Pantographe (transport) — Wikipédia

Le pantographe est le dispositif articulé qui permet à une locomotive électrique ou à un tramway ou à d'autres systèmes automoteurs électriques de capter le courant par frottement sur une caténaire.
Sa désignation découle de la similitude de forme et de fonctionnement avec l'outil de dessin homonyme dans sa forme initiale[1],[2]
Aspect
[modifier | modifier le code]Les premiers pantographes avaient la forme symétrique d'un losange appelé en France « type G » , tandis que les pantographes modernes ne comportent qu'un seul bras articulé. Ils mesurent environ deux mètres repliés et assurent un débattement qui peut atteindre 3,20 m.
Le pantographe est fixé sur le toit de la locomotive au moyen d'isolateurs. Le contact avec la caténaire se fait par une pièce horizontale, l'archet sur lequels est fixée la bande de contact. Le bras articulé est formé de deux éléments, le bras inférieur et le bras supérieur. Le pantographe peut être pneumatique ou électrique. Le pantographe est le plus souvent fait de métal afin de conduire le courant par sa structure (en dehors de ses paliers ou des élingues, shuntées par des conducteurs tels que des tresses).
Fonctionnement
[modifier | modifier le code]Sur l'archet sont fixées des bandes de carbone (« carbone à haute intensité »[3]) et de cuivre (de 1 à 4 en général, suivant l'intensité et la vitesse/dynamique souhaitée) qui font office de frotteurs sur la ligne aérienne de contact (ou caténaire) et permettent de capter l'énergie électrique. Ces bandes peuvent être montées de façon rigide sur l'archet ou être indépendantes et montées sur ressorts.
Afin de maintenir une pression la plus constante possible des bandes de carbone sur la caténaire, un système d'amortissement est implanté sur le pantographe. Cet amortissement utilise généralement des ressorts mécaniques, un moteur électrique ou des systèmes pneumatiques de type vérins.
Dans le cadre d'un pantographe pneumatique, le déploiement du bras est assuré par un vérin pneumatique, qui permet de maintenir une certaine pression sur la caténaire. Le pantographe se replie par gravité, lorsque la pression d'air est annulée.
Dans le cadre d'un pantographe électrique, les mouvements de montée et de descente sont assurés par un moteur électrique annexe.
Enfin, sur certains modèles, deux ressorts travaillent en traction et maintiennent le pantographe déplié en contact avec la caténaire. Un dispositif pneumatique ou électrique est là pour le replier. Il travaille contre les ressorts avec une pièce pourvue d'un trou oblong qui laisse le pantographe libre de ses mouvements quand il n'est pas en traction. Pour pouvoir être relevé par le mécanicien de locomotive, en cabine, grâce à la « clé de pantographe », la machine doit être sous pression. Lever le pantographe correspond à envoyer dans le piston de montée du pantographe, une pression suffisante pour libérer le ressort qui bloque le pantographe en position basse. Lorsque cette pression est annulée, le pantographe devient libre de ses mouvements et plaque ses archets sur la caténaire par l'intermédiaire des ressorts situés à sa base, entre autres. Dans le cas d'un défaut de pression (avarie, accident, etc.) le ressort de rappel descend automatiquement le pantographe et le maintient en position basse, jusqu'à un rétablissement normal de la pression, autorisant alors une action du mécanicien pour son relevage.
Autres fonctions
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Un pantographe sert essentiellement pour l'alimentation d'un engin moteur ferroviaire. Cependant, il existe certains cas où le pantographe possède une fonction autre que la traction :
- mesures et tests mécaniques d'une caténaire neuve (avec ou sans tension), sur une voiture de contrôle des caténaires et lignes de contact ;
- alimentation générale d'une voiture de mesures ;
- alimentation d'un train climatisé (par exemple : pantographe monté sur fourgon RENFE pour l'alimentation en 3 000 V continu du reste du train via la ligne de train UIC, ou conduite chauffage), en l'absence de locomotive ;
- alimentation d'une voiture restaurant, uniquement garée sur une voie de garage. Exclusivement, sous une caténaire électrifiée en 15 kV alternatif 16,67 Hz, ce système n’existe que sur les voitures restaurant de fabrication suisse et allemande
- mise à l'équipotentiel et à la terre de la caténaire lors des travaux effectués à partir de certains véhicules de travaux
Innovations et tendances techniques
[modifier | modifier le code]Prémisses
[modifier | modifier le code]Les débuts du pantographe ont commencé par le captage dans un rail aux B&O. Le captage par frottement longitudinal, le courant retournant vers les rails. Des solutions par rouleau, peu adaptés aux grandes vitesses ou aux croisement persistent. Le captage par un unique fil trolley (contrairement aux trolleybus) et retour de courant par le rail persiste à Toronto. L'inconvénient de cette dernière étant la nécessité de retour la perche ou d'avoir une boucle de retournement.
- Pantographe des B&O
- Pantographe à roue du funiculaire de Lisbonne
- Bras trolley du tramway de Toronto
- Pantographe BB 1280
Collecteur à arc
[modifier | modifier le code]Des collecteurs à arc ont été ensuite utilisés avec un principe similaire aux frotteurs des perches à trolley mais avec une plus grande quantitié de matériau d'usure et des croisement plus faciles.
- Collecteur à arc du chemin de fer de Snaefell
- Collecteurs à arc du train de la Rhune
- Collecteur à arc du tramway historique d'Amsterdam
Pantographe diamant et "bras croisés"
[modifier | modifier le code]Sur grande ligne et en grande vitesse, les pantographes diamant et bras croisés font leur preuve tandis qu'ils permettent aussi une hauteur de captage importante comme aux passages à niveau ou sur des voies destinées à du fret à double étages par exemple.
Plusieurs solutions tels que des ressorts, engrenage, bielle, corde ou encore pistons[4],[5] permettent leur actionnement et/ou leur maintien.
- Pantographe "Cross-armed" du Shinkansen 0
- Pantographe diamant de la BB12000
- Pantographe diamant d'une sous-série des BB1280
- Pantographe de la BB 9004 du record de vitesse de 320 km/h
- Locomotive Baoji-Fengzhou
Pantographe "unijambiste"
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Inventé par Louis Faiveley[6], cette solution utilise une cinématique de quadrilatère déformable avec plusieurs avantage dont l'encombrement (on peut désormais mettre 2 pantographes au-dessus d'un bogie), la légèreté, une moins grande prise au vent et donc une meilleure qualité de captage.
Il existe des modèles de pantographe qui peuvent utiliser différentes tensions d'alimentation mais les trains multi-tension, comportant un pantographe par type de courant utilisé, restent fréquents. Ils ont demandé la résolution de problèmes d'interopérabilité pour le Thalys par exemple[7].
Avec le développement des trains à grande vitesse et l'utilisation de courant électrique de forte intensité, des efforts sont également faits pour mieux comprendre[8] et améliorer l'interface entre la caténaire et le matériel moteur (avec par exemple un ajustement de la force d'appui sur la caténaire contrôlé par carte électronique)[7], contrôler les phénomènes aéroacoustiques se développant par exemple dans la « baignoire » et autour des pantographes des TGV[9] ainsi que sur les lignes pour gérer les fuites de courant dues à l'humidité et aux embruns salés en bordure de mer.
Evolutions récentes
[modifier | modifier le code]Dans les dernières séries du Shinkansen, la caténaire étant dédiée à ce train et très basse, des "pantographes" plus simples et aérodynamiques (ainsi qu'optimisés en aéroacoustiques) ont pu être utilisés.
Des variantes récentes tel que le pantograph de l'ETR1000 sont faites partiellement en matériau composite non-conducteur afin de fixer le pantographe directement sur la toiture. Le bras inférieur joue alors le rôle d'isolateur. Le tout étant plus lourd mais moins haut facilitant au choix son intégration en toiture et/ou l'aérodynamique[10].
- Pantographe du Shinkansen 800
- Pantographe du Shinkansen 500
- Pantographe de l'ETR1000
Futures évolutions
[modifier | modifier le code]Le sous-projet 4 de Rail4Earth vise à avoir de futurs pantographs électro-mécaniques et donc sans air comme le plus souvent en grand ligne[11]. Les solutions électriques avec montée et maintien par ressort telles qu'utilisées couramment pour les pantographes de tramway ou de métro existent. Cependant, elles n'offrent pas les performances requises en grande ligne telle que l'adaptation de l'effort à la tension caténaire ou à la vitesse, masse suspendue la plus légère, séparation et maintien sûr en position basse comme pour la mise à la terre et en court-circuit
Archets
[modifier | modifier le code]Principe
[modifier | modifier le code]A compléter
Suspensions
[modifier | modifier le code]A compléter
Archets interopérables
[modifier | modifier le code]Les longueurs d'archets sont très variables suivant les gabarits mécaniques, électriques ainsi que la pose du fil de contact.
Deux archets interopérables ont été définis en Europe: le 1 600 mm et le 1 950 mm[12].
Aptitudes au captage du courant
[modifier | modifier le code]Le pantographe est validé avec ses bandes de contact (ou sa bande contact seule) suivant l'EN 50367 complété par l'EN 50206 et l'EN 50405. Les limites d'intéropérabilités en Europes sur grande ligne sont définies ainsi:
Pour le courant à l'arrêt:
- 300 en 1.5 kVcc
- 200 A en 3 kVcc
- 80 en 15 et 25 kVca
Courant en roulage: Limite en puissance suivant la STI ENE et les limitation tension/courant ou tension/puissance de l'EN 50388.
Ces courants concernent les locomotives et automotrices (EMU) grande ligne. En métro, tramway ou BEMU (trains à batteries), les limites ne sont définies.
Actuateur, performance et contrôle-commande
[modifier | modifier le code]Les actuateurs et leur commande
[modifier | modifier le code]A compléter
Vitesse
[modifier | modifier le code]Le pantographe en forme de « Z » (ou dit aussi « Faiveley ») permet une qualité de captage de l'électricité améliorée à des vitesses plus élevées[13] que celui en forme de losange.
Avec l'augmentation de la vitesse des trains, les modèles de pantographes ont été améliorés ; le nombre de pantographes par train a été augmenté alors que l'intervalle entre pantographes de train a été réduit, tout en recherchant une réduction de l'usure et des frais d'entretien[14].
Plus le train est rapide, plus trois types de bruits augmentent : bruit de frottement, bruit d'arc électrique et bruit aérodynamique. On a donc aussi cherché à rendre plus silencieux les pantographes (en diminuant les frottements et les claquements des arcs électriques)[15], par exemple pour le Shinkansen[16]. Il est possible de réduire le bruit du pantographe par des câbles de connexion haute-tension connectant les pantographes entre eux et par des déflecteurs ou caches de pantographe[16], ainsi que par une conception adaptée de la forme (design) du pantographe[16].
Effort statique au fil de contact
[modifier | modifier le code]A compléter
Effort dynamique au fil de contact
[modifier | modifier le code]A compléter
Qualité de captage
[modifier | modifier le code]Soulèvement
[modifier | modifier le code]A compléter
Phénomène d'arc électrique
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Le contact glissant entre le pantographe et la caténaire est un contact imparfait. Pendant le déplacement du train et à cause de la vibration, le pantographe se décolle fréquemment et durant quelques fractions de secondes de la caténaire, engendrant un phénomène d’arc électrique.
Ces arcs sont sources de nuisance sonore et représentent une menace en matière de compatibilité électromagnétique, pour la majorité des systèmes électroniques dans le train ou voisinant la voie ferrée comme le GSM-R, le circuit de voie ou les systèmes de télécommunication.
Cette menace est due au fait que plusieurs perturbations, se caractérisant par un large spectre fréquentiel et une forte puissance, sont émises lors de ce phénomène et peuvent influencer le fonctionnement des systèmes cités ci-dessus[17].
Les principales causes de ce phénomène sont :
- les défauts mécaniques de la caténaire ;
- la vitesse du train qui favorise les vibrations ;
- en hiver, la formation d'une couche de glace sur la caténaire. Dans cette condition, la puissance et la fréquence des arcs augmentent fortement[18].
- l'humidité, favorisant la conduction de l'air lors d'un décollement
- certains trains utilisent deux pantographes simultanément, sur la même unité ou sur chaque unité. Le passage des premiers pantographes provoque des ondulations de la caténaire qui causent le décollement au passage des suivants.
Variation de l'effort au fil de contact
[modifier | modifier le code]A compléter
Fonctions connexes
[modifier | modifier le code]Rupture de bande
[modifier | modifier le code]Si la bande de contact sur le pantographe est usé ou détruit, ou éventuellement ses cornes, le pantographe peut arracher la caténaire. Pour éviter cela, des moniteurs de pantographe peuvent être installés. Le dispositif de descente automatique du pantographe, imposé sur certains trains, limite également les risques ou les dégâts.
Au-delà d'une certaine vitesse, les pantographes grande ligne doivent disposer d'un dispositif de descente automatique[19].
A compléter
Limitation de hauteur
[modifier | modifier le code]A compléter
Constructeurs
[modifier | modifier le code]En France, le principal constructeur de pantographes est la société Faiveley Transport et un des fabricants de bande de carbone est Mersen.
Systèmes comparables
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Le pantographe n'est pas le seul système de captage de courant pour les trains ou tramways. On trouve aussi des frotteurs sur un troisième rail, voire quatrième rail sur le métro de Londres. Ce système a été utilisé auparavant en vallée de Maurienne et actuellement sur la ligne Saint-Gervais - Vallorcine, ou sur la plupart des métro urbains.
Il existe d'autres systèmes plus anciens, dont le captage en triphasé du chemin de fer de la Rhune au pays basque.
Autres images
[modifier | modifier le code]- Un pantographe récent utilisé sur le matériel DB AG 101.
- Pantographe sur PAC (Profil Aérien de Contact) [RER C, Paris].
- Un pantographe diament
- Utilisation de pantographes dans le cas d'une alimentation triphasée.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ « Pantograph - an overview | ScienceDirect Topics », sur www.sciencedirect.com (consulté le )
- ↑ (en) « Pantograph–catenary electrical contact system of high-speed railways: recent progress, challenges, and outlooks »
- ↑ G. Auditeau, « Un carbone haute intensité pour les pantographes », Revue générale des chemins de fer, n° 200, 2010, p. 8-19.
- ↑ « Current-collector for elecltric railways »
- ↑ « FR605198A Dispositif de prise de courant sur ligne aérienne pour véhicules à traction électrique et autres applications »
- ↑ « https://worldwide.espacenet.com/patent/search/family/009636555/publication/FR1129013A?q=FR1129013A »
- Cabirol M (2001) Problématique de l'interface entre la caténaire et le matériel moteur. Améliorations apportées aux pantographes. Revue générale des chemins de fer, (AVR), 79-84 (Notice et résumé Inist-CNRS)
- ↑ abirol M (2000) Interaction pantographe/caténaire: Études et concepts réalisés par la SNCF. Rail international, 31(9), 23-30.
- ↑ Noger C (1999) Contribution à l'étude des phénomènes aéroacoustiques se développant dans la baignoire et autour des pantographes du TGV. Approches expérimentale et numérique des écoulements affleurant une cavité et interactions non-linéaires de sillage entre deux cylindres (Doctoral dissertation, Université de Poitiers).
- ↑ (en) « Introducing the ETR1000 High Speed Train | Hitachi Rail »
- ↑ (en) « FP4-RAIL4EARTH project plan for 2025 »
- ↑ (en) ERA, « STUDY ON UNIVERSAL OVERHEAD CONTACT LINE DESIGN »
- ↑ Lamon JP (2001) La qualité de captage pantographe/caténaire. Revue générale des chemins de fer, (AVR), 15-25 (Notice et résumé Inist-CNRS).
- ↑ (de) Sarnes B (1999) Qualitätssicherung an Stromabnehmer und Oberleitung. ETR. Eisenbahntechnische Rundschau, 48(3), 117-123 (5 ref.) (Notice et résumé Inist-CNRS.
- ↑ Schulte-Werning B, Huber T, Lölgen T, Matschke G & Willenbrink L (1998) Umweltverträglicher Hochgeschwindigkeitsverkehr auf der Schiene: eine Gemeinschaftsaufgabe von Aerodynamik und Aeroakustik. ETR. Eisenbahntechnische Rundschau, 47(8-9), 541-545 (Notice et résumé Inist-CNRS.
- Ikeda M (1997) Mesures contre le bruit de pantographe provoqué par le Shinkansen. Rail international, 28(5), 35-43 (Notice et résumé Inist-CNRS)
- ↑ Mohamed Nedim BEN SLIMEN. Recherche de procédures de caractérisation de l'environnement électromagnétique ferroviaire adaptées au contexte des systèmes de communication embarqués. Thèse de doctorat en électronique, Université Lille 1 ; Sciences et Technologies, soutenue 2009-12-18 (résumé et présentation de la thèse), PDF, 200p
- ↑ S. Midya, D. Bormann, Z. Mazloom, T. Schutte, and R. Thottappillil. Conducted and radiated emission from pantograph arcing in ac traction system. In Power Energy Society General Meeting, 2009. PES ’09. IEEE, pages 1–8, July 2009.
- ↑ « STI LOC&PAS »
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Captage du courant
- Caténaire
- Locomotive électrique
- Collecteur à arc
- Électricité
- Trolleybus
- Camion électrique
Liens externes
[modifier | modifier le code]Différents modèles de pantographes utilisés sur le matériel roulant de la SNCF
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) K. Manabe, Catenary-pantograph system for speedup of shinkansen train. Japanese railway engineering, 30(4), 1992, 10-13.
- P. Holbecque, Étude dynamique d'un pantographe de trains à grande vitesse, thèse de doctorat, 2005.
- G. Auditeau et M. Cabirol, Pantographes pour matériels pendulaires. Revue générale des chemins de fer, (JUN), 37-45, 2001 (Notice et résumé Inist-CNRS).