André Silbermann — Wikipédia

André Silbermann
Biographie
Naissance
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Kleinbobritzsch (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 55 ans)
StrasbourgVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Andreas SilbermannVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Fratrie
Enfants
Jean André Silbermann
Jean Daniel Silbermann (d)
Jean Henri Silbermann (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Maître
Plaque commémorative

André Silbermann – ou Andreas Silbermann –, né le à Kleinbobritzsch en Saxe et décédé le à Strasbourg, est le premier d'une lignée de facteurs d'orgue réputés, actifs en Alsace au XVIIIe siècle. Lui-même réalisa 34 instruments, la plupart en Alsace, dont 13 dans des églises protestantes et 16 dans des églises catholiques. Les plus connus sont ceux des abbayes bénédictines de Marmoutier et d'Ebersmunster, fort bien conservés.

André Silbermannn naît le à Kleinbobritzsch, en Saxe. Son père s’appelle Michael et est charpentier, tandis que sa mère se nomme Anne Marie Preussler[1]. À treize ans il débute un apprentissage de menuisier à Freiberg, qui s’achève en 1694[2]. Il fait probablement ensuite un second apprentissage chez un facteur d’orgues, mais le nom de celui-ci est inconnu, bien que des hypothèses évoquent Eugenio Casparini[1],[2]. La première mention de sa présence en Alsace date de 1699, lorsqu’il rénove l’orgue de l’église de Bouxwiller[2]. Il travaille quelque temps pour le facteur de clavecins Frédéric Ring, dont il tente, sans succès, de reprendre l’activité lorsque celui-ci fait une embolie en 1701. Il s’établit alors à son compte à Strasbourg avec son frère Gottfried et obtient le droit de bourgeoisie le [1],[2].

Après avoir réalisé l’orgue du couvent Sainte-Marguerite de Strasbourg en 1702-1703, Silbermann part à Paris pour se perfectionner dans la réalisation des orgues à la française. Il y travaille jusqu’en 1706 chez François Thierry, l'organier du roi[3],[2]. Il rentre en Alsace le et travaille dans l’atelier de Gottfried à Finkwiller jusqu’au départ de celui-ci pour la Saxe[1],[2].

Ayant repris la direction de l’atelier, il parvient à obtenir des commandes importantes, notamment pour l’abbaye de Marmoutier en 1709 et la cathédrale de Bâle en 1711. Peu de temps après, en 1714, il se voit attribuer la reconstruction du grand orgue de la cathédrale de Strasbourg, chantier le plus prestigieux de sa carrière[1],[2].

André Silbermann meurt le à Strasbourg et son atelier est repris par son fils Jean-André[1].

État des œuvres

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La zone d’activité d’André Silbermann est la région est la région du Rhin supérieur, qui correspond à l’Alsace, au pays de Bade et à la Suisse alémanique. Il a réalisé au total trente-quatre orgues, dont neuf positifs. La majeure partie d’entre eux ont toutefois disparu ou ont été fortement remaniés ultérieurement. Ainsi, seuls les instruments de Marmoutier et d’Ebermunster sont encore en grande partie dans leur état original. Même y ajoutant ceux n’ayant été que modérément altérés, par exemple ceux de Saint-Matthieu de Colmar et Altorf, le total des instruments dont l’état de conservation est suffisant pour se représenter leur tonalité d’origine ne dépasse pas sept[2].

Caractéristiques stylistiques

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À part peut-être l’orgue réalisé en 1703 pour le couvent Sainte-Marguerite de Strasbourg, toutes les œuvres connues d’André Silbermann sont postérieures à son séjour parisien. Celui-ci joue un rôle central dans l’élaboration de sa signature stylistique. Il est à noter en particulier qu’il y est en contact étroit avec les Thierry, qui sont chargés de l’entretien de l’orgue de l’église Saint-Gervais, dont l’orgue de Marmoutier est une réplique presque exacte[1].

Les orgues d’André Silbermann sont ainsi fortement influencés par le style français. Celui-ci se retrouve notamment dans les mesures en pieds et la présence des trois groupes caractéristiques de ce style : plein-jeu, jeu de tierce, grand jeu. Néanmoins, il n’a généralement pas reproduit à l’identique le style parisien, mais y a ajouté certains éléments caractéristiques des orgues rhénans, notamment la pédale de 16’ à l’arrière du buffet principal[2].

Historiographie

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La vie de Silbermann est essentiellement connue au travers des écrits de son fils Jean-André. Ces écrits représentent un ensemble de sept volumes de notes générales sur les orgues d’Europe et leurs fabricants, dans lesquelles André Silbermann est régulièrement mentionné[a]. Les informations généalogiques proviennent quant à elle essentiellement des registres paroissiaux[1].

C’est sur cette partie généalogique en particulier que l’historiographie a le plus évolué avec un bouleversement lié au travail de thèse de Marc Schaefer dans les années 1980, qui a rendu obsolète de larges parties de la bibliographie antérieure[b]. Celui-ci a en effet mis en évidence par une étude approfondie des registres paroissiaux que la généalogie des Silbermann établie jusque-là était largement erronée. Il n’existe ainsi aucune trace tangible d’un lien matrimonial entre les Silbermann et les Sauer et Wentzel qui ont repris son atelier, ni avec les autres familles Silbermann établies en Alsace avant 1700[1].

Liste des travaux d’André Silbermann[4]

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Commune Lieu Date Travaux effectués État de conservation Image
Strasbourg couvent Sainte-Marguerite 1703 Instrument complet (deux claviers, douze registres) Parties du buffet dans l’église Saint-Gall d’Ittenheim
Strasbourg Collegium Willhelmitanum 1706 Un clavier, huit registre, positif Disparu
Strasbourg Église Saint-Nicolas de Strasbourg 1707 Deux claviers dix-huit registres Presque entièrement disparu à l’exception de quelques tuyaux à l’église de Neuf-Brisach
Strasbourg Église des dominicains 1708 Nouveau pédalier (sept registres) Façade du buffet dans l’église Saint-Grégoire de Ribeauvillé
Strasbourg Église Saint-Pierre-le-Vieux de Strasbourg 1709 Deux claviers, vingt-et-un registres Buffet en partie conservé in situ
Marmoutier église abbatiale 1710 Trois claviers, vingt-deux registres Instrument place, modifié par Jean-André Silbermann en 1746 (cinq registres supplémentaires)
Bâle Cathédrale de Bâle 1711 Deux claviers, vingt-et-un registres Disparu
Bâle église Saint-Pierre 1712 Trois claviers, vingt-six registres En grande partie disparu à part quelques tuyaux
Obernai Église Saints-Pierre-et-Paul d'Obernai 1713 Instrument complet (trois claviers, vingt registres) Buffet dans l’église Saint-Maximin de Niedernai
Geudertheim église mixte 1715 Un clavier, huit registres Disparu
Strasbourg Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg (voir aussi Grand orgue de la cathédrale de Strasbourg) 1716 Partie instrumentale (trois claviers, trente-neuf registres) Tuyaux de façade toujours en place, quelques tuyaux internes subsistent
Strasbourg Église Saint-Étienne de Strasbourg 1716 Instrument complet (deux claviers, quatorze registres) Buffet et quelques tuyaux dans l’église protestante de Bischheim
Strasbourg Résidence des Andlau ? 1717 Deux claviers, six registres (positif) Disparu
Strasbourg Résidence de Michael Keck ? 1718 Un clavier, quatre registres (positif) Disparu
Strasbourg Église Sainte-Aurélie de Strasbourg 1718 Deux claviers, vingt registres Instrument toujours en place, buffet d’origine mais la plupart des tuyaux ont été remplacés
Strasbourg Église Sainte-Madeleine de Strasbourg 1718 Deux claviers, quatorze registre Disparu
Bâle église Saint-Léonard 1718 Un clavier, quinze registres Modifié par Jean-André Silbermann en 1718 (six registres supplémentaires au positif de dos). Seul le buffet subsiste de l’instrument d’origine.
Strasbourg Résidence de Johann Heinrich Vigera ? 1718 Un clavier, quatre registres Disparu
Haguenau église Saint-Joseph 1719 Deux claviers, huit registres (positif) Conservé au Musée des Arts décoratifs de Strasbourg
Strasbourg Église protestante Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg 1719 Un clavier, quatre registres Disparu
Strasbourg église de l’oratoire de la Toussaint 1719 Un clavier, six registres (positif) Disparu
Wissembourg église Saint-Jean 1720 Deux claviers, quatorze registres Seuls quelques tuyaux subsistent
Saint-Léonard église collégiale Saint-Léonard 1721 Deux claviers, sept registres Buffet conservé à l’église d’Ottrott
Kolbsheim Résidence des Lenck ? 1722 Un clavier, quatre registres Disparu
Neuried-Altenheim église protestante 1722 Un clavier, huit registre Disparu
Bischwiller Église protestante de Bischwiller 1724 Deux claviers, treize registres. Augmentation à seize registres en 1729 Instrument toujours en place, dix registres d’origine conservés
Colmar Église des Dominicains de Colmar 1726 Trois claviers, vingt-trois registres Subsiste mais se trouve désormais dans l’église de Niedermorschwihr
Strasbourg Église Saint-Guillaume de Strasbourg 1728 Deux claviers, vingt registres Instrument toujours en place, mais seul le buffet est encore d’origine
Vieux-Thann église des Dominicaines 1726 Deux claviers, huit registres Disparu
Altorf église Saint-Cyriaque 1730 Deux claviers, quinze registres Instrument toujours en place
Ebersmunster église abbatiale 1731 Trois claviers, vingt-six registres. Augmentation à vingt-huit registres en 1732 Instrument toujours en place
Koenigsbrück (Leutenheim) église des Cisterciennes 1732 Un clavier, huit registres Disparu
Colmar Église Saint-Matthieu de Colmar 1732 Trois claviers, vingt-quatre registres Subsiste avec un buffet modifié
Saverne Château des Rohan 1733 Un clavier, quatre registres (positif) Disparu
Rosheim Église Saints-Pierre-et-Paul de Rosheim 1733 Trois claviers, vingt-trois registres Dispersé : les tuyaux et les sommiers de la pédale sont encore à Rosheim, mais le buffet, le positif de dos et les sommiers du grand orgue sont à l’église de Waldowisheim et trois registres à celle de Lixhausen.

Bibliographie

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  • Marcel Thomann, « Silbermann », dans Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 35, (lire en ligne), p. 3638-3639.
  • Marc Schaefer, « André Silbermann », dans Les Silbermann, histoire et légendes d’une famille de facteurs d’orgues, Strasbourg, Archives de la Ville et de la Communauté urbaine de Strasbourg, , p. 33-34.
  • (de) Hermann Wettstein, Die Orgelbauerfamilie Silbermann : bibliographischer Beitrag zu ihrem leben und werk (1683. 1783. 1983), Universitätsbibliothek, Fribourg-en-Brigsau, 1983, 89 p.
  • Charles-Léon Koehlhoeffer, Les Silbermann : facteurs d'orgues en Alsace et en Saxe, J. Do Bentzinger, Colmar, 2008, 416 p. (ISBN 978-2-84960-143-3)
  • Marc Schaefer, Recherches sur la famille et l'œuvre des Silbermann en Alsace, Université de Strasbourg, 1984, 1066 p. (thèse de musicologie)

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Ces documents, surnommés « Archives Silbermann », ont été publiés sous la référence suivante : (de) Jean-André Silbermann et Marc Schaefer (éditeur scientifique), Das Silbermannarchiv : Der handschriftliche Nachlass des Orgelmachers Johann Andreas Silbermann (1712-1783), Winterthur, Amadeus, , 560 p. (ISBN 3-905049-39-2).
  2. Marc Schaefer et Georges Livet (dir.), Recherches sur la famille et l’œuvre des Silbermann en Alsace : Introduction aux "Archives Silbermann" de Paris (Thèse de 3e cycle), Strasbourg, , 533 p..
  1. a b c d e f g h et i Thomann 2000, p. 3638.
  2. a b c d e f g h et i Schaefer 2007, p. 33.
  3. Dictionnaire de la musique : sous la direction de Marc Vignal, Larousse, , 1516 p. (ISBN 978-2-03-586059-0, BNF 42393299), p. 1310
  4. Schaefer 2007, p. 34.