Sescosem — Wikipédia
La Sescosem (Société européenne de semi-conducteurs) est une société de production de composants électroniques (transistors, diodes, circuits intégrés), filiale de Thomson, créée en 1969 par fusion de SESCO (filiale de CSF) et COSEM (filiale de Thomson), après la fusion des sociétés mères Thomson-Brandt et CSF. Elle avait deux sites de production : Saint-Égrève, près de Grenoble (site COSEM) et Aix-en-Provence (site SESCO).
Histoire
[modifier | modifier le code]Sesco s'installe au début 1962 près de la gare de marchandises d'Aix-en-Provence (située dans les Allées Provençales actuelles[1]) et fabrique des transistors. Elle compte alors plus de quatre cents employés, femmes pour l'essentiel. La Sescosem est utilisée comme une « seconde source » par Texas Instruments et a IBM comme principal client. Elle a 20 % du marché français en 1968 mais plus que en 16 % en 1978[2].
Alors que l'usine de semi-conducteurs de la Cosem à Saint-Egrève, qui deviendra en 1968, par fusion, la Sescosem employait en 1964 environ 1500 personnes, produisant 50 millions de diodes et 15 millions de transistors par an[3] l'effectif du secteur électronique à Toulouse passe de 168 à 4255 personnes entre 1968 et 1973, essentiellement des femmes de la région[4].
Début 1968, General Electric propose de racheter les parts de Thomson dans la SESCO[5], filiale de la Thomson. Le gouvernement s'y oppose et trouve un moyen de décourager Thomson de dire oui[5] en proposant que ce soit plutôt une fusion avec la filiale semi-conducteurs de la Compagnie générale de la télégraphie sans fil (CSF). Ainsi, en 1969, les deux fabricants sont regroupés dans la Sescosem, qui reçoit un total de 20 millions de francs de subventions entre 1969 et 1973, car c'est en 1972 la seule entreprise française parmi les vingt premières mondiales des semi-conducteurs[6].
Dans les années qui suivent, l'apparition du mini-ordinateur fait émerger les projets d'informatique distribuée, gourmande en composantes électroniques, au sein de la CII et chez DEC, suivis ensuite par IBM, et il fut décidé d'allouer 120 millions de francs aux producteurs français, le double de ce qui était jusque-là perçu par la Sescosem, lors du Plan Composants de 1978.
Le nom de Sescosem disparaît après la création de SGS-Thomson en 1987, qui la rachète. La nouvelle société SGS-Thomson reçoit également en apport, d'une part les actions de Thomson Semi-conducteurs, société française regroupant les activités civiles de la branche spécialisée dans la microélectronique de la société d'électronique de défense Thomson-CSF et, d'autre part, les actions de SGS Microelettronica SpA, société italienne de microélectronique détenue par STET-Societa Finanziaria Telefonica[7]. Les deux sociétés étaient alors classées chacune autour de la vingtième place mondiale parmi les fabricants de semi-conducteurs quant au chiffre d'affaires. C'est aussi l'année de l'absorption par Thomson des activités semi-conducteurs du Laboratoire d'électronique et de technologie de l'information[8], fondé en 1967 par le Commissariat à l'énergie atomique et entré peu à peu dans l'orbite de Thomson depuis 1972. Les deux sites de la Sescosem sont fermés en 1988. Le personnel d'Aix-en-Provence est transféré vers la zone industrielle de Rousset-Peynier.
SGS Thomson est ensuite rebaptisé STMicroelectronics à la fin des années 1990 après une très forte croissance boursière. Son périmètre inclut les douze sociétés historiques (CSF, Eurotechnique, SGS, ATES, Mostek, Inmos…)[9] dont est issu SGS-Thomson.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ L'ancienne gare d'Aix
- ↑ J. Nicholas Ziegler, Governing Ideas: Strategies for Innovation in France and Germany, p. 171 [1].
- ↑ Histoire du site de l'usine de Saint-Egrève, dans "Témoignage des tubes électroniques et dispositifs à image fabriqués en Isère" [2]
- ↑ "Deux greffons fragiles sur l'industrie de Toulouse : Motorola et la Compagnie internationale pour l'Informatique", article de Pierre Mazataud, dans la Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest. Sud-Ouest Européen en 1975 [3]
- "À l'époque où les puces font leurs lois. Histoire des semiconducteurs vécue de chez Texas Instruments" par François Francis Bus ingénieur de Texas Instruments, en 2020 [4]
- ↑ Mark Burgess, A History of French Transistor, 2010.
- ↑ Chronologie de STMicro depuis 1987 sur le site de la Documentation française [5].
- ↑ Arbre généalogique de STMicro
- ↑ Interview du PDG Pasquale Pistorio dans L'Usine nouvelle du 3 octobre 1996 [6]
Liens externes
[modifier | modifier le code]