Adrien Holy — Wikipédia

Adrien Holy
Naissance
Décès
(à 80 ans)
Genève
Sépulture
Nationalité
Drapeau de la Suisse Suisse
Activités
Autres activités
enseignant à l'École des beaux-arts de Genève, 1961-1966
Formation
Lieu de travail
Mouvement
Conjoint
Ellisif Bentzen Bjørset (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Jean-Claude Holy (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Adrien Holy est un artiste peintre, lithographe et décorateur suisse né le 30 janvier 1898 à Saint-Imier, mort le 29 décembre 1978 à Genève.

De Saint-Imier à Paris

[modifier | modifier le code]
Saint-Imier
École des beaux-arts de Genève

Né dans le Jura suisse, son apprentissage de la sculpture dès l'enfance vise à ce qu'Adrien Holy exerce, à l'instar de son père Jules Holy (1872-1950) et de son oncle François Holy (1867-?), associés dans les Ateliers Holy Frères à Saint-Imier[1], le métier de graveur de médailles. On connaît une médaille, La Paix entre les hommes (1918) où la signature du jeune homme apparaît aux côtés des signatures de ses deux aînés[2].

Adrien Holy est cependant, après sa scolarité à Saint-Imier, élève de l'École d'art de La Chaux-de-Fonds, puis de l'École des beaux-arts de Genève[3]. Après un séjour en Italie, il arrive à Paris en 1920 - il commence par y « connaître les heures dures et les tristes besognes », évoque Bernard Champigneulle, avant de travailler à la décoration théâtrale avec Gaston Baty[3] - et s'installe au 50, rue Pernety dans le 14e arrondissement jusqu'en 1939[4].

Mariage norgégien

[modifier | modifier le code]

En 1928, il épouse Ellisif Bentzen Bjørset (1903-1988), artiste peintre norvégienne, union dont maîtra un fils, Jean-Claude (1932-2007), futur mathématicien. C'est de la sorte, restitue Paul Fierens, qu'il est « attiré par les pays du Nord où il fait des séjours fréquents, prolongés, et dont il aime la lumière miraculeuse. Tout y prend une transparence, une sorte de résonance argentine, dont les tendres, les fins paysages et surtout les multiples gouaches qu'Holy rapporte de ses excursions aux environs d'Oslo, dans le port de Bergen, dans la campagne et dans les fjords, donnent l'impression, la sensation la plus juste »[5], ce dont le Musée national d'art moderne à Paris conserve témoignage avec la gouache Fjord d'Oslo[6].

Les cinq de la N.G.S.

[modifier | modifier le code]
Raymond Legueult
Galerie Simonson, Paris

Participant aux principaux salons parisiens, Adrien Holy est présenté en 1933 par Roger Brielle au Grand Prix de peinture Jacques Darnetal qui est attribué par vote de critiques d'art à la Galerie Georges Bernheim à Paris[7]. Il y obtient la deuxième place derrière Raymond Legueult, devant Maurice Georges Poncelet et Auguste Durand-Rosé[8].

Les expositions qui, en avril 1933 puis en avril 1934 à la Galerie Simonson, réunissent cinq jeunes artistes que Germain Bazin dit liés par un « commun sentiment de retour à l'objet »[9] en un groupe baptisé N.G.S. (Nouvelle Galerie Simonson) se composent d'Adrien Holy, Roger Chapelain-Midy, Jacques Lestrille, André Planson et Maurice Georges Poncelet. « Chez Simonson, le groupe de la N.G.S. s'est classé comme une des meilleures équipes de la jeune génération. Tous les cinq manifestent une sympathique volonté de ne pas se contenter d'esquisses heureuses, mais de préciser, de composer, de peindre avec solidité, éclat, juste mesure des tableaux achevés » s'enchante dès la première exposition Maximilien Gauthier[10] pour évoquer lors de la seconde exposition cette « intéressante équipe dont il m'est déjà arrivé de dire le mérite, le sérieux, l'amour du beau métier et qui continue fermement »[11]. René Huyghe, pour sa part, définit dans le même temps la singularité des cinq artistes par « la pratique d'un art moins précieux, mais plus volontaire. Le souci des vérités ennsentielles de l'art, d'un métier solide et sûr, aboutit chez eux à un art plus positif, moins proche de la rêverie »[12].

Palais de l'Athénée, Genève

Retour en Suisse

[modifier | modifier le code]

De retour en Suisse en 1939, Adrien Holy est de 1942 à 1946 commissaire aux expositions de la Société des arts de Genève dont le siège se trouve au palais de l'Athénée.

Il enseigne à l'École des beaux-arts de Genèce de 1961 à 1966. De 1961 à 1968, il est président de la Commission fédérale des arts.

Mort le 29 décembre 1978, Adrien Holy repose au cimetière des Rois à Genève.

Contributions scénographiques

[modifier | modifier le code]
Gaston Baty

Contributions bibliophiliques

[modifier | modifier le code]
  • Simon Gantillon, Maya - Spectacle en un prologue, neuf tableaux et un épilogue illustrations hors texte d'Adrien Holy, Paul Colin, Boris Mestchersky et Henri Manuel, cinquième cahier de Masques, 1927.
  • Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris, 22 lithographies originales d'Adrien Holy, 250 exemplaires numérotés, éditions André Gonin, Lausanne, 1945.
  • Jean Giono, Naissance de l'Odyssée, 26 lithographies originales d'Adrien Holy, 159 exemplaires numérotés, éditions A. et P. Gonin, Lausanne, 1963.

Expositions

[modifier | modifier le code]

Expositions personnelles

[modifier | modifier le code]
Musée Rath, Genève
  • Galerie Marseille, Paris, 1936[19].
  • Kunstsalon Wolfsberg, Zurich, janvier-février 1949.
  • Galerie Motte, Genève, 1950.
  • Galerie de la cathédrale, Fribourg, 1966.
  • Musée Rath, Genève, 1968[20].
  • Galerie d'Etraz, Lausanne, mars-avril 1978[21].

Expositions collectives

[modifier | modifier le code]
Affiche du Salon d'Automne, Paris, 1937
Kunsthalle de Berne

Réception critique

[modifier | modifier le code]
  • « Plus complet et plus mûr que celui de ses compagnons est la talent d'Adrien Holy, maître d'une matière dense et amoureuse, brillante, robuste, saine dans sa finesse, capable d'étayer de fortes constructions à dominantes rouges, safranées, et de se plier à l'expression des formes les plus diverses de la vie, du paysage à la scène d'intérieur, au portrait ; il y a là, incontestablement, un peintre, et peut-être même la promesse d'un grand artiste. » - Maximilien Gauthier[10]
  • « Il y a davantage d'intellectualité chez Holy, de qui chaque œuvre se présente comme une poétique transfiguration du réel où l'atmosphère est un composé précieux des qualités lumineuses de chacun des éléments de la composition, de leur rayonnement, de leurs échanges. Holy compose par les valeurs de lumière, par les sonorités, les résonances des couleurs ; son art est une prédominance de l'intelligence affective et du parfum spirituel sur la réalité tactile. » - Roger Brielle[35]
André Warnod
  • « Son art dépouillé, débarrassé de tous parasites, offre une symphonie de couleur et de lumière d'un vif accent. Il aborde les grandes questions de la lumière et de la couleur, il essaie d'aller toujours plus loin dans ce sens avec un réel bonheur. » - André Warnod[36]
  • « Une composition, pour Holy, est avant tout un problème de couleurs à résoudre : autour d'une tache lancée sur un mur au centre de la toile, il ordonne tout le jeu des rapports, des reflets, des combinaisons de tons. Tout doit se plier à ce principe tyrannique, et le nu lui-même ne compte que par sa faculté de retenir la lumière et parce qu'il donne l'occasion d'un jeu nouveau et inattendu. Il compte aussi par l'arabesque de ses limites, de ses contours qui se laissent manger volontiers selon les exigences picturales du tableau. Mais quand Holy se trouve face à face avec la nature, quand il est devant un paysage, de vieilles maisons villageoises, un port norvégien, il sait s'humilier, peintre et homme, et certaine ruelle descendante n'évoque-t-elle pas l'esprit de Paul Cézanne ? » - Michel Florisoone[19]
  • « Ce peintre suisse qui habita vingt ans à Paris entre les deux guerres est l'auteur de plusieurs décors et de grands panneaux décoratifs pour le Théâtre des Champs-Élysées et le Théâtre Pigalle. Au-delà de leur solide structure interne, ses tableaux de chevalet s'apparentent à ceux des tendances qu'on a baptisées, faite de mieux, la Réalité poétique. » - Gérald Schurr[37]
  • « Il fut adopté par Maurice Georges Poncelet, André Planson et Roger Chapelain-Midy dans leur groupe et cité par la critique sur le même plan. Comme eux, en réaction contre les complexes expériences cubistes, il partit à la recherche d'un art directement réaliste, mais sévère en ses principes. Ce qui distingue le style de Holy est son sens particulier de la matière qui le fait procéder par grattages et superpositions. » - Dictionnaire Bénézit[38]

Collections publiques

[modifier | modifier le code]
  • Intérieur, huile sur toile 65x81cm, 1946 ;
  • Intimité, huile sur toile 97x130cm, 1949 ;
  • La chambre, lithographie 38,5x57,3cm, 1949 ;
  • Port, lithographie 38,7x49,7cm, 1952 ;
  • Dix lithographies d'artistes suisses, planche n°2 par Adrien Holy, 1955 ;
  • Le canal de Saint-Louis, le quai, lithographie 50x65cm, 1960 ;
  • Trois garçons, lithographie 32,7x25cm ;
  • Sans titre, lithographie 21x15cm.

Collections privées

[modifier | modifier le code]
  • La Mobilière, Genève, Façade tessinoise, huile sur toile 89x130cm, 1968[47].

Prix et distinctions

[modifier | modifier le code]
  • Prix culturel de la ville de Genève, 1971[47].

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Numista, Holy Frères, Saint-Imier (Suisse)
  2. Collection de médailles suisses, La Paix entre les hommes, 1918
  3. a b et c Bernard Champigneulle, « Holy », Mobilier et décoration, 1934, pp. 94-101.
  4. a et b Salon des Indépendants, catalogue, 1931, n°1935-1936, p. 153
  5. Paul Fierens, « Adrien Holy », L'Art et les artistes, mars 1933, pp. 192-196.
  6. a et b Musée national d'art moderne, "Fjord d'Oslo dans les collections
  7. Roger Brielle, « La peinture - Adrien Holy », Les Cahiers du Sud, juin 1933.
  8. a et b « Les Beaux-Arts - Le Grand Prix de Peinture a été attribué hier à Raymond Legueult », Comœdia, 3 juin 1933, p. 3
  9. a et b Germain Bazin, « Les expositions », L'Amour de l'art, avril 1933, p. 6.
  10. a et b Maximilien Gauthier, « Les expositions - Groupe de la N.G.S. (Simonson) », L'Art vivant, 1933, pp. 226-227.
  11. Maximilien Gauthier, « Les expositions », L'Art vivant, avril 1934, p. 270.
  12. René Huyghe, « Les tandances actuelles », L'Amour de l'art, avril 1934, p. 356
  13. Art Cena, Maya, 1924
  14. Les archives du spectacle, La Cavalière Elsa, 1925
  15. a b et c « Adrien Holy, notice biographique », L'Amour de l'art, 1934, p. 368
  16. Paul Gregorio, « Le "Feu du ciel" au Théâtre Pigalle », Comœdia, 21 février 1930, p. 2.
  17. Les archives du spectacle, Jedermann, 1943
  18. a et b Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale suisse, "Cinquantenaire du tunnel de Simplon" dans la collection d'affiches
  19. a et b Michel Florisoone, « Dans les galeries : Adrien Holy - Galerie Marseille », L'Amour de l'art, 1936, p. 371.
  20. Adrien Holy, catalogue d'exposition, Musée Rath / éditions Braillard, Genève, 1968.
  21. Musée historique, Lausanne, Adrien Holy, affiche d'exposition, 1978
  22. René Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, Art & Édition, 1930, vol.2, p. 196.
  23. a et b « L'actualité et la curiosité - Les expositions visitées », L'Art et les artistes, mars 1932, pp. 318-319.
  24. « Les Beaux-Arts - Les expositions », Comœdia, 17 août 1932, p. 2.
  25. Patrick-F. Barrer, L'Histoire du Salon d'Automne de 1903 à nos jours, Arts et Images du Monde, 1992, p. 306.
  26. Louis Vauxcelles, « Le Salon d'Automne », Excelsior, 4 novembre 1935, p. 6.
  27. André Dennery, « Sur quelques exposants du Salon d'Automne », L'Amour de l'art, 1937, p. 338
  28. Raymond Bouyer, « Les expositions », La Revue de l'art ancien et moderne, 1934, p. 203
  29. Charles Fegdal, « À travers les expositions - Groupe de la N.G.S. », La Semaine à Paris, 20 avril 1934, p. 43
  30. a et b Emma Chatelain, « Holy, Adrien », Dictionnaire du Jura
  31. Collection suisse des affiches, cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale suisse, Kunsthalle de Berne, mars-avril 1936
  32. Patrick Descamps, Paul Charlemagne - L'œuvre au noir, R.S.V.P. éditions, Bruxelles / Musée du Mont-de-Piété de Bergues, 2022.
  33. « Un été tout en peinture au musée de Saint-Imier », 27 juin 2010
  34. a et b Élisabeth Chardon, « Le monde en couleurs de Pierre Cailler », Le Temps, 18 février 2013
  35. Roger Brielle, « Les liquidateurs de l'après-guerre - Le groupe Simonson », L'Amour de l'art, 1934, p. 366.
  36. André Warnod, « Sur cinq jeunes peintres - Chapelain-Midy, Holy, Lestrille, Planson, Poncelet », Comœdia, 28 avril 1934, p. 3.
  37. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1981, pp. 262-263.
  38. Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.n°7, pp. 144-145.
  39. Centre national des arts plastiques, "Paysage de la Corrèze" dans les collections
  40. Bibliothèque publique et universitaire de Genève, Adrien Holy dans les collections
  41. École de Trembley, brochure de l'inauguration, 1950
  42. Mural, L'école de Trembley, Adrien Holy
  43. Musée d'Art et d'Histoire de Genève, Adrien Holy dans les collections
  44. Région Haute-Ajoie, l'église de Grandfontaine
  45. « Hors-d'œuvre : la chambre », Le Quotodien jurassien, 23 décembre 2023
  46. Fondation de la Société des beaux-arts de Vevey, Adrien Holy dans les collections
  47. a et b La Mobilière, Adrien Holy

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • René Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, vol.2, Art & Édition, Paris, 1930.
  • Paul Fierens, « Adrien Holy », L'Art et les artistes, mars 1933 (consulter en ligne).
  • Roger Brielle, « La peinture - Adrien Holy », Les Cahiers du Sud, juin 1933 (consulter en ligne).
  • Bernard Champigneulle, « Holy », Mobilier et décoration, 1934 (consulter en ligne).
  • Gustave Amweg, Les arts dans le Jura bernois et à Bienne, Parrentruy, 1937, vol.1, pp. 318-320.
  • Pierre Bouffard, Adrien Holy, collection « L'art suisse conbtemporain », éditions du Griffon, Neuchâtel, 1952.
  • Hans Vollmer, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler des XX. Jahrhunderts, E. A. Seemann, 1953-1962, vol.2, p. 478.
  • Nane Bettex-Cailler, Adrien Holy, collection « Les cahiers d'art », éditions Pierre Cailler, 1958.
  • Francis Bourquin, « Adrien Holy ou le peintre humaniste », Actes SJE, 1962, pp. 31-37.
  • Pierre Bouffard, Adrien Holy, éditions du Musée Rath, Genève, 1968.
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1981,.
  • Patrick-F. Barrer, L'Histoire du Salon d'Automne de 1903 à nos jours, Arts et Images du Monde, Paris, 1992.
  • Dictionnaire biographique de l'art suisse, Zurich et Lausanne, 1998, vol.1, p. 503.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol.7, Gründ, 1999.
  • Historisches Lexikon der Schweiz, Schwabe, 2007.

Liens externes

[modifier | modifier le code]