Yolande de Bar — Wikipédia

Yolande de Bar
Titre de noblesse
Reine consort d'Aragon
-
Prédécesseur
Successeur
Biographie
Naissance
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Lieu inconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Sépulture
Famille
Père
Mère
Fratrie
Henri de Bar
Louis Ier de Bar
Marie de Bar (d)
Édouard III de Bar
Jean de Bar
Bonne de Bar (d)
Yolande de Bar (d)
Jeanne de Bar (d)
Philippe de Bar (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Jean Ier d'Aragon (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Blason

Yolande (ou Violante) de Bar, née vers 1365 et décédée le à Barcelone (Catalogne), est un membre de la Maison de Bar devenue duchesse de Gérone et comtesse de Cervera (1380-1387), par son mariage avec l'héritier de la Couronne d'Aragon, le futur Jean Ier, et ensuite, reine d'Aragon, de Valence, de Majorque, de Sardaigne et (titulaire) de Corse, et comtesse de Barcelone, de Roussillon et de Cerdaigne (1387-1395).

Yolande, selon l'extrait intitulé l'Histoire Latine du Roy Charles VI (1404), tiré de l'Histoire généalogique de la maison royale de Dreux (Paris), Luxembourg, Preuves de l'histoire de la maison de Bar-le Duc, était la deuxième des onze enfants de Robert Ier, comte puis duc de Bar, et de Marie, fille de Jean II le Bon, roi de France et de Bonne de Luxembourg, et donc sœur du roi Charles V. Robert Ier était le fils aîné d'Henri IV, comte de Bar et de Mousson et de sa femme, Yolande de Flandre, elle-même fille de Robert, seigneur de Marle et Cassel et de sa femme, Jeanne de Bretagne. Yolande était donc la nièce de Robert III, comte de Flandre, de Yolande de Bourgogne, comtesse de Nevers et d'Arthur II, duc de Bretagne.

A l'âge de 15 ans, en 1380, elle épousa à Perpignan Jean Ier d'Aragon (1350 † 1395), alors duc de Gérone et comte de Cervera, et héritier de la Couronne d'Aragon. Son époux avait 30 ans et était veuf depuis deux ans : il avait été fiancé à Jeanne de France, fille posthume du roi Philippe VI, mais celle-ci étant décédée en le rejoignant à Béziers, il avait ensuite épousé en premières noces Mathe, fille du comte Jean Ier d'Armagnac, avec qui il avait eu cinq enfants parmi lesquels seule une fille, Jeanne, atteindra l'âge adulte.

De l'union de Yolande avec le roi Jean Ier naquirent 7 enfants :

  1. Jacques (1382 † 1388), dauphin de Gérone et comte de Cervera ;
  2. Yolande ou Violante (1383 † 1442), mariée en 1400 à Louis II (1377 † 1417), duc d'Anjou, comte du Maine et de Provence ;
  3. Ferdinand (1389 † 1389), duc de Gérone et comte de Cervera ;
  4. Antonie (1391 † 1392) ;
  5. Eléonore (1393 † 1393) ;
  6. Pierre (1394 † 1394), duc de Gérone et comte de Cervera ;
  7. Jeanne (1396 † 1396).

Une fois mariée, Yolande chercha rapidement à avoir un rôle politique à la cour et elle se heurta à son beau-père, le roi Pierre IV le Cérémonieux, et surtout à la quatrième épouse de celui-ci, la reine consort Sibylle de Fortià, notamment parce que le couple royal était opposé à cette union.

Jean devint roi en 1387 et fut vite affublé du surnom de "Jean le Chasseur". De santé fragile et souffrant probablement d'épilepsie mais aussi à cause de son manque de volonté et de sa préférence pour la chasse sur les devoirs royaux, il fut fréquemment contraint de déléguer à sa femme l'autorité royale : en , elle rencontra les représentants de la Cité dans les Cortes de Monzon et parvint à éviter la crise qui menaçait. Devenue reine-lieutenante, elle gouverna la Couronne d'Aragon à ce titre pendant sept ans, au cours desquels elle transforma sa cour en un centre de culture française, qui devint le lieu de rendez-vous des troubadours provençaux les plus talentueux.

À la mort de Pierre IV, sa femme avait été privée de toutes ses rentes et avait fui la cour pour se réfugier à Sant Martí Sarroca. Ses proches, parmi lesquels le comte d'Empúries, se rebellèrent et s'allièrent au comte Jean III d'Armagnac, neveu de la première épouse du roi Jean Ier, qui envoya ses troupes envahir la Catalogne. En 1389-90, les attaques arrivèrent jusqu'à Gérone mais les envahisseurs furent bientôt repoussés et vaincus par les troupes catalanes et Sibylle, qui avait été capturée, fut privée également de la liberté et enfermée au château de Montcada. Elle reçut toutefois une pension en échange d'une renonciation à toutes ses prérogatives.

Veuve de Jean Ier, décédé lors d'un accident de chasse en 1396, elle se consacra à l'éducation de l'unique fille qui lui restait, Yolande. En l'absence d'héritiers directs mâles, le trône d'Aragon revint à Martin Ier, le frère cadet de Jean Ier.

En 1417, elle intenta un procès devant le Parlement de Paris contre son frère le cardinal-évêque Louis de Bar à qui elle réclamait une part de l'héritage de leurs parents. Le , elle obtint en dédommagement une rente annuelle de 1 500 livres tournois, et Louis céda le duché de Bar à René d'Anjou, le petit-fils de sa sœur, à qui il fit épouser Isabelle de Lorraine, fille et héritière du duc Charles II.

Elle mourut à Barcelone le à l'âge de 66 ans et fut enterrée aux côtés de son mari, au monastère de Santa Maria de Poblet, la nécropole des rois de la Couronne d'Aragon.

Bibliographie

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  • Georges Poull, La Maison souveraine et ducale de Bar, [détail de l’édition].
  • (ca) Jaume Sobrequés i Callicó et Mercè Morales i Montoya, Contes, reis, comtesses i reines de Catalunya, Barcelone, Editorial Base, coll. « Base Històrica » (no 75), , 272 p. (ISBN 978-84-15267-24-9), p. 141.
  • Claire Ponsich, « Les notions de conseil et de lieutenance chez Violant de Bar, duchesse de Gérone puis reine d'Aragon à la fin du XIVe siècle », in A. Nayt-Dubois & E. Santinelli-Foltz (dir.), Femmes de pouvoir, pouvoirs des femmes dans l’Occident médiéval et moderne, Valenciennes, PU de Valenciennes, 2009, p.195-222.
  • Claire Ponsich, « Des lettres, le livre et les arts dans les relations de Violant de Bar et de Gaston Fébus vers 1388-1389 de Violant de Bar et de Gaston Fébus », in V. Fasseur (dir.), Froissart à la cour de Béarn. L'écrivain, les arts et le pouvoir, Turnhout (Belgique), Brepols Publishers, 2009.
  • Claire Ponsich, « La correspondance de Yolande de Bar, reine veuve d'Aragon : une source sur Benoît XIII et le concile de 1408 », in H. Millet (dir.), Le Concile de Perpignan, n° spécial d’Études Roussillonnaises, Revue d'Histoire et d'Archéologie Méditerranéennes, XXIV, déc. 2009, p.93-105.
  • Claire Ponsich, « De la parole d'apaisement au reproche. Un glissement rhétorique du conseil ou l'engagement politique d'une reine d'Aragon ? », in S. Péquignot & S. Hirel (dir.), La Parole des rois. Couronne d'Aragon et de Castille. XIIIe – XVe siècles. Regards croisés sur la glose au Moyen Âge, n° spécial des Cahiers d'études hispaniques médiévales (ENS éditions), 31, déc. 2008, p.81-118, [lire en ligne].
  • Claire Ponsich, « Le carme perpignanais Guillem Sedaçer, familier de Violant de Bar. Étude de trois lettres secrètes inédites de 1382 de la duchesse de Gérone », in Perpignan, l'Histoire des catholiques dans la ville du Moyen Âge à nos jours, Perpignan, éd. Archives Communales de Perpignan (coll. Perpignan-Archives-Histoire), 2008, p.279-303.
  • Claire Ponsich, « Un témoignage de la Culture en Cerdagne, la correspondance de Violant de Bar (1380-1431) », Études Roussillonnaises, Revue d'Histoire et d’Archéologie Méditerranéennes (« Le Moyen Âge dans les Pyrénées catalanes, Art, Culture et société »), 3e s., t. XXI, éd. Trabucaire, sept. 2005, p.147-193.
  • Claire Ponsich, « Perpignan la féminine (1380-1431). Quand une femme de pouvoir codifie l'espace, maîtrise l'émotion politique mais libère le sentiment familial », in R. Sala & M. Ros (dir.), Perpignan, Une et plurielle, Perpignan, éd. Trabucaire/Archives de la Ville de Perpignan, 2004, p.177-203.
  • Claire Ponsich, « L'honneur de la vicomtesse d'Illa i de Canet et d’une noble dame valencienne, deux favorites de la duchesse de Gérone, puis de la reine d'Aragon », Études Roussillonnaises, Revue d'Histoire et d'Archéologie Méditerranéennes, t. XX, , p.75-87.
  • Claire Ponsich, « L'espace d'une reine dans le palais. L'exemple de la Confédération catalano-aragonaise (fin XIVe - début XVe siècles) », in M.-Fr. Auzépy & J. Cornette (dir.), Palais et Pouvoir. De Constantinople à Versailles, Paris, PU de Vincennes, 2003, p.183-227.
  • Claire Ponsich, « La renommée des princesses Yolande (XIVe – XVe siècles) », Le Roussillon, Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales (S.A.S.L des P.-O.), vol. 109, Perpignan, déc. 2001, p.251-290.
  • Claire Ponsich, « Violant de Bar (1365-1431). Ses liens et réseaux de relations par le sang et l'alliance », dans Reines et princesses au Moyen Âge, Montpellier, Université Paul Valéry-Montpellier III, (Cahiers du CRISIMA), 2001, p. 233-276.

Liens externes

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