Parti révolutionnaire populaire lao — Wikipédia

Parti révolutionnaire populaire lao
Image illustrative de l’article Parti révolutionnaire populaire lao
Logotype officiel.
Présentation
Secrétaire général (en) Thongloun Sisoulith
Fondation
Scission de Parti communiste indochinois (en)
Siège Vientiane, Drapeau du Laos Laos
Membre permanent (en) Bounthong Chitmany (en)
Organisation de jeunesse Union de la jeunesse révolutionnaire du peuple lao (en)
Journal Passasson
Branche armée Armée populaire lao
Positionnement Extrême gauche
Idéologie Communisme
Marxisme-léninisme
Pensée de Kaysone Phomvihane (en)
Affiliation nationale Front lao pour le développement national (en)
Affiliation internationale Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers
Adhérents 348 686 (2021)
Site web www.pccob.gov.la
Représentation
Assemblée nationale
158  /  164
Thongloun Sisoulith, secrétaire général du PPRL depuis 2021.
Drapeau du Parti révolutionnaire populaire lao.

Le Parti révolutionnaire populaire lao (lao : Phak Pasason Pativat Lao, PPRL) est un parti politique communiste du Laos et depuis 1975, le seul autorisé dans le pays. Les organes décisionnels sont le Politburo et le Comité central. Un Congrès, élisant les membres du Politburo et du comité central se tient tous les cinq ans. Le Congrès élisait également un secrétariat mais cet organe a été supprimé en 1991. L'article 3 de la constitution du Laos dispose : « le droit du peuple d'être maître de la Patrie pluriethnique est exercé et garanti par le fonctionnement du système politique dont le Parti populaire révolutionnaire Lao constitue le noyau dirigeant »[1].

Le parti trouve ses origines dans le Parti communiste indochinois fondé par Hô Chi Minh en 1930. Le PCI, qui ne compte à l'origine que des membres d'ethnie vietnamienne, se développe dans les autres territoires de l'Indochine française et est à même de fonder une section lao en 1936. Dans les années 1940, une campagne est organisée pour recruter des membres laotiens, et en 1946 ou 1947, Kaysone Phomvihane, étudiant en droit à l'Université de Hanoi, est recruté, en même temps que Nouhak Phoumsavanh.

Le , face aux extrêmes tensions politiques en Indochine après le coup de force japonais, la révolution d'Août et le retour progressif des Français en Indochine, le PCI annonce son auto-dissolution. Son noyau dirigeant demeure cependant actif dans les faits en tant que colonne vertébrale du Việt Minh, qui mène ensuite la guerre d'Indochine contre les Français. Dans le même temps, le prince Souphanouvong, très lié aux communistes vietnamiens, est l'un des animateurs du gouvernement indépendantiste laotien Lao Issara. Chassés du pouvoir par le retour des troupes françaises au Protectorat du Laos au printemps 1946, les indépendantistes continuent la lutte durant quelques années, avant de se désunir quand la France accorde une autonomie accrue au Royaume du Laos.

En 1950-1951, le Việt Minh, soucieux de développer les théâtres d'opérations au Laos et au Cambodge, réorganise le mouvement indépendantiste en structurant les forces de ses alliés Khmers et Lao. Souphanouvong fonde le Front du Laos libre, qui constitue désormais la cellule dirigeante de l'organisation connue sous le nom de Pathet Lao.

Le PCI n'est pas officiellement recréé, mais destiné à être réanimé sous la forme de trois structures officiellement distinctes, représentant les trois pays de l'Indochine française : le noyau vietnamien du PCI compose le Parti des travailleurs du Viêt Nam, parti dirigeant du Việt Minh, et les Cambodgiens forment le Parti révolutionnaire du peuple khmer, chargé de coordonner les activités des Khmers issarak.

Les communistes laotiens semblent néanmoins s'être heurtés, dans un premier temps, à un manque des cadres politiques compétents nécessaires à la formation d'un parti. Une organisation communiste du nom de Parti des travailleurs laotiens (Phak Kong Ngan Lao) semble avoir été créée dans le courant de l'année 1952[2], mais ses activités paraissent avoir été particulièrement réduites et ses effectifs, inférieurs à 100[3], au point que l'existence même de ce premier parti communiste laotien est parfois mise en doute[4],[5].

Ce n'est que le , soit après la fin de la guerre d'Indochine et l'indépendance totale du Royaume du Laos, qu'une vraie structure politique communiste est créée au Laos, avec le congrès fondateur du Parti du peuple lao (Phak Pasason Lao, PPL). Le congrès se tient clandestinement à Sam Neua, et ne réunit que 25 délégués[6]. Le parti compte, à l'époque, environ 300 membres et, dans les faits, constitue en grande partie une simple branche laotienne du parti vietnamien. Le petit noyau de cadres dirigeants du PPL est composé de militants ayant tous été formés par les communistes vietnamiens depuis 1946[7]. Le comité central du PPL compte notamment Kaysone Phomvihane, Nouhak Phoumsavanh, Bun Phommahaxay, Sisavath Keobounphanh, rejoints peu après par le chef du Pathet Lao Souphanouvong, par Phoumi Vongvichit, et plus tard par d'autres cadres comme Khamtay Siphandone. Le PPL ne révèle pas son existence, préférant fonctionner clandestinement en tant que noyau dirigeant du Pathet Lao. À la fin des années 1950, les effectifs du parti augmentent rapidement, pour atteindre plusieurs milliers ; les cadres laotiens bénéficient d'une formation politique assurée par les Nord-vietnamiens[8].

Lors d'un congrès du au , le Pathet Lao fonde un parti destiné à être sa vitrine légale, le Front patriotique lao (Neo Lao Hak Sat, NLHS). Légalisé en 1957, le Front patriotique remporte un succès électoral lors d'élections complémentaires, et intègre en novembre un gouvernement de coalition présidé par Souvanna Phouma. Mais l'alliance entre le gouvernement royal et le Pathet Lao est rompue dès 1959, et la guerre civile laotienne reprend, devenant progressivement un théâtre parallèle de la guerre du Viêt Nam. Dans les années 1960, le Pathet Lao, soutenu par le Nord Viêt Nam et le Viêt Cong, mène la lutte contre le gouvernement du Royaume du Laos soutenu par les États-Unis, le Sud Viêt Nam et la Thaïlande, et se rend maître de plusieurs secteurs au nord et à l'est du pays.

L'existence du parti n'est publiquement reconnue qu'en , quand Kaysone Phomvihane prend officiellement la charge de secrétaire général[6]. Le rôle de Souphanouvong demeure ambigu, le chef officiel du Pathet Lao étant considéré davantage comme un nationaliste que comme un communiste : le premier ministre Souvanna Phouma, demi-frère de Souphanouvong, est alors convaincu que ce dernier n'est pas un communiste[9]. En , à l'occasion du deuxième Congrès du parti, le Parti du Peuple lao est rebaptisé Parti révolutionnaire populaire lao (PPRL), et Kaysone Phomvihane est réélu à sa tête[10].

Le , un accord de cessez-le-feu est signé entre le gouvernement du Royaume du Laos et le Pathet Lao, mettant fin à la guerre civile laotienne. Le , un nouveau gouvernement d'union nationale est formé, avec le neutraliste Souvanna Phouma comme premier ministre et le responsable du Pathet Lao Phoumi Vongvichit comme vice-premier ministre. L'existence du parti et son rôle dirigeant sont révélés à la population laotienne la même année[11].

Au cours de l'année 1975, le Pathet Lao prend progressivement le contrôle du pays. Le , son Comité révolutionnaire s'empare ouvertement du pouvoir tandis que l'Armée de libération et de défense lao entre dans Vientiane[12]. Le Parti révolutionnaire populaire lao révèle la liste des membres de son bureau politique[11], Souphanouvong lui-même révélant à cette occasion son appartenance et son rôle dirigeant au sein du parti[9]. Après l'abdication du roi Savang Vatthana et l'abolition de la monarchie, la République démocratique populaire lao est proclamée le . Kaysone Phomvihane, secrétaire général du parti, prend la tête du gouvernement, tandis que Souphanouvong devient chef de l'État.

Le PPRL, qui compte environ 15 000 membres au moment de sa prise du pouvoir, détient désormais tous les leviers de commande au Laos, via l'Assemblée populaire, composée de 45 membres, et la direction du gouvernement. Le parti se montre initialement discret dans ses déclarations publiques, mais impose progressivement une politique d'orientation marxiste-léniniste, de plus en plus rigide face aux difficultés économiques et à la nécessité de contenir la résistance armée au sein de la population[13].

Le Parti révolutionnaire populaire lao continue de détenir tous les pouvoirs au Laos, maîtrisant les mécanismes électoraux et l'assemblée nationale. En 1986, le parti annonce compter un effectif de 44 000 membres. Le contrôle de diverses organisations de masse lui permet d'assurer le contrôle de la société laotienne[14]. Les décisions sont prises au sein du comité central du parti, comptant une cinquantaine de membres[15].

Kaysone Phomvihane change en 1991 son titre de Secrétaire général du PPRL en Président du Comité central. La même année, il devient chef de l'État en remplacement de Phoumi Vongvichit qui assurait depuis 1986 l'intérim de Souphanouvong malade. Mort l'année suivante, Kaysone est remplacé à la tête du parti par Khamtay Siphandone, qui devient président de la République en 1998. En 2006, Khamtay Siphandone laisse successivement ses postes de chef du parti et de chef de l'État à Choummaly Sayasone. Ce dernier reprend le titre de Secrétaire général. Le 10e Congrès du Parti populaire révolutionnaire lao en 2016, a élu M. Boungnang Vorachit au poste de Secrétaire général du Comité central du Parti populaire révolutionnaire lao. Ce Congrès, qui s’est ouvert lundi le s’est clos le vendredi .

En 1991, lors de son cinquième congrès, le PPRL a revendiqué 60 000 membres, soit environ 1 % de la population du Laos[16]. La direction du parti est composée d'un comité central, dont l'effectif est monté à 59 membres en 1991, et d'un Politburo, qui constitue son noyau dirigeant, et dont l'effectif est monté à 11 membres en 1993. Outre les secrétaires généraux successifs, les anciens premiers ministres Sisavath Keobounphanh et Boungnang Vorachit, membres de l'actuel Politburo, comptent parmi les personnages clé du parti.

Le PPRL, d'obédience marxiste-léniniste, est organisé selon les principes du centralisme démocratique. L'ouverture du Laos aux échanges internationaux et au socialisme de marché n'a pas modifié de manière notable le fonctionnement du parti[17].

Notes et références

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  1. Constitution du Laos, 1991, site de l'université de Perpignan
  2. Jean Deuve, Le royaume du Laos : Histoire évenementielle de l'indépendance à la guerre américaine, L'Harmattan, 2003, page 33
  3. Bernard B. Fall, Anatomy of a crisis: the Laotian crisis of 1960-1961, Doubleday, 1969, page 112
  4. Maureen Covell, Martin Stuart-Fox, Laos: politics, economics, and society, F. Pinter, 1986, page 59
  5. Phou Ngeuan Souk Aloun, Histoire du Laos moderne, 1930-2000, L'Harmattan, 2003, page 123
  6. a et b Martin Stuart-Fox, A History of Laos, Cambridge University Press, 1997, page 215
  7. Carine Hahn, Le Laos, Karthala, 1999, page 127
  8. Do Xuan Tao, Joel Martin Halpern, William S. Turley, The training of Vietnamese communist cadres in Laos, Centre d'étude du sud-est asiatique et de l'Extrême Orient, 1977, page 17
  9. a et b Arthur J. Donnen, The Indochinese Experience of the French and the Americans: Nationalism and Communism in Cambodia, Laos, and Vietnam, Indiana University Press, 2002, page 494
  10. Martin Stuart-Fox, A History of Laos, Cambridge University Press, 1997, page 152
  11. a et b Southeast Asian affairs 1982, Institute of Southeast Asian Studies, 1983, page 214
  12. Carine Hahn, Le Laos, Karthala, 1999, page 124
  13. Carine Hahn, Le Laos, Karthala, 1999, page 128
  14. Carine Hahn, Le Laos, Karthala, 1999, page 139
  15. Carine Hahn, Le Laos, Karthala, 1999, pages 146-147
  16. Laos site de la Librairie du Congrès
  17. Carine Hahn, Le Laos, Karthala, 1999, pages 141-145

Voir également

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Liens externes

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