Sergei Chepik — Wikipédia

Sergei Chepik
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Чепик Сергій Михайлович ou Sergueï ChepikVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activités
Formation
Lieux de travail
Site web

Sergei Chepik, né le à Kiev et mort le à Paris 18e[1],[2], est un artiste-peintre ukrainien naturalisé français en 1993, formé à l'Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg. Son œuvre est riche et variée tant dans les genres qu'il aborde (composition, peinture religieuse, portrait, nature morte, paysage...) et les thèmes qu'il traite (histoire passée et présente de la Russie, fantasmagories, scènes carnavalesques, folklore russe, cirque et baladins, Moulin Rouge, Passion du Christ...) que par les techniques qu'il utilise (huile et peinture à l'encauste, monotype, aquarelle et pastel, lithographie, eau-forte, céramique, sculpture sur bois...).

L’enfance et l’adolescence à Kiev (1953-1972)

[modifier | modifier le code]

Sergei Mikhailovich Chepik est né à Kiev (URSS) le dans une famille d’artistes russes. Son père Mikhail Maksimovich Chepik (1920-1972), artiste-peintre et sa mère Ludmila Davydovna Sabaneeva (née en 1922), sculpteur, sont tous deux membres de l’Union des Artistes  d’URSS (Sojuz Xudozhnikov SSSR). Par sa mère, Sergei Chepik descend d’une vieille famille de la noblesse russe : le portrait d’un de ses ancêtres, Ivan Vassilievich Sabaneev, figure dans la galerie de 1812 du Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg et le grand-père Davyd Petrovich Sabaneev, chirurgien et professeur à la Faculté de médecine de Kiev, fut condisciple de l’écrivain Mikhail Boulgakov.

Sous la conduite de ses parents, Chepik commence le dessin et la peinture dès l’âge de 5 ans, puis entre dans une Ecole Secondaire spécialisée en Arts plastiques (СХШ) où il reçoit de 1961 à 1971 une excellente formation tant artistique que littéraire. Ses parents ayant divorcé alors qu’il est encore enfant, il est élevé par sa mère, mais fréquente aussi l’atelier de son père qui l’emmène souvent faire des études en plein air. En 1971, Chepik entre à l’Institut d’Art Shevchenko de Kiev, qu’il quitte à la mort de son père pour intégrer en 1973 le prestigieux Institut Repine de Leningrad (anciennement Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg). Comme l’écrivain Mikhail Boulgakov, son écrivain préféré, Chepik gardera toujours la nostalgie d’une enfance heureuse dans la « Mère des Villes russes » où il n’est jamais retourné.

La formation à l’Académie des Beaux-Arts de Leningrad et la période soviétique (1973-1988)

[modifier | modifier le code]

Chepik est admis dans la classe de peinture monumentale dirigée par l’Académicien Andrei Andreevich Mylnikov (1919-2012), élève d’Igor Grabar, l’un des théoriciens du mouvement du Monde de l’Art animé, au début du XXe siècle, par Serge de Diaghilev et Alexandre Benois. De ses longues et exaltantes années d’apprentissage (1973-1978) auprès de maîtres larges d’esprit et exigeants, Chepik gardera toujours le culte du professionnalisme, le goût de l’excellence et le respect de l’héritage artistique des siècles passés[3].

En 1978 Chepik soutient son diplôme de fin d’études en présentant devant le jury de l’Institut Repine une composition monumentale de 4 m sur 4m, intitulée La Comédie et la Tragédie. Il est aussitôt admis à l’Union des Jeunes Artistes de Leningrad et invité à participer à des expositions nationales et internationales de jeunes peintres en URSS et à l’étranger[4].

De 1978 à 1981, il perfectionne sa technique dans l’atelier de Mylnikov, privilégiant la composition, puis entreprend de longs cycles de peinture en plein air en divers lieux de la Russie qui lui permettent de se libérer de l’influence de son maître et d’affirmer sa personnalité. Des dizaines de paysages forment les cycles de Staraya Ladoga (1980-1984), Rostov le Grand (1983), Vylkovo (1984) et Plios (1985). Mais c’est la composition monumentale qui intéresse avant toute chose le jeune peintre et l’on retiendra de cette période soviétique plusieurs chefs-d’œuvre : L’Arbre (ou l’Hiver, 1982-1984), Petrouchka (ou l’Automne, 1984-1986), Les Vétérans (1987), le triptyque Crucifixion, Apocalypse et Pietà (1985-1988) et surtout la Maison des Morts (1979-1987) qui va décider du destin de l’artiste.

En effet, Chepik, réfractaire à toute idéologie soviétique, vit et travaille en dehors du système de l’Union des Peintres, bien que membre de cette Union. Il évite les commandes d’Etat trop politiques ou qu’il juge sans intérêt, et, en l’absence de galeries privées en URSS, ne peut vivre de sa peinture qui, par ses sujets anticonformistes, ne reçoit pas le soutien des autorités publiques. Las de garder sa peinture dans son atelier de la perspective Lermontov sans espoir de pouvoir l’exposer, il songe à quitter l’URSS. La rencontre avec une jeune Française, Marie-Aude Albert qui enseigne à l’Université de Leningrad et apprécie sa peinture, lui donne l’occasion de « choisir la liberté » en emportant toutes ses œuvres. Avec l’aide de Marie-Aude Albert qu’il épousera le , il quitte à jamais l’URSS et s’installe à Paris le .

L’émigration et l’épanouissement à Paris (1988-2011)

[modifier | modifier le code]

La découverte de Paris suscite l’enthousiasme du jeune peintre soviétique qui n’avait jamais quitté son pays : L’Ange Blanc de Notre-Dame (1988), La Parisienne (1988), Hommage à l’Odalisque d’Ingres (1988), La Reine de la Nuit (1988) témoignent de ses premières impressions parisiennes, tout comme Carnet de Voyage (1988) rend compte de sa découverte de la Provence, tandis que la peinture religieuse s’épanouit en une toile cubisante : La Passion du Christ (1988). Mais Chepik découvre aussi la réalité du marché de l’art occidental qui promeut surtout l’art conceptuel et regarde avec condescendance sa peinture. Ayant fui l’URSS dans l’espoir de créer librement, Chepik se rend vite compte que l’idéologie de l’art dit contemporain et les lois du marché pèsent en France sur la liberté des artistes. Il refuse de se soumettre à la mode et entend, comme jadis en URSS, rester fidèle à son credo artistique. Le Grand prix des amis du Salon d’Automne reçu en 1988 pour sa Maison des Morts lui prouve que le public, contrairement aux institutions artistiques officielles, s’intéresse à son œuvre. Mais c’est Londres, et non Paris qui va lui donner sa chance.

Roy Miles Gallery à Londres vient de se spécialiser dans l’art russe et soviétique que l’on découvre en Occident. Il s’enthousiasme pour l’œuvre de Chepik. De 1989 à 1997, l’artiste exposera chaque année dans la grande galerie du 29 Bruton Street. Plusieurs grandes expositions personnelles, après la première rétrospective de 1990, assurent le succès de Chepik qui a ainsi les moyens matériels de travailler en toute liberté.

Catto Gallery, à Londres–Hampstead, prend la suite à partir de 1997 et jusqu’à la mort de l’artiste en 2011 avec le même succès auprès des collectionneurs anglais et russes vivant en Angleterre.

Les expositions personnelles à Londres, comme à Milan ou Paris, sont souvent thématiques, liées aux nouveaux thèmes et passions de l’artiste, nés de ses voyages ou de ses réflexions : Golgotha (1999), Chepik in Venice (2000), Chepik’s Moulin Rouge (2001), Epiphania (2008), La Feria (2009), Balades à Paris (2011).

Tombe de Sergeï Chepik au cimetière de Montmartre (division 14).

Travaillant avec acharnement et négligeant sa santé, qui se détériore à partir de 2008, Chepik s'éteint, victime d'une crise cardiaque dans son atelier le . Il est enterré religieusement au cimetière de Montmartre (division 14)[5].

Un artiste libre et fécond

[modifier | modifier le code]

Fin connaisseur de l’histoire de l’art et rompu par sa formation académique à toutes les techniques, de l’aquarelle à l’huile, en passant par l’eau-forte, la céramique et la sculpture, maîtrisant tous les genres, du portrait où il excelle à la composition qui a sa préférence, en passant par le paysage, la nature morte (plus rare) et la scène de genre, aimant se mesurer aux grands maîtres du passé qu’il admire (Michel-Ange, Titien, Velasquez, Rembrandt, Goya sont ses références) plutôt que de céder à la tentation facile de la table rase, résolument figuratif et déplorant la subjectivité débridée et l’amateurisme qui ont conduit, selon lui, l’art occidental à une impasse, Chepik est de ces artistes scrupuleux et exigeants pour qui l’art est un métier qui ne s’improvise pas, mais requiert, outre talent et imagination, travail, exercice, patience, volonté[6].

Principaux thèmes

[modifier | modifier le code]

Ses thèmes sont extrêmement variés, mais composent un univers particulier, dès les jeunes années, immédiatement reconnaissable. Il y a d’abord les vastes compositions historiosophiques sur la Russie, l’histoire russe où Chepik, toile après toile, ne cesse de s’interroger sur le destin tragique de son pays natal (Souvenirs, 1989, La Gare, 1990, Le Bain, 1991-92, La Place Rouge, 1993-1994, La Russie Crucifiée, 1999).

Il y a la peinture religieuse monumentale qui occupe une place privilégiée chez cet artiste chrétien orthodoxe (La Passion du Christ, 1989, Golgotha, 1996, Le Prophète, 2006, La Rédemption, 2007, La Cène, 2007, Quo Vadis Domine, 2011).

Il y a les nombreuses compositions fantasmagoriques, à la fois oniriques et autobiographiques (Nostalgia, 1989-1990, Le Songe d’une nuit d’Eté, 1990, Procession, 1992, Solitude, 1993, Confession d’un artiste, 1994, Le Vol, 1995, Roulette Russe, 1995, L’Escalier, 1997, C’est moi, Seigneur, 2006, Finita la Commedia, 2011).

Il y a, bien sûr, le thème du spectacle, du cirque, du théâtre, depuis ses premiers dessins d’enfant jusqu’à ses dernières œuvres de 2011 (Le Grand cirque, 1989, Le Cirque jaune, 1989, Gilles, 1991, Cabaret, 1992, Jeune acrobate au cerceau, 1998, La Strada, 2008)

Il y a encore le portrait, assez rare, mais d’une grande profondeur psychologique (Portrait d’Ann Barker, 1992, Portrait de Pierre Richard, 2002-2003, Portrait de Pavel Lepechev, 1999, Portrait du Professeur Jacques Catteau , 1999). Chepik a laissé de nombreux portraits de son épouse française, Marie-Aude Albert-Chepik (La Dame en violet, 1988, La Dame en noir, 1988, La Parisienne, 1988, L’ Arlésienne, 2006, Portrait de Marie-Aude Albert-Chepik à son bureau, 2011, qui est sa dernière œuvre avant sa mort).

Mais il y a aussi tous les thèmes nés de sa vie quotidienne à Montmartre et de ses voyages à travers l’Europe : Paris et les multiples Chimères de Notre-Dame, Venise et son Carnaval, Arles et ses corridas, la Boxe et les coulisses du Moulin Rouge, et les nombreux Tournesols en hommage à Van Gogh[7].

La peinture

[modifier | modifier le code]

Domine la production de Chepik dont la technique favorite est la peinture à l’encaustique.

Les œuvres graphiques

[modifier | modifier le code]

Aquarelles, pastels et monotypes reprennent le plus souvent les thèmes traités dans la peinture.

La céramique

[modifier | modifier le code]

Existante depuis les années d’Académie sur des sujets folkloriques russes le plus souvent, elle s’épanouit dans l’atelier de Montmartre et reprend les thèmes traités dans la peinture.

La sculpture

[modifier | modifier le code]

Chepik pratique la sculpture sur bois dans son atelier de Montmartre à partir de 2002.

L’illustration

[modifier | modifier le code]

Chepik a depuis l’enfance une communion d’idées avec l’écrivain Mikhail Boulgakov. En 2006, il réalise une série de 40 dessins pour illustrer La Garde Blanche, à la demande des éditions Vita Nova de Saint Pétersbourg : l’édition de luxe, parue en 2008, est aujourd’hui épuisée. Sa mort prématurée ne lui  pas permis de réaliser son vœu le plus cher : illustrer Le Maître et Marguerite, son livre de chevet.

Une somme : La Voie, La Vérité, La Vie, commande pour la Cathédrale St Paul’s (2002-2004)

[modifier | modifier le code]

Le , Chepik est victime d’une attaque cérébrale avec paralysie et aphasie dont il guérit aussitôt. Quelques jours plus tard son Golgotha est exposé à la Cathédrale Saint-Paul à Londres. Un projet pour la Cathédrale Saint-Paul de Londres est alors proposé à Chepik par le Doyen, le T.Rvd Dr John Moses ; Chepik travaille aussitôt à des esquisses pour une composition ambitieuse: quatre toiles sur la Vie et la Passion du Christ qui doivent prendre place à la croisée du transept.

Après acceptation de ses esquisses, Chepik travaille en 2003 et 2004, quotidiennement, dans son atelier montmartrois, à l’exécution des toiles. La Vierge (ou La Nativité, 165 X 240 cm) et La Résurrection (165 X 240 cm) sont achevées en . La Vie publique (430 X 240 cm) et La Passion (430 x 240 cm) sont achevées en .

L’inauguration de l’ensemble monumental intitulé  Je suis la Voie, la Vérité et la Vie a lieu le à la Cathédrale Saint-Paul de Londres, en la fête de la Conversion de saint Paul, en présence de la Baronne Margaret Thatcher.

Cependant, après le départ du Dr John Moses, les toiles sont retirées des murs de la cathédrale en , ce qui est une véritable tragédie pour l’artiste dont la santé décline rapidement. Cet ensemble monumental de quatre toiles, que Chepik considérait comme son chef d’œuvre, attend toujours un nouveau lieu d’exposition.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Outre les nombreux catalogues d’expositions qui présentent tous une introduction, voire des commentaires approfondis de certaines œuvres (Catalogue de la rétrospective 1990, Roy Miles Gallery, Londres rédigé par Marie-Aude Albert, Catalogue de l’exposition 2008 Epiphania, Milan, rédigé par Marie-Aude Albert), on consultera les 5 monographies existantes :

  • Marie-Aude Albert, Sergei Chepik, (Œuvres jusqu’en 1994), Paris, 1994, 192 p., 230 illustrations couleur et noir & blanc, format 29 x 25,5 cm, avec une chronologie et un catalogue raisonné des toiles de 1988 à 1993-1994.
  • Marie-Aude Albert, Sergei Chepik : de la Place Rouge au Moulin Rouge (Œuvres 1994-2001), Paris, 2006, 168 p., 238 illustrations couleur et noir & blanc, format 30 x 24, avec une chronologie. (ISBN 2-9526636-0-2)
  • Marie-Aude Albert, Sergei Chepik, Epiphania, The Religious Paintings of Sergei Chepik (Œuvres religieuses de Sergei Chepik), Paris, 2008, 180 p., 210 illustrations couleur et noir & blanc, format 27 x 24 cm avec une chronologie et une préface du Très Révérend John Moses, Doyen de la Cathédrale Saint-Paul de Londres), illustrations couleur, format 27 x 24 cm, avec chronologie et cahier photos. (ISBN 978-2-9526636-1-8)
  • Sergei Chepik, "La Garde Blanche de Mikhaïl Boulgakov", Paris, 2010, 160 p., 80 illustrations couleur, format 27 x 24 cm., avec une préface du Professeur Jacques Catteau, et les traductions de Boulgakov par Marie-Aude Albert et Marian Schwartz. (ISBN 978-2-9526636-3-2)
  • Marie-Aude Albert, Sergei Chepik, Ultima Opera (Œuvres 2008-2011), 2014, 232 p., 242, illustrations couleur et noir&blanc, format 27 x 24 cm, avec chronologie et cahier photos. (ISBN 978-2-9526636-4-9)

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Site Officiel, page consultée le 21 novembre 2011.
  3. source : Marie-Aude Albert, introduction au catalogue de l’exposition Epiphania, Milan, 2008.
  4. Pour la liste de ces expositions, se référer à la chronologie du site officiel et à celle qui figure dans chacune des quatre monographies sur Chepik.
  5. Marie-Aude Albert, Ultima Opera, 2013.
  6. Source : Marie-Aude Albert, introduction au catalogue de l’exposition Epiphania, Milan, 2008.
  7. Source : site officiel Sergei Chepik.

Lien externe

[modifier | modifier le code]