Tuf de Grotta oscura — Wikipédia
(Tuf jaune de la Via Tiberina)
Catégorie | Roche magmatique |
---|---|
Sous-catégorie | Roche volcanique |
Minéraux essentiels | |
Texture | poreuse |
Couleur | jaune |
Utilisation | construction |
Formation | conglomérat de cendres volcaniques |
Le tuf de Grotta oscura ou tuf jaune de la Via Tiberina est une roche magmatique d'origine volcanique provenant d'une carrière proche de Rome où elle est utilisée dans l'Antiquité comme pierre de construction.
Ce tuf volcanique tendre et poreux, issu d'éruptions des monts Sabatins, est exploité du début du IVe siècle av. J.-C. à la fin du IIe siècle av. J.-C. où il est remplacé par des matériaux plus résistants.
Formation
[modifier | modifier le code]Les monts Sabatins, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Rome, sont un ensemble d'anciens volcans de la partie centrale de la chaîne des Apennins[1].
Le tuf jaune de Grotta oscura est issu de l'une des plus importantes coulées pyroclastiques de cet ensemble[2], qui s'est produite il y a environ 548 000 ans[3],[4]. Ces éjectas volcaniques, cendres et graviers de lave, forment sous l'action de l'eau un conglomérat qui, une fois consolidé, donne le tuf volcanique[5]. La strate de tuf jaune n'affleure qu'exceptionnellement ; elle est généralement recouverte de formations plus récentes mais son épaisseur peut atteindre plusieurs dizaines de mètres[6],[7].
Caractéristiques et utilisation
[modifier | modifier le code]Les principaux minéraux entrant sans la composition du tuf de Grotta oscura sont la chabazite, la sanidine et l'augite[8]. Les inclusions en pierre ponce sont nombreuses[9].
Le tuf de Grotta oscura est, de par son origine et son mode de formation, une roche tendre et poreuse[5]. S'il est moins résistant que d'autres types de tuf volcanique, il se travaille facilement et rapidement et, en raison de sa densité plus faible (12 à 12,5 kN/m3), il est plus facile à transporter[7],[10].
Il est extrait d'une carrière proche de Véies, à 15 km au nord de Rome et non loin de la Via Tiberina, qui est exploitée par les Romains à partir de et leur prise de contrôle sur le secteur mais très probablement par les Véiens bien avant cette date. L'exploitation se fait en creusant dans l'épaisseur du banc tout en conservant intacts des piliers qui soutiennent la voûte des galeries[10]. Le tuf est utilisé dans plusieurs monuments de la Rome antique, où il arrive probablement par bateaux sur le Tibre : la muraille Servienne[11], le temple de Portunus[12] ou celui d'Hercule Olivarius[13].
Il est supplanté à partir de la fin du IIe siècle av. J.-C. par d'autres types de tufs possédant de meilleures qualités, et notamment une plus grande résistance[14].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Donatella De Rita et al., « Structure and Evolution of Sacrofano-Baccano Caldera, Sabatini volcanic Complex, Rome », Journal of Volcanology and Geothermal Research, no 17, , p. 219.
- Panei 2010, p. 39.
- Cappelletti 2014, p. 2.
- Giampaolo, Lombardi et Mariottini 2008, p. 286.
- Willy Peremans, « Notes sur l'histoire romaine avant l'invasion des Gaulois », L'Antiquité classique, t. III, no 1, , p. 211 (DOI 10.3406/antiq.1934.3138).
- Cappelletti 2014, p. 11-12.
- Giampaolo, Lombardi et Mariottini 2008, p. 291.
- Panei 2010, p. 42.
- Giampaolo, Lombardi et Mariottini 2008, p. 293.
- (it) Rita Volpe, « Costruire le mura Serviane », dans Christopher Courault et Cárlos Marquez (dir.), Studi quantitativi e costi de produzione degli edifici pubblici romani, Universidad de Córdoba, , 558 p. (ISBN 978-8-4992-7545-1), p. 31.
- (it) Marco Fabbri, « Le mura serviane di Roma fra passato e presente », dans arch.it.arch - Dialoghi di archeologia e architettura. Seminari 2005-2006, edizioni Quasar, , 296 p. (ISBN 978-8-8714-0380-9), p. 219.
- Jean-Pierre Adam, Le Temple de Portunus au forum Boarium, Rome, École française de Rome, coll. « Collection de l'École française de Rome » (no 199), , 108 p. (ISBN 2-7283-0324-X, lire en ligne), p. 44.
- (en) Collectif, Forum Boarium Guide, Mondadori Electa S.p.A., , 119 p. (ISBN 978-8-8370-8761-6, lire en ligne [PDF]), p. 72 et 76.
- (en) Amanda Claridge (dir.), Rome : an Oxford Archaeological Guide, Oxford University Press, , 540 p. (ISBN 978-0-1995-4683-1), p. 39.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Piergiulio Cappelletti et al., « The “Tufo Giallo della Via Tiberina” (Sabatini Volcanic District, Central Italy): a complex system of lithification in a pyroclastic current deposit », Mineralogy and Petrology, vol. CVIII, no 5, (DOI 10.1007/s00710-014-0357-z).
- (it) Ciriaco Giampaolo, Gianni Lombardi et Maurizio Mariottini, « Pietre e costruito della città di Roma: dall’antichità ai giorni nostri », Memorie Descrittive della Carta Geologica d’Italia, vol. LXXX, no 1, , p. 273-406.
- (en) Liliana Panei, « The tuffs of the “Servian Wall” in Rome », ArchéoSciences, no 34, , p. 39 (DOI 10.4000/archeosciences.2599).
- (it) Rita Volpe, « Dalle cave della Via Tiberina alle mura repubblicane di Roma », dans Jacopo Bonetto, Stefano Camporeale et Antonio Pizzo, Anejos de archivo español de arqueología, vol. LXIX : Arqueología de la construcción IV. Las canteras en el mundo antiguo: sistemas di explotación y procesos productivos, Merida, Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, , 438 p. (ISBN 978-8-4000-9832-2), p. 59-71.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (it) [vidéo] AppenninoTrekking, « Le vie del tufo: da Grotta Oscura a Pietra Pertusa », sur YouTube (consulté le ).