Abraham Blondet — Wikipédia
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Abraham Blondet (ou Blondel) est un musicien et compositeur français, actif à Paris à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe. Il a notamment été maître de musique de Notre-Dame de Paris.
Biographie
[modifier | modifier le code]Il a dû naître entre 1560 et 1570. Il a été enfant de chœur dans la maîtrise de la cathédrale Notre-Dame de Paris, dont il est « spé[1] » en 1583. D’après les actes du chapitre de Notre-Dame de Paris, Chartier[2] reconstitue ainsi sa carrière :
- spé de la maîtrise en 1583 ;
- la même année, il gagne la harpe d’argent pour son motet Tu Domine benignus es au Puy de musique d’Évreux[3] ;
- boursier du maître de chapelle Fortet en 1585 ;
- clerc de mâtines en 1588 ;
- nommé maître de musique ;
- bénéficier diacre de Saint-Denis-du-Pas en 1597 ;
- grand-vicaire de Saint-Denis-de-la-Chartre en 1600[4] ;
- chanoine de Saint-Aignan en 1606[5] ;
- sous-chantre en 1610 ;
- il reste à la tête de la maîtrise jusqu’en 1614, après quoi il est remplacé comme maître des enfants par Jacques de Moustiers, après un concours organisé par le chapitre. À son départ il laisse à la maîtrise plusieurs pièces de musique, pour lesquelles le chapitre le remercie[6], puis rend ses comptes le ;
- en 1621-1622, il s’oppose avec les doyen, chanoines et chapitre des églises de Saint-Marcel-les-Paris et Saint-Germain-L’Auxerrois dans un procès contre les doyen, chanoines et chapitre de Notre-Dame de Paris[7] ;
- en 1624, il résigne sa prébende de chanoine (ce qui déclenche un conflit avec les autres prébendiers car il s’était démis en faveur d’un bénéficier de Saint-Denis-du-Pas qui n’était pas susceptible de la recevoir)[8] ; il est finalement remplacé par Noël Taron comme chanoine de Saint-Aignan ;
- en 1631 il est nommé vicaire séculier de l’abbaye de Saint-Victor[9].
À Notre-Dame de Paris, il a fait partie de la confrérie de Saint-Augustin, si l'on en croit deux documents d'archive :
- le , il signe devant notaire une quittance pour un rachat de rente. Il signe avec Toussaint Ruellé comme confrère de la confrérie de Saint-Augustin, fondée à Notre-Dame[10].
- le , il donne quittance au maître peintre Antoine de Hanssy, pour lui et pour d’autres religieux de la confrérie de Saint-Augustin, à propos d’un remboursement de rente[11].
On a encore d'autres traces de sa vie sur le plan privé :
- il est en 1589 parrain d’un enfant, et cité alors comme maître des enfants de chœur de Saint-Germain-l'Auxerrois[12] ;
- le , il passe un marché avec le compagnon peintre Baptiste Poncet pour la peinture d’une maison à Ivry, marché qui détaille les décorations à faire[13].
Dans certains des documents ci-dessus, Blondet est nommé "Blondel" mais ses qualités ne laissent pas de doute sur l'identité des deux personnes.
Il meurt en 1634.
Témoignages
[modifier | modifier le code]Il existe à la Bibliothèque nationale de France (Département de la musique) deux recueils de motets reliés en parchemin avec le nom d’Abraham Blondet poussé à l’or. Ce sont :
- Rés 604-606, qui contient la partie de Quinta pars de trois recueils de motets de Lassus parus chez Adrian le Roy et Robert Ballard (1586-1588),
- Rés 607-612, qui contient les parties de Contra et de Superius de 6 autres recueils de motets de Lassus (idem, 1586-1588).
Les deux volumes portent en plus une mention à l’encre sur la page de titre : « ex libris St Eligii de Longo jumello » (prieuré Saint-Éloi de Longjumeau) qui donnent un indice intéressant sur la provenance de ces livres (et peut-être sur la carrière de Blondet ?).
Un sonnet à la louange de Blondet est imprimé au début de la Céciliade de 1606, écrit par son disciple J. Cachet :
- Je ne voudrais pour rien me mesler d'entreprendre
- De nombrer tes vertus, de chanter ton sçavoir
- De dire ta prudence et vanter ton pouvoir :
- Ma langue est trop rustique & ma force trop tendre
- Il en faut bien un autre & qui se face entendre :
- Faut un subtil esprit pour en soy concevoir,
- Et concevant priser ton prétieux avoir
- Du bel art Phoebean, que tu nous fais apprendre :
- Ouy, je crois, que Mercure, Amphion & Phoebus
- Des modes musicaux, dont ils estoienty imbus,
- S'ils estoient icy bas t'en donneroient la gloire.
- Courage, mon Blondet, l'honneur de nostre temps :
- Compose, chante, ecry : car c'est ton passe-temps :
- Tu te bastis ainsi un temple de mémoire.
Œuvres
[modifier | modifier le code]- Le motet Tu Domine benignus es de 1583 est perdu, mais constitue le témoignage le plus ancien de ses capacités de compositeur.
- En 1606, il publie La Céciliade ou Le martyre sanglant de Sainte Cécile, patronne des musiciens, où sont entre-mélés plusieurs beaux exemples moraux, graves sentences, naïves allégories & comparaisons familières, convenables tant au personnage qu’au sujet : Avec les chœurs mis en musique Par Abraham Blondet Chanoine & Maistre de la Musique en l’Église de Paris. Par Nicolas Soret, Rhémois. Paris : Pierre Rezé, 1606. 8°, [20]-90-[2] p. Numérisé sur Gallica.
- Il s’agit d’une petite tragédie chrétienne en l’honneur de sainte Cécile, vierge chrétienne martyrisée au IIIe siècle à Rome. Le texte est de Nicolas Soret, prêtre et maître de grammaire des enfants de chœur de Notre-Dame, tandis que la musique à quatre voix est composée par Blondet, qui était leur maître de musique. on peut supposer qu’elle a été présentée à Notre-Dame de Paris pour la Sainte-Cécile (). L’ouvrage contient de nombreuses pièces liminaires, dédiées au chapitre de Notre-Dame de Paris ou aux deux auteurs.
- La musique des chœurs a paru la même année[14] : Chœurs de l’histoire tragique de Sainte-Cécile. Paris : Pierre I Ballard, 1606. Le recueil contient 12 pièces à quatre parties (9 en français, 2 en latin et une mixte) ; il est souvent relié après le livret de Soret.
- L’œuvre est la plus ancienne tragédie en musique dont on possède la musique. Elle a été donnée en concert par le Lachrimae Consort, dir. Philippe Foulon : voir ici.
- Officii Divæ Ceciliæ virgo et martyr Musicorum patronæ musici concentibus expressi Auth. Abraham Blondet. Paris : Pierre I Ballard, 1611. 10 vol. 4° obl. L’édition est perdue mais attestée par de nombreuses sources[15].
- L’œuvre est beaucoup plus considérable que la Céciliade de 1606 mais elle est perdue. Un fragment de quelques pages a été retrouvé dans une reliure ; on y voit des pièces de 4 à 10 voix, sur les divers textes de l’office de sainte Cécile (psaumes, antiennes, etc.).
Notes
[modifier | modifier le code]- C’est-à-dire le garçon aîné, qui joue un rôle de grand frère et de répétiteur envers les plus jeunes.
- Cf. Chartier 1897, p. 194-195.
- Bonnin 1837 p. 57.
- Ancienne église détruite en 1810, très proche de Notre-Dame.
- Le texte de sa nomination, donné par la séance capitulaire du 14 mars 1606, est donné dans Paris ANF : LL 242 p. 152, cité par Chartier 1897 p. 198 note 1.
- Paris ANF : LL 297 p. 115, cité d’après Chartier 1897 p. 89 note 2.
- Résumé dans Recueil 1716 col. 1269 et suivantes. Sur ces démêlés, voir aussi Jugie 2001, qui cite une quinzaine de fois Blondel à propos d’affaires de canonicats, prébendes et de vicairies.
- Paris ANF : L 600, cité dans Chartier 1897 p. 200 note 2.
- Voir Malingre 1640, livre IV p. 93.
- Paris ANF : MC VI, 294, cité d’après Jurgens 1967 p. 637.
- Paris ANF : MC CV, 627, cité d’après la salle d’inventaire virtuel.
- Laborde 1965 p. 35.
- Paris ANF : MC XI, 87, cité d’après Fleury 2010 p. 493.
- RISM B 2984, Guillo 2003 no 1606-C.
- Guillo 2003 no 1611-B. La notice détaillée est visible ici
Références
[modifier | modifier le code]- Marie-Antoinette Fleury et Martine Constans. Documents du Minutier central des notaires de Paris : peintres, sculpteurs et graveurs au XVIIe siècle (1600-1650). Tome II [Études XI-XX]. Paris : Archives nationales, 2010.
- John S. Powell. « L’Air de cour et le théâtre de collège au XVIIe siècle » in Poésie, musique et société : l’air de cour en France au XVIIe siècle, textes réunis par Georgie Durosoir. Liège : Mardaga, 2006. Aussi disponible en ligne ici.
- Laurent Guillo. Pierre I Ballard et Robert III Ballard, imprimeurs du roy pour la musique (1599-1673). Sprimont et Versailles : 2003. 2 vol. Supplément en ligne sur le site du CMBV (Cahiers Philidor 33).
- Centre historique des archives nationales. Série L - Monuments ecclésiastiques. Titre V : collégiales et paroisses du diocèse de Paris. Églises collégiales de Paris. Répertoire numérique détaillé des cartons L 600 à L 617 rédigé par Pierre Jugie... et complété par Ghislain Brunel. Paris : 1995-2001. En ligne ici.
- Yvon-Briand, Anne-Marie. La maîtrise de Notre-Dame aux XVIIe et XVIIIe siècles in Huitième Centenaire de Notre-Dame de Paris : congrès... Paris, 1964 : actes... (Paris : J. Vrin, 1967), p. 359-399.
- Madeleine Jurgens. Documents du Minutier central concernant l’histoire de la musique (1600-1650). Tome premier [études I – X]. Paris : 1967.
- Yolande de Brossard. Musiciens de Paris 1535-1792 d'après le fichier Laborde. Paris : Picard, 1965.
- Fellerer, Karl Gustav. « N. Soret's 'La Ceciliade' mit Musik von Abraham Blondet (1606) : ein Beitrag zur Geschichte der französischen Oper » in Festschrift Joh. Biehle zun 60. Geburtstag (Leipzig, 1930).
- François Léon Chartier. L'ancien chapitre de Notre-Dame de Paris et sa maîtrise, d'après les documents capitulaires (1326-1790). Paris : 1897.
- Théodose Bonnin et Alphonse Chassant. Puy de musique, érigé à Évreux, en l’honneur de madame Sainte Cécile. Publié d’après un manuscrit du XVIe siècle. Évreux : Impr. Ancelle fils, 1837. Numérisé sur Google books. Réédition : Genève, Minkoff, 1972 (coll. La Vie musicale dans les provinces françaises, vol. II).
- Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du Clergé de France... Tome second. Paris : François Muguet, 1716. Numérisé par Google Books.
- Claude Malingre, Les Antiquitez de la ville de Paris... Paris : Pierre Rocolet, Cardin Besongne, Henri Le Gras, Veuve Nicolas Trabouillet, 1640. Numérisé sur Google Books.
Liens externes
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- Ressource relative au spectacle :