Association d'aide aux transsexuels — Wikipédia

Association d'aide aux transsexuels
Logo de l’association
Cadre
Forme juridique Association loi de 1901
But Aide juridique et médicale aux transsexuels afin de favoriser l'intégration sociale
Zone d’influence Marseille et environs
Fondation
Fondation 4 décembre 1992
Fondateur Eddy Frelin
Identité
Siège 93, Canebière
Marseille
Président Sandra Dual (d)
Publication Clepsydre
Site web assoc.aat.free.fr
Dissolution
Dissolution 2005 ou après

L'Association d'aide aux transsexuels (AAT) est une association française de support aux transsexuels, basée à Marseille et active entre 1992 et au moins 2005.

Elle fournit une aide juridique, psychiatrique et médicale afin d'aider les personnes (hommes comme femmes) dans leurs parcours de transition. Suivant toutefois une perspective assimilationniste et pathologisante, elle tisse des liens étroits avec le milieu psychiatrique et renvoie ses usagers vers les équipes hospitalières. Elle refuse également l'adhésion de prostituées ou de celles et ceux qui ne se considèrent pas comme un sujet psychiatrique.

L'AAT effectue quelques activités de lobbying à l'échelle nationale, comme l'écriture d'une proposition de loi en 1992. Elle demeure aujourd'hui oubliée.

L'Association d'aide aux transsexuels (AAT) est fondée le . Son siège est situé au 69, rue du Rouet[1] ; il est modifié l'année suivante pour le 93, Canebière[2]. Elle est fondée par un professionnel de santé[3], Eddy Frelin[4]. Sa création prend place dans une décennie de structuration des premières associations d'autosupport trans en France, avec l'ASB (1994), le CARITIG (1995), le PASTT (1996), toutes implantées à Paris. Elles sont aussi les premières à porter un mouvement associatif visant à l'amélioration des conditions de vie des personnes trans, suivies dès la décennie suivante par des collectifs davantage politiques (STS, GAT) — voie que l'AAT ne suivra pas[4],[5].

Elle demeure très discrète dans ses activités[3]. Entre 1996 et 2001[6], la présidente de l'AAT est Sandra Dual, médecin, médiatisée pour son autobiographie Rencontre avec le troisième sexe[7].

En 1999, l'AAT s'associe à l'écriture d'une proposition de loi par l'ASB qui vise à « faciliter la prise en charge médicale et le changement d'état civil des personnes concernées par le syndrome de Benjamin » (terme d'alors pour qualifier le transsexualisme)[4],[8].

Enfin, en 2005, l'AAT participe avec l'hôpital Sainte-Marguerite et le PASTT au programme « Travail d'accompagnement des personnes transsexuelles en voie de changement de sexe » piloté par l'association Autres Regards[9].

L'association est oubliée de la mémoire collective trans. Un oubli qui s'explique à la fois par sa discrétion et ses positions fermement assimilationnistes et pathologisantes[3].

L'association vise à être un moyen d'information et un cadre de sociabilisation afin de faciliter la transition, via par exemple des permanences et la production de ressources écrites, mais elle souhaite aussi être un moyen d'action afin d'agir contre la marginalisation, par des relations suivies avec les ministères et organismes compétents[10]. Ce dernier travail reste cependant faible[11]. L'AAT publie une revue interne, Clepsydre[12],[13], au moins entre 1997 et 2001[14].

Pratiques et analyses

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Vision du support aux personnes trans

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L'AAT se démarque par une vision assimilationniste assumée du parcours de transition. Une position qui n'est alors pas rare, mais qui se fera moindre par la suite dans le discours associatif[12]. L'association refuse d'être « revendicative »[3] et prêche la respectabilité et la conformité de genre des transsexuels ; en conséquence, elle n'accepte pas les prostituées en son sein et refuse tout lien avec le milieu gai et lesbien. Ainsi, dans le numéro de de sa revue interne Clepsydre, l'association donne des conseils pour être une femme « actuelle » à ses adhérentes[12].

Concernant le parcours de transition médicale, l'AAT renvoie vers les équipes médicales hospitalières, pourtant décriées par les autres associations. Plusieurs psychiatres, qui officieront par la suite dans ces équipes hospitalières, s'affilient à l'association[7]. L'AAT estime en effet qu'il est nécessaire d'avoir un suivi psychiatrique préliminaire à la transition[12],[7] et va jusqu'à refuser l'adhésion des personnes qui ne sont pas suivies[7],[13]. Cette position radicale, unique dans le paysage associatif trans — qui luttera pour la dépsychiatrisation par la suite —, voit des oppositions : ainsi, Tom Reucher, futur fondateur de l'ASB, refuse de créer une branche de l'AAT à Paris lorsque vient la nécessité d'une association trans en région parisienne à la suite de la perte d'activité du Centre du Christ libérateur (CCL)[15].

À Marseille, une autre association prendra le relais pour suivre les femmes trans prostituées, l'association Autres regards fondée en 1995[3].

Pathologisation de la transitude

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L'association présente les personnes trans comme souffrant du « syndrome de Benjamin », reprenant la terminologie du psychologue Tom Reucher et de l'ASB. Elle va jusqu'à parler de femmes andro-génésiques et d'hommes gyné-génésiques pour désigner respectivement les hommes trans et les femmes trans, c'est-à-dire des personnes nées avec des gênes de l'autre sexe[7].

Notes et références

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  1. « Association d'aide aux transsexuels - Annonce JOAFE parue le 30 décembre 1992 », sur Journal-officiel.gouv.fr (consulté le ).
  2. « Association d'aide aux transsexuels - Annonce JOAFE parue le 8 septembre 1993 », sur Journal-officiel.gouv.fr (consulté le ).
  3. a b c d et e Arnaud Alessandrin (dir.), Karine Espineira et Maud-Yeuse Thomas, La Transyclopédie : Tout savoir sur les transidentités, Paris, Des Ailes sur un tracteur, , 338 p. (ISBN 978-1-291-10322-9), p. 49, 52-53.
  4. a b et c Maxime Foerster, Elle ou lui ? : Une histoire des transsexuels en France, Paris, La Musardine, coll. « L'attrape-corps », (1re éd. 2006), 222 p. (ISBN 978-2-84271-400-0), p. 178-180.
  5. Simon Jutant, Stuart Pluen et Louve Zimmermann, « Notre santé nous-mêmes : Comment l'auto-organisation en santé trans peut faire évoluer les pratiques en santé publique », Revue du crieur, no 22,‎ (lire en ligne).
  6. Sandra Dual, « Un secret », sur Clepsydre, le site de l'AAT (consulté le ), republication d'un article paru dans le numéro de de Clepsydre, p. 12.
  7. a b c d et e Arnaud Alessandrin et Éric Macé (dir.), Du « transsexualisme » aux devenirs Trans, Université Bordeaux-II, , 372 p. (lire en ligne [PDF]), p. 230.
  8. Thomas Bujon et Christine Dourlens, « Entre médicalisation et dépathologisation : la trajectoire incertaine de la question trans », Sciences sociales et santé, vol. 30, no 3,‎ (lire en ligne).
  9. « Travail d'accompagnement des personnes transsexuelles en voie de changement de sexe - Bouches du rhône », sur Oscars, (consulté le ).
  10. « OBJECTIF de L'AAT : Vous aider dans votre parcours médical et juridique, et favoriser votre intégration sociale. », sur Clepsydre, le site de l'AAT (consulté le ).
  11. Karine Espineira et Maud-Yeuse Thomas, Transidentités et transitudes, Paris, Le Cavalier bleu, coll. « Idées reçues », , 184 p. (lire en ligne Accès payant), chapitre « La transphobie est partout », p. 115-121.
  12. a b c et d Bénédicte Radal, Hommes et femmes transsexuel(le)s en France : Entre normalisations et subversion, Université de Provence Aix-Marseille I, mémoire de maîtrise d'anthropologie à la publication autorisée, , 99 p. (lire en ligne [PDF]), p. 6, 77 et 82.
  13. a et b Laurence Hérault, « Constituer des hommes et des femmes : la procédure de transsexualisation », Terrain, no 42,‎ (lire en ligne).
  14. « Titre des articles disponibles », sur Clepsydre, le site de l'AAT (consulté le ).
  15. [audio] Émission de Bistouri Oui Oui du 16 février 2006, Radio libertaire.

Articles connexes

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  • Marie-Ange Grenier, fondatrice de l'Association médicale française pour l'aide aux transsexuels (AMEFAT) en 1981, association à la pensée similaire