Parrhésie — Wikipédia
La parrhésie (substantif féminin, du grec πᾶν pan, tout et ῥῆσις rêsis, discours) consiste à exprimer son intime conviction, « dire sa vérité »[1] ; elle est proche de la licence et du franc-parler[2].
Définition
[modifier | modifier le code]Définition linguistique
[modifier | modifier le code]La parrhésie opère une transformation sémantique de répétition à l'identique : elle consiste à répéter des arguments ou idées afin d'exprimer une même thèse. On la reconnaît facilement car elle se fonde sur des procédés de répétition : reprise des pronoms personnels de première personne, situation énonciative, adjectifs qualificatifs et axiologiques, ponctuation.
Définition stylistique
[modifier | modifier le code]En tant que figure de style, elle a pour objectif d'exprimer les sentiments profonds du locuteur; c'est une figure rhétorique mais aussi lyrique. Il faut la distinguer des figures comme le chleuasme[3].
Genres concernés
[modifier | modifier le code]La parrhésie est employée dans tous les genres littéraires : discours et apologies (notamment pour les genres argumentatifs), en poésie lyrique, dans le roman psychologique enfin.
Elle est récurrente à l'oral, dans les situations de communication intime.
Historique de la notion
[modifier | modifier le code]Antiquité gréco-romaine
[modifier | modifier le code]La parrhésie était une composante fondamentale de la démocratie de l'Athènes classique. Dans les assemblées et les tribunaux, les Athéniens étaient libres de dire presque tout ce qu'ils voulaient. Au théâtre, des dramaturges comme Aristophane utilisaient pleinement le droit de ridiculiser qui ils voulaient[4]. Hors théâtre et assemblées, il y avait des limites à ce qui pouvait être dit ; la liberté de discuter de politique, de morale, de religion ou de critiquer les gens dépendait du contexte. Socrate fut condamné pour corruption de la jeunesse. Côté romain, Héras fut décapité pour avoir critiqué Bérénice et Titus (fils de Vespasien).
La parrhésie est une notion centrale de la philosophie cynique qui prône une liberté totale de ton et d'action.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- https://web.archive.org/web/20081110062252/http://f.prosper.free.fr/Figures/parrhesie.html [source insuffisante]
- Christine Noille, « Rhétorique de la parrêsia », Littératures classiques, vol. 94, no 3, , p. 27–36 (ISSN 0992-5279, DOI 10.3917/licla1.094.0027, lire en ligne, consulté le )
- « Chleuasme », sur legardemots.fr, Alain Horvilleur (consulté le ).
- (en) Wallace Robert, The Power to Speak — and not to listen – in Ancient Athens, Brill,
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Pierre Pellegrin (dir.) et Myriam Hecquet-Devienne, Aristote : Œuvres complètes, Éditions Flammarion, , 2923 p. (ISBN 978-2081273160), « Réfutations sophistiques », p. 457.
- Quintilien (trad. Jean Cousin), De l'Institution oratoire, t. I, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Budé Série Latine », , 392 p. (ISBN 2-2510-1202-8).
- Antoine Fouquelin, La Rhétorique françoise, Paris, A. Wechel, (ASIN B001C9C7IQ).
- César Chesneau Dumarsais, Des tropes ou Des différents sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue, Impr. de Delalain, (réimpr. Nouvelle édition augmentée de la Construction oratoire, par l’abbé Batteux), 362 p. (ASIN B001CAQJ52, lire en ligne).
- Pierre Fontanier, Les Figures du discours, Paris, Flammarion, (ISBN 2-0808-1015-4, lire en ligne).
- Patrick Bacry, Les Figures de style et autres procédés stylistiques, Paris, Belin, coll. « Collection Sujets », , 335 p. (ISBN 2-7011-1393-8).
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- Catherine Fromilhague, Les Figures de style, Paris, Armand Colin, coll. « 128 Lettres », 2010 (1re éd. nathan, 1995), 128 p. (ISBN 978-2-2003-5236-3).
- Georges Molinié et Michèle Aquien, Dictionnaire de rhétorique et de poétique, Paris, LGF - Livre de Poche, coll. « Encyclopédies d’aujourd’hui », , 350 p. (ISBN 2-2531-3017-6).
- Michel Pougeoise, Dictionnaire de rhétorique, Paris, Armand Colin, , 228 p., 16 cm × 24 cm (ISBN 978-2-2002-5239-7).
- Olivier Reboul, Introduction à la rhétorique, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Premier cycle », , 256 p., 15 cm × 22 cm (ISBN 2-1304-3917-9).
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- Groupe µ, Rhétorique générale, Paris, Larousse, coll. « Langue et langage », .
- Nicole Ricalens-Pourchot, Dictionnaire des figures de style, Paris, Armand Colin, , 218 p. (ISBN 2-200-26457-7).
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