Ishmael ben Phabi — Wikipédia
Ishmael ben Phabi (Phiabi ou Phiakhi) (hébreu: ישמעאל בן פיאבי) est le nom porté par deux grands-prêtres, appartenant à la même famille sacerdotale. Tous deux ont officié dans le Second Temple de Jérusalem au Ier siècle :
- Ishmael ben Phabi I, nommé par Valérius Gratus en 15[1] et remplacé « peu de temps après »[2] par Eléazar ben Hanan, également nommé par Gratus.
- Ishmael ben Phabi II, nommé par Hérode Agrippa II en 49[3] ou en 59[1]. Membre de la délégation envoyée à Rome vers 58-59[3] auprès de Néron pour régler l'opposition d'Agrippa II à la construction d'un mur dans le Temple, il fait partie des otages retenus à Rome[1] à l'instigation de l'épouse de l'empereur, Poppée[2]. Joseph ben Simon[1], dit Cabi, lui succède[4]. Il est mentionné à plusieurs reprises dans la littérature tannaïtique et talmudique. Il est peut-être à identifier au grand-prêtre « Ishmael » dont Flavius Josèphe rapporte la décapitation à Cyrène vers 70[5].
La famille Phabi
[modifier | modifier le code]La famille Phabi, l'une des lignées sacerdotales parmi lesquelles les grands-prêtres étaient désignés à l'époque du Second Temple, semble être d'origine égyptienne[1]. Elle pourrait s'être installée en Judée sous le règne d'Hérode[1], qui nomme Yoshoua ben Phabi grand-prêtre.
Des historiens ont souligné la tendance d'Hérode à nommer des grands-prêtres d'origine étrangère. Yoshua ben Phabi est en effet nommé à la suite de Hananel, lui-même d'origine égyptienne ou babylonienne.
Ishmael ben Phabi dans la Mishna et le Talmud
[modifier | modifier le code]Selon la Mishna[6], Ishmael ben Phabi compte parmi les grands prêtres qui ont préparé les cendres de la vache rousse, rite qui n'aurait été accompli que 7 ou 9 fois à l'époque du Second Temple[1]. Il aurait réalisé le rituel par deux fois[7] : la première fois après le coucher du soleil, selon la coutume des Sadducéens, contrevenant aux exigences des Sages (Pharisiens) ; il s'exécute alors une seconde fois avant le coucher du soleil[1]. Certains exégètes attribuent cet acte au premier Ishmael[1].
Un Ishmaël ben Phiabi est mentionné à plusieurs reprises dans le Talmud comme un homme juste, mais il n'est pas clair auquel des deux cela se réfère[1]. Si sa famille est critiquée par les Sages à cause de son usage de la force[8], Rachi précise que ce n'est pas le cas d'Ishmael lui-même[9]. Il est, au contraire, loué comme un « disciple » de Pinhas, modèle pour la grand-prêtrise[10], incarnant la splendeur de la prêtrise par excellence, qui a, selon la Mishna, disparu du monde avec lui[11].
Commentaires
[modifier | modifier le code]Le Maharsh"a suggère qu'Ishmael ben Phiabi et Rabbi Ishmael ben Qimhit[12], qui a également été grand-prêtre, pourraient n'être qu'une personne[13] : Qimhit serait le nom de la mère d'Ishmael tandis que Phiabi serait celui de son père (ou de son lignage paternel).
Le Talmud mentionne en effet les grandes mains d'Ishmael ben Qimhit[12], et le fait qu'il fut remplacé, lors de sa période d'impureté rituelle, par l'un de ses frères[12].
Par ailleurs, la tunique confectionnée pour Ishmaël ben Phiabi par sa mère est mentionnée à plusieurs reprises[14].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Roth 2007, p. 84.
- Schwartz 1992, p. 218.
- Schwartz 1992, p. 239.
- Flavius Josèphe, Antiquités XX:194-196
- Guerre des Juifs, 6, 114, cité par Louis H. Feldman (traduction et commentaires), Flavius Josephus : Judean antiquities 1-4, Brill, (ISBN 978-0-391-04221-6), p. 328
- Mishna Para 3:5
- Tossefta Para 3:4
- T.B. Pessahim 57a : אמר אבא שאול בן בטנית משום אבא יוסף בן חנין אוי לי מבית בייתוס אוי לי מאלתן אוי לי מבית חנין אוי לי מלחישתן אוי לי מבית קתרוס אוי לי מקולמוסן אוי לי מבית ישמעאל בן פיאכי אוי לי מאגרופן שהם כהנים גדולים ובניהן גיזברין וחתניהם אמרכלין ועבדיהן חובטין את העם במקלות
Abba Shaoul ben Bathnit a dit au nom d'Abba Yosseph ben Hanin : Malheur à moi à cause de la maison de Bœthus, malheur à moi à cause de leurs bâtons. Malheur à moi à cause de la maison de Hanin, malheur à moi à cause de leurs conciliabules. Malheur à moi à cause de la maison de Kathros, malheur à moi à cause de leurs plumes [de leurs mauvais écrits ou décrets]. Malheur à moi à cause de la maison d'Ishmael ben Piakhi, malheur à moi à cause de leurs poings. Car tous étaient grands-prêtres, leurs fils étaient trésoriers, leurs beaux-fils étaient chambellans, et leurs serviteurs nous frappaient avec leurs bâtons. - Rachi ad loc.: ישמעאל בן פיאכי - כשר היה, אבל אנשי ביתו היו בעלי זרוע
Ishmael ben Piakhi — il était correct, mais les gens de sa maison faisaient usage de la force. - T.B. Pessahim 57a : תנו רבנן ארבע צווחות צוחה עזרה ראשונה צאו מכאן בני עלי שטימאו היכל ה' ועוד צווחה צא מיכן יששכר איש כפר ברקאי שמכבד את עצמו ומחלל קדשי שמים דהוה כריך ידיה בשיראי ועביד עבודה ועוד צווחה העזרה שאו שערים ראשיכם ויכנס ישמעאל בן פיאכי תלמידו של פנחס וישמש בכהונה גדולה ועוד צווחה העזרה שאו שערים ראשיכם ויכנס יוחנן בן נרבאי תלמידו של פנקאי וימלא כריסו מקדשי שמים
Nos maîtres ont enseigné : Le parvis du Temple poussait 4 cris : Sortez de là, fils d'Eli, qui avez rendu impur le sanctuaire du Nom. Encore un cri: Sors de là, Issakhar de Kfar Barkaï, qui s'honore lui-même tout en profanant les choses consacrées à Dieu car il s'entoure les mains avec des tissus de soie pour célébrer le service du culte. Autre cri : élevez vos têtes, portes, qu'entre Ishmael ben Piakhi, le bon disciple de Pinhas, et qu'il assure le service du grand-prêtre. Élevez vos têtes, portes, qu'entre Yohanan fils de Narbaï, et qu'il se remplisse le ventre des saintes offrandes. - Mishna Sota 9:16 ; Rachi commente בטל זיו הכהונה - שהיה חכם ועשיר, וכהנים רבים אוכלים על שולחנו (la splendeur de la prêtrise a disparu — car il était sage et riche, et de nombreux prêtres mangeaient à sa table).
- Cf. T.B. Yoma 47a.
- Hiddoushei Aggadot sur ce passage
- Tossefta Yoma 1:14 ; voir aussi T.B. Yoma 35b et T.J. Yoma 3:5.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Lea Roth, « Ishmael ben Phiabi (Phabi) II », dans Fred Skolnik (éd.), Encyclopaedia Judaica, vol. 10, Thomson Gale, (ISBN 978-0-02-865938-1), p. 84.
- (en) Daniel R. Schwartz, Studies in the Jewish Background of Christianity, Mohr Siebeck, coll. « WUNT » (no 60), (ISBN 978-3-16-145798-2, lire en ligne), « Ishmael ben Phiabi and the Chronology of Provincia Judaea », p. 218-242.
- (he) Joseph Klausner, Historiyah shel ha-Bayit ha-Sheni [« Histoire du Second Temple »], vol. 5, Jerusalem, Ahiasaf, , p. 21–22, 24–26.