Sergueï Sazonov — Wikipédia
Ambassadeur de l'Empire russe (d) | |
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Membre du Conseil d'État de l'Empire russe |
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle | Сергей Дмитриевич Сазонов |
Nationalité | |
Formation | |
Activités | |
Famille | Famille Sazonov (d) |
Père | Dmitry Sazonov (d) |
Mère | Yermioniya Sazonova (d) |
Fratrie | Nicolas Sazonov (d) |
Conjoint | Anna Neidhardt (d) |
Sergueï Dmitrievitch Sazonov (en russe : Сергей Дмитриевич Сазонов ; - entre le 23 et le à Nice) est un diplomate et un homme politique russe qui est ministre des Affaires étrangères de la Russie impériale de 1910 à 1916.
Biographie
[modifier | modifier le code]Né dans une famille de propriétaires terriens comme son beau-frère Pierre Stolypine, Sergueï Sazonov fit ses études au lycée Alexandre.
Carrière politique
[modifier | modifier le code]Sergueï Sazonov entra au ministère des Affaires étrangères en 1883, il fut nommé successivement ambassadeur à Londres, Washington et au Vatican. Le , il fut nommé vice-ministre des Affaires étrangères.
Ministre des Affaires étrangères
[modifier | modifier le code]En septembre 1910, Sergueï Sazonov fut nommé ministre des Affaires étrangères, il continua la politique prônée par son prédécesseur Alexandre Petrovitch Izvolsky.
Accord de Potsdam
[modifier | modifier le code]Sergueï Sazonov assista à Potsdam à une réunion entre Nicolas II et Guillaume II. La discussion des deux souverains fut basée sur l'ambitieux projet allemand d'un chemin de fer Berlin-Bagdad : la construction pour l'Empire ottoman d'un chemin de fer reliant Bagdad à Constantinople. Cette construction ferroviaire apporterait à l'Empire allemand un poids géopolitique dans l'Empire ottoman. Dans le contexte de la révolution constitutionnelle iranienne (1905-1911), l'Empire russe fut soucieux de contrôler la voie ferroviaire reliant Khanaqin (Irak) à Téhéran. Les deux puissances réglèrent leurs différends lors de l'accord de Potsdam signé le , cet accord donna le champ libre à la Russie dans le nord de l'Iran. L'espoir de Sergueï Sazonov fut que la première voie ferroviaire reliant la Perse à l'Europe fournirait à la Russie un levier d'influence sur son voisin du sud.
Les relations germano-russes se dégradèrent lorsque Guillaume II envoya en 1913 l'un de ses généraux pour réorganiser l'armée turque et superviser la garnison de Constantinople ; le Kaiser fit cette remarque : « Le drapeau allemand va bientôt flotter sur les fortifications du Bosphore ». Ce détroit entre l'Europe et l'Asie constituait une des artères vitales du commerce de la Russie impériale (il représentait les deux cinquièmes des exportations commerciales russes).
Alliance avec le Japon
[modifier | modifier le code]En dépit de son obsession pour le dossier russo-allemand, Sergueï Sazonov tint à protéger les intérêts russes en Extrême-Orient. Après la désastreuse défaite de la Russie lors de la guerre russo-japonaise (1904-1905), il fit régulièrement des ouvertures amicales en direction de l'empire du Japon. Un accord secret fut signé à Saint-Pétersbourg le . Cet accord concerna la délimitation des territoires de la Mongolie intérieure. Le une alliance défensive fut signée entre le Japon et la Russie, elle visait à garantir les intérêts des deux puissances en Chine.
Traité entre la Serbie et la Bulgarie, accord entre la Grèce et le Monténégro
[modifier | modifier le code]Sergueï Sazonov encouragea la réconciliation entre la Serbie et la Bulgarie. Un traité fut signé en 1912 entre ces deux pays. La Grèce et le Monténégro signèrent un accord. L'entente entre ces quatre pays créa la Ligue balkanique.
Première Guerre mondiale
[modifier | modifier le code]Dans la période précédant la Première Guerre mondiale, Sergueï Sazonov mène dans les Balkans une politique visant à isoler l'Empire austro-hongrois. Il pratiqua une politique modérée dans les Balkans, alors que des extrémistes comme Nicolas Hartwig prônaient le rassemblement des États slaves du Sud en une confédération placée sous l'égide du tsar. Rien ne prouve que Sergueï Sazonov encouragea ou partagea personnellement ces vues, mais ce fut malgré tout un homme convaincu que le rôle sacré de la Russie dans les Balkans consistait à protéger les peuples minoritaires slaves de religion orthodoxe. Malgré cette modération de Sergueï Sazonov, l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne furent persuadés que la Russie soutenait le panslavisme à Belgrade et dans les autres capitales slaves. Cette attitude belligérante fut dans une certaine mesure responsable de l'attentat de Sarajevo () et du déclenchement de la Première Guerre mondiale[1].
Sergueï Sazonov travailla à empêcher la Roumanie de réadhérer à la Triplice. Le , Sergueï Sazonov donna une garantie écrite à la Roumanie, si elle se rangeait du côté de la Triple-Entente, elle serait, aux dépens des territoires de l'Autriche, agrandie de la Transylvanie, de la Bucovine et du Banat.
En Angleterre, Sergueï Sazonov fut accueilli favorablement. Un séjour de six années comme ambassadeur de Russie à Londres firent de lui un anglomane. Mais l'entourage germanophile d'Alexandra de Hesse-Darmstadt demanda son limogeage, notamment lors de l'affaire de la Pologne.
Connaissant la faiblesse de l'armée impériale de Russie, Sergueï Sazonov prit soin d'éviter d'entrer en conflit avec la Turquie lors de la guerre des Balkans. Mais en 1914, il jugea qu'en cas de conflit, l'adhésion de la Russie à la Triple-Entente lui permettrait d'obtenir des gains territoriaux non négligeables pour la Russie, territoires issus des pays voisins. Nicolas II et Sergueï Sazonov furent particulièrement intéressés par Posen, la Silésie, la Galicie et la Bukovine du Nord.
Le , Sergueï Sazonov conseilla au tsar d'ordonner la mobilisation générale de l'armée impériale russe, tout en sachant que cette mobilisation conduirait la Russie dans une guerre contre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. Après avoir tergiversé, le tsar donna l'ordre de mobilisation. Sergueï Sazonov se préoccupa de certains arrangements territoriaux avec la France et la Grande-Bretagne, y compris la promesse accordée par les deux puissances : après la guerre, la Russie obtiendrait le contrôle des Dardanelles.
Limogeage
[modifier | modifier le code]Après avoir proposé au tsar de créer un pays unifié et donner l'autonomie à la Pologne à la fin de la guerre, Sergueï Sazonov entra en conflit avec Nicolas II, Nicolas Maklakov et d'autres ministres conservateurs. Il perdit la confiance du tsar, avec l'appui des forces conservatrices, il fut démis de ses fonctions en juillet 1916.
Révolution russe
[modifier | modifier le code]Nommé ambassadeur de Russie en Grande-Bretagne en 1917, Sergueï Sazonov demeura malgré tout en Russie et fut un témoin de la révolution russe.
Ministre des Affaires étrangères du gouvernement anti-bolchevique
[modifier | modifier le code]Sergueï Sazonov s'opposa au bolchevisme. Il informa le général Anton Dénikine sur les affaires internationales et fut ministre des Affaires étrangères du gouvernement anti-bolchevique de l'amiral Alexandre Koltchak. À ce titre, il représenta, en 1919, le mouvement blanc lors de la conférence de paix de Paris.
Décès et inhumation
[modifier | modifier le code]Sergueï Sazonov vécut les dix dernières années de sa vie en France. Il décéda à Nice le 23 ou [3], où il fut inhumé.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Sergey Sazonov » (voir la liste des auteurs).
- (en) Sean McMeekin, The Russian Origins of the First World War, Harvard University Press, , 344 p.
- « Le Journal 1927-12-26, 26 décembre 1927 », sur www.retronews.fr (consulté le )
- De nombreuses sources indiquent le 25 décembre, mais la lecture du journal daté du 26 décembre 1927 laisse penser à un décès dans la nuit du 23 au 24 décembre[2]
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Michel Heller, Histoire de la Russie et de son empire, Paris, Perrin, (1re éd. 1995) (ISBN 2081235331).
Annexes
[modifier | modifier le code]Sources
[modifier | modifier le code]- Nicolas II de Russie d'Henri Troyat