Polina Jemtchoujina — Wikipédia

Polina Jemtchoujina
Полина Жемчужина
Illustration.
Polina Jemtchoujina en 1936.
Fonctions
Commissaire du peuple à la Pêche

(10 mois et 2 jours)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Alexandre Ichkov
Biographie
Nom de naissance Perle Solomonovna Karpovskaïa
Date de naissance
Lieu de naissance Polohy, gouvernement de Iekaterinoslav
Date de décès (à 73 ans)
Lieu de décès Moscou, RSFS de Russie
Nationalité Russe puis Soviétique
Conjoint Viatcheslav Molotov
Famille Viatcheslav Nikonov (petit-fils)

Polina Semionovna Jemtchoujina (en russe : Полина Семёновна Жемчужина), née Perle Solomonovna Karpovskaïa le à Polohy et morte le à Moscou, est une femme d'État soviétique. Elle était l'épouse du ministre soviétique Viatcheslav Molotov.

Fille d'un modeste tailleur juif, elle naît dans le village de Polohy, près d'Alexandrovsk, dans le gouvernement de Iekaterinoslav (aujourd'hui l'oblast de Zaporijia, en Ukraine)[1].

Ascension politique

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Elle rejoint la fraction bolchevik du Parti ouvrier social-démocrate de Russie en 1918 et devient « commissaire à la propagande » au sein de l'Armée rouge pendant la guerre civile russe. En tant que communiste, elle change son nom de famille en Jemtchoujina, ce qui signifie « perle » (traduction de son ancien prénom)[1].

En 1921, elle épouse Viatcheslav Molotov, alors membre du Comité central du PCUS[1]. Elle grimpe rapidement dans la hiérarchie étatique soviétique, travaillant au commissariat du peuple à l'Alimentation sous la direction d'Anastase Mikoïan avant de devenir commissaire du peuple à la Pêche, en 1939. La même année, elle est élue membre du Comité central[2],[3]. Elle demanda également à Staline la création d’une industrie cosmétique soviétique, ce qui se traduisit par son placement, avec l’aide de Mikoïan, à la tête de la société de parfumerie T.J.[4].

Relations tendues avec Staline

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Durant les années 1920, sa sœur émigre en Palestine, alors sous mandat britannique ; son frère est un homme d'affaires qui a fait fortune aux États-Unis[5]. Selon l'historien Jaurès Medvedev, Staline est très méfiant à l'égard de la femme de Molotov, pensant même qu'elle l'influençait de manière négative. Il demande alors à Molotov de divorcer.

Dans la cité constructiviste des quais de la Moskova où résident les principaux apparatchiks, les Molotov occupent l'appartement voisin des Staline. Polina Jemtchoujina et la femme de Staline, Nadejda Allilouïeva, deviennent ainsi des amies proches. En , Polina soutient son amie, sévèrement réprimandée lors d'un dîner en compagnie d'amis[5]. Le lendemain matin, Nadejda Allilouïeva est retrouvée morte : c'est apparemment un suicide. Cet événement alimente dès lors une haine secrète de Staline envers celle qui fut la dernière à parler à son épouse[5].

Lors d'une réunion secrète du Politburo, le , le point 33 de l'ordre du jour concerne « la camarade Jemtchoujina » et ses présumées « connexions avec des espions ». Cela conduit à une demande de vérification auprès du NKVD. Comme il était d'usage au cours des Grandes Purges, plusieurs de ses collègues sont arrêtés et interrogés, mais les « preuves » (souvent acquises par la torture) contre elle sont si contradictoires, que le Politburo conclut que « les allégations sur la participation de la camarade Jemtchoujina à des actes de sabotage et d'espionnage sont diffamatoires ». Toutefois, elle est sévèrement réprimandée et rétrogradée pour avoir « eu sans le savoir des contacts avec des éléments ennemis, facilitant ainsi leurs missions d'espionnage ». En février 1941, elle est exclue du Comité central.

Liens avec la culture juive

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Pendant la Seconde Guerre mondiale, Polina Jemtchoujina soutient activement le Comité antifasciste juif et se lie d'amitié avec bon nombre de ses membres éminents, comme Solomon Mikhoels. Elle assiste régulièrement à des spectacles du théâtre d'État juif de Moscou[6]. Elle se lie d'amitié avec Golda Meir, qui arrive à Moscou en , en tant que première ambassadrice israélienne en URSS[7].

Arrestation et réhabilitation

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Molotov et son épouse Jemtchoujina en 1960.
Tombe.

C'est le prétexte que Staline attendait : Jemtchoujina est arrêtée en pour « trahison », sur des accusations forgées de toutes pièces, après son divorce avec Molotov. Elle est condamnée à cinq années de relégation dans l'oblast de Koustanaï, au Kazakhstan. Après la mort de Staline, en , elle est réhabilitée et retrouve finalement son mari grâce à Beria[8].

Le couple, remarié, vit alors comme des staliniens impénitents dans l'immeuble Granovski, près du Kremlin. Elle meurt en 1970 à l'âge de 73 ans. Elle est enterrée au cimetière de Novodevitchi.

Vie privée et personnalité

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Ambitieuse[4], elle fut qualifiée par Anastase Mikoïan de « capable, intelligente et vigoureuse », mais « hautaine »[9]. Assez snob, elle s’étonnait de la modestie des familles des autres dirigeants, réprimandant la femme d’Anastase Mikoïan pour la pauvreté des vêtements de ses enfants alors qu’elle était « femme d’un membre du Politburo »[10]. Elle eut une fille unique de son mari Viatcheslav Molotov, prénommée Svetlana (1929-1989) qui fit des études d'histoire et épousa un universitaire. Ils eurent un fils, Viatcheslav Nikonov (né en 1956), député et auteur de biographies sur Molotov.

Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Shimon Redlich, War, the Holocaust and Stalinism : A Documented History of the Jewish Anti-Fascist Committee in the USSR, Routledge, , 548 p. (ISBN 978-1-134-36710-8, lire en ligne), p. 43, 47, 58, 149-150, 162, 253, 448. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Rachel Polonsky, Molotov's Magic Lantern : A Journey in Russian History, Faber & Faber, , 416 p. (ISBN 978-0-571-25827-7, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Larisa Vasileva, Kremlin Wives : The Secret Lives of the Women Behind the Kremlin Walls—From Lenin to Gorbachev, Arcade Publishing, , 251 p. (ISBN 978-1-55970-260-7, lire en ligne), p. 136-160. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Simon Sebag Montefiore (trad. de l'anglais par Florence La Bruyère et Antonina Roubichou-Stretz), Staline : La cour du tsar rouge, vol. I. 1929-1941, Paris, Perrin, , 723 p. (ISBN 978-2-262-03434-4). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Notes et références

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  1. a b et c Rachel Polonsky, p. 69.
  2. Rachel Polonsky, p. 70.
  3. (en) Larisa Vasileva, Kremlin Wives, The Secret Lives of the Women Behind the Kremlin Walls—From Lenin to Gorbachev, Arcade Publishing 1994, 251 pages, (ISBN 9781559702607), p. 137 - [1]
  4. a et b Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 80.
  5. a b et c La ris à Vasileva, p. 137.
  6. Shimon Redlich, p. 149.
  7. Larisa Vasileva, p. 142.
  8. Larisa Vasileva, p. 155.
  9. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 81.
  10. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 82.

Article connexe

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Liens externes

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