Groupe SMCP — Wikipédia
Groupe SMCP | |
Création | 2010 |
---|---|
Dates clés | 1984, 1998, 2007, 2009, 2010, 2019 |
Personnages clés | Evelyne Chetrite, Judith Milgrom, Claudie Pierlot |
Forme juridique | Société anonyme à conseil d'administration (s.a.i.) (d)[1] |
Action | Euronext : SMCP |
Slogan | Inspirer le chic parisien dans le monde |
Siège social | France |
Direction | Isabelle Guichot (d) |
Actionnaires | Glas, fondateurs, flottant… |
Activité | Prêt-à-porter |
Produits | Habillement et accessoires |
Filiales | Sandro, Maje, Claudie Pierlot, De Fursac, SMCP North America, SMCP Asia |
Effectif | 6 400 fin 2019 |
SIREN | 819816943 |
TVA européenne | FR30819816943[2] |
Site web | www.smcp.com |
Capitalisation | 165,5 M€ ()[4] |
Chiffre d'affaires | 1,2 G€ ()[5] |
Résultat net | 50,2 M€ en 2018 [3] |
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Groupe SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot) est un groupe français regroupant des entreprises de prêt-à-porter. Basé à Paris, le groupe est fondé en 2010 et possède un portefeuille de 4 marques : Sandro, Maje, Claudie Pierlot et De Fursac. Le groupe prétend évoluer dans le secteur du luxe accessible[6] et qualifie ses marques de « parisien chic »[7]. Le groupe était dirigé par Daniel Lalonde[8] et est coté à la bourse de Paris.
Histoire
[modifier | modifier le code]Création et expansion
[modifier | modifier le code]En 1984, Evelyne Chetrite fonde la marque Sandro. Sa sœur, Judith Milgrom, travaille alors avec elle et crée sa marque Maje en 1998[9].
Le nom de la marque, « Maje », est l'assemblage de quatre lettres chères à la créatrice de la marque : « m » pour Milgrom, « a » pour Alain (frère de Judith et travaillant avec elle), « j » pour Judith et « e » en référence au prénom de sa sœur (Évelyne Chétrite fondatrice de Sandro)[10].
Sandro ouvre son premier magasin rue Vieille-du-Temple à Paris en 2004, suivant de près Maje, qui ouvre son premier magasin rue du Four en 2002[11].
En 2008, Ilan Chetrite, le fils d'Evelyne, fonde Sandro Homme, une marque de prêt-à-porter masculin. En 2009, la marque Claudie Pierlot est placée sous la direction de Dinah Emsalem, après le décès de la fondatrice : ceci conduit à la création du groupe SMCP en 2010[12]. Les trois marques restent assez faiblement segmentées[13].
À partir de 2010, le groupe change plusieurs fois d'actionnaires : L Capital (LVMH) et Florac (famille Louis-Dreyfus) entrent au capital cette même année avec une participation majoritaire de 51 %[14], les 49 % restants appartenant à Évelyne Chetrite, Judith Milgrom, Élie Kouby et Frédéric Biousse.
En 2011, le groupe ouvre son premier point de vente aux États-Unis, suivi en 2012 de Hong Kong. SMCP s’établit tout d’abord à New York puis Hong-Kong en 2013 suivi de Shanghai.
En 2013, Kohlberg Kravis Roberts & Co. devient actionnaire du groupe SMCP avec une participation de 70 %[15]. Daniel Lalonde est le PDG du groupe en 2014. Trois ans plus tard au printemps, alors que le groupe a en projet d'entrer en bourse[16], SMCP est acquis majoritairement par European TopSoho, holding luxembourgeoise de Shandong Ruyi Technology Group (groupe chinois intégré) pour environ 1,3 milliard d'euros[17]. Ce conglomérat implanté à Jining emploie 30 000 personnes, possède plus d'une dizaine d'usines de confection, 3 000 points de vente et réalise quatre milliards de dollars de chiffre d'affaires ; il est spécialisé en sous-traitance[18],[19]. Bien que privatisé en 2001, ce conglomérat reste « contrôlé par des fonds publics et le Parti communiste »[15]. SMCP est alors endetté de plusieurs centaines de millions d'euros[13]. Le pôle « création » reste en France, avec une trentaine de personnes[13]. Depuis le rachat d'une partie du groupe en 2016 par European TopSoho et les possibilités de financement du groupe asiatique, l'expansion continue. En 2017, un an après le rachat, un tiers du groupe est introduit à la bourse Euronext Paris[20],[21],[22]. La société est alors évaluée entre 1,7 milliard d'euros et presque 2 milliards[15]. En 2017, le groupe annonce son lancement sur le marché optique, en proposant des lunettes de soleil et de vue Sandro et Maje, en collaboration avec le lunetier Mondottica.
En , Isabelle Allouch prend la direction générale de Sandro après le départ de Jean-Philippe Hecquet, et Jean-Baptiste Dacquin lui succède au poste de Directeur Général de Claudie Pierlot[23]. Le groupe annonce fin 2019 l'acquisition de De Fursac, marque française de prêt-à-porter pour hommes fondée en 1973[24]. Au milieu de l'année 2021, Daniel Lalonde, présent depuis sept ans à la tête du groupe, démissionne[15].
En mars 2023, Sandro annonce l'ouverture de son deuxième magasin à Bahreïn[25].
Bataille d'actionnaires
[modifier | modifier le code]L'expansion du groupe chinois se fait à marche forcée depuis quelques années, telle une fuite en avant, multipliant les rachats, ouvertures (et également divers prêts se chiffrant en centaines de millions d'euros), sans qu'une réelle synergie se créée entre toutes les entités[26]. La pandémie vient, par dessus tout cela, compliquer la situation du prêt-à-porter et de la confection[26]. Vers 2021, le groupe est en difficulté financière et « négocie sa survie » auprès de ses créanciers[27] ; les problèmes financiers de son propriétaire chinois Shandong Ruyi, fragilisé entre-autres par la crise immobilière chinoise, viennent également s'additionner aux difficultés de SMCP. Dans son besoin de refinancement, le groupe chinois multiplie depuis un moment défauts de paiement, non tenue de ses engagements et faillites de certaines marques[26]. Le groupe affirme en septembre ne pouvoir rembourser une dette obligataire de 250 millions d'euros ; cette dette est transformée en actions, ouvrant ainsi la porte aux fonds créanciers pour prendre la tête de l'entreprise[17],[28],[29],[30] qui obtiennent ainsi 29 % du capital vers octobre[15].
En novembre, 16 % du capital de SMCP est vendu par European TopSoho à un ou des investisseurs inconnus[31] ; les actions sont transférées avec l'aide de BNP Paribas Securities dans le paradis fiscal des Îles Vierges[32],[15]. European TopSohose se désiste ainsi de pratiquement tout ce qu'il lui reste des actions de SMCP et qui restait sous la menace de rachat par les fonds d'investissements créanciers (regroupés sous l’appellation GLAS), ces derniers étant en droit de les réclamer[33]. Par la suite, Glas informe que les actions mises à l’abri ont été vendues à Dynamic Treasure, propriété de Chenran Qiu, pour un euro[34].
En , une assemblée générale à huis clos est organisée pour décider de la nouvelle gouvernance des marques Sandro, Maje et Claudie Pierlot[28]. Le groupe est en proie à une lutte interne entre les actionnaires chinois (surtout Yafu Qiu, propriétaire de Shandong Ruyi et jusque là président du conseil d'administration de SMCP) et des créanciers anglo-saxons[35] qui détiennent environ un quart des droits de vote[28]. Yafu Qiu, ainsi que cinq administrateurs chinois dont Chenran Qiu sa fille, sont révoqués par le fonds BlackRock associé à Boussard et Gavaudan, Anchorage ainsi que Carlyle[17],[32] en moins d'une heure.
SMCP précise que ces bouleversements pour la prise de pouvoir ne changent en rien son activité, « c'est une tempête au-dessus de l'entreprise » précise la directrice générale du groupe[17],[30], soulignant une bonne reprise commerciale sur l'année 2021[33]. Pourtant, la presse souligne que les précédentes batailles menées en France par les fonds d'investissements, comme Vivarte ou Camaïeu, pour prendre la tête des groupes textiles ont toutes mal fini[33].
Activité
[modifier | modifier le code]Pour l'année 2019, SMCP fait un chiffre d'affaires de 1,13 milliard d'euros[36] avec plus de 1 578 points de vente dans 41 pays différents. En 2019, SMCP réalise 65 % de ses ventes à l'international[37]. En décembre de la même année, le groupe SMCP avertit qu’il ne tiendrait pas en 2019 son objectif de résultat opérationnel, principalement en raison de la forte détérioration du marché à Hong Kong, provoquée par une baisse du trafic et par des fermetures temporaires de points de vente au cours des dernières semaines[38]. Les investissements promis n'ont pas eu lieu depuis le rachat en 2016[17].
Affaires et polémiques
[modifier | modifier le code]Plainte pour recel de crimes contre l'humanité
[modifier | modifier le code]En , Sherpa, le collectif Ethique sur l’étiquette, l’Institut ouïgour d’Europe et une Ouïgoure portent plainte en France contre « quatre multinationales de l’habillement, accusées de tirer profit du travail forcé imposé aux Ouïghours » au Xinjiang, une région au nord-ouest de la Chine[39]. Le Parquet national antiterroriste (PNAT) ouvre une enquête en « notamment contre Zara, Uniqlo, Maje, Sandro et Claudie Pierlot, pour recel de crimes contre l’humanité »[40]. Après le classement sans suite en avril 2023, Sherpa, le collectif Ethique sur l’étiquette, l’Institut ouïgour d’Europe et une Ouïgoure déposent une nouvelle plainte avec constitution de partie civile visant les infractions de recel de quatre crimes – crimes contre l’humanité, génocide, réduction en servitude aggravée et traite des êtres humains en bande organisée – et doit permettre d’obtenir la désignation d’un juge d’instruction[41].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Sirene (registre national des sociétés).
- Sirene (registre national des sociétés).
- https://www.zonebourse.com/SMCP/fondamentaux/
- « https://live.euronext.com/fr/product/equities/FR0013214145-XPAR »
- « https://live.euronext.com/fr/product/equities/FR0013214145-XPAR/company-information »
- « Daniel Lalonde (SMCP) : "Il n’y a pas tant de concurrents que cela sur le créneau du luxe accessible et à échelle mondiale" », sur FashionNetwork.com (consulté le ).
- (en) David Moin et David Moin, « SMCP Brings ‘Parisian Chic’ to the World », sur WWD, (consulté le ).
- « SMCP: Daniel Lalonde prend la tête du groupe », sur FashionNetwork.com (consulté le ).
- « Une journée avec Evelyne Chétrite - Elle », sur elle.fr, (consulté le ).
- Magazine Palace Costes no 22, page 95
- (en-US) Rebecca Voight, « 4 Parisian brands -- Sandro, Maje, Manoush and Ba&sh; -- aim for the middle market », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
- « L Capital et Florac pilotent Groupe SMCP », sur Capital Finance, (consulté le ).
- Dromard 2017, p. 53.
- Emmanuelle Andreani, « Sandro et Maje, la nouvelle cash-machine du Sentier », sur Capital.fr, (consulté le ).
- Mitrofanoff, p. 66.
- Le Figaro fr avec AFP, « Sandro et Maje lancent leur entrée en Bourse », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
- Kira Mitrofanoff, « SMCP fait les frais d'une guerre d'actionnaires », Challenges, no 727, , p. 46 (ISSN 0751-4417)
- Dromard 2017, p. 52 et 53.
- « Le grand bond en avant pour Maje, Sandro et Claudie Pierlot », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- Le Figaro fr avec AFP, « Sandro et Maje lancent leur entrée en Bourse », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
- Nicole Vulser, « Sandro Maje veut poursuivre son expansion internationale », sur Le Monde, .
- « En Bourse, les actionnaires de Sandro et Maje briguent un nouveau pactole », Le Monde, (lire en ligne)
- Carole Bellemare, « SMCP: Daniel Lalonde confie Sandro et Claudie Pierlot à deux «talents» maison », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
- (en-GB) « SMCP Acquires French Men's Label De Fursac », sur The Business of Fashion, (consulté le ).
- « Sandro inaugure un second magasin à Bahreïn », sur Fashion United (consulté le )
- Mitrofanoff, p. 67.
- Brève : « SMCP négocie sa survie », Challenges, no 710, , p. 5 (ISSN 0751-4417)
- « La demande de report de l'AG de SMCP rejetée », sur Investir (consulté le ).
- AFP, « SMCP : les ex-actionnaires majoritaires veulent un report de l'AG du 14 janvier », sur fashionunited.fr, (consulté le ).
- AFP, « European Topsoho : le propriétaire de SMCP en défaut de paiement », sur fashionunited.fr, (consulté le ).
- Laurence Boisseau, « Un mystérieux actionnaire rachète 16 % du capital de Sandro, Maje et Claudie Pierlot » , sur lesechos.fr, (consulté le ).
- Bénédicte Hautefort, « Sandro et Maje : quand les créanciers font la loi », sur challenges.fr, (consulté le ).
- Olivier Guyot, « SMCP: dans l'impasse financière, le propriétaire Shandong Ruyi laissera-t-il sa place aux créanciers? », sur fashionnetwork.com, (consulté le ).
- Juliette Garnier, « Une page se tourne pour les enseignes Sandro, Maje et Claudie Pierlot » , sur Le Monde, (consulté le ).
- « Assemblée générale vendredi pour décider du contrôle de Sandro, Maje et Claudie Pierlot », sur LEFIGARO, (consulté le ).
- (en-US) « 2019 FY Results », sur smcp.com, (consulté le ).
- « Publications & événements », sur smcp.com (consulté le ).
- Cécile Crouzel, « Les troubles à Hongkong font trébucher Sandro, Maje et Claudie Pierlot », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
- Agence France-Presse, « Travail forcé des Ouïghours: plainte en France contre quatre multin... », sur Mediapart (consulté le ).
- « Travail forcé des Ouïgours : en portant plainte contre des géants du textile, des associations espèrent l’émergence d’une jurisprudence », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Travail forcé des Ouïgours : plusieurs associations déposent une nouvelle plainte contre quatre multinationales de l’habillement », Le Monde, (lire en ligne )
Presse
[modifier | modifier le code]- Thiébault Dromard, « Sandro et Maje joue et gagne sur deux tableaux », Challenges, no 507, , p. 52 et 53 (ISSN 0751-4417).
- Kira Mitrofanoff, « La vérité sur… les chinoiseries de Sandro et Maje », Challenges, no 731, , p. 66 à 67 (ISSN 0751-4417).