Ptychodus — Wikipédia

Ptychodus est un genre éteint de requins lamniformes, de la famille des Ptychodontidae (Ptychodontidés). Ces requins ont vécu entre le Crétacé supérieur et le début du Paléocène (Danien), il y a entre environ 99,6 et 61,7 Ma (millions d'années). Ils sont connus en Amérique, en Europe et en Asie.

Le nom de ce genre est construit sur le grec πτυχή / ptukhê (« pli ») et ὀδούς / odoús (« dent »), et signifie donc « dent plissée »[2].

Dent de Ptychodus mammillaris.

Les premières dents de Ptychodus, provenant de la craie anglaise, sont mentionnées en 1729, puis d'autres sont découvertes en Angleterre et en Allemagne. Le genre est décrit officiellement en 1834[3] par le naturaliste suisse Louis Agassiz, qui en démontre l'affinité avec les requins (ces fossiles étaient auparavant interprétés comme des palais de diodons, des poissons actinoptérygiens)[4]. D'autres restes, isolés et fragmentaires (des dents et des mâchoires, semblables à celles des Hybodontiformes), sont ensuite collectés dans les dépôts crétacés du monde entier, de l'Albien au Campanien[5]. Mais si la fonction broyeuse de la puissante denture de ce genre est établie, la morphologie générale de ces grands prédateurs (d'une longueur estimée à 10 m[5]) et leurs affinités au sein des Élasmobranches (requins et raies) font longtemps l'objet d'un vif débat parmi la communauté ichtyologique[3].

La situation change en 2024, après la la découverte au Mexique de spécimens de Ptychodus complets et exceptionnellement bien préservés, datés du Crétacé supérieur. Les analyses phylogénétiques et écomorphologiques montrent que c'étaient de grands requins pélagiques au corps fuselé, et que les Ptychodontidés appartiennent à l'ordre des Lamniformes (et non des Hybodontiformes comme on le pensait auparavant), un groupe très diversifié au Crétacé et encore bien représenté aujourd'hui[3].

Alimentation

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Les Ptychodontidés étaient des prédateurs très spécialisés et uniques parmi les Élasmobranches, ciblant des organismes nageurs à coquille ou à carapace tels que les ammonites ou les tortues marines[3].

Cette hyperspécialisation trophique est peut-être à l'origine de l'extinction des Ptychodus au Campanien, quelque 10 millions d'années avant la crise K-Pg. Cette extinction pourrait être liée à l'émergence, à la même période, de compétiteurs écologiques (les mosasaures durophages, notamment des genres Globidens et Prognathodon)[3],[5].

Liste des espèces

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Notes et références

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  1. L. Agassiz, 1837, Recherches sur les poissons fossiles. Tome III (livr. 8-9). Imprimerie de Petitpierre, Neuchâtel viii-72
  2. (en) Michelle L. David, A historical and mechanical description of Ptychodus (Chondrichthyes) dententions with notes on the distribution and systematics of the genus (thèse MSc), (DOI 10.58809/HLBN2875).
  3. a b c d et e Romain Vullo, « Un mystère paléontologique séculaire enfin résolu ! », sur INSU, (consulté le ).
  4. A. Brignon, 2019, Le diodon devenu requin : l'histoire des premières découvertes du genre Ptychodus (Chondrichthyes). Publié par l'auteur, Bourg-la-Reine, 100 pp., (ISBN 9782956547921) (imprimé), 2956547925 (ebook)
  5. a b et c (en) Romain Vullo, Eduardo Villalobos-Segura, Manuel Amadori, Jürgen Kriwet, Eberhard Frey et al., « Exceptionally preserved shark fossils from Mexico elucidate the long-standing enigma of the Cretaceous elasmobranch Ptychodus », Proceedings of the Royal Society B,‎ (DOI 10.1098/rspb.2024.0262).

Références taxinomiques

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(en) Référence Paleobiology Database : Ptychodus Agassiz, 1837

Liens externes

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