Grenoble — Wikipédia
Grenoble (prononcé /gʁə.nɔbl/ Écouter ; en francoprovençal : Grenoblo) est une commune du Sud-Est de la France, en région Auvergne-Rhône-Alpes ; elle est le chef-lieu du département de l'Isère et l’ancienne capitale du Dauphiné.
Grenoble est la commune-centre de la deuxième agglomération de la région Auvergne-Rhône-Alpes en nombre d'habitants (après celle de Lyon), et la troisième commune de cette région (derrière Lyon et Saint-Étienne). Son agglomération de 450 000 habitants est également la plus grande métropole des Alpes (devant Innsbruck — dont l'agglomération compte 300 000 habitants — et Bolzano), ce qui lui vaut le surnom, en France, de « capitale des Alpes »[1],[2]. Son aire d'attraction est de 722 904 habitants en 2021 (zonage de 2020), ce qui la classe en onzième position au niveau national, derrière Montpellier et Rennes mais devant Rouen[3]. Son bassin d'emploi compte 814 000 habitants, ce qui en fait le 9e bassin d'emploi hors Paris, derrière ceux de Rennes ou Rouen, mais devant celui de Lille[4].
L’histoire de Grenoble couvre une période de plus de deux mille ans. Durant l'époque gallo-romaine, le bourg gaulois porte le nom de Cularo, puis celui de Gratianopolis. Son importance s'accroît durant le XIe siècle, lorsque les comtes d’Albon choisissent la cité comme capitale de leur province, le Dauphiné. Ce statut, consolidé par l'annexion à la France (1349), lui permet de développer son économie. Grenoble devient alors une ville parlementaire et militaire, à proximité immédiate de la frontière avec la Savoie.
En 1788, la population s'est mobilisée pour défendre ses parlementaires lors de la journée des Tuiles, en attaquant les troupes royales. Antoine Barnave et Jean-Joseph Mounier, représentants du tiers état, à l'origine du fameux serment du jeu de Paume, furent d'illustres acteurs grenoblois de la Révolution française.
Le développement industriel de Grenoble commence véritablement au XVIIIe siècle avec la ganterie, et s’accentue dans la deuxième partie du XIXe siècle avec la découverte de la « houille blanche » (l'énergie hydroélectrique). Mais Grenoble connaît sa croissance la plus forte durant les Trente Glorieuses.
L'organisation des Jeux olympiques d’hiver (1968) symbolise cette période de grands bouleversements pour la ville. Son développement continuant, Grenoble s'affirme aujourd’hui comme un grand centre scientifique européen[5],[6]. Pour ce qui est de la population, Grenoble était, en 2018, la seizième commune de France avec 157 650 habitants[7], son unité urbaine la seizième de France en 2018, avec 451 096 habitants[8], et son aire d'attraction la onzième, avec 713 291 habitants[9]. Ses habitants sont dénommés les Grenoblois[10].
Géographie
[modifier | modifier le code]Localisation
[modifier | modifier le code]La commune de Grenoble est située entre les massifs du Vercors (à l'ouest et au sud-ouest), de la Chartreuse (au nord), du Taillefer (au sud-est) et de la chaîne de Belledonne (à l'est). Elle est approximativement au centre de la partie française des Alpes. La ville entourée de montagnes très proches faisait dire à Stendhal :
« … Au bout de chaque rue, une montagne[11] »
Grenoble est située dans la partie sud-est du territoire national, à relativement faible distance (à vol d'oiseau) des frontières italienne (70 kilomètres) et suisse (110 kilomètres).
L'agglomération est située sur l'axe du sillon alpin, s'étendant de Valence à Genève, et qui comprend également les villes de Chambéry, Annecy, Aix-les-Bains, Voiron et Romans-sur-Isère.
Bien que située au confluent actuel du Drac et de l'Isère, Grenoble fut bâtie à l'origine au niveau des contreforts de la Bastille, sur un léger tertre en rive gauche de l’Isère, à son point le plus aisément franchissable et donc au premier endroit permettant d'accueillir un pont avant la confluence. L'Isère venait en effet buter contre l'éperon sud du Rachais et divaguait dans des méandres qui se déplaçaient sans cesse.
Les villages alentour étaient, quant à eux, installés à l’abri des inondations sur les coteaux des trois massifs. Ce n'est qu'une fois ces rivières canalisées que la ville connaîtra une expansion urbaine sur le reste de la plaine.
Le point zéro de départ du kilométrage se situe sur le pont Marius-Gontard. À vol d'oiseau, Grenoble se situe à 47 kilomètres de Chambéry, 71 kilomètres de Valence, 73 kilomètres de Gap, 92 kilomètres de Vienne, 97 kilomètres de Lyon, 122 kilomètres de Genève, 154 kilomètres de Turin, 204 kilomètres de Nice, 211 kilomètres de Marseille et 483 kilomètres de Paris[12]. Toujours à vol d'oiseau, Grenoble se situe à 14 kilomètres de la station de ski de Chamrousse, à 16 kilomètres des Sept Laux, à 17 kilomètres de Villard-de-Lans, à 25 kilomètres de l'Alpe d'Huez, à 35 kilomètres des Deux Alpes et à 48 kilomètres de La Grave[12].
Par la route, Grenoble se situe à 110 kilomètres de Lyon, 224 kilomètres de Turin, 320 kilomètres de Nice et à 547 kilomètres de Paris[13].
- La vieille ville de Grenoble se situe au pied des premiers contreforts de la Chartreuse marqués par le fort de la Bastille (plan relief de 1848).
- Vue aérienne de l'agglomération grenobloise avec le massif de la Chartreuse en arrière-plan.
Communes limitrophes
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Grenoble est le siège de la métropole Grenoble-Alpes Métropole (communément appelée La Métro) qui inclut également au 1er janvier 2015 les communes suivantes : Bresson, Brié-et-Angonnes, Champ-sur-Drac, Champagnier, Claix, Corenc, Domène, Échirolles, Eybens, Fontaine, le Fontanil-Cornillon, Gières, Herbeys, Jarrie, La Tronche, Le Gua, Meylan, Miribel-Lanchâtre, Mont-Saint-Martin, Montchaboud, Murianette, Notre-Dame-de-Commiers, Notre-Dame-de-Mésage, Noyarey, Poisat, Le Pont-de-Claix, Proveysieux, Quaix-en-Chartreuse, Saint-Barthélemy-de-Séchilienne, Saint-Égrève, Saint-Georges-de-Commiers, Saint-Martin-d'Hères, Saint-Martin-le-Vinoux, Saint-Paul-de-Varces, Saint-Pierre-de-Mésage, Le Sappey-en-Chartreuse, Sarcenas Sassenage, Séchilienne, Seyssinet-Pariset, Seyssins, Varces-Allières-et-Risset, Vaulnaveys-le-Bas, Vaulnaveys-le-Haut, Venon, Veurey-Voroize, Vif et Vizille.
Cette métropole, créée le , et succédant à la communauté d'agglomération du même nom, compte aujourd’hui quarante-neuf communes pour 444 078 habitants.
Le territoire de Grenoble est limitrophe de dix des quarante-neuf autres communes qui composent la Métro. À titre de comparaison, la superficie de Grenoble et des communes de sa première couronne représente exactement la même superficie que la commune de Paris, soit 105,40 km2, mais pour 325 000 habitants.
Géologie et relief
[modifier | modifier le code]Une des villes les plus plates de France
[modifier | modifier le code]La ville est principalement bâtie dans une plaine au confluent de l'Isère avec le Drac, au centre de l'Y grenoblois. Cette configuration permet de parler d’une « cuvette grenobloise », vallée singulièrement plate d'origine glaciaire[14]. Grenoble est souvent présentée comme une des villes les plus plates de France, expression utilisée par le site de la ville[15], ce qui la rend propice au déplacement à vélo[16].
Le retrait du glacier de l'Isère, il y a environ 25 000 ans, entraîne la présence d'un lac pendant plus de dix mille ans, avec ses alluvions lacustres würmiennes[17]. Le recul des glaciers a laissé un réseau hydrographique changeant, parfois de manière brutale (inondation de Grenoble en 1219). Ainsi, avant le XVIIe siècle, le Drac n'était pas canalisé et rejoignait l'Isère par de nombreux méandres vers l'actuel pont de la Porte de France[réf. souhaitée]. Le reste de la plaine, soumis aux inondations fréquentes de l’un ou l’autre des cours d’eau, se partageait entre marais, cultures et maigres pâturages. Au fil des siècles, la lutte des habitants pour maîtriser ces deux rivières va donner naissance au symbole du serpent et du dragon[Note 1]. Aujourd'hui, ce rapport à l'eau est toujours particulier, puisque certaines nappes phréatiques se trouvent à moins de deux mètres de la surface[18], nécessitant des fondations spéciales pour toute construction nouvelle[réf. souhaitée], et rendant toute réalisation de transports souterrains irréaliste en raison d'un coût financier trop important[réf. souhaitée].
La Bastille, unique sommet grenoblois
[modifier | modifier le code]L'altitude de Grenoble[19] varie de 204 à 600 mètres ; la mairie, proche des berges de l'Isère, se situe à 212 mètres. La ville est dominée par la Bastille, une ancienne forteresse défensive construite sur une hauteur culminant à près de 475 mètres, accessible depuis le centre-ville par le téléphérique de Grenoble Bastille, dont les cabines, appelées communément « les Bulles », sont devenues un des symboles marquants de la ville. Derrière la Bastille commence le parc naturel régional de Chartreuse.
Climat
[modifier | modifier le code]Le climat à Grenoble dépend des données des différentes stations météorologiques et des classifications climatiques.
Selon la classification de Köppen, le climat à Grenoble intra-muros et la proche agglomération est « tempéré-chaud, sans saison sèche avec été chaud »[20].
Un climat complexe qui se trouve entre les climats : océanique, continental et méditerranéen. Il se traduit par des différences souvent brutales de température et des irrégularités de pluviométrie avec des étés chauds et humides ou alors très chauds et secs, avec des températures maximales supérieures à 30 °C, et avec des hivers variables allant de très doux et humides à très froids et neigeux avec une possibilité de températures supérieures à 10 °C ou inférieures à −12 °C durant la saison. Grenoble est souvent divisée en deux l'hiver avec une moitié ouest de l'agglomération qui est concernée par la neige et une moitié est qui ne voit pas l'ombre d'un flocon.
Cet effet se produit quand une dégradation arrive par le nord-ouest. La neige se met à tomber en grande quantité à l'ouest de la ville car la dégradation s'engouffre dans la cluse de Voreppe. En revanche, au même moment, le sud et l'est de la ville ne sont pas ou peu concernés par la neige, car les massifs de la Chartreuse et du Vercors freinent et absorbent une bonne partie de la dégradation.
Les relevés suivants ont été effectués à la station de Saint-Martin-d'Hères (proche banlieue est) :
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | −0,1 | 0,3 | 3,5 | 7,6 | 11 | 14,9 | 16,8 | 16,1 | 13 | 9,3 | 4,1 | 0,5 | 8,1 |
Température moyenne (°C) | 3,5 | 4,9 | 9,2 | 13,8 | 17 | 21,3 | 23,6 | 22,6 | 18,9 | 14,3 | 8 | 3,9 | 13,4 |
Température maximale moyenne (°C) | 7 | 9,6 | 14,9 | 20 | 23,1 | 27,7 | 30,5 | 29,1 | 24,8 | 19,2 | 12 | 7,3 | 18,8 |
Record de froid (°C) date du record | −10,7 11-01-2010 | −12,3 05-02-2012 | −9,4 01-03-2005 | −1,9 08-04-2021 | 1,4 06-05-2019 | 5 01-06-2006 | 9,4 25-07-2011 | 9,2 31-08-2006 | 4,2 27-09-2020 | −3 26-10-2003 | −8,9 27-11-2005 | −10,8 20-12-2009 | −12,3 05-02-2012 |
Record de chaleur (°C) date du record | 20,1 10-01-2007 | 22,8 20-02-2021 | 27,5 26-03-2006 | 32,3 14-04-2024 | 35,4 24-05-2009 | 38,6 18-06-2022 | 40,8 22-07-2022 | 42,6 24-08-2023 | 34,6 10-09-2023 | 31,8 26-10-2006 | 24,6 14-11-2010 | 21,2 17-12-2019 | 42,6 24-08-2023 |
Précipitations (mm) | 78,8 | 54,4 | 71,8 | 60,5 | 97,7 | 82,5 | 74,1 | 81,5 | 62,8 | 83,6 | 88,3 | 87,8 | 923,9 |
Diagramme climatique | |||||||||||
J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
7 −0,1 78,8 | 9,6 0,3 54,4 | 14,9 3,5 71,8 | 20 7,6 60,5 | 23,1 11 97,7 | 27,7 14,9 82,5 | 30,5 16,8 74,1 | 29,1 16,1 81,5 | 24,8 13 62,8 | 19,2 9,3 83,6 | 12 4,1 88,3 | 7,3 0,5 87,8 |
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm |
Voici également les relevés de la station de l'aéroport de Grenoble-Alpes-Isère, situé à 44,4 km (en transports) au nord-ouest de Grenoble et 180 m plus haut, soit à 384 m d'altitude. Cette toute petite commune est située de l'autre côté du plateau du Vercors.
Météo France est propriétaire de cette station qui est appelée « Grenoble - Saint-Geoirs », car située à Saint-Geoirs. Le nom de la station est pourtant trompeur : les relevés de température comportent d'importantes différences. Pour cause, la station météo est séparée de Grenoble par le plateau du Vercors et est située bien plus en altitude. Le climat est ici climat semi-continental (Köppen: Cfb) selon la classification de Köppen et tempéré continental (Trewartha: Dc, Do) selon la classification de Trewartha, alors que le climat du bassin Grenoblois est tempéré-chaud, dû à l'encaissement de la ville formé par les trois massifs montagneux qui l'entourent (Massif de la Chartreuse au Nord, Massif du Vercors à l'Ouest et Chaîne de Belledonne à l'Est).
Ville | Ensoleillement (h/an) | Pluie (mm/an) | Neige (j/an) | Orage (j/an) | Brouillard (j/an) |
---|---|---|---|---|---|
Médiane nationale | 1 852 | 835 | 16 | 25 | 50 |
Grenoble[22] | 2 108,8 | 915,1 | 8,0 | 32,1 | 28,2 |
Paris | 1 717 | 634 | 13 | 20 | 26 |
Nice | 2 760 | 791 | 1 | 28 | 2 |
Strasbourg | 1 747 | 636 | 26 | 28 | 69 |
Brest | 1 555 | 1 230 | 6 | 12 | 78 |
Bordeaux | 2 070 | 987 | 3 | 32 | 78 |
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | −0,7 | −0,5 | 2,1 | 4,7 | 8,9 | 12,4 | 14,1 | 14,2 | 10,8 | 7,7 | 3,2 | 0,1 | 6,4 |
Température moyenne (°C) | 2,8 | 3,8 | 7,4 | 10,4 | 14,5 | 17,9 | 20,6 | 20,5 | 16,4 | 12,3 | 6,9 | 3,5 | 11,5 |
Température maximale moyenne (°C) | 6,3 | 8 | 12,6 | 16,2 | 20,2 | 23,8 | 27,1 | 26,9 | 21,8 | 17 | 10,7 | 6,9 | 16,5 |
Record de froid (°C) date du record | −27,1 03-01-1971 | −19,4 05-02-2012 | −18,2 04-03-1949 | −7,9 08-04-2003 | −2,8 07-05-2019 | 2,1 10-06-2005 | 4,8 18-07-1970 | 3,8 30-08-1986 | −1,2 28-09-1972 | −5,3 30-10-1950 | −10,9 27-11-1971 | −20,2 30-12-2005 | −27,1 03-01-1971 |
Record de chaleur (°C) date du record | 17,3 10-01-2015 | 20,7 25-02-1991 | 25,3 22-03-1990 | 28 18-04-1949 | 31,4 22-05-2022 | 37 22-06-2003 | 38,3 24-07-2019 | 39,5 13-08-2003 | 33,6 05-09-1949 | 29,7 09-10-2023 | 24,8 01-11-1968 | 19,5 18-12-1989 | 39,5 13-08-2003 |
Ensoleillement (h) | 90,8 | 111,6 | 172,9 | 189,8 | 220,8 | 258,4 | 292,4 | 263,4 | 199,2 | 140,4 | 91,1 | 78 | 2 108,8 |
Précipitations (mm) | 63,3 | 48,7 | 63 | 75,5 | 90,7 | 73,3 | 66,5 | 66,3 | 105,7 | 105,8 | 87,7 | 63,6 | 915,1 |
Diagramme climatique | |||||||||||
J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
6,3 −0,7 63,3 | 8 −0,5 48,7 | 12,6 2,1 63 | 16,2 4,7 75,5 | 20,2 8,9 90,7 | 23,8 12,4 73,3 | 27,1 14,1 66,5 | 26,9 14,2 66,3 | 21,8 10,8 105,7 | 17 7,7 105,8 | 10,7 3,2 87,7 | 6,9 0,1 63,6 |
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm |
Urbanisme
[modifier | modifier le code]Typologie
[modifier | modifier le code]Au , Grenoble est catégorisée grand centre urbain, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[24]. Elle appartient à l'unité urbaine de Grenoble[Note 2], une agglomération intra-départementale regroupant 38 communes, dont elle est ville-centre[Note 3],[25],[26]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Grenoble, dont elle est la commune-centre[Note 4],[26]. Cette aire, qui regroupe 204 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[27],[28].
Occupation des sols
[modifier | modifier le code]L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (92,9 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (92,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (58,2 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (29,1 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (5,6 %), eaux continentales[Note 5] (3,8 %), forêts (3,3 %)[29]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Pollution
[modifier | modifier le code]La pollution de l'air est l'un des problèmes environnementaux les plus pressants auxquels est confrontée la ville.
Selon les données de l'ADEME, la ville de Grenoble est classée comme une zone de qualité de l'air régulièrement mauvaise en raison de la présence de particules fines et de dioxyde d'azote dans l'air. Les particules fines sont émises par les véhicules, le chauffage, l'industrie, l'agriculture, et les sources naturelles comme les feux de forêt. Le dioxyde d'azote est également principalement émis par les véhicules, mais aussi par les industries et les activités commerciales.
Ces particules fines et le dioxyde d'azote sont des polluants atmosphériques nocifs pour la santé humaine, qui peuvent provoquer ou aggraver les maladies cardiovasculaires, respiratoires, neurologiques et autres. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution atmosphérique est responsable de plus de 7 millions de décès prématurés chaque année dans le monde, dont environ 48 000 en France.
En outre, Grenoble est située dans une cuvette alpine qui a tendance à retenir les polluants dans l'air. Les conditions météorologiques, telles que l'inversion de température, peuvent également contribuer à la stagnation des polluants dans la ville[30].
En France, environ 30 % des nouveaux cas de cancer du poumon sont causés par la pollution de l'air, selon l'Institut national du cancer (INCa). Les niveaux élevés de pollution de l'air à Grenoble peuvent donc avoir un impact significatif sur la santé respiratoire de la population locale, y compris le risque de cancer du poumon.
Morphologie urbaine
[modifier | modifier le code]La vieille ville
[modifier | modifier le code]Grenoble, enfermée dès le IIIe siècle dans une première enceinte de neuf hectares, n’a guère conservé de bâtiments marquants antérieurs à la fin du Moyen Âge, hormis le groupe cathédral et une église collégiale, mais le tracé actuel des rues conserve le souvenir de sa physionomie urbaine : un réseau irrégulier de voies étroites aboutissant aux portes de l’enceinte vers la plaine et au pont franchissant l’Isère[31]. Les extensions successives des murailles n’ont guère changé la morphologie de la ville intra-muros, même si son aspect architectural a accompagné le renouvellement de ses bâtiments. Le carcan des enceintes s'est lentement élargi[32], suivant l’évolution de l’art des fortifications, en particulier aux XVIe et XVIIe siècles. La cité a une superficie de 36 hectares dans l'enceinte Lesdiguières (1591–1606), de 45 ha dans l'enceinte Créqui, commencée en 1640, interrompue par l'inondation de 1651 et terminée en 1675[33].
À la fin du XVIIIe siècle l’agglomération se présente donc comme un petit noyau urbain de quelque 20 000 habitants, serré dans son enceinte au pied de la Chartreuse, entouré de villages reliés à la ville par des chemins qui deviendront, presque inchangés, les grands axes de l’agglomération, au moins jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
L'ère industrielle
[modifier | modifier le code]Ce n’est qu’au XIXe siècle que la morphologie de Grenoble et de l’agglomération se transforment profondément. Entre 1832 et 1836, la création de la nouvelle enceinte fortifiée du général Haxo ajoute un rectangle de cinquante hectares au sud de la ville ancienne[34]. Ce territoire accueille une urbanisation radicalement différente de celle de la ville ancienne : un quadrillage régulier d’avenues autour d’une place d'Armes (actuelle place de Verdun[Note 6]) dont les quatre côtés voient se bâtir les édifices symboles de l’importance croissante de Grenoble : le cercle militaire (initialement École d'artillerie) en 1858 (au sud-est), l’hôtel de la Division en 1862 (au nord), la préfecture en 1866 (au sud), le musée-bibliothèque en 1870 (au nord-est), le Palais de l’Université de 1875 à 1879.
À l'ouest, la création d’un pont suspendu sur le Drac en 1828, le tracé de l'actuel cours Berriat en 1840 et l’arrivée du chemin de fer en 1858, dont l'emplacement du terminus fut fixé par un arrêté ministériel du , en dehors de l’enceinte[35], entraînent la création d’un quartier d’ateliers et d’habitats ouvriers, hors les murs, le long d’un réseau de voies résultant autant du parcellaire que d’un essai de tracé régulier. Cette urbanisation commence à déborder, au débouché du « pont du Drac », sur le territoire de la commune de Fontaine.
La croissance de l’activité industrielle et de la population entraîne le renforcement de l’urbanisation qui déborde des remparts ; mais Grenoble est une place forte, ce sont donc les fortifications qui sont en partie déplacées après la guerre de 1870 : après avoir projeté une nouvelle enceinte englobant le nouveau quartier jusqu’au Drac, la construction d'une ceinture de forts autour de Grenoble est préférée[Note 7]. De ce fait, l’espace occupé par l’ancienne enceinte Ouest devient disponible. Situé entre la ville ancienne et les quartiers ouvriers, est édifié, à partir de la dernière décennie du XIXe siècle, un nouveau centre sur un tracé aussi régulier que le permet la forme triangulaire du terrain libéré. Issues d’une place centrale (Victor-Hugo), des avenues bordées d’immeubles « haussmanniens » assurent une relative soudure entre les urbanisations précédentes.
La poursuite du développement industriel et démographique entraîne l’amorce de nouveaux quartiers au sud des fortifications (la Bajatière, les Eaux-Claires, les Alliés-Alpins…) et sur les communes mitoyennes. Sous la magistrature de Paul Mistral, à l'occasion de l’exposition internationale de 1925, sont détruits les remparts sud de la ville. Leur suppression permet la création des grands boulevards.
L'expansion de l'après-guerre
[modifier | modifier le code]La période des Trente Glorieuses accélère le développement : Grenoble et les communes périphériques tendent à ne plus former qu’une seule urbanisation, encore ponctuée de nombreux espaces non bâtis. Quelques grandes « cités » de logements sociaux, dans plusieurs communes, répondent partiellement à la demande croissante. De même, face au développement universitaire, un campus regroupant la plupart des établissements est créé de toutes pièces dans une boucle de l'Isère, sur des terrains agricoles relativement marécageux.
À l’occasion de la préparation des dixièmes Jeux olympiques d’hiver en 1968, la réalisation d’infrastructures routières et ferrées donne une ossature plus lisible à l’urbanisation d’ensemble. L’urbanisation se poursuit par des opérations concertées de plusieurs centaines, voire milliers de logements, avec leurs équipements résidentiels. Ces opérations sont plus ou moins bien reliées aux urbanisations existantes, mais dans tous les cas, en diffèrent profondément par leur architecture. Un « centre secondaire », destiné à fournir aux quartiers sud de l’agglomération un ensemble de services et d’accueillir des équipements qui ne peuvent trouver place dans le centre ancien, est réalisé dans une urbanisation concertée entre Grenoble et Échirolles : la Villeneuve. Sa morphologie urbaine, pour différente qu’elle soit entre les quartiers, reflète un renouveau urbain et architectural, fondé sur les principes de la Charte d’Athènes.
La ville est la même année, en Mai 68, au cœur de la contestation très actives dans le domaine de l'art. Durant les années 1960 et les années 1970, connues sous l'appellation des Trente Glorieuses, les « vieux quartiers » grenoblois entament leur réhabilitation. Après un essai d’inscription d’une architecture nouvelle dans l’ancienne trame urbaine (quartier centre-ville, secteur de la rue de la République - quartier Mutualité/Bir-Hakeim - quartier de l'Île verte), qui n'est pas concluante, la rénovation respecte désormais la morphologie urbaine existante tout en renouvelant l’architecture.
Face à l’augmentation de la circulation automobile, le réseau de transport en commun, vieillissant, est renouvelé dès le début des années 1970. La création des lignes de tramway suscite un renouvellement du tissu urbain, tant dans les « vieux quartiers » grenoblois que dans les communes de ceinture traversées. Dans la dernière décennie du XXe siècle, la création d’Europole entraîne un renouvellement architectural des quartiers voisins, sans en modifier la trame urbaine, et induit un développement des fonctions centrales vers l’ouest (Palais de justice à Europole, secteurs de recherches sur la Presqu'île).
Plus récemment, l'achèvement du premier écoquartier de France sur le site de l'ancienne caserne de Bonne, grand prix Écoquartier 2009[36], témoigne d'une volonté de concilier les nouveaux développements urbains avec les exigences nouvelles de développement durable.
Quartiers
[modifier | modifier le code]Grenoble comprend de nombreux quartiers, parmi lesquels peuvent être cités[réf. nécessaire] :
- le quartier Bastille - Saint-Laurent - Esplanade est entièrement situé sur les contreforts du massif de la Chartreuse, sur la rive droite de l'Isère et présente essentiellement de petits bâtiments datant de la première moitié du XXe siècle. L'esplanade accueille chaque printemps la grande fête foraine de la foire des Rameaux
- le quartier de l'Île Verte est une presqu'île, formée par un méandre de l'Isère située dans le nord-est de la ville
- Chorier-Berriat, également appelé Saint-Bruno, est situé dans l'Ouest de la ville ; c'est l'ancien quartier ouvrier situé près du cours Berriat et du pont du Drac, le plus ancien pont sur le Drac de Grenoble
- Europole, situé dans l'Ouest du centre-ville, derrière les gares SNCF et routière, est considéré comme le quartier des affaires. La CCI de Grenoble y est implantée notamment avec l'école de commerce Grenoble École de Management
- le Polygone scientifique, dénommé de plus en plus souvent « Presqu'île scientifique » est situé sur une presqu'île formée par la confluence du Drac et de l'Isère au nord-ouest d'Europole. Ce quartier abrite entre autres l'European Photon and Neutron Science Campus
- Notre-Dame forme avec l’hyper-centre, le centre historique de la ville. Ce secteur comprend de nombreuses rues et places piétonnes, et une ambiance nocturne très active. L'hyper centre réunit les places Verdun, Vaucanson, Victor-Hugo et Grenette et forme avec le quartier Notre-Dame, le secteur le plus animé de la ville avec ses nombreux bars et restaurants
- le quartier des grands boulevards porte le nom des plus grandes artères urbaines de Grenoble qui la traversent d'est en ouest et marquent la séparation des deux codes postaux de Grenoble (38000 au nord, et 38100 au sud)
- le quartier des Eaux-Claires tire son nom de différents ruisseaux formés autrefois par des infiltrations du Drac. Il possède un lycée portant ce nom
- le quartier Vigny Musset est un nouveau quartier situé à proximité du Village olympique, non loin de la direction iséroise de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) et de la Caisse d'allocations familiales (CAF)
- le quartier de la Capuche est situé à proximité des grands boulevards et abrite le parc Georges-Pompidou, sur six hectares (secteur 4). Il s'agit d'un quartier populaire avec des constructions datant essentiellement des années 1950 et 1960
- le quartier Exposition-Bajatière à l'intérieur duquel se trouve le parc Paul-Mistral, abritant aujourd’hui l'hôtel de ville, la tour Perret et des équipements sportifs
- Le quartier Alliés-Alpins est un quartier historique, résidentiel, commerçant, et industriel au sud-ouest des grands boulevards. Il inclut par exemple le sud du parc Georges-Pompidou, le marché d'intérêt national de Grenoble, le centre sportif Reyniès-Bayard, le Pacifique - Centre de Développement Chorégraphique -, l’église Saint-Paul, la maison Kaminski et les bâtiments des services techniques de la Ville
- les quartiers Sud (Teisseire, Village Olympique, la Villeneuve) sont inclus au sein de vastes quartiers prioritaires s'étendant sur toute sa partie sud, et regroupant plus de 10 000 habitants[37]. Ils forment ainsi une couronne qui jouxte les quartiers populaires des communes du Sud de la périphérie
- le quartier Mistral abrite une cité jardin très excentrée qui a longtemps accueilli les populations ouvrières et immigrées, notamment italienne à ses débuts, et qui héberge encore des populations aux revenus assez modestes
- les secteurs Alpexpo - Grand'Place se présentent sous la forme d'un grand complexe commercial, associé à un parc événementiel (salons, expositions), à la limite sud de Grenoble où se trouve une centrale à chaleur de la compagnie de chauffage intercommunale de l'agglomération grenobloise
- le quartier du Rondeau délimité par l'échangeur du Rondeau ainsi que par la zone industrielle Techni sud située à l'extrémité sud-ouest de la ville.
Logement
[modifier | modifier le code]La commune de Grenoble comptait 86 984 logements en 2007, contre 83 955 en 1999, soit une augmentation de 3,6 % alors que la population de la commune connaissait une croissance de 2,2 % sur la même période[38].
La ville compte 91,1 % de résidences principales contre seulement 1,7 % de résidences secondaires et logements occasionnels. Grenoble compte par ailleurs plus de 7,2 % de logements vacants. Les logements construits avant 1949 représentent près de 26 % du parc grenoblois tandis que près de la moitié d’entre eux sont construits entre 1950 et 1974. Les logements construits après 1990 représentent un peu moins de 10 % du parc. Enfin, les logements grenoblois sont essentiellement de grande taille avec 36 % de quatre pièces et plus. La part des propriétaires est de 37,4 %, celle des locataires s’établit à 59,6 %. Les logements individuels représentent 3,4 % du parc immobilier, ce qui est très faible comparé à des villes comme Bordeaux (26,9 %) ou Nantes (23,4 %) mais comparable à Lyon (3,3 %).
Le prix moyen des appartements, en 2020, est d'environ 2 356 €/m2[39]. Longtemps réputée chère, Grenoble compte en réalité parmi les grandes villes de France où les prix immobiliers sont les plus abordables.
Grenoble concentrait 16 937 logements sociaux en 2011[40], soit plus de 40 % des logements sociaux de l’agglomération et 30 % de ceux de la RUG. Grâce à une politique volontariste de construction de logements sociaux (300 par an en moyenne[40]), la commune franchit début 2011 le seuil des 20 % exigé dans le cadre de la loi SRU. De nombreux organismes d'attribution de logements sociaux sont présents sur le territoire de la commune : Actis, héritière des premiers OPHBM de la ville de Grenoble, Pluralis et le bailleur social Grenoble Habitat. Il y a également un office public de l'habitat (OPH) : l’Office public d'aménagement et de construction (OPAC 38).
2007 | 1999 | |
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Ensembles des logements de la commune | 86 984 | 83 955 |
Ensemble des résidences principales | 79 282 | 75 227 |
Part dans l'ensemble des logements (%) | 91,1 | 90 |
Part des propriétaires (%) | 37,4 | 36 |
Part des locataires (%) | 59,6 | 59,6 |
Part des appartements (%) | 94,9 | 94 |
Nombre moyen de pièces par résidence principale | 3,0 | 3,0 |
Projets d'aménagement
[modifier | modifier le code]Actuellement, les élus locaux mènent des politiques visant à « reconstruire la ville sur la ville » pour réparer les déséquilibres causés par le développement anarchique des Trente Glorieuses. De nombreux écoquartiers ont vu le jour ou ont été lancés ces dernières années comme la Caserne de Bonne. L'objectif affiché par la municipalité est de densifier la ville sur elle-même afin d'éviter l’étalement urbain et la consommation d'espace en péri-urbanité, mais aussi de répondre à l'important manque de logement, d’embellir les espaces publics et d’accueillir de nombreux emplois avec la construction de bureaux, de commerces ou d'équipements universitaires et de recherche. Ces projets urbains ont à Grenoble la spécificité d'être contraints par la rareté du foncier et l'impossibilité d'étendre la ville en raison du relief ou des risques naturels (vallée de l'Isère). D'importants programmes de réhabilitation urbaine sont aussi menés, notamment thermique sur l'habitat ancien et de certains quartiers (avec l'ANRU). Un aménagement innovant de l'éclairage public pour lutter contre la pollution lumineuse et réduire la facture d'électricité a aussi été mis en place depuis 2016[41].
Développement du transport à vélo
[modifier | modifier le code]La municipalité fait du développement du transport à vélo l'une de ses priorités. Avec 15,2 % de ses actifs rejoignant au quotidien leur travail à bicyclette, « Grenoble se positionne dans le tiercé de tête des grandes villes françaises où le vélo est le plus utilisé », relève l’INSEE en 2017[42]. Depuis, le réseau « Chronovélo », soit des itinéraires directs réservés aux cyclistes, a été mis sur pied, et devrait relier en 2022 onze communes de la métropole. La ville a été récompensée par la Fédération des usagers de bicyclette, qui la place en première position sur les métropoles de 100 000 à 200 000 habitants[43].
Projets urbains par quartier
[modifier | modifier le code]Les principaux projets urbains en cours ou achevés récemment sont :
- Grenoble Presqu’île / GIANT (Grenoble Innovation for Advanced New Technologies)
- Cette ZAC de 265 hectares, initiée en 2010, est le plus grand programme d'aménagement de la ville et est l'un des plus importants de France. 1,3 milliard d'euros vont être investis dans les infrastructures publiques, scientifiques et universitaires, ce qui en fait aussi l'un des plus importants investissements public-privé de France[44]. À terme (d'ici 2025), la Presqu'île comptera 2400 nouveaux logements programmés, 15 000 actifs supplémentaires dans les secteurs de la recherche et de l'industrie et environ 10 000 nouveaux étudiants[44]. Les projets tertiaires ne sont pas en reste avec notamment la construction de deux nouveaux bâtiments à haute performance énergétique (pour une surface totale de 43 000 m2) de Schneider Electric[45],[46], de 5 500 m2 de bureaux pour la société Xenocs[47] ou encore de 14 500 m2 de bâtiments neufs, « quasiment passifs au niveau énergétique », accueillant le nouveau siège du Crédit agricole Sud Rhône-Alpes[48]. À proximité, sur le parc d'Oxford, 23 000 m2 de nouveaux bâtiments ont été achevés en 2019 pour l'implantation du pôle hydraulique d'EDF, qui constitue désormais le premier pôle hydraulique de France[49],[50]. La ville affiche l'ambition de faire du site la vitrine internationale de la ville en y établissant un campus d'innovation mondial[44]. Un téléphérique rejoignant le projet voisin des Portes du Vercors, le Métrocâble, doit aussi voir le jour à l'horizon 2025[51], mais son développement est ralenti à la suite de nombreuses controverses[52].
- Esplanade
- Ce projet prévoit, autour de la Grande Esplanade, de créer prochainement entre 650 et 960 nouveaux logements (suivant les scénarios d'aménagement retenus début 2017), un équipement d'échelle métropolitaine et de mettre en valeur les berges de l'Isère et l'Esplanade pour en faire une zone récréative et paysagère. Cette dernière permettra d’accueillir des événements culturels (festivals, cirques ainsi que la foire des Rameaux)[53].
- Flaubert
- La ZAC Flaubert prévoit d'ici 2024 la construction de 1 400 nouveaux logements et de 9 000 m2 d'activités, d'équipements et de bureaux, dont une nouvelle école. Le quartier s'est doté d'un nouveau parc urbain de 3 hectares en 2015, construit sur une ancienne friche[54].
- Bouchayer-Viallet
- Cette ancienne friche industrielle labellisée éco-quartier en 2013[55] a pour objectif, outre la construction de nouveaux logements, de créer un nouvel éco-quartier d'affaires innovant qui accueille les bureaux de R&D des entreprises Apple[56] et Huawei[57], ou encore d'Atos[58]. La place consacrée aux équipements culturels est forte dans ce projet avec l'ouverture en 2015 de La Belle Électrique, scène consacrée aux musiques actuelles située près du Magasin-CNAC, et de la salle d'escalade Espace Vertical[59].
- Caserne de Bonne
- La Caserne de Bonne (grand prix national écoquartier 2009) est l'un des tout premiers éco-quartiers construits en France et a été achevée en 2011. Ce projet intégré dans un parc urbain de 5 hectares a notamment permis la création de 900 nouveaux logements, d'un centre commercial d'une cinquantaine de boutiques, d'espaces culturels et d'un cinéma[60].
Si l’écoquartier de Bonne est certainement le plus symbolique de cette action de la municipalité, il existe également d’autres projets moins médiatisés tels que le projet « Cœur de Ville, Cœur de Métropole » visant à revaloriser le cœur historique de la métropole, avec par exemple une transformation profonde de l'axe Agutte Sembat et de la place Victor Hugo[61]; l'aménagement des quartiers Mistral-Eaux Claires, Châtelet, Beauvert ou encore la création du quartier Vigny-Musset.
Les principaux programmes de renouvellements urbains engagés par la municipalité sont situés dans les quartiers Sud de la ville[62], où se trouvent de grands ensembles architecturaux ainsi qu’un aménagement urbain chaotique (Mistral, la Villeneuve).
- Charte urbaine de transport
- Grenoble Alpes Métropole et le SMTC ont adopté en 2007 un nouvel instrument de politiques urbaines : la charte « Urbanisme et Transports »[63]. Cette charte vise à concilier davantage nouveaux projets de tramway et aménagements urbains. Il s'agit concrètement pour les communes de prévoir une densification de leurs territoires aux abords des futures lignes dans l'optique d'une restructuration de l'espace urbain métropolitain autour de ces axes de transports « doux ». La ligne E est la première ligne de tramway concernée par cette nouvelle politique.
- Élargissement du secteur piétonnier
- Dans le cadre d'un projet baptisé « Cœurs de ville, Cœurs de métropole », la Ville de Grenoble et la Métro se sont engagées dans l'agrandissement du secteur piétonnier du centre-ville. D’ici l'année 2020, l'espace interdit à la circulation automobile s’étendra des quais Saint-Laurent, sur la rive droite de l'Isère au centre commercial de la Caserne de Bonne.
Ces aménagements, en cours lors de la fin de la décennie 2010, font toujours l’objet de concertations avec les riverains concernés, quartier par quartier[64].
Voies de communication
[modifier | modifier le code]Durant l'Antiquité, la cité était située sur la voie romaine de l'Oisans qui la reliait à Vienne et à Turin et elle figure à ce titre (sous le nom de Culabone) sur deux cartes antiques, la table de Peutinger et l’Anonyme de Ravenne[65].
Progressivement, mais surtout, au cours des deux derniers siècles, l'agglomération grenobloise est devenue un point de convergence de plusieurs lignes routières, autoroutières et ferroviaires.
Voies routières
[modifier | modifier le code]Routes nationales
[modifier | modifier le code]Grenoble est traversée par d'anciennes routes nationales, la plupart déclassées partiellement ou complètement en routes départementales.
- La route nationale 75, route entièrement déclassée en route départementale sur différents départements entre Bourg-en-Bresse, Grenoble et Sisteron. Avant la réforme de 1972, cette grande route avait pour origine Tournus, en Saône-et-Loire.
- La route nationale 85, déclassée en RD 1085 de Bourgoin-Jallieu à Grenoble, mais qui reste une route à vocation nationale au sud de Grenoble (Le Pont-de-Claix) jusqu'à Grasse. Cette route, connue des touristes sous l'appellation de « Route Napoléon » rejoint les lacs de Laffrey et la prairie de la Rencontre par la célèbre rampe de Laffrey. La RN 85 et la RN 75 avaient un parcours commun entre Voreppe et Grenoble sous l'appellation de RN 75.
- La route nationale 512, déclassée en RD 512 dans l'Isère, est la route qui mène de Grenoble (quartier Saint-Laurent) à Chevrier par Chambéry, en traversant le massif de la Chartreuse. Elle était associée à la RN 512a, aujourd'hui RD 512a, qui traverse les quartiers centraux de La Tronche et de Meylan.
- La route nationale 523, déclassée en RD 523 en Isère, est la route qui mène de Grenoble à Montmélian en Savoie, par la rive gauche de l'Isère. Elle se raccordait à la RN 525, devenue RD525, qui se dirige vers Allevard, mais aussi à la RN 524, devenue RD 524, route qui mène à Uriage et à Vizille.
- La route nationale 90, route qui reliait Grenoble au col du Petit-Saint-Bernard, avant 2006, mais qui a été déclassée en route départementale sur deux départements (Isère et Savoie), entre Grenoble et Albertville. Cette route longe la vallée de l'Isère (par la rive droite), vallée connue sous le nom de Grésivaudan.
- La route nationale 91, route qui reliait Grenoble à Briançon par la vallée de la Romanche et le col du Lautaret. Elle a été déclassée en RD 5 entre Grenoble et Vizille, puis en RD 1091 jusqu'à Briançon.
- La route nationale 532, route qui reliait Grenoble, par Sassenage à la commune de Saint-Péray en Ardèche. Elle a été déclassée en route départementale sur deux départements (Drôme et Isère) après la commune de Chatuzange-le-Goubet dans la Drôme.
- La route nationale 531, route qui se présente comme une déviation ou variante de la RN 532 qui passait par Villard-de-Lans et le massif du Vercors, avant de rejoindre Grenoble par Sassenage. Cette route a été déclassée en route départementale sur deux départements (Drôme et Isère) à l'exception du tronçon situé entre les communes de Bourg-de-Péage (Drôme) à Saint-Just-de-Claix.
Autoroutes
[modifier | modifier le code]Grenoble est située au croisement de trois axes autoroutiers majeurs :
- l'A41 (Autoroute Alpine) en direction de Genève via Chambéry et Annecy, mais également à destination d’Albertville, de Modane et de l’Italie via l'A430 ou l'A43 ;
- l'A48 (Autoroute du Dauphiné) permet quant à elle de relier Grenoble à Lyon mais également à Valence via l'A49 ;
- l'A51 (Autoroute du Trièves) s’élance en direction des Hautes-Alpes et de la Côte d'Azur. S’arrêtant actuellement au col de Fau, elle pourrait à terme (pas avant 2025[66]) relier la capitale des Alpes à Marseille. La construction du tronçon de Grenoble à Sisteron a cependant été l'objet de nombreuses contestations en raison de son impact environnemental[Note 8] et de son coût très élevé, et a été sérieusement remise en question à la suite du Grenelle de l'Environnement. L'avant-projet de schéma national d'infrastructures de transport (SNIT) publié en juillet 2010 prévoit l'abandon pur et simple de la construction du maillon manquant sous la forme d'autoroute[67].
Rocades urbaines
[modifier | modifier le code]Ces trois autoroutes sont interconnectées grâce à l'autoroute urbaine A480 (rocade ouest) et à la RN87 (rocade sud). La vitesse sur ces deux rocades autoroutières, à 2×2 voies, est limitée à 90 km/h. Ces deux rocades sont l’objet d’engorgements quotidiens rendant la circulation automobile difficile à Grenoble aux heures de pointe. Ces encombrements ont également été imputés à l'absence de périphérique nord entre la cluse de Voreppe et la vallée du Grésivaudan en raison de la présence du massif de la Chartreuse. Ces encombrements motivèrent le projet de rocade nord devant permettre ce bouclage autoroutier grâce au percement d’un tunnel sous la montagne de la Bastille. Après des années de tractations, l'avis défavorable de la commission d'enquête sur la déclaration d'utilité publique de la rocade nord en 2010, auquel s'ajoutent les contestations d'associations de riverains, de groupes écologistes ainsi que d'élus locaux, sonnent le coup d’arrêt du projet[68].
Toutefois, avant même l'abandon de boucler le périphérique grenoblois par la Chartreuse, l'État proposait l'élargissement en 2×3 voies d'une partie de l'A480 dès l'année 2009, mais sans modification de l'échangeur du Rondeau, principal point de congestion dans ce secteur. Une première tranche de travaux concernant l'élargissement de la section qui voit passer plus de 100 000 véhicules par jour le long du Drac est alors prévue pour la décennie suivante. Mais en 2015, à la suite de la publication du décret portant le plan de relance autoroutier, l'A480 est concédée à la société AREA[69]. Dans le cadre de cette concession, l'entreprise s'engage à passer l'A480 à 2 x 3 voies sur la totalité de son tracé pour un coût de 300 millions d'euros[69]. De leur côté, les collectivités locales s'engagent à traiter l'échangeur du rondeau et de couvrir une partie de la rocade sud pour 80 millions d'euros. Le projet complet, d'un coût de 380 millions d'euros devrait commencer en 2019 pour une fin des travaux prévue en 2022[70].
L’arrêté préfectoral de déclaration d'utilité publique (DUP), signé par le préfet de l’Isère le confirme que ces travaux, même s'ils sont encore soumis à l’enquête publique au titre de l’autorisation environnementale, seront bien engagés en 2019[71].
Aménagements cyclables
[modifier | modifier le code]Grenoble et son agglomération disposent en 2023 d’un réseau de pistes cyclables d'un peu plus de 450 kilomètres, partagé entre pistes cyclables, bandes cyclables, couloirs mixtes bus-vélos et contresens cyclistes dans les rues à sens unique[72]. Le territoire dispose également de plus de 136 km de voies vertes, principalement, présentes le long des fleuves et des cours d’eau[73].
Des aménagements cyclables relient désormais Grenoble à Valence, Chambéry ou encore Nice[citation nécessaire].
Lors de l’assemblée générale du , la Fédération française des usagers de la bicyclette a attribué son « Guidon d’or » à la ville de Grenoble pour la généralisation d'itinéraires cyclables express dénommés chronovélos[74].
La part des déplacements à vélo à Grenoble a augmenté de 64 % entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2019[75]. En 2019, 1 700 vélos étaient loués en moyenne chaque mois[75].
- Le réseau chronovélo
Un réseau express vélo couvre l'ensemble des communes de Grenoble-Alpes Métropole. Lancé en juin 2017, ce réseau dénommé « Chronovélo » est composé au début de la décennie 2020 de quatre axes totalisant environ 40 kilomètres de liaisons cyclables rapides et sécurisées entre les différentes communes de l'agglomération. En 2020, une cinquantaine d'aires de service seront réparties sur les quatre axes de l'agglomération. Ces aires permettront aux cyclistes de pouvoir consulter une cartographie du quartier, un plan global du réseau cyclable, un point de rencontre et avec espace de repos disposant d'un banc, et d'un service de gonflage de pneu[76].
- MétroVélo
Pour faciliter la circulation à vélo, la Métro a mis en place en 2010 un service de vélocation appelé Métrovélo. En plus de la location de vélo, vingt-cinq consignes individuelles automatiques[77] (appelées MétrovéloBox) ont été installées en périphérie de la ville pour favoriser la multimodalité, atteignant en 2010 plus de 450 places sécurisées. Ces « box » incluent la possibilité de location en courte ou longue durée de vélos ainsi que l'offre d'un service de consigne pour son propre vélo. Le nombre de cyclistes a augmenté de 60 % entre 2002 et 2007[78].
- Baromètre des villes cyclables
En 2019, Grenoble reçoit 3 258 contributions d'usagers au Baromètre des villes cyclables de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) et reçoit l'appréciation “B” (favorable), avec une note globale de 4,12[79], ce qui classe Grenoble au premier rang de sa catégorie (communes entre 100 000 et 200 000 habitants). L'enquête 2021 a été close le 30 novembre 2021 et ses résultats seront connus en février 2022.
Transports publics
[modifier | modifier le code]Desserte ferroviaire
[modifier | modifier le code]Le territoire de la ville de Grenoble n'héberge qu'une seule gare ferroviaire :
- la gare de Grenoble, mise en service en 1858 et d'où partent des trains TER Auvergne-Rhône-Alpes, des TGV, ainsi que des trains Intercités, dénommés « trains d’équilibre du territoire » (TET), en convention avec l'État[80].
L'agglomération grenobloise accueille sept autres gares, de taille nettement plus modeste, desservies exclusivement par des TER, et toutes raccordées aux lignes ferroviaires desservant la gare principale :
- la gare de Grenoble-Universités-Gières, seconde gare de l'agglomération et située non loin du campus, qui permet un raccordement avec la ligne B du tramway de Grenoble;
- la gare d'Échirolles, simple halte disposant de deux quais, inaugurée en septembre 2004 et qui permet un raccordement avec la ligne A du tramway de Grenoble ;
- la gare de Saint-Égrève-Saint-Robert qui dessert notamment le Centre Hospitalier Alpes-Isère (CHAI), établissement spécialisé de psychiatrie générale adulte et pédiatrique situé sur le territoire de la commune de Saint-Égrève ;
- la gare de Pont-de-Claix dont il est prévu le déplacement à l'intersection de l'avenue du général de Gaulle et du cours Saint-André[81], afin de créer un pôle multimodal de transport desservi par la ligne A du tramway de Grenoble ;
- la gare de Jarrie - Vizille qui dessert notamment le site industriel (plate-forme chimique) de Jarrie et la petite agglomération de Champ-sur-Drac ;
- la gare de Saint-Georges-de-Commiers qui fut durant une période un des terminus de la ligne touristique du petit train de La Mure ;
- la gare de Vif qui reste en 2018 la gare ferroviaire de l'agglomération grenobloise la plus éloignée du centre-ville.
Le bâtiment initial de la gare de Grenoble a été remplacé, lors de la préparation des Jeux olympiques d'hiver de 1968, par l'enceinte actuelle plus moderne et adaptée aux besoins. Grenoble est un pôle ferroviaire d'importance régionale[réf. souhaitée]. Au niveau national, une dizaine de TGV desservent quotidiennement Paris au départ de la ville. Une liaison directe en TGV existe également pour les directions de Marseille, Lille et Nantes. Le trafic vers l'international consiste en des liaisons TER vers Genève. L'essentiel du trafic se limite ainsi à des liaisons régionales vers les agglomérations voisines de la région Auvergne-Rhône-Alpes ainsi qu'à destination de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur en direction de Gap, Briançon et Avignon. En période de vacances scolaires d'hiver, des liaisons TGV supplémentaires sont mises en place avec d'autres villes (Rennes, Le Havre, Poitiers ou Perpignan). Le transit annuel[Quand ?] de la gare est d'environ sept millions de passagers[réf. souhaitée].
Pour répondre à la demande et à la croissance prévue du trafic, la gare fait l'objet[Quand ?] d'un programme de restructuration important, en liaison avec le réaménagement du polygone scientifique voisin[réf. nécessaire]. L'itinéraire ferroviaire du Sillon Alpin Sud (Gières-Montmelian et Valence TGV-Moirans) a été entièrement électrifié en 2014[82].
Transport urbain
[modifier | modifier le code]Les transports urbains de Grenoble sont exploités depuis 1975[réf. souhaitée] par la Sémitag sous la marque commerciale « TAG » (Transports de l'agglomération grenobloise).
Lignes de tramway
[modifier | modifier le code]La faible profondeur des nappes phréatiques rendant très onéreuse la construction d'un réseau de métro, les municipalités successives ont décidé d'investir dans un réseau de tramway. Grenoble est doté d'un premier réseau urbain et suburbain de tramway à partir de 1894. Connaissant cependant le même sort que bon nombre de réseaux dans la première moitié du XXe siècle, il est après des amputations successives fermé en 1952. Il faut attendre 1987 pour que le tramway fasse son retour à Grenoble, avec l'ouverture de la première ligne. Avec les années, quatre autres sont ouvertes tandis que les lignes A et B ont connu différents prolongements depuis leur inauguration[83].
Ce réseau de cinq lignes (Tram A, B, C, D et E) a une longueur de 47 kilomètres[84]. Avec le TFS, il est le premier tramway au monde à être accessible aux personnes à mobilité réduite[85].
Lignes de bus
[modifier | modifier le code]Au tramway s'ajoute un réseau de lignes de bus réorganisé en trois niveaux en septembre 2014[réf. souhaitée], 7 lignes Chrono, 12 lignes Proximo et 27 lignes Flexo, qui desservent toute la métropole grenobloise. Les lignes Chrono desservent les axes structurants du cœur dense métropolitain, elles se caractérisent par une fréquence élevée la journée (moins de 10 minutes) et un service étendu jusqu'à 1 heure du matin, leur livrée jaune leur confère une identité forte. Le service Chrono vient se substituer au service de Noctibus qui disparaît. Les lignes Proximo desservent les zones denses de périphérie. La desserte des zones peu denses est quant à elle réalisée par les services Flexo, qui présentent une hétérogénéité de véhicules adaptés à la demande. Un certain nombre de courses ne sont d'ailleurs disponibles que sous réservation (2 heures avant au plus tard), ce qui permet d'adapter le véhicule au nombre de passagers inscrits et de ne desservir que les zones demandées. Les services scolaires sont associés à la marque Sacado depuis septembre 2018. D'autre part, un service à la demande a été mis en place à destination des personnes à mobilité réduite : Flexo +. Enfin, il faut adjoindre à cet ensemble les dix-neuf parcs relais proposant 2 500 places[86] de stationnement en entrées d’agglomération qui facilitent l’intermodalité.
Projets d'extension
[modifier | modifier le code]Le réseau grenoblois fait l'objet de nombreux projets d'extension. À l'horizon 2025, ces extensions envisagent :
- le prolongement de la ligne A vers Sassenage[87] ;
- le prolongement de la ligne D vers Échirolles et La Tronche[87] : la ligne D deviendrait alors une ligne de rocade reliant le sud au nord-est de l'agglomération (via le campus) ;
- le prolongement de la ligne E de Grenoble - Louise Michel vers le Pont-de-Claix[87] : le SMTC a engagé une étude préalable en juillet 2012[88] pour prolonger la ligne E en passant par Échirolles ;
- la création d'une ligne Grenoble-Meylan[87] : la possibilité d'étendre le réseau de tram à Meylan, cinquième ville de l'agglomération en nombre d'habitants, a été plusieurs fois évoquée, mais aucun projet n'a encore été lancé[89] ;
- la création d'une ligne F : Le Dauphiné libéré évoque en décembre 2012 la possibilité technique de créer une ligne qui ferait circuler les tramways en boucle dans Grenoble en utilisant des parcours combinés des lignes E, puis C et A[90].
Projets de transport alternatif (Métrocâble)
[modifier | modifier le code]- existant
Le Téléphérique de Grenoble Bastille, également appelé bulles de Grenoble relie la Bastille avec l'hypercentre de Grenoble depuis 1934 sur un dénivelé de 266 m.
- Ancien projet
- Plusieurs projets de transport par câble (téléphérique) sont actuellement à l'étude en France[91]. La création d'une liaison locale entre Fontaine (Tram A) et le Massif du Vercors (Lans-en-Vercors via Saint-Nizier-du-Moucherotte) a été envisagée pour l'horizon 2020. Cette même ligne de téléphérique aurait relié ensuite Fontaine (Tram A) à la Presqu'île de Grenoble (Tram B) et Saint-Martin-le-Vinoux (Tram E)[92]. Cependant, le projet concernant la liaison entre Grenoble et le plateau du Vercors a été suspendu le 15 septembre 2014 par son comité de pilotage, la plupart des promoteurs du projet ayant été remplacés lors des élections municipales et intercommunales de 2014.
- Nouveau projet
- Le projet de câble vers le Vercors définitivement abandonné, un nouveau projet plus restreint mais surtout urbain prévoit de relier en 2024 sur une distance de 3,7 kilomètres Saint-Martin-le-Vinoux à Fontaine via la presqu'île scientifique de Grenoble. La ligne fera partie du réseau TAG et sera accessible selon la tarification ordinaire. Elle sera indicée T1 dans la perspective d'une réorganisation du réseau de tramway dans lequel elle sera intégrée. La fréquentation de la ligne est estimée à 5 000 passagers par jour à son ouverture pour atteindre 8 500 à l'horizon 2030[93]. Le temps de parcours sera de 15 minutes avec une fréquence de 71 secondes en début de l'exploitation[réf. nécessaire]. Une opposition à ce projet s'est mise en place au niveau des communes impactées par le projet, notamment par la municipalité de Sassenage[94].
Distinctions
[modifier | modifier le code]Le réseau grenoblois a fait l’objet de nombreuses distinctions et récompenses en raison de sa grande qualité. Le magazine Ville et Transports lui a décerné[réf. nécessaire] trois fois le ticket d’or (premier prix du palmarès des transports urbains) en 2002, 2003 et 2005, ainsi que le ticket de bronze en 2006, derrière Bordeaux et Mulhouse. En outre, la Conférence européenne des ministres des Transports a décerné[réf. nécessaire] au réseau le premier prix européen pour l'accessibilité aux personnes handicapées en 2003 ainsi que la palme de l'accessibilité en 2004.
Transport interurbain
[modifier | modifier le code]Le transport interurbain par autocar est, quant à lui, assuré par Cars Région Isère, anciennement TransIsère, qui est un réseau géré et financé par la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Il existe une gare routière à Grenoble. Celle-ci accueille des cars assurant des liaisons avec d'autres grandes villes de France, telles que Paris. Le leader du marché, la société FlixBus, a réalisé une enquête « qualité » auprès de ses usagers, la gare routière de Grenoble étant considérée comme une des deux plus accueillantes de France avec celle de Toulon[95].
Transport aérien
[modifier | modifier le code]Un ancien site d'aviation, l'aéroport de Grenoble-Mermoz, situé approximativement sur le site actuel du centre commercial Grand'Place, a été supprimé en 1967 pour laisser place aux installations olympiques et a été remplacé par deux plates-formes :
1 - l'aéroport de Grenoble-Alpes-Isère
- situé à quarante kilomètres de Grenoble, est une plate-forme permettant des liaisons vers de nombreuses villes européennes et pouvant accueillir tout type d'appareil (jusqu'au Boeing 747-400). Pendant des décennies, il a connu une activité globalement faible, avec une faiblesse record enregistrée l'année 2003 (à peine plus de 170 000 passagers accueillis) en raison de la proximité des aéroports de Lyon et Genève et de la concurrence du TGV pour la liaison vers Paris. Après que le conseil général de l’Isère en eut confié la gestion et le développement à une société de droit privé constituée par l'entreprise de BTP Vinci et le gestionnaire de transports publics Keolis, le trafic a crû d'une manière très importante (61 % de croissance en 2006 par exemple) avec une spécialisation de l'aéroport sur des vols low cost, en particulier à destination de la clientèle anglaise, très nombreuse à venir skier dans les stations alpines. Aussi, l'essentiel du trafic était enregistré lors des périodes d'hiver (440 356 passagers de décembre 2008 à avril 2009 par exemple). Très dépendante de la conjoncture internationale, cette fréquentation a cependant lourdement chuté depuis la crise économique de 2008[96] ;
2 - l'aérodrome de Grenoble-Le Versoud
- Situé à treize kilomètres de Grenoble et réservé au trafic léger avec une piste en dur de neuf cents mètres et une piste en herbe de huit cent quatre-vingt-treize mètres.
- Créé en 1924, l'aérodrome de Grenoble-Versoud est l'un des tout premiers aérodromes de France, une stèle précisant son ancienneté est située à l'entrée de l'aérodrome. Il est par ailleurs l'aérodrome le plus dynamique de la région quant au nombre de mouvements[97].
- Le site de l'aérodrome héberge le meeting Grenoble Air Show[98] organisé tous les deux ans. Lors des sessions de 2016 et 2018, le lieu a accueilli la patrouille de France.
Risques naturels et technologiques
[modifier | modifier le code]La Mairie de Grenoble considère que la ville est exposée à cinq risques naturels : inondation, mouvement de terrain, feu de forêt, météorologique et sismique[99].
Risques d'inondation
[modifier | modifier le code]Situé à la confluence du torrent alpin du Drac et de l'Isère, le territoire de Grenoble est exposé à un risque de crue[100]. Un ensemble de digues ont progressivement été édifiées entre le XVIe siècle et le XXe siècle et sont entretenues de façon permanente. Le « Plan de Prévention du Risque Inondation » (PPRI) a été approuvé le . Celui-ci présente Grenoble comme étant en zone de contraintes faibles, les risques étant les crues dites « historiques », les remontées de nappe phréatique ou le refoulement des réseaux d'égouts[101].
Risque de mouvement de terrain
[modifier | modifier le code]Au niveau de la ville de Grenoble, les risques de chutes de blocs et d'éboulement sont localisés sur le site de La Bastille, seul secteur montagneux de la commune. Une surveillance les zones à risque s'appuie sur plusieurs études géotechniques afin de pouvoir réaliser les travaux d'entretien et de protection adaptés. Une étude de ce risque spécifique sur le site, jointe au plan local d'urbanisme (PLU), présente les différents types de mouvements de terrain affectant ce secteur, il peut s'agir de glissements de terrain, des chutes de blocs se détachant de la montagne, des éboulements ainsi que des effondrements de cavités souterraines[102].
Risque des feux de forêt
[modifier | modifier le code]À l'instar des risques de mouvements de terrain, ce risque concerne surtout le massif forestier de la Bastille correspondant à la pente méridionale du Mont Rachais, partagé avec les communes de Saint-Martin-le-Vinoux et de La Tronche. La végétation du site est entretenue régulièrement afin d'éviter tout risque de propagation rapide des feux, les voies étant maintenues accessibles pour permettre l'accès des secours.
Risque météorologique
[modifier | modifier le code]La ville et son agglomération se situent dans une vallée souvent dénommée « cuvette grenobloise » qui peut être soumise à des phénomènes météorologiques strictement locaux, tels que des vents forts pouvant entraîner de graves dégâts matériels, des périodes de canicule ou des périodes de grand froid.
Risque sismique
[modifier | modifier le code]L'intégralité du territoire de Grenoble est située en zone de sismicité no 4 (sur une échelle de 1 à 5), comme l'ensemble des communes de l'agglomération grenobloise[103].
Type de zone | Niveau | Définitions (bâtiment à risque normal) |
---|---|---|
Zone 4 | Sismicité moyenne | accélération = 1,6 m/s2 |
À ces risques naturels, s'ajoutent des risques technologiques : risque de rupture de barrage, industriel, transport de matières dangereuses et nucléaire[105].
Toponymie
[modifier | modifier le code]Le toponyme a beaucoup évolué. Dans l'Antiquité la bourgade se nommait Cularo jusqu'en 381[106], nom d'origine celtique dont la signification est sujette à diverses interprétations. La ville, dotée de remparts, deviendra Gratianopolis sous le règne et en l'honneur de l'empereur romain Gratien, nom progressivement altéré en Grenoble[Note 9].
En arpitan dauphinois (aussi appelé « patois » ou « francoprovençal »), le nom de la ville est Grenoblo[107].
Une légende tenace assure que la ville fut rebaptisée Grelibre pendant la Révolution, mais c'est faux. C'est Louis XVIII qui, durant la Restauration, aurait inventé le surnom railleur Grelibre à la suite de la conspiration de Didier de 1816 ; il aurait ensuite fait courir le bruit que les révolutionnaires dauphinois substituèrent -noble par -libre[108],[109]. S'il est vrai que plusieurs milliers de communes ont été rebaptisées à cette période, l'ouvrage de référence à ce sujet, Les Noms révolutionnaires des Communes de France[110], ne mentionne pas Grenoble, alors qu'il cite trois communes du canton de Grenoble (Hères-la-Montagne, Mansval et Vence). D'autre part, la base Cassini de l'EHESS montre une continuité de nom sur la période révolutionnaire[111].
Histoire
[modifier | modifier le code]Préhistoire
[modifier | modifier le code]Plusieurs éléments préhistoriques ont été trouvés à Grenoble ou dans ses environs immédiats, attestant d'un lieu de passage, voire d'une présence humaine, notamment au niveau de la montagne du Rabot à la fin du néolithique, ainsi qu'à l'âge du bronze. Les données archéologiques restent cependant relativement rares en raison de la vitesse de la sédimentation des alluvions de l'Isère, du Drac, et des torrents provenant du massif de la Chartreuse qui retirait progressivement les principales traces de passage[112].
Selon Alain de Montjoye, archéologue du centre archéologique et historique des Musées de Grenoble et de l'Isère, les premières populations sédentaires, au niveau local, firent leur apparition au néolithique, principalement sur les premières pentes du massif du Vercors puis sur celles de la Chartreuse, lors du chalcolithique, au niveau de la cluse grenobloise.
Dès l'âge du bronze, les chercheurs constatent l'existence de courants d'échanges utilisant le carrefour grenoblois. Ceux-ci seront de nature d'abord modeste avant de s'intensifier au bronze final jusqu'à la période de la Tène. Les recherches archéologiques ont permis d'identifier de nombreuses installations durant cette période, tout autour de Grenoble et dans la vallée du Grésivaudan. Cependant, au niveau du site même du territoire grenoblois, les traces les plus anciennes très faibles, observées à la fin du siècle dernier, ne semblent pas antérieures à la période gauloise[113].
Antiquité
[modifier | modifier le code]La première référence à Grenoble remonte à 43 av. J.-C.[Note 10]. Au départ simple bourg gaulois (vicus) du nom de Cularo, la bourgade, située à un endroit stratégique sur la voie romaine entre Vienne et l'Italie par le Montgenèvre, est fortifiée sous Dioclétien et Maximien (entre 284 et 293), puis accède au rang de chef-lieu de cité, à la suite de la venue possible, mais non attestée, de l’empereur Gratien en 379. Elle est alors rebaptisée Gratianopolis. Des troupes y stationnent en permanence (cohors prima Flavia) et un évêché, avec à sa tête l'évêque Domnin, est attesté au moins depuis 381[114].
Gratianopolis
[modifier | modifier le code]Durant le IVe siècle, Gratianopolis compte environ 2 000 habitants sur ses neuf hectares et se présente sous la forme d'une ville fortifiée plus rurale que commerçante malgré la présence d'un port sur l'Isère, situé près de la place de Bérulle. Le premier évêque de Gratianopolis est Domnin (Domninus), attesté par sa présence au concile d'Aquilée en et qui va décéder en [115]
Énigme du « passage d'Hannibal »
[modifier | modifier le code]Plusieurs historiens, spécialistes de l'Antiquité, évoquent le passage d'Hannibal dans la cuvette grenobloise, soit en suivant le cours de l'Isère, soit en traversant le massif du Vercors, d'ouest en est.
Professeur émérite d’histoire ancienne à l’Université de Newcastle au Royaume-Uni, John Francis Lazenby, auteur d’un ouvrage spécialisé sur le général carthaginois Hannibal Barca narre dans celui-ci toute l’épopée du célèbre conquérant et celui-ci émet une théorie à propos de la traversée des Alpes, en ce qui concerne la première attaque des Allobroges.
Ce professeur d'Histoire suggère, en effet, qu’Hannibal n’aurait pas voulu traverser l’Isère et aurait donc cheminé sur la rive gauche, mais qu'au-delà de Saint-Nazaire-en-Royans la poursuite de cet itinéraire était impossible à l’époque et qu'il aura donc contraint le général carthaginois à traverser les gorges de la Bourne. Le camp d’Hannibal se serait alors situé à proximité du village actuel de Choranche. Le chemin suivi par Hannibal passerait ensuite sur la route jouxtant l'Isère qui rejoint Grenoble par une voie située entre Sassenage et Noyarey[116].
D'autres historiens, dont l'académicien et historien militaire Paul Azan ou Marc Antoine de Lavis-Trafford, évoquent la possibilité que ce grand général et stratège carthaginois ait pu passer par Montaud pour ensuite longer l'Isère depuis les territoires actuels de Veurey-Voroize, Sassenage, puis le territoire actuel de Grenoble, avant de remonter la vallée du Grésivaudan et de traverser les Alpes. Aucune source archéologique (armes, ossements) n'ayant encore été découverte à Montaud et dans ses environs immédiats, rien ne peut étayer cette hypothèse séduisante, ni l'infirmer, d'ailleurs. La thèse reste donc, jusqu'à présent, recevable[117].
Une étude plus récente (2009) du préhistorien Aimé Bocquet, fondée sur le peuplement au IIIe siècle av. J.-C., ne fait pas passer les troupes d'Hannibal par le nord de la région grenobloise, mais pour ensuite lui faire emprunter le versant occidental de la Chartreuse pour atteindre le col du Petit-Saint-Bernard[118],[119].
Un site web bien documenté présente les différentes hypothèses, ainsi que les textes originaux (traduits) de Tite-Live et de Polybe sur la question[120].
Moyen Âge
[modifier | modifier le code]Dauphins
[modifier | modifier le code]Au XIe siècle, les comtes d’Albon prirent une décision importante pour l’unité de leurs domaines. Ils choisirent en effet Grenoble, ville de médiocre importance en ce XIe siècle, pour capitale. Ils auraient pu céder à la tentation de Vienne, l’ancienne métropole romaine comme capitale de leurs États. Ce choix fondamental leur a permis de garantir leur autorité à la fois sur le Bas et le Haut-Dauphiné. Cependant, les territoires respectifs du Dauphiné et de la Savoie se chevauchaient à cette époque (ainsi, le Faucigny appartenait au premier tandis que la seconde possédait Voiron et la Côte-Saint-André). Cet enchevêtrement fut source de nombreux conflits entre les deux peuples. La future province du Dauphiné[121]. Grenoble se trouve alors capitale d’un État indépendant au sein du Saint-Empire romain germanique.
En 1219, Grenoble connaît sa pire inondation, véritable déluge dû à la rupture d'un barrage naturel formé dans la vallée de la Romanche et provoquant de nombreuses victimes.
Les Dauphins successifs fondent l’université en 1338, et le Conseil delphinal s'installe à Grenoble en 1340. Durant la guerre de Cent Ans, la noblesse dauphinoise participe aux conflits contre l’Angleterre et ses alliés.
En 1349, la ville se trouve rattachée au royaume de France à la suite du transfert (et non-rachat) du Dauphiné à la couronne de France, et Grenoble devient capitale provinciale. La présence entre 1447 et 1456 du dauphin, le futur Louis XI, renforce ce statut de ville parlementaire avec la création du troisième Parlement de France[122]. La ville devient également le siège de garnisons, à la frontière avec le duché de Savoie. Elle s'affirme comme la principale ville de la province. Lors des guerres d'Italie, la noblesse dauphinoise se distingue particulièrement sous la figure de Bayard[123], le « chevalier sans peur et sans reproche ».
En 2019, des fouilles archéologiques ont permis de retrouver les restes des remparts du couvent des Dominicains, datant du XIIIe siècle, dans l'actuelle rue de la République, en travaux pour son aménagement en voie piétonne[124]. Ce couvent était situé « hors murs », le long de l'ancienne enceinte romaine.
Renaissance
[modifier | modifier le code]Guerres de religion (1562 - 1598)
[modifier | modifier le code]Grenoble eut à souffrir des affrontements des guerres de religion et en sortit affaiblie. Ils furent marqués par de nombreux massacres et destructions.
Les conflits prennent fin avec l'ultime victoire de Lesdiguières, lorsqu'il s'empare de Grenoble en 1590. Devenu administrateur du Dauphiné, il modifie et agrandit considérablement la capitale dauphinoise[125] et lance notamment la construction de la première génération des fortifications de la Bastille.
Temps Modernes
[modifier | modifier le code]Grenoblo malhérou
[modifier | modifier le code]Depuis sa création, la cité de Grenoble a souvent été ravagée par les inondations durant certaines périodes et malgré l'endiguement du Drac, effectué au cours des XVIIe siècle et XVIIIe siècle, la ville continue à subir de vraies catastrophes au fil des siècles. Dans les années 1730, elle est frappée par cinq crues qualifiées d'événement exceptionnel[126]. Celle du frappe particulièrement les esprits en montant à 5,57 mètres au-dessus de l'étiage. L'abbé Bonnet, curé de Vourey et témoin raconte dans ses mémoires « L'eau qui venait à gros bouillons par la porte de Très-Cloître et de Saint-Laurent, eut bientôt rempli toutes les boutiques presque jusqu'au premier étage »[127].
Un poète grenoblois, François Blanc surnommé Blanc-Lagoutte, immortalise cette catastrophe dans un long poème intitulé Grenoblo malhérou et qui permettra de mieux connaître la langue locale (voir le chapitre « langue et traditions locales»).
Expansion économique
[modifier | modifier le code]Le développement économique de la cité lui permit d’asseoir son importance. La présence de notables et autres parlementaires permit le développement de la ganterie, qui prospéra au cours du XVIIe siècle et connut son apogée durant le XIXe siècle. Les gants grenoblois (dont les Gants Perrin) s’exportaient alors dans le monde entier et cette industrie constitua l'activité dominante dans la région grenobloise pendant des décennies. Ce développement économique participa fortement de l'expansion de la ville vers l'ouest au-delà de ses remparts.
Révolution française
[modifier | modifier le code]- La journée des Tuiles
La journée des Tuiles est une émeute survenue dans le centre de Grenoble le , et considérée comme annonciatrice de la Révolution française, quoique spécifiquement grenobloise et dauphinoise : elle est l'aboutissement de l'opposition du Parlement du Dauphiné à la réforme royale portant sur la création d'assemblées provinciales et municipales qui établissaient enfin l'égalité de tous les citoyens devant les impôts. Le Parlement est en fait inquiet car cet édit porte atteinte au nombre de charges dans chaque Parlement, charges dont profite une grande partie de la population de la ville. Ce jour-là, à six heures, une foule évaluée à 10 000 personnes oblige les magistrats à regagner le palais du Parlement, et les protestataires veulent même envahir le greffe pour brûler le registre sur lequel les édits ont été enregistrés de force. Mais Albert de Bérulle, premier président du parlement du Dauphiné s'y oppose, et après avoir remercié les Grenoblois de leur sympathie à l'égard des magistrats, leur demande de regagner leurs domiciles[128].
La journée doit son surnom au fait que les soldats du roi étant venus contenir la foule qui se rassemblait autour de la place Grenette, et un vieil homme ayant été blessé par une baïonnette, à la vue du sang, le peuple révolté commence à dépaver les rues, et de nombreux Grenoblois montent alors sur les toits des immeubles afin de lancer une véritable pluie de tuiles et de pierres sur la troupe. Le duc de Clermont-Tonnerre, lieutenant-général des armées du roi dans le Dauphiné, est gravement menacé par la foule. Il sera peu après remplacé dans ses fonctions par Noël Jourda de Vaux.
Sujette à de nombreuses interprétations, l'expression « Faire une conduite de Grenoble » ne serait pas liée à cette journée d'émeute, mais serait antérieure à cette période[129].
- Les États généraux du Dauphiné
À la suite de ces événements, la Réunion des états généraux du Dauphiné, également appelée Assemblée de Vizille, se déroule le dans la salle du jeu de paume du Château de Vizille sur l'invitation de son propriétaire, l'industriel Claude Perier. Ces États de la Province du Dauphiné, préparatoires à la future convocation des États généraux de 1789, connaissent plusieurs sessions, la dernière étant tenue à Romans-sur-Isère entre le et le [130].
Époque contemporaine
[modifier | modifier le code]L'affaire du 35e de ligne
[modifier | modifier le code]Le , le préfet de l'Isère Maurice Duval interdit un bal masqué à la suite d'une mascarade critique à l’égard de la politique du gouvernement et caricaturant grossièrement Louis-Philippe. Le lendemain un charivari a lieu sous les fenêtres de la préfecture. Les manifestants sont dispersés sans sommation par les baïonnettes du premier bataillon du 35e régiment d'infanterie de ligne, requis par le préfet ; 26 d'entre eux sont blessés. Le , alors que les habitants se rassemblent pour protester, en l'absence du maire, l'administration municipale convoque la Garde nationale. Un corps franc de jeune gens s'arme et marche sur la préfecture ; après négociations, le 35e régiment de ligne est contraint de quitter la ville sous les huées de la population (« conduite de Grenoble »)[131]. En riposte, le , Casimir Perier dissout la Garde nationale de Grenoble et ramène le 35e de ligne dans la ville où il défile musique en tête[132].
Agrandissement de territoire
[modifier | modifier le code]Après l'agrandissement de son enceinte militaire vers le sud en 1840, un mouvement d'extension vers l'ouest semble se dessiner, les édiles souhaitant étendre le territoire de la ville jusqu'au Drac. Le maire Eugène Gaillard, en poste depuis la fin de 1858, parvient à faire adopter l'annexion des territoires de la rive droite de cet affluent de l'Isère lors du conseil municipal du , englobant ainsi la récente gare ferroviaire et une partie des territoires des villes de Fontaine, Seyssinet-Pariset et Seyssins[133].
Révolution industrielle du XIXe siècle
[modifier | modifier le code]La révolution industrielle est un moteur tout aussi important de l’expansion économique de Grenoble. La découverte de la houille blanche par Aristide Bergès assure l’industrialisation rapide de la région, illustrée à partir de 1870 par la création des Ateliers de construction Bouchayer et Viallet, puis au début du XXe siècle par les sociétés Neyrpic et Merlin Gerin. La tenue de l’exposition internationale de la Houille Blanche et du tourisme en 1925 met en lumière ce développement[134]. En détruisant les remparts de la ville, cet événement permet l'extension de la ville vers le sud.
À la même époque, un comité d'acteurs de la vie économique jette en 1889 les bases d'une association portant le nom de syndicat d'initiative dans l'intérêt de la ville de Grenoble et du Dauphiné. Une intense propagande est ainsi faite pour développer le tourisme dans la ville et ses environs. Illustrant cette nouvelle économie, la première société française de ski est créée en et officialisée le à Grenoble sous le nom de Ski Club des Alpes. Les années 1930, avec l'institution des premiers congés payés, marquent le développement du tourisme d’hiver. La station de l’Alpe d'Huez par exemple est créée en 1936[135].
Première moitié du XXe siècle
[modifier | modifier le code]Dés le début des années 1950, des plans de quartiers sont mis à l’étude par la municipalité et le gouvernement pour les quartiers Saint-Laurent, l’Abbaye, les Alpins, le Polygone d’artillerie et la frange est de la vieille ville avec l'idée de lancer quelques opérations immobilières ou d’équipements publics. Vers 1952, le projet de l’architecte Paul Herbé d’un grand ensemble universitaire et résidentiel sur la Bastille a laissé quelques traces : les bâtiments des instituts de géologie et de géographie alpine sont encore visible au XXIe siècle[136].
Après-guerre : mathématiques, informatique et électronique
[modifier | modifier le code]La tradition d’innovation grenobloise se maintient aussi, favorisant un fort développement de la recherche scientifique à partir des années 1950 l'implantation de la Compagnie générale de télégraphie sans fil (CSF) à Saint-Egrève[137] et l’impulsion de Jean Kuntzmann créateur du premier laboratoire de calcul en 1951[138] ou de Louis Néel, instigateur du centre d'études nucléaires de Grenoble (CENG) qui va employer sept cents personnes dès l'année 1960[139], après avoir créé en 1957, un groupe « électronique intégrée » l'élaboration et de la maintenance de l'électronique des réacteurs nucléaires, sous la direction de Michel Cordelle[140], car la plupart des circuits intégrés viennent des usines américaines[140],[141]. Jean Kuntzmann fonde en 1960 l'Institut de mathématiques appliquées de Grenoble.
En 1961, le professeur René Perret et son élève l'ingénieur Guy Jardin[142] débutent une collaboration avec Mors, l'industriel américain de électroménager connu pour ses enregistreurs, après avoir fondé en 1957, de retour des États-Unis, et avec l'Institut polytechnique de Grenoble (IPG), le Laboratoire d'automatisme de Grenoble (LAG) pour l'automatisation et le calcul des commandes de procédés et processus[143], d'abord appelé laboratoire de Servomécanisme. C'est l'époque où Mors commence à ajouter à son catalogue des produits d'automatisation incluant beaucoup d'électronique. Son département automatisme, situé à Crolles, va même lancer un calculateur industriel, grâce à un établissement fondé en 1962 par quelques ingénieurs issus du LAG.
L'année 1962 voit émerger un engouement mondial pour l'électronique, grâce aux projets de la société américaine Control Data Corporation, menée par Seymour Cray, tandis que la technologie Mos de Thomson-Brandt bouleverse la microélectronique[141], avec l'usine de transistors Sesco de 400 salariés installée début 1962 à Aix-en-Provence, qui a 20 % du marché français dès 1968[144].
Le Centre d'études nucléaires de Grenoble (CENG)[145], demande au cours de cette même année 1962 à son groupe « électronique intégrée » de créer sans plus attendre sa propre technologie, l'amenant à sortir en 1965 son premier circuit intégré composé de dix transistors. Ce laboratoire va rallier d'anciennes équipes de recherche mathématique puis informatique de l'IMAG[141]. En 1965, Grenoble compte aussi un troisième pôle de circuits intégrés : la COSEM, filiale de CSF (Compagnie des signaux sans-fil).
Le mini-ordinateur Mat 01 voit le jour dès 1966 chez l'industriel Mors, qui réalise des études sur un site de l'industrie chimique[142] avec l'aide de la DGSRT. Mais dès 1967, ne pouvant faire face aux coûts de développement, il cède l'usine à Télémécanique qui poursuit la collaboration avec le LAG puis ouvre sa propre usine à Crolles, dans la banlieue de Grenoble, où elle fabrique des calculateurs devenus mini-ordinateurs, la future gamme T1600. Le site emploie 170 personnes en 1967[142]. L'année 1967 voit aussi Serge Kampf, ex-directeur régional chez Bull-GE, fonder à Grenoble la SSII Sogeti (Société pour la gestion des entreprises et le traitement de l’information)[141].
Un premier Plan Composants, baptisé « plan électronique professionnelle », est annoncé en avril 1967 par le gouvernement, car la CSF est débordé par le coût de sa croissance. Il prévoit sa fusion avec Thomson-Brandt. Leurs filiales semi-conducteurs (SESCO et COSEM) sont regroupées en 1969 dans la Sescosem, qui entre en 1972 au « Top 20 » mondial des semi-conducteurs[146] et reçoit 20 millions de francs de subventions de 1969 à 1973, flux qui repart, doublé, en 1978. Le site grenoblois de la Télémécanique comptant rapidement 300 salariés, dont plusieurs dizaines d'ingénieurs de l'Institut polytechnique de Grenoble, elle ouvre en 1971 une seconde usine à Échirolles, employant cette fois 800 personnes, assurant à la fois la conception matérielle et logicielle, l'intégration et la maintenance des ordinateurs. C'est sur ce site grenoblois que sont lancés le T 2000 (1968), T 1000 (1969), T 1600 (1972)[142] puis qu'est développé à partir 1973 et durant 21 mois, le Solar, sorti en , qui concurrence les gammes PDP-11 de Digital Equipment Corporation et Data General Nova de Data General (en).
Entre-temps, le centre scientifique de la Compagnie internationale pour l'informatique (CII) à Grenoble est créé en 1970, pour la collaboration entre ses équipes de recherche et celles de l'IMAG sur l'architecture de systèmes[147]. Son personnel est en majeure partie recruté localement, faute de succès des propositions de transfert de personnel CII, créant un appel d'air dans la communauté étudiante et industrielle grenobloise. Ce centre scientifique s'investit dans l'effort de recherche sur la naissance du modèle relationnel de bases de données, en vue des premiers systèmes commerciaux de 1978-1980. Il travaille en particulier sur les systèmes transactionnels répartis. Un projet d'architecture multi-microprocesseur est mené mais pas exploité, faute de support logiciel.
En 1972, le LETI crée une filiale vocation industrielle, pour valoriser ses recherches en semi-conducteurs dans tous les domaines, et axée sur la mise en œuvre de la technologie CMOS[141]. C'est l'Efcis (Études et fabrication de circuits intégrés spéciaux), dont le capital initial provient du Commissariat à l'Énergie atomique, rejoint par Thomson-Brandt en 1976, qui deviendra actionnaire majoritaire en 1982. Cette filiale est la future SGS-Thomson, renommée ST Microelectronics au début des années 2000. L'année 1972 est aussi marquée par la première démonstration de Cyclades (réseau), créés en 1971, avec des transferts de données entre les locaux de la CII en région parisienne et de l'IMAG de Grenoble, sur des ordinateurs Mitra 15 et IBM 360.
Des accords de licence sont décrochés par Efcis avec Motorola. La Sescosem, qui a IBM comme principal client, est utilisée comme une « seconde source » par Texas Instruments. L'Institut national de la sous-traitance s'installe en 1973 à Grenoble, pour en faire le berceau de l'informatique légère[143]. Un "système productif territorialisé", dépassant le simple transfert de technologie des centres de recherche vers les industriels apparaît dans l'agglomération, selon Bernard Reverdy, professeur associé à l'université Grenoble-II, qui a étudié le développement des semi-conducteurs à Grenoble avec une équipe de l'IREPD (Institut de recherche, économie, production et développement)[137]. En 1973, le consortium européen Unidata est fondé pour réunir CII, Philips, et Siemens. Et implanter à Grenoble son centre de recherche à partir du centre scientifique CII, mais Unidata est stoppé par le gouvernement dès 1975[148].
La production des Solar est réalisée à 60 % grâce à la sous-traitance, par des ingénieurs et des techniciens formés dans les écoles ou instituts grenoblois[143]. Mais sans marché intérieur ni capacité d'investissement pour s'imposer face aux autres sous-traitants en pleine croissance, Efcis et Sescosem sont mis à rude épreuve sur le marché mondial, quand l'État prend conscience du retard de la France dans ce domaine devenu stratégique et improvise un "plan composants" en 1977, trois ans après le Premier choc pétrolier.
Années 1980 et 1990 : télécoms et technologies médicales
[modifier | modifier le code]Les années 1980 seront marquées par la priorité donnée par l'État à la filière des télécoms sur celle de l'informatique qui se concrétise vers 1978 lorsqu'est abandonnée la vision du Datagramme, inhérente au projet Cyclades (réseau). Une partie des personnes travaillant sur projet Cyclades à Grenoble rejoignent le centre scientifique CII où elles tentent de prolonger leurs travaux sur les protocoles de communication et sur l'architecture de systèmes répartis.
Dès 1976-1977, l'État pousse la Télémécanique à se scinder en plusieurs parties, la division fabriquant le Solar intéressant Thomson, qui accepte en contrepartie de sortir de la CII[149]. Les personnes insatisfaites des orientations prises fondent leurs propres entreprises et contribuent au démarrage de la ZIRST de Meylan[149].
Les premières furent Option et BGT, suivies par APSIS, APTOR, MC2, XCOM, Périphérique assistance, CYBERSYS, PRODIS, DIGIGRAM, ou encore Qualité conseil[149]. En 1989, sur 163 entreprises de la ZIRST de Meylan, 17 ont été fondées par d'anciens salariés de Mors ou la Télémécanique à Grenoble[149]. En 1979, le Centre national d'études des télécommunications (CNET) crée son propre bureau d'études local, le "Centre Norbert Ségard", dans la ZIRST de Meylan, ce qui oblige à créer des structures de concertation, comme le GCIS (Groupement Circuits Intégrés au Silicium) associant au CEA et au CNRS, pour harmoniser les politiques de recherche.
En 1992, deux ingénieurs du LETI créent près de Grenoble la société Soitec pour commercialiser les substrats SOI (silicon-on-insulator) et d'autres substrats pour les semi-conducteurs. L'année suivante, le programme Morphomètre 3D est lancé, consistant à visualiser des organes en trois dimensions pour la médecine.
Aujourd’hui, Grenoble constitue l’un des grands centres scientifiques européens et s'affirme comme l'un des pôles en pointe dans le domaine des nanotechnologies. Mais en , la presse confirme que 293 postes vont être supprimés sur le site de General Electric (GE) Hydro à Grenoble (Isère), ce qui est moins élevé qu'initialement annoncé en [150].
À la suite d'un article publié dans le magazine local Le Postillon durant le et dénommé L'appel des cabines, le journal évoque la remise en service des cabines téléphoniques publiques. Associé à un collectif (l’Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques (OIRCT)) les membres du journal lancent l'idée d'une cabine téléphonique mobile et la transporte dans plusieurs endroits de Grenoble. Selon un article du journal Le Parisien, il s'agirait d'une « première mondiale » ; le , cette cabine téléphonique en état de fonctionnement a été inaugurée dans un parc sous les yeux de nombreux habitants mais aussi ceux des membres du collectif[151].
Progressisme grenoblois
[modifier | modifier le code]En matière politique et sociale
[modifier | modifier le code]Tout au long de leur histoire, les Grenoblois se distinguèrent par des actions progressistes dans les sphères politiques et sociales. Ce fut par exemple à Grenoble que se firent sentir les prémices de la Révolution française en 1788. La population se mobilisa en effet pour défendre ses parlementaires lors de la Journée des Tuiles en attaquant les troupes royales, ce qui aboutit à la tenue des États de Vizille, qui entraînèrent en 1789 la convocation des États généraux. Antoine Barnave et Jean-Joseph Mounier, à l'origine du fameux serment du jeu de Paume[152], furent d'illustres acteurs grenoblois durant la Révolution. C'est Jean-Joseph Mounier qui, le , présenta à l'Assemblée Constituante les trois premiers articles de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui furent votés sans discussion.
Par ailleurs, la première société de secours mutuels de France fut créée le entre les maîtres gantiers grenoblois pour leurs ouvriers. Elle fut suivie par d'autres organisations semblables (comme celles des cordonniers ou des tisserands, drapiers et tapissiers). C'est également à Grenoble que virent le jour les trois premières sociétés mutualistes féminines en 1822[153]. Toutes ces associations mutualistes se regroupèrent dans une maison de la mutualité située 3 rue Hébert et avaient les mêmes objectifs : protéger l'ouvrier et sa famille en cas de maladie, en échange d'un droit d'affiliation et d'une cotisation mensuelle, par le versement d'une allocation. Certaines versaient également des indemnités de chômage, voire des pensions aux vieillards. Ce système de prévoyance ne concernait cependant qu'une partie de la classe ouvrière, les plus pauvres en étant exclus.
Les Grenoblois s’illustrèrent également durant la Seconde Guerre mondiale dans leurs actes de résistance face à l’occupant. À la suite de l'arrivée allemande en 1943, les affrontements se firent de plus en plus violents (arrestations multiples, Saint-Barthélemy grenobloise) et les actes de résistance de plus en plus audacieux (manifestation du [154], explosions du polygone d'artillerie et de la caserne de Bonne). Sur les antennes de la BBC, la France libre qualifia Grenoble de Capitale des Maquis, en relation en particulier avec sa proximité du maquis du Vercors[155]. Le , la ville est nommée compagnon de la Libération[156] par le général de Gaulle pour son rôle dans la Résistance française[157].
Le 10 juin 1961, Grenoble ouvre le premier planning familial de France[158], ce qui représenta alors une étape essentielle dans le combat mené par les défenseurs d'une maternité libre et choisie. Le maire Hubert Dubedout est également à cette époque une des figures du socialisme municipal et Grenoble un véritable laboratoire urbain en France. Les Grenoblois se sont également fortement mobilisés lors des différentes protestations qui eurent lieu en 2002 à la suite de l'arrivée du Front national au second tour des élections présidentielles. Ils ont également défrayé la chronique[159] pendant plusieurs mois entre 2003 et 2004 à la suite du mouvement des écocitoyens opposés à la construction du stade des Alpes dans le parc Paul-Mistral. De nombreux opposants se sont alors installés à la cime des arbres centenaires avant d’être délogés par les forces de l’ordre[160].
En matière scientifique et technologique
[modifier | modifier le code]D'autre part, certains Grenoblois s'affirmèrent sur la scène nationale grâce à leur esprit d'innovation. Quant à Grenoble, elle sut également attirer de nombreux entrepreneurs contribuant à l'innovation locale. Parmi les figures grenobloises, peut être mentionné dès le XVIIIe siècle Jacques Vaucanson, génial inventeur d'automates et précurseur de nouvelles techniques. Son invention la plus sophistiquée est le Canard digérateur. Il est également crédité de l’invention du premier tour métallique, le tour à charioter, en 1751[161]. Pour sa part, Xavier Jouvin contribua à l’essor de la ganterie grenobloise au XIXe siècle en industrialisant le procédé de fabrication. Cela fut rendu possible par la création en 1834 de la « main de fer », un procédé de coupe à l'emporte-pièce, sur la base de l'invention de 320 pointures différentes (c'est le prêt-à-porter)[162].
La moitié du XIXe siècle vit également de nombreuses innovations prendre corps. Louis Vicat, par l’étude du mécanisme de prise des chaux naturelles et la découverte de leurs principes d'hydraulicité en 1817, invente le ciment artificiel en 1840 après son installation définitive à Grenoble en 1827[163]. Albert Raymond est quant à lui inventeur du bouton-pression en 1865, pour les gants, pour tout ce qui se "clipse". Enfin, la fin de siècle fut marquée par l’arrivée à Grenoble d’Aristide Bergès. En équipant les papeteries de Lancey de la première haute chute de 200 mètres alimentée en permanence par une retenue sur un lac de montagne, il devient en 1869 l’un des pionniers du développement de l'énergie hydroélectrique. Il popularise à Paris lors de l’Exposition universelle de 1889 l’expression « Houille blanche ». En 1925, Grenoble organise l'Exposition internationale de la houille blanche afin de consacrer la ville capitale de la houille blanche.
Dans les années 1930, Jean Pomagalski, Grenoblois d’origine polonaise, est un pionnier dans le développement des remontées mécaniques, avec la construction de son premier téléski à perches en 1936 à l'Alpe d'Huez[135]. Il est par ailleurs à l’origine des téléskis à perches débrayables[164].
Après-guerre, la recherche grenobloise prend de l’ampleur sous l’impulsion de figures telles que Louis Néel ou encore Jean Kuntzmann. La technopole est à l’origine de nombreuses innovations depuis lors dont, pêle-mêle[165], l'invention des capteurs pour airbags, de l’écran plat[166], des tickets sans contact et, plus récemment, de l’invention du silicium sur isolant ou SOI, élément incontournable entre autres de toutes les consoles de jeu modernes (Xbox 360, PlayStation 3, Wii)[167].
Politique et administration
[modifier | modifier le code]Découpage administratif
[modifier | modifier le code]La ville de Grenoble est divisée entre deux circonscriptions législatives dont l'une inclut également les cantons de Meylan et de Saint-Ismier, et l'autre le canton de Fontaine-Sassenage. Au niveau local, la commune est divisée en quatre cantons. Ceux-ci sont distincts des six secteurs qui divisent la commune en zones servies par des antennes de la mairie, et ne sont donc pas des arrondissements municipaux, comme à Paris, Lyon ou Marseille.
- Secteur 1 : Polygone scientifique, Europole, Chorier-Berriat (dont St Bruno), Centre-Gare et Eaux Claires Nord.
- Secteur 2 : Hyper-centre, Championnet, Mutualité, Île Verte, Saint-Laurent, Bastille.
- Secteur 3 : Aigle, Rondeau, Eaux-Claires, Mistral.
- Secteur 4 : Capuche, Alliés-Alpins, Exposition-Bajatière, Beauvert.
- Secteur 5 : Abbaye-Jouhaux, Teisseire, Malherbe.
- Secteur 6 : Arlequin, Baladins-Géants, village olympique.
Tendances politiques et résultats
[modifier | modifier le code]Politiquement, Grenoble est une ville de gauche, de tradition socialiste, bien que la ville aie aussi été très brièvement gérée par le Parti communiste français après la Libération. Depuis l'après-guerre, la droite a géré la ville pendant dix-huit ans, et plus depuis 1995. La figure symbolique de ce progressisme grenoblois reste Hubert Dubedout, modèle du socialisme municipal. Sous son administration, la ville fut un véritable laboratoire social, avec des réalisations utopiques telles que la Villeneuve. Certains parlaient alors de « mythe grenoblois »[168].
Alain Carignon, RPR, le maire qui a précédé Michel Destot à l'hôtel de ville de 1983 à 1995, était parvenu à maintenir la droite à la tête de la mairie au cours d'une période d'une durée inhabituelle, avant d'être poursuivi puis condamné pour diverses affaires de corruption entre 1994 et 1996.
À l'issue des élections municipales de 2014, remportées par le Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes (EELV, PG et alliés), Éric Piolle devient le premier maire écologiste français d'une ville de plus de 100 000 habitants[169].
Cet ancrage à gauche se manifeste aussi lors des élections nationales : lors de l'élection présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon est le candidat qui reçoit le plus de suffrages de la part des Grenoblois, devant Emmanuel Macron, avec 28,88 % des suffrages exprimés.
Au référendum sur le traité constitutionnel pour l'Europe du , les Grenoblois ont majoritairement voté pour la Constitution européenne, avec 55,67 % de « Oui » contre 44,33 % de « Non » avec un taux d'abstention de 33,47 %[170] (France entière : « Non » à 54,67 % - « Oui » à 45,33 %[171]).
Canton / Circonscription | 1er score | 2e score | Participation | |||
---|---|---|---|---|---|---|
Élections municipales de 2020 | 53,13 % pour Éric Piolle (DVG) | 23,44 % pour Alain Carignon (DVD) | 35,83 % | |||
Élections départementales de 2021 | Grenoble-1 | 66,89 % pour Sophie Romera et Benjamin Trocmé (UGE) | 33,11 % pour Louve Carrière et Hakima Necib (LREM) | 32,49 % | ||
Grenoble-2 | 63,59 % pour Jérôme Cucarollo et Eléonore Kazazian-Balestas (UGE) | 36,41 % pour Stéphane Dupont-Ferrier et Dominique Spini Alim (DVD) | 38,70 % | |||
Grenoble-3 | 63,17 % pour Simon Billouet et Pauline Couvent (UGE) | 36,83 % pour Sandra Hamedi et Adam Thiriet (UC) | 30,33 % | ||||
Grenoble-4 | 65,65 % pour Amandine Germain et Pierre Didier Tchétché (UG) | 34,35 % pour Bertrand Biju-Duval et Leila Angela Mokondjimobe (LREM) | 28,77 % | |||
Élections régionales de 2021 | 62,73 % pour Fabienne Grebert (UG) | 30,29 % pour Laurent Wauquiez (UD) | 32,10 % | |||
Élections européennes de 2019 | 23,96 % pour Nathalie Loiseau (LREM) | 22,36 % pour Yannick Jadot (EELV) | 50,00 % | |||
Élections législatives de 2022 | Isère-1 | 43,40 % pour Salomé Robin (NUP) | 56,60 % pour Olivier Véran (ENS) | 53,90 % | ||
Isère-3 | 61,95 % pour Élisa Martin (NUP) | 38,05 % pour Émilie Chalas (ENS) | 46,41 % | |||
Élection présidentielle de 2022 | 78,74 % pour Emmanuel Macron (LREM) | 21,26 % pour Marine Le Pen (RN) | 68,06 % |
Européennes de 2024
[modifier | modifier le code]Aux élections européennes du 9 juin 2024, le parti au pouvoir n'arrive que 4ème, subissant un très fort recul avec 11,06% (contre 23,96% en 2019)[172],[173], derrière LFI (21,78% contre 7,85% en 2019)[172],[173], PS-Place publique (21,19% contre 9,38% en 2019)[172],[173]et le Rassemblement national (13,03% contre 11,71% en 2019)[172],[173].
Liste des maires
[modifier | modifier le code]Éric Piolle est le maire actuel de la ville de Grenoble[174]. En tant que maire, il ne souhaite pas cumuler plusieurs mandats et renonce à briguer la présidence de Grenoble-Alpes Métropole, devenue métropole au 1er janvier 2015. Il démissionne également de son mandat de conseiller régional[175]. Il est le premier maire de la ville, depuis Albert Michallon, soit près de cinquante années, à ne pas cumuler son mandat avec d'autres mandats électifs.
Depuis 1959, plusieurs maires se sont succédé à Grenoble :
Voici ci-dessous le partage des sièges au sein du conseil municipal de Grenoble[176] :
Groupe | Président(e) | Effectif | Statut | ||
---|---|---|---|---|---|
Rassemblement citoyen, de la gauche et des écologistes[nota 1] | Alan Confesson / Anne-Sophie Olmos | 42 | majorité | ||
Rassemblement de gauche et de progrès[nota 2] | Jérome Safar | 8 | opposition | ||
Réussir Grenoble | Matthieu Chamussy | 7 | opposition | ||
Rassemblement des Patriotes | Mireille D'Ornano | 2 | opposition |
Instances judiciaires et administratives
[modifier | modifier le code]Grenoble compte de nombreuses juridictions administratives et judiciaires. La ville connaît en effet une longue tradition judiciaire, car durant plusieurs siècles, la cité fut la capitale de la province du Dauphiné, et à ce titre siège d'un Parlement, qui fut créé dès 1453 par le futur roi Louis XI, alors dauphin de France.
Aujourd'hui, la ville est le siège d’une cour d’appel qui regroupe les départements de l’ancienne province, à savoir l’Isère, la Drôme et les Hautes-Alpes. La ville accueille également un tribunal d'instance et de commerce, un Conseil des prud’hommes ainsi qu'un tribunal administratif important (sept chambres). À cette liste s'ajoute par ailleurs un ordre des avocats de Grenoble. En 2012, avec 516 avocats et 51 honoraires, il se situe parmi les quinze premiers barreaux de France[177]. Le Palais de Justice de Grenoble est situé depuis 1991 place Firmin-Gautier, dans le quartier Europole.
En tant que chef-lieu départemental, Grenoble abrite également la préfecture de l'Isère, le conseil départemental de l'Isère, l'antenne départementale de la région (l'Espace Auvergne-Rhône-Alpes de Grenoble), la chambre régionale des huissiers de justice et le conseil régional des notaires de la cour d'appel de Grenoble (ce dernier étant situé plus précisément à Seyssins). Grenoble abrite également un rectorat couvrant cinq départements : l’Isère, la Drôme, l’Ardèche, la Haute-Savoie et la Savoie.
Grenoble est également le siège d’une Chambre de métiers et de l'artisanat, ainsi que d'une Chambre de commerce et d'industrie qui gère notamment l’aérodrome du Versoud, Grex et Euromart ainsi que Grenoble École de management. Outre l'hôtel de ville qui héberge de nombreux services administratifs locaux, la région grenobloise possède un commissariat central et deux postes de police, une maison d’arrêt, située sur le territoire de la commune de Varces-Allières-et-Risset, un peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM), un hôtel des impôts et une succursale de la Banque de France. Par ailleurs la commune de Varces abrite également le 93e régiment d'artillerie de montagne de l'Armée de Terre, seul régiment français à avoir la double spécificité artillerie et montagne[178].
La commune voisine de Gières est, d’autre part, le siège du Centre d'études de la neige, une unité de recherche de Météo-France.
Politique environnementale
[modifier | modifier le code]Avant 2014
[modifier | modifier le code]Gestion des crues
[modifier | modifier le code]Les crues de l'Isère et du Drac ayant dramatiquement marqué l'histoire de Grenoble, l'Association départementale Isère Drac Romanche a été créée en 1936 pour gérer la construction, la surveillance et l'entretien des digues et autres ouvrages anti-inondations dans le bassin grenoblois. Le syndicat mixte des bassins hydrauliques de l'Isère (Symbhi), créé en 2004, mène également des travaux pour réduire les risques de crues dangereuses de ces trois rivières. Ceux-ci ne sont en effet pas totalement écartés : en 2001, la digue de la Taillat à Meylan menaçait de céder à cause d'une crue importante[179].
Pour réduire ce risque (et notamment protéger contre une crue bicentennale, comme celle de 1859), les pouvoirs publics mènent actuellement l’ambitieux projet « Isère Amont » qui répond à ce souci de prévention tout en y intégrant des objectifs environnementaux. Ce projet répond ainsi à trois objectifs[180] : protéger d'une part les zones urbanisées face à une crue bicentennale et les zones agricoles face à une crue trentennale en redonnant de l'espace à la rivière en cas de crue grâce au principe des champs d'inondation contrôlée (CIC), effectuer d'autre part une mise en valeur environnementale (restauration de certains milieux naturels pour la préservation de la faune et de la flore locale), prendre en compte l'aspect paysager et de loisirs (meilleur accès aux berges, faciliter la randonnée nautique…).
Développement durable
[modifier | modifier le code]La ville de Grenoble est également mobilisée en faveur du développement durable, à la suite d'une délibération « Grenoble, Facteur 4 »[181] qui vise à diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050[182]. Les différentes actions engagées concernent les domaines des transports, de l’énergie mais également le bâti actuel (sur le modèle de l’opération d'amélioration thermique menée sur les immeubles des Grands Boulevards). Les nouveaux quartiers doivent également répondre aux principes du développement durable : déplacements doux, mixité des usages et performance énergétique.
Cette politique a été récompensée par de nombreux prix reçus en 2009 et 2010 : grand prix national Ecoquartier pour la ZAC de Bonne, lauréat des Rubans du développement durable, Guidon d'Or pour l'action en faveur du « réflexe vélo », champion de la Ligue en France pour les catégories solaire et bois-énergie, Marianne d'Or du Développement Durable.
Après 2014
[modifier | modifier le code]Nouvelle orientation politique
[modifier | modifier le code]Lors des élections municipales de 2014, la ville change d'orientation politique. La liste « Grenoble, Une Ville pour Tous »[183],[184] soutenue par le Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes, alliance regroupant EÉLV, le Parti de gauche, Les Alternatifs, la Gauche anticapitaliste et deux associations locales, l'ADES (écologiste) et le Réseau citoyen, est en tête au premier tour et ses membres sont majoritairement élus au second tour.
Dès lors, la nouvelle municipalité veut engager la ville dans des actions de « transition énergétique, urbanisme apaisé, nature en ville, éco-mobilité, biodiversité, repas bio dans les cantines, respect des biens fondamentaux tels que l'air, l'eau, la lumière, les espaces naturels »[185]. Cette politique "verte" va entraîner très rapidement des réalisations, notamment au niveau du cadre de vie, des déplacements et de la politique d'aménagement urbain, telles que le passage de 60 % des cantines à l’alimentation bio, la tarification sociale de l’eau, la prime air-bois et la fourniture en énergie verte qui devrait couvrir tous les ménages en 2022. Grenoble s’est également dotée de la plus grande zone à faible émission de France, ce qui lui a permis de se placer deuxième au classement Greenpeace des douze agglomérations luttant contre la pollution de l’air[43].
Publicité urbaine
[modifier | modifier le code]Un des premiers gestes politiques du maire pour indiquer sa volonté de changement, dans le sens d'une amélioration de l'environnement, consiste à faire disparaître les panneaux publicitaires situés dans les rues de la ville, particulièrement dans les zones piétonnes.
Selon les déclarations de la municipalité, ces panneaux ont été remplacés par des services d'affichage propres à la ville et par un aménagement paysager[186]. Des panneaux publicitaires restent présents dans les transports en commun, gérés par la métropole et non par la commune, plus particulièrement aux arrêts, et sur certains bus.
Restrictions de circulation
[modifier | modifier le code]En 201