal sauvage est observé en train d'utiliser intentionnellement une plante médicinale pour soigner une plaie ouverte[17],[18].

Habitat et répartition

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L'Orang-outan de Sumatra est endémique de l’île de Sumatra, en Indonésie. Il vit dans la forêt tropicale humide de basse altitude ainsi que dans la mangrove[12]. Son aire de répartition occupe les deux provinces les plus au nord de l'île : on le trouve essentiellement dans la province d'Aceh, et un peu dans la province de Sumatra du Nord.

On trouve aussi dans la province de Sumatra du Nord une espèce distincte, l'Orang-outan de Tapanuli, qui vit au sud du lac Toba.

Classification

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Phylogénie des espèces actuelles d'hominidés, d'après Shoshani et al. (1996)[19] et Springer et al. (2012)[20] :

Hominidae 
 Ponginae → Pongo 

 Pongo abelii – Orang-outan de Sumatra




 Pongo pygmaeus – Orang-outan de Bornéo



 Pongo tapanuliensis – Orang-outan de Tapanuli




 Homininae 
 Gorillini → Gorilla 

 Gorilla beringei – Gorille de l'Est



 Gorilla gorilla – Gorille de l'Ouest



 Hominini 
 Panina → Pan 

 Pan paniscus – Chimpanzé pygmée ou Bonobo



 Pan troglodytes – Chimpanzé commun



 Hominina → Homo 

 Homo sapiens – Homme moderne





Statut de conservation et menaces

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L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classé l'orang-outan de Sumatra dans les espèces en danger critique d'extinction. C'est une espèce menacée par la déforestation, en raison d'une exploitation illégale de bois exotique ou pour céder la place à des plantations industrielles de palmiers à huile. On estime qu'il n'y avait plus, en 2016, que 13 800 individus vivant à l'état sauvage[1].

L'orang-outan de Sumatra a été inclus dans la liste des 25 espèces de primates les plus menacés dans le monde en 2000, 2002, 2004, 2006, 2008 et 2014.

L'espèce bénéficie d'une aire protégée majeure, le Parc national du Mont Leuser, qui couvre une partie de son aire de répartition. C'est aux abords de ce parc national que se trouvent les principaux sites touristiques d'observation des orangs-outans de Sumatra : Bukit Lawang et Ketambe (id).

Le Programme de conservation des orangs-outans de Sumatra (SOCP) mène des actions de conservation de l'espèce à Sumatra.

Il existe plusieurs programmes d'élevage conservatoire de cette espèce en captivité. En Europe, le programme européen pour les espèces menacées (EEP) consacré à cette espèce est coordonné par un scientifique du Zoo de Karlsruhe (Allemagne)[21], en Amérique du Nord, le programme américain pour les espèces menacées (SSP) existe depuis 1988, il est coordonné par un comité de représentants des zoos membres[22]. Mi-2019, environ 264 individus étaient ainsi présents dans une soixantaine d'institutions zoologiques en Amérique du Nord, en Asie et en Europe[23].

De plus, cet orang-outan fait partie des animaux ayant une protéine-cible du nouveau coronavirus pandémique de 2019 (l'ACE2) adapté à ce nouveau virus (SARS-CoV-2)[24] (virus responsable en 2019 de la pandémie de COVID-19). Cette affirmation découle d'études de modélisations de protéines.

Notes et références

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  1. a et b (en) « Pongo abelii », sur IUCN Red List of Threatened Species (consulté le )
  2. (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0444518770), 9780444518774. 857 pages. Rechercher dans le document numérisé
  3. Informations lexicographiques et étymologiques de « orang-outan » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  4. (en) Wayan Jarrah Sastrawan, « The Word ‘Orangutan’: Old Malay Origin or European Concoction? », Journal of the Humanities and Social Sciences of Southeast Asia, vol. 176, no 4,‎ , p. 532–541 (lire en ligne)
  5. (en) « Origin and meaning of pongo », sur etymonline.com (consulté le )
  6. (en) « Definition of Pongo », sur merriam-webster.com (consulté le )
  7. « Pongo : Étymologie de Pongo », sur cnrtl.fr (consulté le )
  8. Émile Littré, « Dictionnaire de la langue française », Dictionnaires d'autrefois, sur artflx.uchicago.edu, 1872-1877 (consulté le )
  9. Georges-Louis Leclerc de Buffon et Louis Jean-Marie Daubenton, Histoire naturelle, générale, et particulière, avec la description du Cabinet du Roi, Tome 14, Paris, Imprimerie royale, 1749-1789 (lire en ligne), « Les Orang-outangs ou le Pongo et le Jocko », p. 43
  10. Charles Bélanger, Voyage aux Indes-Orientales : par le Nord de l'Europe, les provinces du Caucase, la Géorgie, l'Arménie et la Perse, suivi de détails topographiques, statistiques et autre sur le Pérou, les Iles de Java, de Maurice et de Bourbon, sur le Cap de Bonne-Espérance et Sainte-Hélène, pendant les années 1825, 1826, 1827, 1828 et 1829, t. III (Zoologie), Paris, Arthus Bertrand, , p. 24
  11. a et b « Primate Factsheets: Orangutan (Pongo) Taxonomy, Morphology, & Ecology », sur pin.primate.wisc.edu (consulté le )
  12. a et b (en) Référence Animal Diversity Web : Pongo abelii
  13. « L'orang-outan le plus âgé du monde est mort à l'âge de 62 ans », Sciences et Avenir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Major, le plus vieil orang-outan reproducteur au monde, est mort - article de Sciences et Avenir du 28 septembre 2012
  15. Richard C. Vogt (trad. Valérie Garnaud-d'Ersu), La forêt vierge à la loupe [« Rain Forests »], Larousse, , 64 p. (ISBN 978-2-03-589818-0), Singes arboricoles pages 40 et 41
  16. Emmanuelle Grundmann, Eux aussi ils aiment les insectes ! Les primates et les insectes : une relation gastronomique , Insectes, n°143, page 4, 2002
  17. (en) Edith Olmsted, « Orangutan Treats Wound With Chewed Medicinal Herbs », The Daily Beast,‎ (lire en ligne)
  18. (en) Nicola Davis, « Orangutan seen treating wound with medicinal herb in first for wild animals », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  19. (en) J. Shoshani, C. P. Groves et al., « Primate phylogeny : morphological vs. molecular results », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 5, no 1,‎ , p. 102-54 (PMID 8673281, lire en ligne)
  20. (en) Mark S. Springer, Robert W. Meredith et al., « Macroevolutionary Dynamics and Historical Biogeography of Primate Diversification Inferred from a Species Supermatrix », PLoS ONE, vol. 7, no 11,‎ , e49521 (ISSN 1932-6203, PMID 23166696, PMCID 3500307, DOI 10.1371/journal.pone.0049521, lire en ligne)
  21. (en) « EAZA Breeding Programme Overview », sur eaza.net, (consulté le )
  22. (en) « The Orangutan SSP », sur orangutanssp.org (consulté le )
  23. (en) « ZIMS - Species holding - Pongo abelii », sur zims.species360.org (consulté le ).
  24. (en) Junwen Luan, Yue Lu, Xiaolu Jin et Leiliang Zhang, « Spike protein recognition of mammalian ACE2 predicts the host range and an optimized ACE2 for SARS-CoV-2 infection », Biochemical and Biophysical Research Communications, vol. 526, no 1,‎ , p. 165–169 (PMID 32201080, PMCID PMC7102515, DOI 10.1016/j.bbrc.2020.03.047, lire en ligne, consulté le )

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Articles connexes

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Références taxonomiques

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