René Margotton — Wikipédia

René Margotton
René Margotton dans son atelier.
Naissance
Décès
Nom de naissance
René Daniel Margotton
Nationalité
Activité
Formation
Maître
Mouvement
Distinction

René Daniel Margotton, né le à Roanne (Loire) et mort le à Paris[1], est un peintre, illustrateur et lithographe français.

René Margotton n'a pas connu son père, dessinateur et violoniste de talent disparu en 1915 sur le champ de bataille de la Marne. Dès sa prime enfance il se passionne pour le dessin, les couleurs, et peint ses premières huiles à Marseille. Il peindra sa première peinture à l'huile en 1927 à l'âge de 12 ans[2]. Habitant Roanne avec sa mère et son frère Henri, il devance l'appel, s'engage dans l'aviation. Mobilisé en 1939, l'armistice lui permet de retrouver son foyer et de reprendre ses travaux. C'est vers cette époque en 1941 qu'il découvre les maîtres contemporains de l'Art Moderne et prend contact avec Jean Puy son compatriote. Il peint beaucoup sur le motif[3] et présente plusieurs expositions, en province[4],[5] . La difficile période de l'Occupation passée, il s'établit à Paris en 1945 dans un appartement du 17e arrondissement avec son épouse et ses deux enfants Roland et Bernard (Bernard Romain).

Atelier Fernand Léger à Gif-sur-Yvette (1955).
L'annonciation (1949).
Be-bop (1949).

Il entre à l'École des beaux-arts. Il fréquente beaucoup les musées et entre dans l’atelier de Fernand Léger en 1948[6], peintre pour lequel il éprouve une grande admiration et dont il conservera l'amitié jusqu’à sa mort en 1955. Au cours d'une de ses nombreuses visites, il peindra une gouache de l'atelier de Fernand Léger à Gif-sur-Yvette représentant la maison dite "Le Gros Tilleul" en raison de l'arbre qui trônait devant, avec une œuvre du maître "la fleur qui marche". C'est dans cette maison que décédera Fernand Léger[7] quelques jours après.

Dans ses mémoires d'une jeunesse un peu folle, Margotton évoque sa vie à Montparnasse « Ah ! Montparnasse ! A chaque fois, cette exclamation emplit mon cœur d'une douce émotion nostalgique. Je revis les souvenirs de ma jeunesse aux Beaux-Arts où j'étais le condisciple de Bernard Buffet. c'étaient les années 46 à 50. Ma mère habitait près d'Alésia, j'étais presque un "Montparnos". Avec ma petite épouse nous allions dans les caves de Saint-Germain-des-Prés, l'on y rencontrait Juliette Gréco, Claude Luter, et puis les rendez-vous du peintre à La Coupole, les anciens évoquant les années 20, les Années folles ! Avec les amis, les copains, nous "buvions" leurs récits, emportés d'espoir, de réussite, de célébrité ! Et l'on en rencontrait des célébrités... Quelques années plus tard, je côtoyais Maurice Utrillo, Raoul Dufy, Foujita et bien d'autres devenus célèbres, que vendaient mes marchands. C'est encore à Montparnasse que je fis mes premières expositions[8],[9]; je travaillais alors à l'atelier de Fernand Léger, quel bon maître ! ; Ah oui ! Montparnasse sera toujours et plus que jamais le symbole d'une époque où les artistes vivaient d'un quotidien souvent difficile, mais combien libres et heureux. » C’est concrètement pour l'artiste, sur le plan économique, la vie difficile décrite dans la chanson de Charles Aznavour : La Bohème.

Il conservera un certain temps l’influence de Fernand Léger avant de trouver sa propre voie. Il est donc l’héritier des cubistes et considéré comme l'un des derniers, avec tout ce que cela implique de rigueur et d’équilibre dans la composition de ses peintures.

Dans sa préface sur Margotton, Alain Bosquet de l'Académie Française écrit : « La féerie qui préside à ces paysages, Margotton l'introduit avec le même bonheur dans ses scènes de genre. Tous ses jeunes hommes sont des merlin qui descendent d'une autre planète pour nous étourdir et nous détourner de notre raison ; toutes ces jouvencelles sont des fées qui pourraient, comme les valseuses de Hoffmann, se révéler de cire et de soupir, afin de mieux nous tuer d'émotion. Même ses tableaux religieux - qui ne manquent pas de souffle épique - Margotton les baigne d'étrangeté: un lyrisme où nous reconnaissons mille jalons de notre passé et qui s'agrémentent de bonheurs nouveaux. Je pourrais, si je me voulais pédant, dire que ce peintre réussit, pour les amateurs d'avant-garde ou de philosophie, à rendre abstrait le concret, à conjuguer le figuratif et le non-figuratif et à substituer au sein même de l'image les éléments chargés de la nier. Ces arguties-là seraient pertinentes et sans effet : Margotton a le don d'émerveillement, et celui-ci ne souffre pas l'exégèse pesante. Contentons-nous, en sa compagnie, d'avoir des ailes. »

Contemporain peignant la Joconde.
Vitrail pour le palais des évêques, Musée Margotton.

De nombreuses expositions, notamment avec l'École de Paris, le font dès lors connaître des collectionneurs français et étrangers et ses œuvres empreintes de féerie et de sensualité obtiennent vite un succès mondial. Consacré plus tard « peintre de la lumière »[10] , on trouve dans ses compositions hardies un climat souvent surréaliste qui ajoute dans toutes ses toiles un élément cosmique[11]. Par la technique et la puissance de ses couleurs, il fait penser aux grands maîtres de la Renaissance italienne. Marcel Espiau voit dans son œuvre « une faculté d'invention nerveuse, une tension cérébrale qui force les portes de l'inconnu. Il crée. Ce n'est point d'ailleurs, qu'il se sépare tout à fait des formes habituelles, mais il les malaxe dans une architecture si personnelle, qu'elles prennent parfois des aspects provocants. »

En 1979, il participe à la biennale internationale de l’art sacré. Il se lance ensuite dans des réalisations en gemmail, un art du vitrail qu’il pratiquera pour des compositions destinées à diverses églises dont l'Église Saint-Martin de Valaurie[12], la Basilique Saint-Martin de Tours[13] et la basilique Saint-Pie-X[14] à Lourdes où 20 gemmaux ont été exécutés d’après ses œuvres entre 1989 et 1993 [15].


Dans un texte manuscrit[16] qu'il écrira vers la fin de sa vie transparait sa passion pour le mysticisme et le fantastique « Ne suis-je pas né d'autres vies, d'autres sphères, envoyé dans cette vie, sur cette planète... » Il décède le dans son atelier parisien du 44 de la rue des Moines et sera enterré à Roanne dans sa ville natale[17]. Le Ministre de la Culture Frédéric Mitterrand lui rendra hommage en référence à la poésie de son œuvre « C'est un grand artiste qui s'en va et un homme d'une rare qualité d'âme qui, tout au long de sa vie, nous aura fait rêver ».

En septembre 2010, à Albi, une grande rétrospective de son œuvre est organisée dans la vermicellerie d'Albi, les Moulins Albigeois[18].

Le musée Margotton

[modifier | modifier le code]

L'ancien Palais des Évêques de Bourg-Saint-Andéol abrite le musée Margotton[19]. Son œuvre sacrée est exposée dans la chapelle[20] de style néo-gothique du XIXe siècle et dans différentes salles. D'autres peintures sont visibles dans les salles du palais.

Ouvrages illustrés

[modifier | modifier le code]

Lithographies

[modifier | modifier le code]

Collections publiques

[modifier | modifier le code]

Collections privées

[modifier | modifier le code]

Expositions

[modifier | modifier le code]

Expositions personnelles

[modifier | modifier le code]

Depuis 1937 :

Expositions collectives avec "l'École de Paris" [29]

[modifier | modifier le code]

Depuis 1949 :

Radio, télévision et filmographie

[modifier | modifier le code]

René Margotton a participé à des débats radiodiffusés et a été présenté sur les chaînes de télévision américaines[réf. nécessaire]. La télévision française a réalisé plusieurs séquences sur son œuvre au cours d’expositions particulières et à son atelier parisien [30].

Le cinéaste Lucien Le Chevalier a réalisé un film sur l’œuvre de René Margotton [31].

Récompenses

[modifier | modifier le code]
  • 1979 : lauréat de la biennale internationale du gemmail et de l’art sacré, 1979 [32].
  • 1979 : peintre de la Lumière.
  • Prix international de peinture (JEA, France et Outre-Mer).
  • Lauréat du gemmail de la Ville de Tours.

Distinctions

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. sa première peinture à l'huile à l'âge de 12 ans
  3. Débarquement en Provence ( aquarelle )
  4. L'Union Républicaine Aquarelles peintures à l'huile 31 Oct.21 Nov.1942 Stand Primerose
  5. Exposition Musée Joseph Déchelette Roanne 1943
  6. Dédicace de Fernand Léger devant une sculpture de son élève René Margotton : voir la photo dédicacée dans l'atelier de Fernand Léger.
  7. Faire-part de décès annoté de la main de R.Margotton
  8. Galerie Artemont Boulevard Saint Placide, Galerie Montparnasse47affiche d'exposition.
  9. Galerie Saint Placide
  10. Il obtient le Prix du Gemmail (l'Art de lumière) et est sacré "peintre de la lumière" pour son gemmail "mourir pour la revoir" en présence d'Alain Poher et de Mgr Donze (La Depêche du Midi, 2 Juin 1979)
  11. Les Lettres Françaises, 1969.
  12. Inventaire du Patrimoine
  13. « Visite guidée en Anglais », sur basiliquesaintmartin.fr (consulté le ).
  14. Basilique Saint Pie X (partie Est basse de l’édifice)
  15. (en) « Friday 16th July 1858 The 18th and final apparition », sur lourdes-france.org (consulté le ).
  16. Texte manuscrit de René Margotton
  17. Dessin de l'artiste gravé sur sa tombe
  18. retrospective Margotton 2010
  19. « Musée René Margotton », sur Palais des Évêques, (consulté le ).
  20. patrimoine-religieux Chapelle du Pensionnat Saint Michel (dans l’ancien palais des eveques)
  21. Chalot et Associés, Fécamp, catalogue collection et succession Jef Friboulet, 3 juillet 2021.
  22. Salon 2010 Patronage de Nicolas Sarkozy, Hommage à René Margotton
  23. lexique artistique
  24. Document BNF
  25. mairie de Paris
  26. Internet archives
  27. Document BNF (ce salon n'existe plus)
  28. Journal "La France Australe" 17 Aout 1972 « Une exposition au sommet pour la première fois à Nouméa » invité d'honneur René Margotton
  29. Ecole de Paris,René Margotton dans la liste des peintres après la seconde Guerre Mondiale Historique de l'Ecole de Paris
  30. document ORTF pour reportage
  31. 1992 présentation du film René Margotton: peintre de la poésie Salle des Fêtes Mairie du 17ème Paris de Lucien Le Chevalier, studio "7è Art Production"
  32. http://navarre-dit-malherbe.fr/wp-content/uploads/2015/08/PDFGemmail.pdf
  33. http://meriteetdevouement.fr/accueil.html

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Éditions d'art Frost & Reed, n° 79, hiver 1961, Angleterre.
  • MARGOTTON, Éditions Eyrelle (préface d'Alain Bosquet), La Guerche-de-Bretagne, imprimerie Raynard, 1er trimestre 1988.
  • Rétrospective Albi MARGOTTON, Éditions Reflets des Arts, Graulhet, imprimerie Escourbiac,septembre/octobre 2010.
  • Annuaire de l'Art International, 15e édition.
  • « Peintres d’aujourd’hui », Figaro, Rhône-Alpes, , Valaurie.
  • Visages du XXè siècle, n° 70, "il était cent et un visages" Editions GRAPH 2000, décembre 2000.
  • APOLLO défenseur des Arts, , Bruxelles.
  • L'Amateur d'art, .
  • Lo Duca, Érotique de l'Art, Paris, La Jeune Parque, 1966.
  • Marcel De Villemoisson, « Hommage à Margotton 1915-2009 », France Monde Culture MOSAÏQUE n° 22, éditions Isiprint 15 rue de Pressenré, La Plaine Saint-Denis (présentation en ligne).

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :