Transracialisme — Wikipédia
Le transracialisme est le fait de se réclamer d'une autre identité ethnique que la sienne[1]. Une personne transraciale revendique une appartenance différente de son origine à la naissance[2],[3].
Travaux scientifiques
[modifier | modifier le code]Philosophie
[modifier | modifier le code]En , la revue de philosophie féministe Hypatia a publié un article universitaire de Rebecca Tuvel intitulé « In Defense of Transracialism » établissant des parallèles entre les individus « transraciaux » et les personnes transgenres qui a fait polémique[2],[4].
Sociologie
[modifier | modifier le code]Le sujet a également été abordé dans Trans: Gender and Race in an Age of Unsettled Identities, un livre publié en 2016 par le professeur de sociologie de l'université de Californie à Los Angeles, Rogers Brubaker, qui soutient que le phénomène, bien qu'offensant pour beaucoup, est psychologiquement réel pour de nombreuses personnes à travers l'histoire[5],[6].
Controverses
[modifier | modifier le code]Terminologie historique
[modifier | modifier le code]L'utilisation du terme transracial pour décrire le changement d'identité raciale a été critiquée par la communauté de l'adoption transraciale. Le terme transracial a été utilisé historiquement dans la communauté des adoptants pour décrire des parents qui adoptent un enfant d'une race différente[7],[8]. Les membres de la communauté des adoptants transraciaux affirment que le terme transracial a une signification historique spécifique liée à ces adoptions et affirment qu'il est usurpé d'une manière préjudiciable à la communauté des adoptants transraciaux[8]. En , une vingtaine d'adoptés transraciaux, de parents transraciaux et d'universitaires publient une lettre ouverte condamnant l’utilisation du terme transracial dans ce contexte, utilisation qu'ils jugent erronée, non historique et dangereuse[8],[9],[10].
Décrédibilisation de la transidentité
[modifier | modifier le code]L'utilisation de ce terme pour décrire l'identification à une identité raciale différente de celle attribuée à la naissance a également été critiquée par la communauté transgenre et ses alliés. Les personnes transgenres affirment que le transracialisme n'est pas comparable à la transidentité, car le genre et la race ne peuvent être mis sur le même plan[11]. Le terme transracial, en utilisant le préfixe « trans » et en étant souvent associé à la transidentité[12], participerait ainsi à la transphobie et à la décrédibilisation des personnes transgenres.
Exemples de personnalités transraciales
[modifier | modifier le code]- Le clarinettiste de jazz Mezz Mezzrow, Américain né de parents juifs ashkénazes, s'identifiait comme noir et s'est immatriculé comme tel pendant sa participation en tant que soldat aux combats de la Seconde Guerre mondiale.
- La militante antiraciste américaine Rachel Dolezal est née de parents blancs mais s’identifie comme personne noire[2],[3].
- Martina Big (en) est une femme allemande, née blanche qui s'identifie comme noire[13],[14]. Elle a eu recours à des injections de bronzage administrées par un médecin afin d'assombrir sa peau et ses cheveux[13],[14].
- Adam Wheeler est un homme américain blanc qui se considère comme Philippin et utilise le nom de Ja Du. Il a créé une page Facebook et une communauté pour les personnes qui se définissent comme transraciales[15],[16].
- Oli London, un youtubeur britannique blanc, s'est identifié pendant plusieurs années comme « Coréen non binaire ». Il est connu pour avoir eu recours à la chirurgie plastique afin de ressembler au chanteur du groupe BTS, Park Ji-min. Les commentaires et les comportements de London ont été fortement critiqués sur les réseaux sociaux[17],[18]. En octobre 2022, il fait sa « détransition », en annonçant qu'il s'est trompé et se considère à nouveau comme un homme britannique. Il se convertit au catholicisme et s'engage alors auprès d'hommes politiques conservateurs afin de combattre « la culture woke »[12].
Littérature
[modifier | modifier le code]- Dans le roman Your face in mine (2014) de Jess Row (en), le personnage principal Martin, un homme né de parents blancs juifs, raconte avoir subi une opération de « réassignation raciale » car il souffre de « dysphorie raciale » et s'identifie à un Afro-américain[19].
- Dans la nouvelle The Autobiography of an Ex-Colored Man (en) (1912) de James Weldon Johnson, le narrateur, fils d’une mère noire et d’un riche homme blanc, décide, à la suite de diverses expériences racistes, dont celle d'être témoin d'un lynchage, de passer pour un Blanc afin d'assurer sa sécurité et son avancement. Il renonce alors à sa mère et à sa famille maternelle et ses enfants eux-mêmes croient qu’ils sont blancs[1].
Références
[modifier | modifier le code]- https://www.slate.fr/story/165422/transracialisme-etre-blanc-se-sentir-profondement-noir-ou-inversement-acceptation-transidentite-couleur-peau
- (en) Tuvel, « In Defense of Transracialism », Hypatia, vol. 32, no 2, , p. 263–278 (ISSN 0887-5367, DOI 10.1111/hypa.12327)
- (en) Brubaker, « The Dolezal affair: race, gender, and the micropolitics of identity », Ethnic and Racial Studies, vol. 39, no 3, , p. 414–448 (ISSN 0141-9870, DOI 10.1080/01419870.2015.1084430)
- (en) Rogers Brubaker, « Opinion / The Uproar Over ‘Transracialism’ », The New York Times, (lire en ligne , consulté le ).
- (en) « Trans: Gender and Race in an Age of Unsettled Identities », Princeton University Press (consulté le )
- (en) Rogers Brubaker, Trans: Gender and Race in an Age of Unsettled Identities, Princeton, N.J., Princeton University Press, , 1–11 p. (ISBN 9780691172354), « Introduction »
- (en) Karen Valby, « The Realities of Raising a Kid of a Different Race », Time, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Frances Kai-Hwa Wang, « Adoptees to Rachel Dolezal: You're Not Transracial », NBC News, NBC News, (lire en ligne)
- (en) Justin Wm. Moyer, « Rachel Dolezal draws ire of transracial adoptees », Washington Post, (lire en ligne)
- (en) Kimberly McKee, PhD, « An Open Letter: Why Co-opting "Transracial" in the Case of Rachel Dolezal is Problematic », (consulté le )
- tal.madesta, « Trans-racialisme, une idéologie raciste et transphobe », sur Mediapart (consulté le )
- Stagiaire VA, « [Exclu VA +] De transgenre à lanceur d'alerte, le cri du cœur d'Oli London », sur Valeurs actuelles, (consulté le )
- (en) Lubin, « White glamour model with size 32S breasts who spent £50k on cosmetic surgery now 'identifies as a black woman' », Daily Mirror, (consulté le )
- (en) Valens, « White woman who ‘transitioned’ races to Black is back », The Daily Dot, (consulté le )
- (en) « Man born white explains why he now identifies as Filipino », The Independent, (consulté le )
- (en) Salo, « ‘Transracial’ man was born white, identifies as Filipino », New York Post, (consulté le )
- Théo Moy, « Soutenu par l’extrême droite, un influenceur « transracial » s'autodécrète coréen » [archive du ], sur marianne.net, (consulté le )
- Laure Coromines, « Transracialisme : un influenceur blanc se fait opérer pour devenir coréen » [archive du ], sur L'ADN, (consulté le )
- https://www.penguinrandomhouse.com/books/310017/your-face-in-mine-by-jess-row/9781594633843/
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Blanchiment de la peau
- Otherkin
- Racialisme
- Racisme
- Transgenre
- Transhumanisme
- Trouble identitaire de l'intégrité corporelle
- Usurpation raciale
- Blanc honoraire
- La Tache, roman de Philip Roth
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Rogers Brubaker, Trans: Gender and Race in an Age of Unsettled Identities, Princeton, N.J., Princeton University Press, (ISBN 978-0-691-17235-4, lire en ligne)
- Rachel Dolezal, In Full Color: Finding My Place in a Black and White World, Dallas, BenBella Books, (ISBN 978-1-944648-17-6, lire en ligne)