Parti social-démocrate suédois des travailleurs — Wikipédia

Parti social-démocrate suédois des travailleurs
(sv) Sveriges Socialdemokratiska Arbetareparti
Image illustrative de l’article Parti social-démocrate suédois des travailleurs
Logotype officiel.
Présentation
Présidente Magdalena Andersson
Fondation 23 avril 1889
Siège Sveavägen 68, Stockholm
Positionnement Centre gauche[1] à gauche[2]
Idéologie Social-démocratie
Affiliation européenne Parti socialiste européen
Affiliation internationale Internationale socialiste
Couleurs Rouge
Site web socialdemokraterna.se
Présidents de groupe
Riksdag Lena Hallengren
Représentation
Députés
107  /  349
Députés européens
5  /  20
Conseillers de comté
609  /  1662
Conseillers municipaux
4593  /  12978

Le Parti social-démocrate suédois des travailleurs (en suédois Sveriges Socialdemokratiska Arbetareparti ou SAP), communément appelé « Les sociaux-démocrates » (Socialdemokraterna, S), est un parti politique suédois d'orientation sociale-démocrate fondé en 1889. Il est le plus ancien ainsi que, de manière systématique depuis les élections législatives de septembre 1914, le premier parti politique en Suède. Il a gouverné le pays 80 ans en plus d'un siècle de démocratie[3].

L'idéologie du SAP est, en théorie, une révision du marxisme orthodoxe. Son programme est très tôt qualifié de social-démocrate ou relevant du socialisme démocratique. Ses membres soutiennent une vaste politique sociale fondée sur la fiscalité. Ces derniers temps, ils sont devenus de fervents partisans du féminisme, de diverses formes d'égalité et d'équité, tout en dénonçant fermement toutes les formes de discrimination et de racisme.

Le SAP est au pouvoir sans discontinuer entre 1936 et 1976, puis à nouveau entre 1982 et 1991 et de 1994 à 2006, lorsque Göran Persson, dirigeant du parti et Premier ministre de Suède, est défait à la suite des élections législatives du . Membre de l'opposition au Riksdag de 2006 à 2014, le parti revient au pouvoir avec Stefan Löfven après les élections législatives du , à l'issue desquelles il forme une coalition avec les écologistes.

Il est renvoyé dans l'opposition à la suite des élections législatives du , lorsque la dirigeante du parti Magdalena Andersson se voit remplacer à la tête du gouvernement par le modéré Ulf Kristersson, après le mandat le plus court depuis 1936.

Résultats aux élections de 2006

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À l’issue des élections générales suédoises de 2006, le SAP a obtenu le plus mauvais score de son histoire au niveau national depuis l’instauration du suffrage universel. Avec seulement 35 % des voix, il reste le premier parti mais perd le scrutin face à l’opposition de centre droit, coalisée au sein de l’Alliance pour la Suède. Les voix ayant manqué aux sociaux-démocrate lors de ces élections ont été celles des retraités (en baisse de 10 % par rapport aux élections de 2002) et des ouvriers (en baisse de 5 %). Le résultat de l’addition des suffrages obtenus par le SAP et son allié historique, le Parti de gauche parmi les Suédois d’origine étrangère s’est effondré de 73 % en 2002 à 48 % en 2006. Dans le comté de Stockholm, fief historique de la bourgeoisie, seuls 23 % des habitants ont voté social-démocrate. C’est un facteur très important à prendre en compte, le comté de Stockholm étant le plus peuplé et le plus dynamique du pays.

Actuellement, le Parti social-démocrate compte environ 125 000 membres, dont environ 2 540 associations locales et environ 500 autres associations diverses. Les origines sociales des membres sont diverses, mais les ouvriers et les employés du secteur public sont les plus nombreux. Le parti entretient des rapports historiques avec la Confédération suédoise des syndicats (Landsorganisationen i Sverige communément appelé LO), mais en tant qu’organe corporatiste, le Parti social-démocrate a formé un compromis politique dans la médiation avec les fédérations patronales (en particulier la Confédération des entreprises suédoises et de ses prédécesseurs), ainsi qu’avec les fédérations syndicales. Le parti est membre de l’Internationale socialiste, du Parti socialiste européen et du SAMAK (en) (Arbettarrörelsens nordiske samarbejdskommitté, une association de partis sociaux-démocrates nord-européens).

Le , le Parti social-démocrate et les deux autres partis de la gauche parlementaire suédoise, le Parti de gauche et les Verts, ont formé leur propre coalition, baptisée « Les Rouges-verts », en vue des élections générales de 2010.

Origines idéologiques

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Depuis son arrivée au pouvoir en 1920, l'idéologie et les politiques menées par le Parti social-démocrate suédois des travailleurs ont une forte influence sur la politique suédoise dans son ensemble[4].

L'idéologie sociale-démocrate suédoise est en partie une conséquence de la forte et bien organisée émancipation de la classe ouvrière dans les années 1880 et 1890, de la tempérance et des mouvements religieux, par le biais desquels les paysans et les organisations de travailleurs pénètrent très tôt les structures étatiques et ouvert la voie à la mise en place de politiques électorales. Ainsi, l'idéologie sociale-démocrate suédoise est fortement influencée par une longue tradition socialiste et par le désir d'épanouissement individuel[5]. Ces mouvements influencent la formation des fondamentaux du système partisan suédois, au moins en partie, tandis que la classe ouvrière et ses organisations connaissent moins la répression que d'autres pays, à l'image des États-Unis.

L'économiste Gunnar Adler-Karlsson (sv), membre du SAP, affirme en 1967 que la réussite du parti est liée aux efforts de ses membres en vue de priver le monarque de tout pouvoir tout en lui accordant un rôle politique honorifique. Il ajoute : « sans dangereuses et néfastes luttes internes […] Au bout de quelques décennies, ils [les capitalistes] deviendront, peut-être comme les rois, des symboles d'un développement étatique inférieur passé[6] ». Cependant, jusqu'à présent, cette ambition ne s'est jamais matérialisée.

Le libéralisme a aussi fortement imprégné l'idéologie sociale-démocrate. Il a notamment orienté les objectifs sociaux-démocrates vers la question de la sécurité, lorsque Tage Erlander, Premier ministre de 1946 à 1969, décrit la sécurité comme étant « un problème trop grave pour que l'individu puisse le résoudre seulement avec son propre pouvoir[7],[8] ». Durant les années 1980, quand le néo-libéralisme et le néo-conservatisme ont commencé à offrir une alternative, prônant la libéralisation de l'économie, le SAP s'est résolu à accepter le capitalisme, en acceptant de partager les objectifs d'augmentation de la croissance économique et de limitation des frictions sociales avec les partis de droite. Pour de nombreux sociaux-démocrates, le marxisme avait de toute manière échoué à garantir la possibilité de changer le monde pour le rendre plus juste et garantir un avenir meilleur[9]. En 1889, Hjalmar Branting, président du SAP de 1907 jusqu'à sa mort en 1925, affirmait : « Je crois que les travailleurs ont plus intérêt […] à faire pression pour l'obtention de réformes permettant un renforcement de leur position, plutôt que de dire que seule une révolution peut les aider »[10]. Certains observateurs ont fait valoir que cette libéralisation du parti aurait contribué à renforcer l'orientation néo-libérale des politiques et des idéologies, renforçant de fait le pouvoir des plus puissants acteurs du marché[11]. Selon cette logique, les économistes néoclassiques ont fermement encouragé le Parti social-démocrate à capituler devant le capital et la plupart de ses préférences traditionnelles et prérogatives, avec leur terme de « relations industrielles modernes »[12]. Les deux aspects socialiste et libéral du parti ont été influencés par la double adhésion à ces idéologies de l'un des premiers chefs du parti, Hjalmar Branting. Ils se manifestent dans les premières résolutions du SAP après son accession au pouvoir : réduction de la journée de travail à huit heures et instauration d'une franchise pour la classe ouvrière.

Organisation

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Les organisations au sein du mouvement social-démocrate suédois sont :

  • la Fédération nationale des femmes social-démocrates en Suède (S-kvinnor) ;
  • la Ligue des jeunes sociaux-démocrates suédois (Sveriges Socialdemokratiska Ungdomsförbund ou SSU) ;
  • les Étudiants sociaux-démocrates de Suède (Socialdemokratiska Studentförbundet) organisme universitaire ;
  • l’Association suédoise des chrétiens sociaux-démocrates (Broderskap).

En plus des dotations publiques et des donations, le parti finance aussi ses activités avec des revenus commerciaux issus de jeux d'argent et de loteries très implantés en Suède[13].

Base électorale

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Le Parti social-démocrate suédois a obtenu des scores compris entre 40 % et plus de 50 % des suffrages exprimés lors de toutes les élections générales ayant eu lieu entre 1940 et 1988, ce qui fait de lui un Parti politique national parmi les plus populaires ayant jamais existé dans le monde. L’électeur social-démocrate de base est issu de divers milieux, mais le parti est particulièrement puissant et organisé parmi les ouvriers.

Élections parlementaires

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Année Députés Votes % Rang Gouvernement
1896
1  /  230
206 0.1 6e Opposition
1899
1  /  230
313 0.2 5e
1902
4  /  230
1 991 1.1 4e
1905
13  /  230
11 480 5.3 4e
1908
34  /  230
36 307 11.8 3e
1911
64  /  230
172 196 28,5 3e
mars 1914
73  /  230
228 712 30,1 2e
septembre 1914
87  /  230
266 133 36,4 1er
1917
86  /  230
228 777 31,1 1er Edén et Branting I
1920
75  /  230
195 121 29,6 1er Opposition
1921
93  /  230
630 855 36,2 1er Branting II
1924
104  /  230
725 407 41,1 1er Branting III et Sandler
1928
90  /  230
873 931 37,0 1er Opposition
1932
104  /  230
1 040 689 41,7 1er Hansson I
1936
112  /  230
1 338 120 45,9 1er Hansson II
1940
134  /  230
1 546 804 53,8 1er Hansson III
1944
115  /  230
1 436 571 46,6 1er Hansson III et IV
1948
112  /  230
1 789 459 46,1 1er Erlander I
1952
110  /  230
1 742 284 46,1 1er Erlander II
1956
106  /  231
1 729 463 44,6 1er
1958
111  /  231
1 776 667 46,2 1er Erlander III
1960
114  /  232
2 033 016 47,8 1er
1964
113  /  233
2 006 923 47,3 1er
1968
125  /  233
2 420 242 50,1 1er
1970
163  /  350
2 256 369 45,3 1er Palme I
1973
156  /  350
2 247 727 43,6 1er
1976
152  /  349
2 324 603 42,8 1er Opposition
1979
154  /  349
2 356 234 43,2 1er
1982
166  /  349
2 533 250 45,6 1er Palme II
1985
159  /  349
2 487 551 44,7 1er
1988
156  /  349
2 321 826 43,2 1er Carlsson I et II
1991
138  /  349
2 062 761 37,7 1er Opposition
1994
161  /  349
2 513 905 45,3 1er Carlsson III
1998
131  /  349
1 914 426 36,4 1er Persson I
2002
144  /  349
2 113 560 39,9 1er
2006
130  /  349
1 942 625 35,0 1er Opposition
2010
112  /  349
1 827 497 30,7 1er
2014
113  /  349
1 932 711 31,0 1er Löfven
2018
100  /  349
1 830 386 28,3 1er
2022
107  /  349
1 964 474 30,3 1er Opposition

Élections européennes

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Année Députés Votes % Rang Groupe
1995
7  /  22
752 817 26,08 1er PSE
1999
6  /  22
657 497 25,99 1er
2004
5  /  19
616 963 24,56 1er S&D
2009
5  /  18
773 513 24,41 1er
2014
5  /  20
899 074 24,19 1er
2019
5  /  21
974 589 23,48 1er
2024
5  /  21
1 039 676 24,77 1er

Membres notables

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Présidents

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Premiers ministres

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Commissaires européens

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Notes et références

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  1. Jan-Erik Lane et Svante Ersson, Comparative European Politics, Routledge, , 3rd éd. (ISBN 978-1-134-07354-2), « The Nordic Countries: Compromise and Corporatism in the Welfare State », 261.
  2. (en) Josep M. Colomer, Comparative European Politics, Routledge, (ISBN 9781134073542, lire en ligne).
  3. Corinne Deloy, « Elections législatives suédoises : percée attendue des populistes de droite », sur www.robert-schuman.eu, (consulté le ).
  4. Samuelsson 1968.
  5. Alapuro 1999.
  6. Adler-Karlsson 1967, p. 101–102 ; cité par Berman 2006, p. 196.
  7. (sv) Tage Erlander, « SAP Congress Protokoll », dans Från Palm to Palme: Den Svenska Socialdemokratins Program, Stockholm, Rabén & Sjögren,  ; cité par Berman 2006, p. 196.
  8. Peter Abrahamson, « Le modèle scandinave de protection sociale », dans Comparer les systèmes de protection sociale en Europe du Nord et en France, Paris, MIRE-DREES, , p. 31-63.
  9. Berman 2006, p. 153.
  10. Dans une lettre adressée à Axel Danielsson en prison (1889), réimprimé en p. 189 de Från Palm to Palme: Den Svenska Socialdemokratins Program, Stockholm, Rabén & Sjögren ; cité par Berman 2006, p. 156.
  11. (en) « Undermining the Welfare State in Sweden », sur zmag.org, .
  12. (en) Juhana Vartiainen, « Social Democracy in Neoliberal Times », dans Andrew Glyn, Social Democracy in Neoliberal Times, Oxford University Press, , p. 21–52.
  13. Clément Vérité, « Vers la fin des loteries finançant les partis politiques suédois ? », sur Newsendip. L'actu d'ailleurs, (consulté le )

Bibliographie

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  • (en) Kurt Samuelsson, From great power to welfare state : 300 years of Swedish social development, Londres, George Allen & Unwin, .
  • (en) Risto Alapuro, On the repertoires of collective action in France and the Nordic countries, inconnu, .
  • (en) Sheri Berman, The Primacy of Politics : Social Democracy and the Making of Europe’s Twentieth Century, Cambridge, Cambridge University Press, .
  • (en) Gunnar Adler-Karlsson, Functional Socialism, Stockholm, Prisma, .

Liens externes

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