Pensée visuelle — Wikipédia

La pensée visuelle est un mode de pensée qui reposerait essentiellement sur les processus de traitement de l'information visuelle par le cerveau, en opposition à un mode de pensée analogue au traitement du langage, dit pensée linguistique ou encore pensée auditive. Bien que la dichotomie entre ces deux « modes » de pensée soit très souvent reprise dans la psychologie populaire, cette théorie est loin de faire l'unanimité parmi les psychologues scientifiques, à la fois parce que ses concepts sont trop flous et parce que les données expérimentales la justifiant sont trop rares.

L'histoire de la psychologie comprend toute une série de travaux sur cette question. Ils se sont intéressés à cette forme de pensée depuis les aspects les plus fréquents aux plus anormaux ou extrêmes, dans l'autisme par exemple.

Il est ainsi possible de citer, entre autres :

Ces études diverses, difficiles à mener par les seuls moyens de tests ou de l'introspection, sont reprises actuellement dans le cadre des neurosciences pour tenter de rapprocher les effets psychologiques avec les phénomènes enregistrables par l'imagerie cérébrale.

Des troubles divers ont ainsi été décrits par des personnes atteintes :

Les dates sont celles de la parution des ouvrages, mais le principe leur est largement antérieur puisque R. Davis travaillait déjà officiellement sur le phénomène depuis plus de dix ans.

Des recherches ont commencé en 1984 aux Pays-Bas sous le nom de beelddenken (pensée visuelle ou par images) avec Maria J. Krabbe[1].

La pensée visuelle est une approche globale moins sensible aux lacunes, mais qui supporte mal la segmentation. À titre d'exemple, l'expérience suivante permet de comprendre comment se pose le problème de la pensée visuelle.

Imaginez un dessinateur qui caricature l'un de vos proches. Il est probable que vous commenciez à rire avant que celui-ci n'ait fini son dessin. Vous n'avez pas eu besoin de tous les détails pour réaliser l'ensemble. Par contre, si le dessin est découpé comme pour un puzzle, il vous sera difficile de le comprendre sans l'avoir reconstitué.

L'image ne signifie pas nécessairement un dessin : un poème peut être tout à fait représentatif de la pensée visuelle. C'est l'hémisphère droit du cerveau qui semble en être le siège préférentiel.

En contraste, la pensée linguistique apparaît linéaire et séquentielle : plus rapide et efficace pour résoudre des problèmes simples dont on a toutes les données, c'est une suite logique dans le temps, comme un texte. Chaque chapitre doit donc être parfaitement terminé pour que l'on puisse y faire référence ultérieurement. Par contre, écrire plusieurs chapitres en même temps rend confus l'ensemble.

Le langage ne signifie pas forcément des mots, mais une indexation[pas clair] du sens. À ce titre, le panneau « stop » relève plus du langage, en tant que code, que de l'image. Ce mode de pensée serait rattaché à l'hémisphère cérébral gauche.

Penseurs visuels

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Bien que la notion de « penseur visuel » existe, il serait faux d'imaginer une séparation absolue. Il existe plutôt habituellement une façon de penser qui domine naturellement l'autre, comme on a un côté du corps qui domine l'autre. On parle alors de droitiers et de gauchers, mais cela peut être fonction des situations : l'écriture, le sport…

Les deux formes de réflexion, visuelle et linguistique, sont donc pratiquées par l'ensemble de la population. D'après les premières études, la forme linguistique est favorisée à l'âge adulte alors que les jeunes enfants âgés entre 2 et 7 ans, selon les travaux de Maria J. Krabbe, utiliseraient de préférence l'imagination visuelle.

Aux Pays-Bas, la fondation Maria J. Krabbe a étudié le phénomène et ses chercheurs ont imaginé une méthode pour mettre en évidence la pensée visuelle chez les enfants. Cette méthode, nommée « le wereldspel du monde », est basée sur l'expérience suivante : les enfants sont d'abord amenés à construire un village avec des blocs en bois et d'autres jouets. Plus tard, il leur est demandé de le reconstruire à l'identique. Les enfants qui y parviennent sont considérés comme des penseurs visuels.

Certaines formes de la dyslexie, de l'hyperactivité et de l'autisme y sont rattachés : il semble en effet qu'une majorité de dyslexiques et d'autistes favoriseraient la « pensée visuelle », mais par des processus qui ne sont pas encore clairement établis.

Les caractéristiques

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Les caractéristiques qui révèlent souvent les penseurs visuels sont :

  • les problèmes de mémorisation de suites de lettres abstraites, comme les noms ;
  • les problèmes pour expliquer les concepts qu'ils ont imaginés ;
  • l'écriture de textes dans un style parfois très tortueux ;
  • la facilité et le plaisir à lire ou à utiliser des constructions narratives élaborées ; facilité qu'ils perdent dès qu'il leur est demandé de lire le même texte à haute voix, car ils doivent alors traduire les mots en sons ;
  • des difficultés pour retenir (abstraitement ?) les lieux et les positions relatives des objets qu'ils ont placés quelque part ;
  • la capacité de tirer des conclusions apparemment intuitives que la pensée linéaire aurait normalement beaucoup de mal à atteindre.

Pensée non linéaire

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Contrairement aux penseurs linguistiques, les penseurs visuels peuvent facilement arriver intuitivement et empiriquement à une conclusion. Ils ne raisonnent pas à l'aide du langage mais en manipulant des symboles logiques ou graphiques d'une façon non linéaire. Ils « voient » la ou les réponses au problème (car la pensée visuelle en arborescence permet aussi de voir plusieurs solutions en même temps, ce qui est plus difficile avec un mode de pensée verbale). La démonstration la plus explicite de l'existence des penseurs visuels se trouverait dans les arts graphiques modernes et dans toutes les professions où l'on utilise la perception visuelle (notamment en architecture et en ingénierie).

Intégration

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Les penseurs visuels vivant dans un monde majoritairement peuplé de penseurs linguistiques, ils éprouvent quelques difficultés d'intégration.[réf. nécessaire]

La dyslexie

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En psychologie, réfléchir de manière visuelle est souvent confondu avec la dyslexie. Effectivement, les personnes qui « pensent en images » ont plus de difficultés à apprendre au sein du système éducatif moderne.[réf. nécessaire] Cependant les penseurs visuels, à moins évidemment d'être également dyslexiques, ne souffrent pas de tous les symptômes qui sont normalement associés à la dyslexie.

Il y a aussi une forme d'autisme associée à la pensée par les images (voir le syndrome d'Asperger).

La littérature sur la pensée visuelle

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Il existe relativement peu de livres sur ce phénomène. Aux Pays-Bas, il y a le carnet amusant des enfants « suis-je bien un penseur visuel ? ». Et un extrait de bande dessinée Tom Pouce de Marten Toonder, dans laquelle Wammes fait figurer de façon plastique la différence entre un penseur visuel et un penseur linguistique. Le livre Le don de dyslexie de Ronald D. Davis et Eldon M. Braun décrit la relation entre la pensée visuelle et la dyslexie[pertinence contestée]. Le livre Penser en images de Temple Grandin est un ouvrage de référence sur le sujet et est axée sur la réflexion des autistes par les images[2].

Articles connexes

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Notes et références

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  1. (nl) Stichting Beelddenken Nederland, « Maria J. Krabbe », sur www.stichtingbeelddenken.nl, Gouda (consulté le ).
  2. Dr Temple Grandin (trad. de l'anglais par Virginie Schaefer, préf. d'Oliver Sacks), Penser en images et autres témoignages sur l’autisme [« Thinking in pictures and other reports from my life with autism »], Paris, Éditions Odile Jacob, , 1re éd., 261 p., 22 cm (ISBN 2-7381-0487-8 et 978-2-7381-0487-8, OCLC 37621631, BNF 36169259, présentation en ligne).