Brésil — Wikipédia
République fédérative du Brésil
(pt) República Federativa do Brasil Écouter
Drapeau du Brésil | Armoiries du Brésil |
Devise | en portugais : Ordem e Progresso (« Ordre et progrès ») |
---|---|
Hymne | en portugais : Hino Nacional Brasileiro (« Hymne national brésilien ») |
Fête nationale | 7 septembre |
· Événement commémoré | Déclaration d'indépendance du Brésil () |
Plus grandes villes | São Paulo, Rio de Janeiro, Brasilia, Salvador da Bahia, Fortaleza, Belo Horizonte, Manaus, Curitiba, Recife, Porto Alegre, Belém |
---|---|
Superficie totale | 8 547 404 km2 (classé 5e) |
Superficie en eau | 0,65 % |
Fuseau horaire | UTC -2 à -5 |
Gentilé | Brésiliens (en portugais : brasileiro) |
---|---|
Population totale (2024[1]) | 212 583 750 hab. (classé 7e) |
Densité | 25 hab./km2 |
PIB nominal (2022) | 1 833,274 milliards de $ + 14 % (11e) |
---|---|
PIB (PPA) (2023) | 3 680,942 milliards de $ + 7,13 % (7e) |
PIB nominal par hab. (2022) | 8 570,276 $ + 13,31 % (61e) |
PIB (PPA) par hab. (2022) | 17 207,839 $ + 6,47 % (75e) |
Taux de chômage (2022) | 13,6 % de la pop.active - 3,60 % |
Dette publique brute (2022) | Nominale : 8 701,206 milliards de R$ + 7,78 % Relative : 91,888 % du PIB - 1,20 % |
Monnaie | Réal brésilien (BRL ) |
IDH (2021) | 0,754[2] (élevé ; 87e) |
---|---|
IDHI (2021) | 0,576[2] (90e) |
Coefficient de Gini (2021) | 52,9 %[3] |
Indice d'inégalité de genre (2021) | 0,390[2] (94e) |
Indice de performance environnementale (2022) | 43,6[4] (81e) |
Code ISO 3166-1 | BRA, BR |
---|---|
Domaine Internet | .br[5] |
Indicatif téléphonique | +55 |
Organisations internationales | ONUBRICSG24BADAIIBAPSCO (observateur)CPLPOEIZPCASINBARCIRG20Groupe de CairnsG15OTCA |
Le Brésil (en portugais : Brasil /bɾaˈziw/Écouter), en forme longue la république fédérative du Brésil (República Federativa do Brasil Écouter), est le plus grand État d’Amérique latine. Désigné comme pays-continent, le Brésil est le cinquième plus grand pays de la planète, derrière la Russie, le Canada, les États-Unis et la Chine. Avec une superficie de 8 547 404 km2, le pays occupe la moitié de la superficie de l'Amérique du Sud, partageant des frontières avec l'Uruguay et l'Argentine au sud, le Paraguay au sud-sud-ouest, la Bolivie à l'ouest-sud-ouest, le Pérou à l'ouest, la Colombie à l'ouest-nord-ouest, le Venezuela au nord-ouest, le Guyana au nord-nord-ouest, le Suriname et la France au nord (par la Guyane), soit la plupart des pays du continent sauf le Chili et l'Équateur.
Le pays compte 212,6 millions d'habitants en 2024 selon l'estimation officielle[1]. La capitale brésilienne est Brasília et la ville la plus peuplée est São Paulo. Ancienne colonie portugaise, le Brésil a pour langue officielle le portugais, alors que la plupart des pays d'Amérique latine ont pour langue officielle l'espagnol.
En 2017, selon le FMI, le PIB du Brésil s'élève à 2 054 milliards de dollars américains, ce qui en fait la huitième puissance économique mondiale[6]. Considéré comme une grande puissance émergente, le pays est notamment membre de l'Organisation des Nations unies, du Mercosul, du G20 et des BRICS. Sur le plan militaire, les forces armées brésiliennes sont classées parmi les vingt premières puissances militaires et demeurent les plus importantes du continent américain, derrière celle des États-Unis[7]. En dépit de la taille de son économie, le Brésil reste l'un des pays où les inégalités sociales et économiques sont parmi les plus élevées du monde. En 2017, le Brésil est le troisième pays d'Amérique latine pour l'inégalité sociale après le Honduras et la Colombie[8]. Avec la Chine, l'Inde ou la Russie, le Brésil est considéré comme un des rares pays à présenter le potentiel pour devenir un jour une superpuissance mondiale[9],[10].
La population brésilienne se caractérise par une importante diversité ethnique et culturelle : selon l'Institut brésilien de géographie et de statistiques (IBGE), il y a au Brésil 47,7 % de Blancs, 43,1 % de Métis, 7,6 % de Noirs et environ 2 % d'Asiatiques et d'Amérindiens. Un grand nombre de Brésiliens ont des ancêtres issus de pays européens, principalement du Portugal, puis d'Italie[11], d'Allemagne[12] ou d'Espagne. La majorité des Brésiliens noirs, quant à eux, sont originaires d'Afrique subsaharienne, principalement d'Angola[13]. Il possède une culture riche et variée appuyée sur cette diversité. À l'instar de ses voisins, le Brésil est un pays à majorité chrétienne (89 %). Avec 123 millions de fidèles, il s'agit de la deuxième nation chrétienne du monde (derrière les États-Unis, dont la majorité de la population est protestante) et de la première nation catholique.
Riche en ressources naturelles, le Brésil a été identifié comme étant une nouvelle puissance pétrolière[14]. D'immenses gisements pétroliers pré-salifères ont été découverts dans les bassins de Santos et de Campos, au large de Rio de Janeiro. Les réserves récupérables n'ont cessé d'être revues à la hausse : en 2013, elles sont évaluées à 106 milliards de barils selon l'AIE[15].
Étymologie
Les racines étymologiques du nom Brésil remontent au Moyen Âge. Le nom commun « brésil » désigne, à partir du XIIe siècle, des espèces exotiques de bois qui, séchées et pulvérisées, donnent une matière tinctoriale rouge[16].
Le terme « brésil » est mentionné à plusieurs reprises dans la correspondance de Christophe Colomb avec les Rois Catholiques. Une première fois pour se plaindre d'un trafic de bois rouge qui serait organisé par Ojeda et qui échapperait à son contrôle[17], et une deuxième fois pour désigner un port sur l'île d'Hispaniola[18].
En 1500, le navigateur portugais Pedro Álvares Cabral découvre le Brésil et, pensant avoir découvert une île, le nomme « Ilha de Vera Cruz ». Cette terre se révélant faire partie d'un continent (l'Amérique du Sud), elle est plus tard baptisée « Terra de Santa Cruz », qui signifie « Terre de la Sainte Croix ». La théorie la plus communément admise est que le mot « Brésil » tire son origine du bois de Brésil ou pernambouc, très apprécié dès le Moyen Âge pour ses propriétés tinctoriales, dont les Portugais reconnurent la présence en quantité lors de leur première exploration du pays[19].
Avant d'arriver à la désignation actuelle, le Brésil a été désigné sous plusieurs formes : Monte Pascoal, l'Île de Vera Cruz, Terra de Santa Cruz, Nova Lusitânia, Cabralia, Empire du Brésil, États-Unis du Brésil et enfin, la dénomination actuelle officielle : république fédérative du Brésil[20]. Les habitants du Brésil sont appelés Brésiliens depuis 1706[21] (à l'origine, le terme désignait uniquement les nobles qui commerçaient le pau-brasil[22]).
Histoire
Le blason de la république portait, à l'origine, le nom adopté par le pays après l'abolition de la monarchie : Estados Unidos do Brasil, soit « États-Unis du Brésil ». La version actuelle, établie par la loi no 5700, du , reflète son changement en República Federativa do Brasil (« république fédérative du Brésil »)[23],[24]. Le drapeau brésilien présente un losange jaune sur fond vert, ce qui symbolise l'union impériale à la naissance de la maison royale brésilienne : le vert de la maison royale de Bragance à laquelle appartenait Pierre Ier (Pedro I), premier empereur brésilien, le jaune de la maison royale autrichienne de Habsbourg, lignée de Marie-Léopoldine d'Autriche, son épouse.
Au centre du losange, où trônait le blason de l'empire du Brésil, un disque bleu représente le ciel de Rio de Janeiro le à 20 h 30, date du coup d'État qui installa la république[25]. Les vingt-sept étoiles placées sur ce fond représentent les vingt-six États fédérés et la capitale. On retrouve au centre la bannière portant la devise nationale Ordem e Progresso (« ordre et progrès ») venue d’Auguste Comte[26].
Période précoloniale
Certains des premiers restes humains trouvés dans les Amériques, comme Luzia, ont été trouvés dans la région de Pedro Leopoldo (Minas Gerais) et fournissent des preuves d'habitation humaine remontant à au moins 11 000 ans. La plus ancienne poterie jamais découverte dans l'hémisphère occidental a été découverte dans le bassin amazonien du Brésil et est datée au radiocarbone d'il y a 8 000 ans (6 000 av. J.-C.). La poterie a été trouvée près de Santarém et prouve que la région a soutenu une culture préhistorique complexe. Les premières preuves d'établissement humain sur la côte atlantique commencent entre ~ 8 700 et 7 000 ans AP[27].
La culture Marajoara s'est épanouie à Marajó dans le delta de l'Amazone de 400 à 1 400 après J.C., développant une poterie sophistiquée, une stratification sociale, de grandes populations, la construction de monticules et des formations sociales complexes telles que les chefferies.
Avant sa découverte par les Portugais en 1500, on estime que le territoire actuel du Brésil (la côte orientale de l'Amérique du Sud), a été habité[28] par environ deux millions d'Amérindiens, répartis au nord et au sud[29]. La population amérindienne a été divisée en grandes nations autochtones composées de différents groupes ethniques parmi lesquels se distinguent les principales familles linguistiques : tupi-guarani, macro-jê et arawak. Les Amérindiens étaient répartis dans d'innombrables tribus, dont les Tupiniquims, les Guaranis et les Tupinambas[30].
La tribu des Tupis fut la première en contact avec les Portugais, et celle dont l'héritage culturel est le plus important. En effet, en raison de l'assimilation des Tupis aux colons, des traces de l'ancienne culture amérindienne subsistent encore de nos jours[31], que ce soit dans la culture, la grammaire ou le vocabulaire. Divisés en sept « clans », les Tupis s'étendaient du Rio Grande do Sul au Rio Grande do Norte.
Les clans amérindiens établissaient leurs frontières respectives en faisant la guerre aux autres clans, soit pour protéger leur territoire ou pour en conquérir de nouveaux[O 1]. Certaines de ces tribus étaient particulièrement bien organisées, même si aucune d'elles ne l'était autant que d'autres populations amérindiennes des pays voisins, comme les Mayas ou les Aztèques, qui eux avaient façonné de grands empires et bâti des civilisations très avancées[32].
Les guerres entre Amérindiens s'inscrivaient dans des campagnes militaires de grandes envergures à la fois sur terre et sur mer, et il arrivait qu'au cours de ces guerres, certaines tribus s'adonnent à des rituels cannibales sur les prisonniers de guerre[O 2].
Colonisation portugaise
En 1500, Pedro Álvares Cabral découvre les côtes brésiliennes et, revenant au Portugal, annonça avoir découvert de nouveaux territoires[O 3]. On estime qu'avant 1500, la côte orientale de l'Amérique du Sud était habitée[33] par environ 2 millions d'Amérindiens. Selon le traité de Tordesillas, signé en 1494, sous l'égide du pape Alexandre VI, toutes les terres nouvellement découvertes situées à plus de 370 lieues à l'ouest du Cap Vert allaient à l'Espagne, les autres étaient attribuées au Portugal. La pointe orientale du continent sud-américain (le Brésil) revenait ainsi au Portugal[34].
Des navigateurs retournèrent plus tard au Brésil et en rapportèrent le bois de Brésil, bois de couleur braise qu'ils achetaient aux Indiens, et auquel le Brésil doit son nom actuel[35]. Toutefois, l'entreprise de colonisation ne débuta réellement que dans les années 1530, lorsque Jean III divisa le territoire en douze capitaineries héréditaires[O 4],[O 5]. Cependant, à la suite de nombreux problèmes liés à ce système, le roi de Portugal, Jean III, décida de nommer le un gouverneur général, Tomé de Sousa, chargé d'administrer la colonie entière[O 5],[O 6]. Vers le milieu du XVIe siècle, le sucre est devenu la principale richesse commerciale du Brésil[O 7], ce qui amena les Portugais à développer la traite des esclaves africains[O 8],[O 9] afin d'augmenter la production et répondre à la demande internationale croissante[O 10].
À la suite d'expéditions secrètes menées par le Français Nicolas Durand de Villegagnon, la France parvint à récolter suffisamment d'informations en vue d'établir une colonie dans la baie de Guanabara. Ce fut le début de la « France antarctique », nom donné à l'éphémère colonie française qui occupa la baie de Rio de Janeiro, de 1555 à 1567, et fut finalement éliminée par l'arrivée de renforts portugais[36]. Les Portugais parvinrent ainsi, à l'issue du conflit avec les Français, à élargir leur territoire au sud-est (prise de Rio en 1567) et au nord-ouest (prise de São Luís[37] en 1615)[O 11].
Le Brésil commença à se développer économiquement et l'exploitation de la population indienne locale n'étant plus suffisante pour la production sucrière, les premiers esclaves furent importés d'Afrique en 1550[38]. La traite négrière dura jusqu'au milieu du XIXe siècle : le Brésil est le pays d'Amérique du Sud qui a reçu le plus d'esclaves noirs, avec environ 5,5 millions d'Africains (majoritairement de l'Afrique de l'Ouest) déportés du XVIe siècle aux années 1850, soit 40 % du total[39]. Les esclaves furent principalement importés par des trafiquants britanniques et français, notamment bordelais et nantais. Les esclaves arrivaient sur le continent américain au moyen d'échanges intercontinentaux basés sur le système du commerce triangulaire[40],[41].
En 1630, les Néerlandais de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales enlèvent aux Portugais les villes de Recife, Natal et Salvador afin de s’assurer une partie de la production sucrière[42]. Recife devient la capitale de la colonie sous le nom de Mauritsstaad. Les populations locales se révoltent (Insurreição Pernambucana ou « Insurrection de Pernambouc ») contre leur présence à la faveur de la Première guerre anglo-néerlandaise (1652-1654) et à l’issue de celle-ci le Portugal récupère ces territoires[43]. En , avec la signature du traité de La Haye, les derniers territoires de Nouvelle-Hollande sont officiellement cédés aux Portugais[44].
À la fin du XVIIe siècle, les exportations de sucre commencèrent à baisser[O 12] mais en 1693, la découverte de gisements d'or dans la région qui allait devenir le Minas Gerais sauva la colonie de l’effondrement économique imminent[O 13]. Cette découverte a également permis l'essor de l'activité minière dans la région[O 14].
Vice-royaume du Portugal
À la fin de l'année 1807, après l'invasion du Portugal par les armées françaises de Napoléon, le prince régent Jean VI de Portugal est contraint, pour échapper à la menace des armées napoléoniennes, de transférer la cour royale de Lisbonne vers le Brésil[O 15]. La famille royale entreprend alors de développer les institutions brésiliennes : cette période coïncide avec l'émergence des premières places financières locales[45], la création d'une banque nationale, la fin du monopole commercial que le Portugal avait sur le Brésil et l'ouverture du commerce à l'échelle internationale. En 1809, en guise de représailles contre la France qui l'a forcé à l'auto-exil, le prince régent ordonne l'invasion de la Guyane française par l'armée portugaise[O 16].
Avec la fin de la guerre espagnole en 1814, les tribunaux européens exigent le retour du prince régent et de sa mère, la reine Marie, car ils jugent inapproprié que les représentants d'une monarchie européenne résident dans une colonie. En 1815, désireux de retourner au Brésil, où la cour royale avait prospéré au cours des six dernières années, le Portugal élève le Brésil au rang de Vice-Royaume et en fait la capitale de son empire. Ainsi, la famille royale pouvait séjourner au Brésil sans avoir à fournir de justifications. Le Brésil devient alors une Vice-Royauté, sous le nom de royaume-Uni de Portugal, du Brésil et des Algarves.
Toutefois, cela ne suffit pas à calmer les exigences des instances européennes, qui réclament toujours le retour de la famille royale à Lisbonne[46]. En 1821, les pressions deviennent de plus en plus fortes et Jean VI n'a pas d'autre choix que de retourner à Lisbonne, où il est contraint de prêter serment à la nouvelle constitution, laissant son fils, le jeune prince Pedro de Alcântara au Brésil en tant que régent du Vice-Royaume[O 17]. Celui-ci deviendra plus tard le premier empereur du Brésil sous le nom de Pierre Ier.
Indépendance à l'égard du Portugal et empire
En 1821, après le départ de son père le roi Jean VI pour le Portugal, Dom Pedro devient donc le nouveau prince régent du Brésil. Mais les Cortes portugaises désirent mettre un terme à l’autonomie du Brésil et veulent ramener le pays au rang de simple colonie[O 18],[O 19]. Les Cortes décident de dissoudre le gouvernement central établi à Rio de Janeiro et ordonnent au prince régent de rentrer à Lisbonne[O 20],[O 21]. Les proches des Cortes n'hésitent pas à provoquer le prince en se moquant ouvertement de lui ou en lui manquant publiquement de respect à plusieurs reprises[O 22].
La lutte entre le prince et les Cortes continue de s'intensifier. La population brésilienne soutient vivement Dom Pedro, si bien que le , celui-ci reçoit une pétition contenant pas moins de 8 000 signatures le priant de ne pas repartir au Portugal[O 23],[O 24]. Devant le soutien de la population, Pierre refuse les ordres des Cortes et déclare le même jour : « Si c'est pour le bien de tous et le bonheur général de la Nation, je suis prêt ! Dites au peuple que je reste »[47].
À partir de là, Pierre entre en conflit direct avec les Portugais. 2 000 soldats portugais, conduits par le général Jorge Avilez, se soulèvent alors pour punir le prince d’avoir défié les Cortes. Ils se rendent sur le mont Castelo, mais sont bientôt entourés par 10 000 Brésiliens armés, venus prêter main-forte à leur souverain[O 25],[O 26],[O 27],[O 28].
Commence ainsi en 1821 une guerre d'indépendance qui voit la toute nouvelle armée brésilienne s'opposer aux troupes coloniales portugaises encore présentes dans certaines régions du pays. Le , Pierre se tourne vers ses compagnons, jette son brassard aux couleurs du Portugal, et déclare : « Mes amis, les Cortes veulent nous rendre en esclavage et nous poursuivre. [...] Plus aucun lien ne nous unit désormais. Retirez vos brassards, soldats. Saluez l’indépendance, la liberté et la sécession du Brésil ! » Il dégaine ensuite son épée et lance : « Par mon sang, par mon honneur et par Dieu, je jure de donner sa liberté au Brésil » et crie : « L’indépendance ou la mort ! »[O 29],[O 30],[O 31],[O 32].
Le conflit durera trois ans et se terminera en 1824 avec la victoire des troupes brésiliennes et la signature du traité de Rio de Janeiro en 1825. La première constitution brésilienne a été promulguée le . Le , l'Empire du Brésil est officiellement proclamé. Dom Pedro est proclamé Empereur sous le nom de Pierre Ier.
Le , épuisé par les années d'exercice du pouvoir impérial, période au cours de laquelle il doit faire face à une tentative républicaine de sécession, mécontent de l’intransigeance de ses adversaires politiques, et devant l'usurpation par Miguel du trône portugais, Pierre Ier abdique finalement[O 33],[O 34] et retourne en Europe[O 35],[O 36] pour restaurer Marie II, sa fille et reine légitime, sur le trône.
De retour au Portugal, Pierre envahit le Portugal depuis les Açores avec une armée de partisans et déclare la guerre aux troupes de Miguel. Le , Pierre et ses armées entrent dans Lisbonne et chassent Miguel du trône.
Après le départ de son père, Pierre II devient à cinq ans seulement le nouvel empereur du Brésil (bien qu'il ne puisse prendre officiellement ses fonctions qu'à sa majorité). Avant de quitter le Brésil, Pierre Ier avait laissé à son messager une lettre dans laquelle il écrivait : « Vous avez ici mon acte d’abdication, je retourne en Europe et je laisse un pays que j’ai beaucoup aimé et que j’aime toujours. »[O 34],[O 37]
Régence (1831-1840)
À la suite du départ puis de la mort de son père, Pierre II hérite d'un empire au bord de la désintégration. Tandis que les dernières années du règne de Pierre Ier avaient été très critiquées (l’empereur avait notamment été accusé par les médias et l'opposition de ne pas s’impliquer assez dans le gouvernement du Brésil[O 38], en plus de devoir faire face à un scandale conjugal et d’être régulièrement accusé par les journaux de vouloir rétablir l'ancien royaume luso-portugais[O 39]), la situation de crise prend de l'ampleur durant les douze années suivantes. En effet, l’Empire est confronté à l'absence de véritable exécutif car, en vertu de la constitution, Pierre II ne peut pas gouverner avant sa majorité, le [O 40]. Dans l'attente de cette date, le pouvoir est confié à une régence élue mais celle-ci se révèle incapable de redresser la situation[O 41], allant même jusqu’à l'empirer[O 42].
Dans l'après-midi du , Pierre II est finalement acclamé, couronné et sacré empereur à 16 ans (deux ans avant sa majorité)[O 43],[O 44]. Ce sacre avant l'heure s'explique par la volonté des politiques d'aider le jeune souverain à prendre ses fonctions au plus vite dans l'espoir qu'il puisse remédier à l’extrême situation de crise qui sévit alors au Brésil. L'historien Roderick J. Barman déclare qu'« ils avaient perdu toute confiance en leur capacité à gouverner eux-mêmes le pays. Ils ont accepté Pierre II comme une figure d'autorité dont la présence était indispensable à la survie du pays »[O 45].
Âge d'or sous Pierre II
D'abord influençable en raison de son jeune âge, Pierre II parvient à consolider le pouvoir et assoit petit à petit son autorité sur le gouvernement. Pierre doit faire face à plusieurs crises mineures ou majeures entre 1848 et 1852[O 46]. Une révolte éclate dans la province du Pernambouc le , mais l'empereur parvient à la réprimer. Plus tard, un conflit éclate avec la Confédération argentine[O 47]. Pierre II conclut alors une alliance avec l'Uruguay et les opposants argentins au régime, ce qui conduit à la guerre de 1851, qui se termine avec la chute du régime argentin en [O 48],[O 49].
Sous Pierre II, le Brésil jouira d'une stabilité intérieure et d'une grande prospérité économique[O 50]. Le commerce international du Brésil atteint les 472 000 000 $ entre 1886 et 1887, soit un taux de croissance annuel de 3,88 % depuis 1839[O 51]. En 1850, les exportations placent le Brésil en tête de l'Amérique latine[O 52] et représentent le triple de celles réalisées par sa rivale, l'Argentine. En 1858, le Brésil devient la huitième puissance économique mondiale[O 53]. Sa croissance est alors comparable à celle des États-Unis et des puissances européennes[O 54].
Le Brésil connaît également un développement massif sous le règne de Pierre II[O 55],[O 56]. En 1850, le pays ne possède qu'une cinquantaine d'usines dont la valeur cumulée est supérieure à sept milliards de reis. À la fin de l'empire, le Brésil comporte 636 usines (ce qui représente une croissance annuelle de 6,74 % depuis 1850) dont la valeur est estimée à plus de quatre cents milliards de reis (ce qui représente une croissance annuelle de 10,94 % entre 1850 et 1889[O 57].) Des constructions ferroviaires, des installations téléphoniques et des systèmes de traitement des eaux usées sont installés dans tout le pays. En termes de constructions ferroviaires, seuls huit pays au monde ont créé plus de voies que le Brésil au cours de la décennie 1880. La première ligne de chemin de fer[O 58] est inaugurée à une époque où de nombreux pays européens n'ont encore aucun service ferroviaire[O 55]. Le Brésil entre dans l'ère moderne[O 55],[O 56] et devient un des pionniers dans l'installation du téléphone[O 59], en plus d'être le cinquième pays au monde à installer des égouts et le troisième à avoir un traitement des eaux usées[O 55]. De même, l'armée du Brésil, et notamment la marine, est une des plus importantes et puissantes du monde. En 1889, le pays possède la sixième plus grande marine de guerre de la planète[O 60], ainsi que les navires les plus puissants de l'hémisphère ouest[O 61].
Pendant plusieurs décennies, les riches latifundiaires s’opposent avec succès à l’interdiction de la traite d’esclaves. Le Royaume-Uni émet certaines pressions pour son abolition. Le « commerce illicite » trouble les échanges commerciaux anglo-brésiliens et gêne la pénétration économique et politique de l’Europe en Afrique. Par la suite, les milieux financiers britanniques soutiennent les porte-parole des planteurs lorsque ceux-ci affirment que la libération des esclaves ruinerait l’économie brésilienne et rendrait insolvable l’État auquel des prêts considérables avaient été consentis. Le commerce européen limitait son contrôle aux magasins de café des ports brésiliens, sans se préoccuper des conditions de travail dans les plantations[48]
Années de guerres (1860-1870)
Pendant les premières années de la décennie 1860, le Brésil doit faire face à deux conflits d'envergure : le premier est militaire et commence avec une guerre civile qui éclate en Uruguay[O 62],[O 63],[O 64] (alors une province du Brésil). Ce conflit interne s'accompagne de l'assassinat de plusieurs Brésiliens par les rebelles et du pillage de leurs biens dans tout le pays[O 65]. Cependant, l'armée brésilienne est envoyée en Uruguay, ou elle réprime rapidement la rébellion, rétablit le calme et pacifie la région. La campagne militaire se termine par une victoire du Brésil en 1865[O 66],[O 67],[O 68].
Toutefois, le vrai danger survient quand l'armée paraguayenne, profitant de la situation en Uruguay, envahit la province brésilienne du Mato Grosso et, quatre mois plus tard, envahit l'Argentine avant d'attaquer à nouveau le Brésil, signant le début de la guerre du Paraguay[O 66],[O 69],[O 70]. Ce qui s’annonce comme une guerre brève conduit en fait à un conflit à grande échelle qui embrase tout le sud de l'Amérique latine et mobilise plusieurs puissances militaires de la région : l'Argentine et le Brésil alliés avec l'Uruguay contre les troupes paraguayennes. Devant l'incapacité de ses généraux à repousser l'armée paraguayenne, Pierre II décide de monter au front en personne[O 71], accompagné par un petit groupe de Brésiliens volontaires, groupe qui est connu au Brésil comme les « Volontaires Patriotes ». La guerre se terminera finalement par une victoire totale du Brésil et de ses alliés[O 72],[O 73]. Lopez, un des principaux commandants paraguayens, est tué au combat le [O 74],[O 75].
La seconde crise a lieu entre l'Empire du Brésil et l'Empire britannique. William Christie Dougal, le consul britannique à Rio de Janeiro, envoie au Brésil un ultimatum abusif après deux incidents mineurs en 1861 et en 1862[O 76],[O 77]. Le gouvernement brésilien refuse de céder : Christie ordonne alors aux navires britanniques de capturer des navires marchands brésiliens[O 78],[O 79],[O 80]. Là encore, Pierre II refuse de se plier à la volonté des Britanniques et, au lieu de se soumettre comme l'espère Christie, il ordonne à la marine de guerre brésilienne de se déployer pour faire barrage aux Britanniques[O 81]. Surpris par cette réponse, Christie change de comportement et préfère opter pour un règlement pacifique entre les deux nations[O 82],[O 83],[O 84]. Plus tard, Pierre II reçoit l'ambassadeur britannique Edward Thornton, qui lui présente publiquement des excuses au nom de la reine Victoria et du gouvernement britannique[O 85],[O 86]. L'empereur vient alors de remporter une victoire diplomatique sur la nation la plus puissante du monde. À son retour à Rio de Janeiro, fort de ses deux victoires face au Paraguay et au Royaume-Uni, Pierre II est reçu en héros[O 87].
Pierre II est aussi un abolitionniste : il déclare ainsi que l'esclavage est « une honte nationale »[O 88]. Pierre est d'ailleurs un des rares nobles à ne posséder aucun esclave[O 89]. Après avoir conduit le Brésil à son apogée, son règne prend fin le à la suite d'un coup d'État.
Premières républiques oligarchiques et période nationaliste
En 1889, l'armée renverse l'empereur et la République est proclamée. Le pays ne devient pas une démocratie : il est dirigé par une oligarchie de riches propriétaires et d'élus locaux, les coronels, jusqu'à la crise de 1929[49].
Les hommes d'affaires (barons du café, magnats de la finance et du commerce, oligarchie industrielle urbaine, etc.) prennent en grande partie possession de l’État. Pour empêcher l'effondrement des prix du café en raison de la constante augmentation de la production, l’État achète le surplus et le met en stock. Il recourt pour ce faire à l'emprunt : 72,7 millions de livres sterling sont empruntés entre 1906 et 1930 pour cette politique de valorisation du café. Les garanties et conditions de ces emprunts sont souvent draconiennes ; l'emprunt Rothschild de 10 millions de livres sterling est assorti du contrôle des douanes comme gage et de la promesse qu'aucun nouvel emprunt ne serait sollicité par le Brésil sans l'assentiment de la banque Rothschild. Au niveau local, les coroneis contrôlent les élections afin de maintenir une législation favorable aux intérêts des hommes d'affaires. Au contraire, la classe ouvrière ne bénéficie que très peu des affaires réalisées par les entreprises[50]
En 1922, de jeunes officiers issus des classes moyennes réagissent : c'est le mouvement tenentismo (du mot teniente qui signifie lieutenant). Le premier soulèvement a lieu le à la forteresse d'Igrejinha. Bien que réprimé après une solide résistance, le mouvement du est d'une grande importance politique. Il marque le début de l'assaut contre la « vieille république oligarchique » et de son affaiblissement jusqu'à sa disparition en 1930. Deux ans plus tard, en , une révolte de militaires éclate à São Paulo ; les insurgés parviennent même à occuper la ville pendant trois semaines. Une troisième révolte a lieu dans l’État de Rio Grande do Sul en 1925, et une dernière se produit en 1926[50].
Les objectifs des militaires rebelles sont essentiellement ceux des classes moyennes, insatisfaites par la situation économique et politique du Brésil, aucun changement démocratique n'étant envisageable du fait d'un système politique bouché par le « règne des gouverneurs » selon un système en vertu duquel les gros propriétaires et la grande bourgeoisie dictent les conditions dans les États. Les revendications formulées par le mouvement concernent notamment le vote secret, la liberté de presse et d'association, le respect des résultats électoraux, l'alphabétisation et la nationalisation de certains intérêts économiques étrangers[50].
C'est aussi dans ce contexte que se produit la marche de la colonne Prestes. Luís Carlos Prestes est un ingénieur militaire, futur secrétaire général du Parti communiste du Brésil et commandant de l'état-major du chef de la révolte de São Paulo, Miguel Costa. À la tête d'une colonne de quelques centaines de soldats, il entreprend de diffuser les idées révolutionnaires à travers tout le pays. Après une marche d' à , constamment poursuivie par l'armée fédérale sans jamais être vaincue, la colonne demande l'asile à la Bolivie[50].
Le , Getúlio Vargas devient président après un coup d'État. En 1942, à la suite d'attaques par des sous-marins allemands, le pays s'engage dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés (cf. la Déclaration des Nations unies). Au lendemain de la guerre, en 1945, Vargas doit démissionner.
Le Brésil connaît alors une vingtaine d'années de relative démocratie pendant sa deuxième république, et le pays ne décolle pas encore économiquement. Cependant, la nouvelle capitale du pays, Brasília, est construite en moins de trois ans et les institutions fédérales, qui ne parvenaient pas à se décider entre les deux grandes métropoles de Rio de Janeiro et São Paulo, s'y installent en 1960. C'est le début de l'ère de conquête du territoire par les grands chantiers, mais il s'enfonce progressivement dans les problèmes politiques intérieurs et de conflits d'intérêts entre les régions, les grands propriétaires et surtout avec les forces de sécurité intérieure et l'armée pas encore fidélisées au régime républicain, dans un pays où les inégalités sociales sont encore exacerbées. Le contexte politique et sécuritaire (également troublé dans les pays voisins) et la corruption intérieure finiront par mettre en péril la stabilité des institutions.
Dictature militaire (1964-1985)
À partir de 1964, le Brésil connut, comme d'autres pays d'Amérique latine, une dictature militaire de droite. La junte militaire qui prit le pouvoir lors d'un coup d'État en 1964, et qui s'y maintint de manière parfois autoritaire, voire brutale, pendant deux décennies, força le pays à adopter un nouveau type d'économie.
Le régime renoua les relations du Brésil avec les institutions financières internationales, qui étaient gelées depuis la décision du président Juscelino Kubitschek, en 1958, de refuser les conditions imposées par les États-Unis et le Fonds monétaire international (FMI), pour l'obtention d'un prêt de 300 millions de dollars. Les mesures économiques critiquées par les États-Unis et le FMI sont supprimées. Les grèves sont interdites, les syndicats réprimés et les salaires réels chutent, le PIB baissant de 7 % en 1965. Au cours de cette même année, le Brésil signe un Stand-By Arrangement avec le FMI, reçoit de nouveaux crédits et voit sa dette extérieure restructurée par les États-Unis, plusieurs pays créanciers d’Europe et le Japon. Les prêts annuels passent, à partir du coup d’État, de zéro à une moyenne de 73 millions de dollars pour le reste des années 1960, puis à près de 500 millions de dollars par an au milieu des années 1970. La politique économique du régime militaire est saluée par les institutions financières internationales[51][source insuffisante].
Dans les années 1970, le gouvernement brésilien participa à l'opération Condor, vaste plan de coordination entre les dictatures militaires latino-américaines, piloté par la CIA, avec comme but de lutter dans tout le continent contre les opposants aux régimes. On compte un grand nombre de groupes révolutionnaires qui, dès 1964, ont organisé la résistance contre le pouvoir militaire. La plupart d'entre eux ont pris forme dans les milieux d'étudiants, dont le MR-8, plutôt basé à Rio de Janeiro, ou l'ALN (Action de libération nationale), basée à São Paulo.
C'est finalement la crise financière qui mine la plupart des pays d'Amérique du Sud, le développement de la pauvreté et de l'insécurité dans les immenses favelas, ainsi que la ruineuse corruption des militaires et les mouvements syndicaux qui feront perdre les derniers soutiens économiques du régime militaire.
Restauration de la démocratie
En 1985, Tancredo Neves fut élu à la présidence, mais décéda avant son entrée en fonction. C'est alors le vice-président José Sarney qui devint président. La démocratie s'installa dans un contexte économique et financier difficile. Le Congrès national établit une nouvelle constitution adoptée le .
Le , l'ancien syndicaliste Luiz Inácio Lula da Silva remporta l'élection présidentielle. Il fut réélu le . Il est le premier président du Brésil issu du Parti des travailleurs. Le pays sort du marasme économique, accède au statut de puissant pays émergent, grâce au développement accordé à la classe moyenne qui soutient massivement les réformes démocratiques du président, et la création d'un grand marché intérieur qui attire les capitaux étrangers et les industries d'exportation à la suite du retour de la confiance des banques et la stabilisation de la monnaie du pays. En réussissant en la plus grande augmentation de capital de l'histoire, le géant pétrolier Petrobras devient le symbole de cette forte croissance.
De 2003 à 2010, près de 20 millions de Brésiliens (sur une population de 190 millions) sont sortis de la pauvreté[52]. La malnutrition infantile a régressé de 46 %[52].
Dilma Rousseff, elle aussi membre du Parti des travailleurs, est élue le pour succéder à Luiz Inácio Lula da Silva et lui succède le , devenant la première femme présidente du Brésil. Elle est réélue en .
Le Brésil organise à l'été 2014 la 20e édition de la Coupe du Monde de football, gagnée par l'Allemagne. Rio de Janeiro accueille ensuite la 31e édition des Jeux Olympiques d'été en .
En débute l'opération Lava Jato, une enquête judiciaire anti-corruption de grande ampleur visant de nombreuses personnalités politiques de droite comme de gauche liées à l'entreprise Petrobras puis à l'entreprise Odebrecht. Le discrédit de la classe politique et la crise économique que subit le Brésil de à provoquent des contestations populaires. Dilma Rousseff est visée par un impeachment pour avoir dissimulé l'ampleur du déficit public brésilien et elle est destituée par un vote du Sénat le . Son vice-président Michel Temer, membre du Parti du mouvement démocratique brésilien, lui succède et adopte une politique libérale. Impopulaire dès le début de sa présidence, il est accusé de corruption dans le cadre de Lava Jato en , de même que Luiz Inácio Lula da Silva qui est condamné à neuf ans de prison.
L'élection présidentielle de 2018 oppose le député d'extrême-droite Jair Bolsonaro au candidat du Parti des travailleurs Fernando Haddad, Luiz Inácio Lula da Silva ayant été empêché de se présenter par la justice. Jair Bolsonaro est élu le et devient président le . L'année est marquée par une vague d'incendies en Amazonie, et l'année par la pandémie de Covid-19 lors de laquelle le Brésil est le deuxième pays le plus touché au monde après les États-Unis.
Luiz Inácio Lula da Silva remporte l'élection présidentielle de 2022 face à Jair Bolsonaro et revient au pouvoir après que sa condamnation est été annulée.
Gouvernement et politique
Système politique
Le Brésil est une république fédérative présidentielle sans Premier Ministre, composée de vingt-six États et d'un district fédéral. Sa Constitution a été adoptée le [53].
Le président est élu pour un mandat de quatre ans, et peut être réélu une fois. Le président actuel est Luiz Inácio Lula da Silva, né le , officiellement investi le . Il a succédé à Jair Bolsonaro.
Le vote est obligatoire pour les citoyens alphabétisés âgés de 18 à 70 ans ; il est facultatif pour les analphabètes et ceux âgés de 16 à 18 ans ainsi que pour les plus de 70 ans.
Le pouvoir législatif est exercé par la Chambre des députés, composée de 513 sièges, et le Sénat qui compte 81 membres[54].
Les Églises exercent une forte influence dans la politique brésilienne[55]. Elles interviennent dans les débats des campagnes électorales. Plusieurs partis politiques ont un nom qui évoque une religion : Parti social-chrétien, Parti social-démocrate chrétien ou encore Parti travailliste chrétien. Au Parlement brésilien, le groupe évangélique (pt) (bancada evangélica, officiellement Frente Parlamentar Evangélica, Front parlementaire évangélique) comprend 195 députés en 2020, soit 38 % des sièges[56].
Deux autres groupes sont très puissants au parlement : le groupe ruraliste (pt) (bancada ruralista, officiellement Frente Parlamentar da Agropecuária, Front parlementaire agricole)[57] et le lobby des armes à feu (bancada da bala, groupe de la balle)[58], qui comprennent une centaine de députés chacun. Les trois groupes, appelés ensemble les « BBB » (Bible, Balle, Bœuf) ont en commun de soutenir le président Jair Bolsonaro[57]. Au Brésil, il existe également le groupe des partis communistes, qui sont membres du Forum de São Paulo : PSB, PSOL, PT, PDT, PC do B, PCB, Cidadania et PPL[59].
Les campagnes électorales réclament généralement deux millions d'euros pour être élu député. En conséquence, environ 80 % des membres du Congrès sont des hommes d'affaires et représentent en particulier les intérêts des entreprises[60]. Dix-neuf grandes entreprises ont fourni la moitié des sommes dépensées pour les élections générales de 2014. Ces investissements peuvent leur permettre d'obtenir des contrats publics. L’institut Kellogg Brasil a calculé que chaque réal investi en rapportait environ 8,5 en contrats publics. Au contraire des entreprises, les syndicats ne sont pas autorisés à financer les campagnes électorales[61].
Le pays compte plus de 40 partis politiques actifs. Sept partis se considèrent de gauche (le PSOL, le PCO, le PSTU, le PCB, le PC do B, le PT et l'UP) et cinq de centre-gauche (le PSB, le PV, le PDT, le PMN et Cidadania) ; Solidariedade se déclare « humaniste » et Rede (pt) « progressiste ». Dix partis se considèrent centristes (le MDB, le PL, le PSD, le PTC, la DC, le PROS, Avante, Patriota, Podemos et le PMB (pt)) et cinq se positionnent au centre-droit (le PTB, Progressistas, le PSC, le PRTB et les Républicains). Le PSDB, les Démocrates et Novo se déclarent libéraux. Le PSL de Jair Bolsonaro est le seul parti à se réclamer de droite[62].
Organisation des pouvoirs
La République fédérative du Brésil est formée par l'union indissoluble de trois entités politiques distinctes : les États, les municipalités et le District fédéral[63]. La Fédération est régie par cinq principes fondamentaux : souveraineté, citoyenneté, libre entreprise, pluralisme, valeurs sociales du travail et dignité de la personne. Les 26 États fédéraux sont autonomes pour élaborer leurs propres constitutions d’États et leurs propres lois, mais leur compétence législative est limitée par les principes de la Constitution fédérale. Les pouvoirs établis par la Constitution sont les suivants : exécutif, législatif, et judiciaire[64].
Le chef de l'exécutif est le président de la république, élu par suffrage universel, cumulant tant les attributions de chef de l’État que celles de chef du gouvernement. Le président est également chargé de nommer les ministres qui siégeront au gouvernement.
L'exécutif et le législatif sont organisés indépendamment dans les trois sphères de gouvernement, tandis que le pouvoir judiciaire fonctionne aux échelons fédéral et étatique.
Le Congrès national est composé de la Chambre des députés et du Sénat fédéral, tous deux composés de représentants élus par vote populaire[65],[66],[67]. Les juges et autres fonctionnaires de justice sont nommés après avoir passé un examen d'entrée[65]. La composition du Pouvoir judiciaire fédéral est la suivante : le Tribunal suprême fédéral (STF), la Cour supérieure de justice (STJ), les Tribunaux régionaux fédéraux (TRF) et la justice fédérale. Il compte, en outre, des tribunaux spécialisés qui s'occupent des questions du travail, électorales et militaires[68].
Vingt-quatre partis politiques sont représentés au Congrès national. Dans la mesure où il arrive fréquemment qu'une personnalité politique change de parti, la proportion de sièges parlementaires occupés par un parti change régulièrement[69]. En 2020, les principaux partis politiques en nombre de députés sont le PT, le PSL (parti de Jair Bolsonaro), le PL, les Progressistes, le MDB, le PSD, les Républicains, le PSDB, le PSB, les Démocrates et le PDT, avec chacun entre 28 et 53 sièges à la Chambre des députés[70].
Relations internationales
Sur le continent latino-américain, le Brésil est une puissance, voire une superpuissance régionale[71],[72] : il exerce un leadership dans presque tous les domaines : économique, militaire, diplomatique, scientifique, culturel, démographique, etc. Le Brésil est à la fois le pays le plus riche[73], le plus grand[74] et le mieux armé[75] du continent sud-américain. Au niveau international, il s'agit de la 7e puissance économique mondiale[76] et son armée est la 9e plus importante de la planète[77],[78].
Sur le plan économique, le Brésil est toutefois talonné par le Mexique : en effet, le Mexique est également une grande puissance économique (la 14e plus grande du monde), en plus d’être un pays à forte croissance[79]. D'après une étude réalisée par la PricewaterhouseCoopers, le Brésil deviendra en 2050 le 4e pays le plus riche du monde sur la base du PIB à parité de pouvoir d'achat. À cette date, le Mexique aura atteint la 7e place[80]. Le rapport de force entre les deux géants latino-américains sera alors moins déséquilibré.
Les deux rivaux majeurs du Brésil (l'Argentine et le Mexique) se sont déclarés opposés à l'idée que le Brésil obtienne une place permanente au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que représentant de la région[81]. La politique étrangère brésilienne actuelle est basée sur la position dominante du Brésil en Amérique latine, sa position en tant que meneur des pays émergents et son statut de grande puissance émergente à l'échelle mondiale[82]. Le Brésil adopte une politique de résolution pacifique des conflits et de non-intervention dans les affaires d'autres pays.
Le Brésil n'est en conflit militaire ou frontalier avec aucun pays voisin. C'est une puissance diplomatique représentée à travers tous les continents : en effet, le Brésil possède une ambassade ou un consulat dans 125 pays à travers le monde[83].
À travers son appartenance au BRICS, le Brésil entretient également des relations étroites avec la Russie, l'Inde et la Chine, trois pays qui, comme lui, sont appelés à devenir (ou sont déjà pour certains) des puissances de premier plan dans les décennies à venir[84].
L'aide étrangère est devenue un outil de plus en plus important pour la politique étrangère du Brésil. Plus de la moitié de l'aide brésilienne est fournie en Afrique, alors que l'Amérique latine reçoit environ 20 % de l'aide brésilienne. La part de l'aide allouée au continent asiatique est faible[85]. En Afrique, plus de 80 % de l'aide brésilienne est reçue par les pays de langue portugaise[86]. Le Brésil concentre son aide pour les pays de langue portugaise dans le secteur de l'éducation, spécialement dans l'enseignement secondaire et postsecondaire, mais il est plus engagé dans le développement agricole dans d'autres pays[87]. L'aide tend à consister en une aide technique et une expertise, parallèlement à une diplomatie pacifique et non conflictuelle avec les résultats du développement. Certaines études ont suggéré que, en aidant, le Brésil pourrait essayer d'avoir accès aux ressources minérales et énergétiques[88].
Géographie
Le Brésil a une superficie totale de 8 547 877 km2, il s'étend de l'équateur au tropique du Capricorne[89]. Le pays occupe une vaste zone le long de la côte orientale de l'Amérique du Sud et comprend une grande partie de l'intérieur du continent. Le pays est de loin le plus grand d'Amérique latine, couvrant près de la moitié de la surface du continent sud-américain.
Il partage des frontières terrestres avec l'Uruguay et l'Argentine au sud, le Paraguay au sud-sud-ouest, la Bolivie à l'ouest-sud-ouest, le Pérou à l'ouest, la Colombie à l'ouest-nord-ouest, le Venezuela au nord-ouest, le Guyana au nord-nord-ouest, enfin le Suriname et la Guyane au nord. Par sa taille, le Brésil partage une frontière commune avec tous les pays d'Amérique du Sud, à l'exception de l'Équateur et du Chili[90]. Le territoire brésilien comprend également un certain nombre d'îles ou d’îlots, comme Fernando de Noronha, Atoll das Rocas, les îles de Saint Pierre et Saint Paul ainsi que l'archipel de Trindade et Martin Vaz[91],[92]. Sa taille, son relief, son climat et ses ressources naturelles font du Brésil un pays géographiquement diversifié.
Le Brésil est le cinquième pays du monde en superficie, après la Russie, le Canada, les États-Unis et la Chine, ainsi que le troisième d'Amérique, derrière le Canada et les États-Unis[93],[94]. Sa superficie totale s'étend sur 8 511 965 km2, dont 55 455 km2 d'eau[95],[96].
Grandes régions
On distingue cinq grandes régions :
Sud
États : Paraná, Santa Catarina et Rio Grande do Sul.
Bien qu'il s'agisse de la plus petite des cinq régions du Brésil, sa superficie s'étend sur 576 409,6 km2 (6,76 % du territoire brésilien), ce qui correspond à la moitié de la surface de la Bolivie[97] et presque à l'ensemble de la surface de l'Uruguay et du Paraguay réunis[98],[99]. Sa population est de 27 384 815 habitants[100].
La région Sud possède de bons indicateurs sociaux : elle est la première région du Brésil en termes d'IDH, celle qui dispose du deuxième plus important PIB par habitant (derrière la région Sud-Est) et celle qui possède le plus haut taux d'alphabétisation du Brésil (94,8 %). En outre, le Sud jouit du plus faible taux de mortalité infantile et du meilleur taux de longévité.
La région du Sud est celle qui est la plus marquée par la présence culturelle européenne. En effet, c'est dans le sud que la plupart des migrants européens ont décidé de s'installer, et ce, dès le XIXe siècle. On estime que les principales origines ethniques de la population dans le Sud du Brésil sont : italienne, portugaise, allemande et polonaise[101]. À partir de 1824 et jusque dans les années 1960, plus de 350 000 Allemands sont venus s’installer dans cette partie du Brésil[102]. En 1898, 300 000 personnes d'origine italienne s'installèrent dans le Rio Grande Do Sul, 50 000 à Santa Catarina et 30 000 à Paraná[103].
D'un point de vue climatique, la région Sud est la seule du Brésil à ne pas être chaude toute l'année (climat subtropical humide aux hivers doux et aux étés moites)[104]. En 2013, il a neigé pour la première fois depuis 58 ans à Florianópolis, capitale de l'État de Santa Catarina[105]. Le Sud est la région où la neige est la plus fréquente, il neige chaque année dans les hautes régions montagneuses de Santa Catarina, aux villes comme São Joaquim[106].
Sud-Est
États : Espírito Santo, Minas Gerais, Rio de Janeiro et São Paulo
C’est la région la plus urbanisée et la plus industrialisée, avec trois villes très importantes : Rio de Janeiro, Belo Horizonte et São Paulo.
Rio de Janeiro est l’ancienne capitale fédérale, et la capitale de l'État de Rio de Janeiro. Elle est située dans une des plus belles baies du monde, dominée par le Pain de Sucre, et la statue du Cristo Redentor (Corcovado), perchée à une altitude de sept cents mètres. Son carnaval et ses écoles de samba l’ont rendue célèbre, ainsi que ses plages, comme Copacabana, Ipanema, Leblon et Barra da Tijuca. Capitale culturelle du pays, elle est la ville la plus importante sur le plan artistique, avec l'Academia Brasileira de Letras, la plus grande bibliothèque du pays, le Museu Nacional, le Museu de Arte Moderna et le Théâtre Municipal, bâtiment inspiré de l'opéra de Paris. Le Maracanã, le troisième stade du monde par les dimensions, est aussi à Rio.
Il y a aussi de magnifiques plages autour de Rio : Angra dos Reis, Cabo Frio et Búzios. Dans le sud de l'État se trouve la petite ville de Paraty qui offre de splendides façades baroques, de couleur bleue, ocre ou vert, qui se reflètent dans les eaux calmes de sa rade. Dans la Serra do Mar se trouve la ville de Petrópolis, fondée par l'empereur Pierre II, et l'on peut encore y voir son palace d'été, une très grande attraction touristique[107].
Située au carrefour des routes de l'État du Minas Gerais, « mines générales » en français, où eut lieu, au XVIIe siècle, l'une des plus grandes ruées vers l'or, Belo Horizonte s’étend sur plus de vingt kilomètres.
São Paulo, fondée par les Jésuites en 1554, est en 2016 la ville la plus peuplée du Brésil. On y croise une population d'origine européenne ou japonaise qui a fait de cette ville la capitale mondiale du café, culture dont l'histoire a été dominée par le Brésil, un des plus grands centres d'affaires de la planète, et la première ville économique du Brésil. São Paulo est aussi la ville la plus riche du pays.
Nord-Est
États : Alagoas, Bahia, Ceará, Maranhão, Paraíba, Pernambouc, Piauí, Rio Grande do Norte et Sergipe.
Englobant neuf États, le Nord-Est, ou « Nordeste », a connu, au XVIIe siècle, son heure de gloire avec la culture de la canne à sucre. Par leur précieux héritage d’architecture coloniale et la beauté de leurs façades décorées d’azulejos (faïences bleues), les villes de Salvador, la plus « africaine », São Luís do Maranhão, fondée par des Français en 1612 sous le nom de « Saint-Louis de Maragnan », Recife, « la Venise du Nordeste », ou Olinda, « la hollandaise », témoignent de ce passé fastueux.
En 2010, la région comptait 51 millions d'habitants[108]. Elle connaît d'importantes difficultés socio-économiques dues à l'immobilisme des structures économiques et sociales. La région est la plus pauvre du Brésil. Les sécheresses qui frappent le sertão, zone soumise à des précipitations irrégulières de l'intérieur du Nordeste, participent à l'émigration de la population du Nord-Est vers les villes du littoral[109].
Centre-Ouest
États : Mato Grosso, Mato Grosso do Sul, Goiás et Brasília.
Cette région reste peu peuplée, et comprend, à l'extrême est, Brasília, la capitale du pays depuis 1960, et à l'ouest, l'État du Mato Grosso couvrant la majorité de sa superficie. L'activité agricole y est en expansion et cause une importante déforestation. C'est dans cette région que se trouve la partie brésilienne du Pantanal, la plus grande terre inondée de la planète, et l'une des régions du monde présentant la plus grande biodiversité.
Nord
États : Acre, Amapá, Amazonas, Pará, Rondônia, Roraima et Tocantins.
Le Nord est en grande partie couvert par la forêt amazonienne. La densité humaine y est très faible : un peu plus de 4 hab./km2 dans l'État du Pará, dans l'ouest, et deux fois plus dans celui d'Amazonas. Les deux principales villes de la région Nord, Manaus dans l'Amazonas et Belém dans le Pará, se sont développées sur des affluents du fleuve : le long du rio Negro pour Manaus et sur les rives de la baie du Guajara (pt) pour Belém.
L'Amazonie qui constitue la plus grande réserve biologique, compte environ un dixième des espèces vivantes mondiales[110]. Au cours des années 1970-1980, les différents projets de développement et les migrations intérieures ont entraîné un déboisement préoccupant, et des conflits entre les posseiros, propriétaires des terres, souvent illégitimement, et les Amérindiens. Actuellement, la protection de la forêt, ainsi que le respect des terres amérindiennes, sont négligées par le gouvernement brésilien, comme le prouve la construction du barrage de Belo Monte.
Le poids de la richesse de l'Amazonie dans la biodiversité mondiale est variable suivant les groupes zoologiques : 2 % des arachnides mondiaux se trouvent en Amérique, 3 % des myriapodes, 28 % des ricinules, 9 % des schizomides et des scolopendromorphes, 7 % des pauropodes. Ces chiffres peuvent être délicats à interpréter car les inventaires sont encore très incomplets. Une autre façon de comprendre la richesse de cette zone (similaire à l’ensemble des forêts tropicales humides) est de signaler que des inventaires ont découvert 95 espèces de fourmis différentes sur un seul arbre alors que 105 espèces vivent dans l’ensemble de l'Allemagne.
Découpage administratif
Capitale
Le Brésil a connu trois capitales : Salvador de 1549 à 1763[111], Rio de Janeiro de 1763 à 1960[112] puis Brasilia depuis 1960.
Frontières terrestres
Les frontières terrestres du Brésil s'étendent sur un total de 14 691 km :
- 3 400 km avec la Bolivie ;
- 2 200 km avec le Venezuela ;
- 1 643 km avec la Colombie ;
- 1 560 km avec le Pérou ;
- 1 290 km avec le Paraguay ;
- 1 224 km avec l'Argentine ;
- 1 119 km avec le Guyana ;
- 985 km avec l'Uruguay ;
- 673 km avec la France (Guyane française) ;
- 597 km avec le Suriname.
Seuls deux pays d'Amérique du Sud n'ont pas de frontière avec le Brésil : le Chili et l'Équateur. Les frontières du Brésil sont le résultat d'une active conquête de l'ouest, entamée dès le XVIIe siècle par les bandeirantes mais non terminée.
La frontière franco-brésilienne (entre la Guyane française et l'État de l'Amapá) est la plus grande frontière terrestre française.
Géologie
La géologie du Brésil (en) s'inscrit dans la plaque tectonique sud-américaine qui comprend deux grands domaines continentaux, la région andine et la plateforme sud-américaine. Le Brésil est une partie de cette plate-forme dont le socle métamorphique et granitique se compose de boucliers archéens soudés (craton amazonien formé du bouclier guyanais, du craton du Guaporé[113], du craton de São Luís et du craton de Río Apa ; bouclier Atlantique (en) formé du craton de Rio de la Plata, du craton de São Francisco et du craton de Luis Alves) séparés par des bassins sédimentaires (bassin amazonien, bassin du Paraíba et bassin du Paraná)[114],[115].
Paysages et environnement
Climat
- Neige à Caxias do Sul en hiver.
- Vue de Copacabana, où le climat est ensoleillé.
- Ubatuba, située au sud-est du Brésil.
- Plage de Tambaba, où le climat est tropical.
- Vue des chutes d'Iguazú, au milieu de la forêt tropicale.
- Vue de la savane du Cerrado, à Goiás, au centre-ouest du Brésil.
Le climat du Brésil comprend un large éventail de conditions météorologiques diverses, pouvant varier radicalement d'un État à un autre. Néanmoins, la plupart du pays est considéré comme tropical. Selon la classification de Köppen, le Brésil possède cinq principales catégories de climat : tropical, équatorial, semi-aride, tempéré et subtropical. La grande variété des conditions climatiques produit des environnements sensiblement différents en fonction des régions[116],[117] : ces environnements vont des forêts équatoriales situées dans le nord aux déserts semi-arides du nord-est, en passant par les savanes tropicales au centre et les forêts à climat tempéré au sud[118] :
- au nord du Brésil, où se trouve l'Amazonie, le climat est de type équatorial[119]. Dans ces régions, et notamment dans la jungle amazonienne, la plus vaste forêt du monde, les saisons sont généralement pluvieuses[120]. Les températures oscillent entre 26 °C et 27 °C[121]. Quand arrive la saison des grandes pluies, période de l'année allant de novembre à mars, les pluies tombent de manière torrentielle sur la forêt presque sans interruption. À la saison sèche[122], qui dure de juillet à septembre/novembre, les températures s'échelonnent plutôt entre 26 et 40 °C[123]. Les averses subsistent mais durent en général moins longtemps[124] ;
- le centre et l'est du Brésil bénéficient d'un climat tropical de savane. Cette région est aussi vaste que le bassin amazonien, mais possède un climat très différent étant donné qu'elle se situe plus au sud et à une altitude plus élevée. Les températures subissent peu de variations au cours des saisons ; ainsi, les températures se situent entre 27 °C en septembre et 25,1 °C en juillet[125] ;
- dans la région du Pantanal, située entre le Mato Grosso et le Mato Grosso do Sul, la diversité géographique et son étendue font que le climat varie considérablement. Au Nord, à Cuiabá, où le climat est chaud et humide toute l'année, la ville est connue pour être une des plus chaudes du Brésil[126]. Dans le Mato Grosso do Sul, de brusques chutes de température peuvent survenir en hiver. De décembre à mai, l'ensemble du Pantanal connaît une forte saison des pluies[127]. Pendant cette période, les rivières débordent et inondent les grandes plaines du Pantanal avec, dans certains cas, jusqu'à près de 3 mètres d'eau[128]. Les animaux se réfugient alors dans les îlots de terre sèche (cordilheiras). Au mois de mars, les jaguars sortent et se regroupent pour chercher de nouveaux territoires non inondés ;
- dans le nord-est du Brésil, le climat varie de 22 à 30 °C sur l'année. Le climat est semi-aride, chaud et sec à tendance continentale ou océanique, avec de courtes saisons pluvieuses[129] ;
- plus on descend vers le sud, plus le climat se fait tempéré. Au sud du tropique du Capricorne, les quatre saisons sont plus marquées et, alors que la côte a un climat de type subtropical (avec des hivers doux et des étés chauds), l'extrême sud se distingue par des hivers froids avec des températures parfois inférieures à 0 °C. Au cœur de l'hiver, en juillet-août, les températures varient entre 13 et 18 °C dans les États du Rio Grande do Sul, de Santa Catarina, du Paraná et de São Paulo. Dans certaines villes, il peut même y avoir des chutes de neige, cependant celles-ci sont rares. À São Joaquim, considérée comme la ville la plus froide du Brésil, cinq à sept jours de neige sont courants chaque année, notamment aux mois de juillet et août. Le long du littoral, l'été est très chaud.
Faune et flore
Recouvert en partie par l'Amazonie, le plus grand bassin forestier de la planète[130], le Brésil fait partie des dix-sept pays les plus riches du monde par sa biodiversité[131]. Le vaste territoire du Brésil comprend différents écosystèmes, tel que la forêt amazonienne, réputée pour être la plus grande forêt tropicale de la planète et celle qui renferme le plus grand réservoir de biodiversité[132]. En plus de la forêt amazonienne, le Brésil possède également d'autres importants écosystèmes, comme la forêt atlantique, la savane du Cerrado[133] et la forêt de la Caatinga. Deux de ces forêts s'étendent sur une superficie au moins égale, voire supérieure à celle de la France. Ainsi, la Caatinga, avec une superficie de près de 731 320 km2, est plus grande que la France (670 922 km2)[134]. Il en est de même pour la savane du Cerrado (approximativement 2 000 000 km2)[135]. Mais la forêt atlantique, à cause de l'importante déforestation qu'elle a dû subir, s'est grandement réduite, atteignant aujourd’hui[Quand ?] une superficie de 95 000 km2, contre près de 1 360 000 km2 avant l'arrivée de l'activité humaine[136] (soit seulement un dixième de sa superficie encore intacte[137]).
La riche faune du Brésil reflète la variété des habitats naturels : forêts tropicales de plaines, de montagnes et subtropicales, savanes, pampas, marais, côtes, etc. Les scientifiques estiment que le nombre total d'espèces végétales et animales au Brésil est d'environ quatre millions[133]. Plus de six cents espèces de mammifères sont présentes au Brésil, dont plusieurs de la famille des félins, comme le jaguar, le puma et l'ocelot. Parmi les autres mammifères, on trouve des paresseux, des antas (Tapirus terrestris), des tatous, des dauphins marins, des renards, des capybaras (grands rongeurs aquatiques dont certains peuvent peser jusqu'à 66 kg), et environ trente espèces de singes. Le Brésil, avec ses 1 704 espèces connues, possède la plus grande variété d'oiseaux au monde, après la Colombie et le Pérou[138], dont deux cent trente endémiques, parmi lesquels nandous, hoccos, rapaces, perroquets, toucans, pics, coq-de-roche, cotingas, tyrans, etc. (voir liste)
Il y a au moins quarante espèces de tortues au Brésil, cent vingt espèces de lézards, deux cent trente espèces de serpents, cinq espèces d'alligators, trois cent trente espèces d'amphibiens et 1 500 espèces de poissons d'eau douce[139]. Les naturalistes ont répertorié plus de 100 000 invertébrés, dont plus de 70 000 insectes. La forêt amazonienne renferme la plus grande concentration d'organismes biologiques[140],[141], et bien que personne n'en connaisse le nombre exact, les scientifiques estiment qu'elles constituent entre 15 et 30 % de l'ensemble des espèces connues dans le monde[142].
Un tiers des espèces d'insectes recensées au Brésil est en risque d’extinction[143]
Déforestation et menace sur la biodiversité
Mais le patrimoine naturel du Brésil est gravement menacé par l'activité humaine : élevage et agriculture illégaux, déforestation, exploitation minière, anthropisation des milieux naturels, extraction de pétrole et de gaz, pêche excessive, braconnage, commerce illégal d'espèces protégées, construction d'infrastructures polluantes ou inadaptées à l'environnement, contamination de l'eau, feux de forêts, etc. Dans de nombreuses régions du pays, l'environnement naturel et certaines ethnies sont menacés par le développement urbain. La construction de nouvelles routes au cœur de la végétation, comme la BR-230 ou la BR-163, a ouvert des zones précédemment isolées (et donc partiellement protégées) à l'agriculture massive et au commerce excessif. De plus, les barrages ont inondé les vallées et les habitats sauvages, tandis que les mines construites ont pollué le paysage. Certaines tribus isolées sont menacées si leurs terres ne sont pas reconnues et protégées par les autorités brésiliennes.
Le Brésil contient une partie du plus grand biome de forêt tropicale humide au monde, l’Amazonie. Cette région abrite plus de 21 millions d’habitants et contient 1/5 des réserves d’eau douce du monde avec le fleuve Amazone[145]. C'est aussi son importante biodiversité qui lui donne sa valeur[146]. On y retrouve une multitude d'espèces de flore et de faune et nombreuses sont celles encore à découvrir[147].
Cependant, la forêt amazonienne connaît un taux de déforestation extrêmement rapide qui menace cet écosystème[148]. Les principales causes en sont l’élevage bovin (80 % de la surface déboisée), la coupe de bois destiné à la construction, et l’agriculture[145] dont la culture de café, de canne à sucre et de soja[149]. Déjà 17 % de la forêt a été rasée à ces fins et la destruction continue à une vitesse alarmante[145]. La déforestation cause la fragmentation ou la disparition complète d'habitats et beaucoup d'espèces y sont sensibles. De plus, la forêt tropicale entrepose une quantité importante de carbone. La destruction rapide de ces forêts contribue significativement aux changements climatiques, étant donné qu'une grande partie du dioxyde de carbone est évacuée lorsque la biomasse de ces forêts est brûlée pour la fertilisation des sols. En effet, ceci favorise l’agriculture ou la croissance d'herbacées pour les bovins[150], mais pour une courte durée ; ce type d’utilisation des terres entraîne inévitablement la désertification à terme, rendant la terre peu productive et inutilisable[151].
Étant donné la sensibilité d’un grand nombre d’espèces à la déforestation, de grands corridors et des zones protégées doivent être aménagés pour permettre les déplacements de la faune, la dispersion des graines des végétaux et la diversité génétique des espèces de la forêt tropicale de l’Amazonie[151]. En 2006, un moratoire visant à protéger l'Amazonie brésilienne exclu tous les fournisseurs déboisant des parcelles pour la culture du soja. Le code forestier brésilien de 2012 oblige toute propriété agricole amazonienne à conserver 80 % de sa végétation initiale, cette « réserve légale » descend toutefois à 20 % pour la région du Cerrado[153]. La déforestation connaît une régression à partir de 2004 mais repart à la hausse après la destitution de la présidente Rousseff en 2016[154]
Un « Bloc ruraliste » très influent, dédié à la défense des intérêts d’agrobusiness, rassemble des personnalités politiques issues de différents partis politiques et contrôle en 2017 40 % des sièges au Parlement. Il dispose également de plusieurs ministères dans le gouvernement de Michel Temer dont ceux de l'Agriculture et de la Justice. Son influence aurait notamment conduit le gouvernement à prendre des décisions très défavorables à l’environnement, selon l'Institut national de recherche en Amazonie : « Avec la récession, les forces politiques conservatrices s’alignent pour démanteler des protections environnementales et sociales vitales qui pourraient exposer le pays et une grande partie de l’Amazonie à de graves dangers »[155]. Quatre millions d’hectares de forêt amazonienne perdent en leur statut de réserve naturelle et sont proposés à des entreprises privées pour leur exploitation[156].
La déforestation s’accélère encore avec l'arrivée au pouvoir du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, climatosceptique affirmé[157] : en , six mois après sa prise de fonctions, la surface de forêt disparue a triplé par rapport à l'année précédente[158]. Son gouvernement décide d’accélérer la mise en vente de nouveaux pesticides afin de répondre aux demandes de l'agrobusiness, alors que le pays en est déjà le premier consommateur au monde[159], avec 18 % de la consommation mondiale. Au cours de ses trois premiers mois d'exercice, il approuve la mise sur le marché de 121 nouveaux pesticides, chiffre qui s'élève à 239 en juillet[160]. Depuis le mois d'août, l'Amazonie est en proie à de gigantesques incendies incontrôlables provoqués, selon les organisations caritatives, par l'augmentation significative de la déforestation et de la sécheresse[161]. Le 20 août, l'INPE a signalé la détection de « 39 194 incendies dans la plus grande forêt tropicale du monde » depuis janvier[162], soit 77 % de plus que sur la même période l'an dernier. Malgré les innombrables menaces qui pèsent sur la forêt amazonienne et ses habitants, le président Luiz Inácio Lula da Silva fut élu en janvier 2023 et considère la protection de l'Amazonie et de ses peuples comme sa priorité. Il entreprend une série de mesures prometteuses comme le rejet de la loi "marco temporal" qui aurait entraîné l'expulsion de nombreuses populations indigènes et l'ouverture de l'Amazonie à davantage d'exploitation, de déforestation, notamment à travers l'agro-business ou encore l'exploitation minière, légale ou illégale. Le président a ainsi rendu de grandes terres aux peuples indigènes, en leur redonnant leurs droits et leurs territoires et continue à œuvrer en ce sens. De plus, Lula œuvre pour la baisse drastique de la déforestation, entre autres par le moyen de la protection et le respect des peuples indigènes.
Le jour du dépassement (date de l’année à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) du Brésil[Note 1] est le [163].
Infrastructures
Éducation
Le système éducatif au Brésil est régi par la Loi des Directives et des Bases de l'Éducation Nationale (LDB). Elle stipule que le gouvernement fédéral, les États, les municipalités et le district fédéral du pays doivent gérer et organiser leurs systèmes éducatifs respectifs. La Constitution réserve 25 % du budget de l'État et 18 % des impôts fédéraux à l'éducation[164],[165],
Selon les données de la Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios (Enquête nationale par sondage auprès des ménages) conservées par l'IBGE (Institut brésilien de géographie et statistiques), l'analphabétisme touchait encore 8,3 % de la population en 2013 (soit 13 millions de personnes[166].) Cependant, ce taux est en baisse puisqu'en 1989, le Brésil comptait 25 % d'analphabètes. Aujourd’hui[Quand ?], 17,8 % des Brésiliens sont classés comme des analphabètes « fonctionnels »[167] (moins de quatre ans de scolarisation) contre 27 % en 2012, d'après les données de l'Institut Monténégro Paulo, une branche de l'IBOPE (Instituto Brasileiro de Opinião Pública e Estatística)[168]. Ces taux varient grandement entre les différents États. Ainsi, le taux d'analphabétisme est bien plus élevé dans les États du nord que dans ceux du sud[169].
Dans le programme PISA (« Program for International Student Assessment » en anglais, et « Programme international pour le suivi des acquis des élèves » en français), le pays a été classé en 55e position en lecture, 58e en mathématiques et 59e en sciences parmi les 65 pays évalués par l'enquête[170],[171]. Dans les dernières décennies, la situation éducationnelle brésilienne s'est améliorée significativement. En 2000, 97 % des enfants et adolescents de 7 à 16 ans bénéficient de l'accès universel à l'enseignement primaire[166] et il y a eu une diminution du taux d’analphabétisme, de 20,1 % à 11,8 %. En 2011, la durée moyenne de la scolarité des personnes âgées de plus de 25 ans était de 7,4 années[172].
Actuellement, le Brésil se fixe comme objectif d'améliorer la qualité de l'éducation à l'échelle nationale. Les pressions exercées par toutes les parties sur le ministère de l'éducation et son ministre Fernando Haddad commencent (selon les dernière statistiques) à porter leurs fruits[173].
Enseignement supérieur
Dans l'enseignement supérieur, il y a actuellement environ 2 400 facultés et 200 universités au Brésil. Selon les données du ministère, ce nombre est en progression[174]. La formation universitaire se divise en : graduação (licenciatura et bacharelado) et pós-graduação (master, doctorat, cours de spécialisation, de perfectionnement et dextensão universitária). Les cours de graduação sont ouverts aux étudiants ayant conclu l'enseignement secondaire (ensino médio) et ayant été admis au concours d'entrée à l'université (vestibular). Les cours de pós-graduação sont ouverts aux étudiants possédant une licence ou un baccalauréat (bacharelado). L'année universitaire comprend au moins deux cents jours de travail effectif en dehors de la période réservée aux examens. Les institutions publiques sont tenues d'offrir des cours de graduação le soir dans les mêmes conditions de qualité et d’exigences que ceux dispensés pendant la journée. L'enseignement supérieur relève de l'autorité du pouvoir fédéral[175].
L'enseignement supérieur offre des options de spécialisations dans les différentes carrières académiques. Selon l'école, les étudiants peuvent améliorer leur formation universitaire avec des cours de troisième cycle pour les élèves diplômés du baccalauréat (stricto sensu ou lato sensu)[176],[177]. Toute personne le désirant peut fréquenter un établissement d'enseignement supérieur, à condition d'avoir le niveau requis[178]. L'étudiant doit également montrer qu'il ne souffre d'aucun handicap, qu'il soit mental, physique, visuel ou auditif[179]. Pour pouvoir refuser l'entrée d'un étudiant, le handicap doit être lourd (suffisamment pour l'empêcher d'étudier en altérant ses capacités intellectuelles — mémorisation, compréhension, etc. — moteurs, chroniques, sensorielles ou auditives). L'étudiant voulant accéder à l'enseignement supérieur doit également avoir réalisé une bonne performance lors de l'examen de l’ENEM (Exame Nacional do Ensino Médio), un des plus importants de l'enseignement supérieur au Brésil[180]. Ce test est effectué par le ministère de l'Éducation et permet à la fois de mesurer le niveau des étudiants tout en faisant office d'examen d'admission pour l'inscription aux universités. L'ENEM est le plus grand examen du pays et le deuxième plus grand du monde, juste derrière le Gaokao (Concours national d'entrée d'éducation supérieur) en Chine[181].
La première école d'ingénieurs créée au Brésil fut la Real Academia de Artilharia, Fortificação e Desenho (Académie royale d’artillerie, de fortification et de conception), en 1792. En 1810, elle a été transformée en Academia Real Militar (Académie militaire royale), suivie par la création de l'Escola Militar (1839), l'Escola Central (1858, devenue Escola Politécnica do Rio de Janeiro en 1874) puis par l'Escola de Minas de Ouro Preto (1876). Chacune de ces institutions avait sa propre organisation, les trois premières s'intéressant essentiellement aux techniques militaires et à la stratégie, les suivantes consacrant leurs cours aux sciences appliquées à l'aménagement du territoire, à l'administration de l'État et à l’industrie naissante. LEscola Politécnica do Rio de Janeiro a été l'école d'ingénieurs la plus prestigieuse du Brésil à cette époque[182]. La Real Academia de Artilharia, Fortificação e Desenho est l'ancêtre de l'Université fédérale de Rio de Janeiro (1920). Finalement, la première université créée au Brésil fut l'Université fédérale du Paraná (1912).
Santé
Le système brésilien de santé publique — le système de santé unifié (SUS) — est administré par tous les niveaux du gouvernement et il s'agit du plus grand système de ce type au monde[183]. Les systèmes de santé privés, eux, jouent un rôle complémentaire au sein du système de santé brésilien[184]. Les services de santé publique sont universels et accessibles gratuitement à tous les citoyens du pays. La construction et l'entretien des centres de santé et des hôpitaux sont financés par les impôts, et le budget alloué aux dépenses de la santé représente 9 % du PIB. En 2009, le Brésil possédait 1,72 médecins[185] et 2,4 lits d'hôpital pour 1 000 habitants.
Malgré les nombreux progrès réalisés depuis la mise en place du système de santé universel en 1988, il y a encore plusieurs problèmes de santé publique au Brésil. En 2006, les principaux points à résoudre sont les taux élevés de mortalité infantile, de mortalité maternelle[186] et de mortalité provoquée par des causes externes[184],[187](accidents de voitures, violence, suicide, etc.).
En 2000, le système de santé brésilien a été classé 125e parmi les 191 pays évalués par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS)[188].
La Hospital das Clínicas da Faculdade de Medicina da Universidade de São Paulo, le plus important centre médical du Brésil, a été fondé le . Occupant une superficie totale de 352 000 mètres carrés et un total de 2 200 lits (le tout réparti entre ses six instituts spécialisés), il s'agit du plus grand complexe hospitalier d'Amérique Latine[189].
Selon l'Enquête nationale sur la santé de 2013, quatre Brésiliens sur dix perdent toutes leurs dents après l'âge de 60 ans. Les Brésiliens les plus pauvres sont particulièrement exposés, et beaucoup commencent à perdre leurs dents dès l’adolescence. Bien que l'accès aux soins dentaires se soit nettement amélioré dans les années 2000, en raison notamment de la création du programme social « Brésil souriant » par le gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva, des millions de personnes pratiquent encore des méthodes jugées « moyenâgeuses » pour gérer la douleur[190].
En 2020, 34 millions de Brésiliens n’ont pas accès à l’eau potable et 49 % de la population ne dispose pas de collecte des eaux usées selon le Système national d’information sur l’assainissement[191]. Le mauvais état du système de santé suscite des inquiétudes face à la pandémie de Covid-19 : « le président Michel Temer et ses alliés ont adopté un amendement constitutionnel qui a gelé les dépenses de santé publique pendant 20 ans. Ensuite, Jair Bolsonaro a chassé 8 000 médecins cubains du pays pour des raisons idéologiques, laissant les zones rurales et les bidonvilles du pays sans médecins. Bolsonaro a également réduit le budget de la santé de 250 millions de dollars. En conséquence, le Brésil est terriblement mal préparé pour faire face à cette crise », estime le rédacteur en chef du site web Brasil Wire[192].
Science et technologie
Le Brésil a donné au monde un grand nombre de personnalités scientifiques notables. Parmi les inventeurs les plus célèbres du Brésil, on peut citer notamment le prêtre Bartolomeu Lourenço de Gusmão[193], Roberto Landell de Moura[193], Francisco Azevedo[193], Alberto Santos-Dumont[194], Evaristo Engelberg[195], Manuel Dias[196], Andreas Pavel[réf. nécessaire], ou encore Nélio José Nicolai[197]. La science brésilienne est représentée par des noms comme César Lattes (physicien nucléaire, fondateur du Centre brésilien des recherches physiques, connu pour ses recherches sur la particule Pion[198]), Mário Schenberg (considéré comme le plus grand physicien du Brésil[199]), José Leite Lopes (physicien titulaire du prix scientifique UNESCO[200]), Artur Ávila (premier latino-américain lauréat de la médaille Fields[201], la plus prestigieuse récompense en mathématiques), et Fritz Müller (un biologiste germano-brésilien qui prouva en 1864 que la théorie de l'évolution de Charles Darwin était juste[202].)
Plusieurs chercheurs et scientifiques brésiliens se sont illustrés dans le domaine de la médecine, comme Ivo Pitanguy[203], Mayana Zatz[204], Adib Jatene[205], Adolpho Lutz[206], Emílio Ribas[207], Vital Brazil[208], Carlos Chagas[209], Oswaldo Cruz[210], Henrique da Rocha Lima[211], Mauricio Rocha Silva[212] et Euryclides Zerbini[193].
La recherche scientifique brésilienne a commencé dans les premières décennies du XIXe siècle, lorsque la famille royale et la noblesse portugaise, dirigées par le prince régent Dom João de la maison Bragance (qui plus tard est devenu roi sous le nom de Dom João VI), sont arrivées à Rio de Janeiro pour échapper à l'invasion armée du Portugal par les troupes de Napoléon Bonaparte en 1807. Avant cette date, le Brésil était encore une colonie portugaise peu développée dans le domaine, contrairement aux anciennes colonies voisines de l'Empire espagnol, qui, elles, jouissaient déjà d'un nombre considérable d'universités scientifiques depuis le XVIe siècle[213].
Depuis le XXIe siècle, la situation s'est inversée puisque le Brésil a développé le programme spatial le plus avancé de toute l'Amérique latine. Alors qu'elle était, jusqu'à la décennie 2000, encore sous-équipée dans le domaine, l'Amérique latine est devenue un des nouveaux terrains de jeu commerciaux pour tous les constructeurs de satellites d'observation du monde entier[215]. Bien que ce soit le Chili qui a été le précurseur dans le domaine (en lançant le programme SSOT, un programme de nouvelle génération beaucoup plus performant que ceux qui existaient auparavant dans la région[216]), le Brésil et le Mexique, les deux géants du continent, n'ont pas tardé à suivre la dynamique. Le Brésil a ainsi déclaré vouloir faire l'acquisition de deux satellites optiques (programme Carponis) et un satellite radar (Lessonia).
Le programme spatial brésilien possède d'importantes capacités dans le lancement et la production de satellites[217]. Le , l'agence spatiale brésilienne a signé un accord avec la NASA pour la livraison d'une importante quantité de pièces depuis la Station spatiale internationale[218]. Le , le colonel Marcos Pontes a été sélectionné pour être le premier astronaute brésilien : à bord du Soyouz, il est ainsi devenu le premier brésilien, le premier lusophone et le troisième latino-américain en orbite autour de notre planète[219].
Les centaines de tonnes d'uranium enrichi contenues dans la Nuclear Fuel Factory (FCN), située a Rio de Janeiro, répondent aux besoins énergétiques du gigantesque pays. En outre, le Brésil fait partie des trois seuls pays d'Amérique latine à posséder un ou plusieurs accélérateurs de particules[220], ainsi qu'un outil de recherche pour la physique, la chimie, la science des matériaux et la biologie[221]. Selon une étude effectuée en 2010 par le Forum économique mondial, le Brésil compte également parmi les cent plus grands (61e place) développeurs mondiaux dans les technologies de l'information[222].
Transport
Avec un réseau routier s'étendant sur 1,8 million de kilomètres, dont 215 000 km de routes revêtues, les routes sont les principales voies de transport de passagers et de cargaison. Le pays compte environ 14 000 km d'autoroutes, dont 5 000 km dans le seul État de São Paulo. Il est actuellement possible de voyager de Rio Grande, à l'extrême sud du pays, à Brasília (2 580 km) ou Casimiro de Abreu, dans l'État de Rio de Janeiro (2 045 km), uniquement sur des autoroutes divisées[223].
Les premiers investissements dans l'infrastructure routière ont eu lieu dans les années 1920, sous la présidence de Washington Luís, et se sont poursuivis sous Getúlio Vargas et Gaspar Dutra[224]. Le président Juscelino Kubitschek (1956-1961), qui est à l'origine de la fondation de Brasília, la capitale, est responsable de l’installation de grands constructeurs automobiles dans le pays (Volkswagen, Ford et General Motors se sont implantés au Brésil au cours de son mandat). À partir des années 1990, le pays a reçu d'importants investissements étrangers sur son territoire pour permettre l'installation d'autres grands constructeurs, tels que Fiat, Iveco, Renault, Peugeot, Citroën, Honda, Mitsubishi, Mercedes-Benz, BMW, Hyundai, Toyota, etc.[225]. Le Brésil détient à présent la septième plus importante industrie automobile du monde en termes de production[226].
Il y a environ 4 000 aéroports et aérodromes de toutes tailles au Brésil : parmi ce chiffre, on compte 2 500 aéroports (comprenant 721 pistes d'atterrissage au total), ce qui fait du Brésil le deuxième pays au monde avec le plus d'aéroports, derrière les États-Unis[227],[228]. L'aéroport international de São Paulo/Guarulhos, situé dans la région métropolitaine de São Paulo, est le plus grand, le plus important et le plus fréquenté du Brésil avec près de 20 millions de passagers annuels. L'importante fréquentation de l'aéroport São Paulo-Guarulhos s'explique par sa position géographique avantageuse, ainsi que par le fait qu'il s'agit du lieu ou transite la majorité du trafic commercial national. En effet, le São Paulo-Guarulhos permet de relier São Paulo à pratiquement toutes les grandes villes du monde[229]. Outre le São Paulo-Guarulhos, le Brésil dispose de 34 aéroports internationaux et 2 464 aéroports régionaux[230].
Le pays possède également un vaste réseau ferroviaire de 28 857 km de voies ferrées, le dixième plus grand de la planète[227]. Le gouvernement brésilien cherche à encourager ce mode de transport, d'où le projet de construction d'un nouveau train à grande vitesse, le TAV Rio-São Paulo (Trem de Alta Velocidade Rio-São Paulo en portugais, train à grande vitesse Rio-São Paulo en français), qui reliera les deux plus importantes métropoles du pays. Ce projet, une fois terminé, marquera l'entrée du Brésil dans le cercle restreint des pays ayant ce type de transport.
Le Brésil compte un grand nombre de ports ; parmi les 37 principaux, le plus important est celui de Santos[231]. Le pays dispose également de 50 000 km de voies navigables[227].
Médias et communication
- 293 quotidiens de presse écrite. Les plus vendus sont Folha de S.Paulo, O Globo, Jornal do Brasil et O Estado de S. Paulo ;
- 19 chaînes de télévision publiques, 218 chaînes privées ;
- 1 radio publique, 2 000 radios indépendantes.
La presse brésilienne a vu le jour en 1808 avec l'arrivée de la famille royale portugaise au Brésil. Le premier organe de presse est né à Rio de Janeiro le , avec la création de l'imprimerie royale sous la régence du prince Dom João[232],[233].
La Gazette de Rio de Janeiro, le premier journal publié sur le territoire national[234], est diffusé dans le pays à partir du . La presse écrite s'est imposée comme un des plus importants moyens de communication au Brésil : elle a produit plusieurs journaux, dont certains figurent maintenant parmi les plus importants du monde, comme la Folha de S.Paulo, O Globo ou encore O Estado de S. Paulo. Les premiers médias radio-visuels sont apparus le [235] lors de la diffusion d'un discours de Epitácio Pessoa, le président de l'époque. Cependant, l'installation de la radio n'a officiellement eu lieu que le avec le lancement de la Rádio Sociedade do Rio de Janeiro[236]. Dans les années 1930, la radio s'est développée et est également devenu un outil commercial d'envergure pour la promotion des artistes brésiliens. Mais le véritable « âge d'or » de la radio brésilienne a eu lieu dans les années 1940 : à cette époque, la radio avait une influence et un rayonnement sur la société semblable à celui qu'a la télévision.
Lorsque vient la création de la télévision, la radio passe par toute une série de transformations et se diversifie en programmant de nouvelles émissions basées sur la critique, l'analyse et le débat. Ainsi, avec les années, elle est de moins en moins axée sur l'information pure et s'ouvre à de nouvelles perspectives. L'avènement de la radio FM survient dans les années 1960, date où la diffusion de la musique prend une importance capitale au sein de l'audimat[237] La télévision au Brésil commence officiellement le [238] grâce à Assis Chateaubriand, lequel fonde la première chaîne de télévision du pays, la Tupi TV. Dès lors, la télévision n'a eu de cesse de gagner en importance dans le pays avec la création de grands réseaux tels que Rede Record, SBT, Bandeirantes et surtout Globo, véritable empire médiatique.
La télévision tient une grande place dans la société brésilienne moderne. La télévision numérique terrestre (TNT) a été lancée le à 20 h 39. Aujourd’hui[Quand ?], l'ensemble des capitales d'État du Brésil sont couvertes par la TNT, soit une population estimée à 44,9 millions d'habitants[239].
« Empire Globo »
Le réseau Globo est de loin le premier du pays. C'est l'un des groupes médiatiques les plus puissants au monde, représentant 80 % de ce qui est lu, vu ou écouté au Brésil. L'influence autant que les profits du groupe sont immenses : pour l'année 2009, les profits déclarés s'élevaient à 8,386 milliards de réaux (3,567 milliards d'euros)[240]. À titre de comparaison, au , le chiffre d'affaires consolidé du groupe TF1, le plus important en France, était de 1,628 milliards d'euros.
Géré par la famille Marinho[241], le réseau Globo (la Rede Globo en portugais) est également un géant de production. Ses studios – le Projac – installés à Rio de Janeiro, dans le quartier de Jacarepaguá, s'étendent sur près de 1,65 million de mètres carrés et produisent 85 % des films et l’ensemble des telenovelas ; les feuilletons tant prisés par les Brésiliens.
Détenant cinq stations de télévision à Rio de Janeiro, São Paulo, Belo Horizonte, Brasília et Olinda, et plus de cent stations affiliées[242], le réseau couvre l'ensemble des États du Brésil. Globo est le deuxième plus important réseau de télévision commerciale du monde, derrière la chaîne américaine ABC Television Network[243]. Il s'agit également du plus gros producteur mondial de telenovelas[244].
Globo est l'une des plus grandes entreprises médiatiques de la planète, produisant environ 2 400 heures de divertissement et 3 000 heures de journalisme par an au Brésil. Grâce à son vaste réseau, le diffuseur couvre 98,6 % du territoire brésilien, atteignant 99,5 % de la population. Les opérations internationales de Globo comprennent également une division de production et de distribution internationale qui distribue les sports brésiliens et du contenu de divertissement à plus de 190 pays à travers le monde[245]. Globo est également présent sur internet depuis peu : le domaine Globo.com a attiré près de 1,8 million de visiteurs par an depuis 2008, d'après une étude de la Compete.com[246], et se classe 105e site le plus consulté dans le monde selon Alexa[247].
Forces armées brésiliennes
L'Armée brésilienne fait partie des dix armées les plus puissantes au monde (9e rang en 2021)[77],[78]. et est la première force militaire en Amérique Latine. En Amérique (nord et sud confondus), il s'agit de la seconde armée du continent (derrière les États-Unis). Les forces armées brésiliennes se composent de l'Armée de terre (Exército), la marine brésilienne (Marinha) dont l'infanterie et l'aviation ainsi que la force aérienne brésilienne (Força Aérea Brasileira, FAB).
Les forces armées se composent de 375 190 soldats actifs. L'armée de terre brésilienne forte de 235 000 hommes et femmes peut mettre en œuvre 470 chars d'assaut, 1 472 véhicules blindés, 726 véhicules blindés lourds, 604 véhicules blindés légers, 913 véhicules et blindés à roues, 6 676 véhicules non blindés et environ 482 pièces d'artillerie[248],[249]. En termes d'effectif, l'armée brésilienne, avec un total de 327 100 soldats actifs et une réserve de plus de 1 340 000 soldats, se classe à la 15e place des armées les plus vastes du monde. En prenant en compte le nombre de militaires permanents, elle se situe juste après la France mais devant des pays comme la Syrie, l'Italie, l'Allemagne ou encore le Japon. À titre de comparaison, la France, elle, possède un total de 352 771 soldats actifs pour 70 300 réservistes. À l'inverse, la Chine, première armée du monde par le nombre de soldats, dispose de 2 285 000 soldats actifs ainsi que 510 000 réservistes.
En revanche, en regroupant l'ensemble des soldats, que ce soit les permanents, les réservistes ou ceux des autres corps militaires, les forces armées du Brésil totalisent plus de 2 060 000 soldats, ce qui les placent loin devant n'importe quelle nation européenne. Ainsi, au nombre total de militaires engagés, l'armée du pays sud-américain fait partie des dix plus grandes de la planète avec la Chine, la Corée du Nord, la Corée du Sud, le Pakistan, l'Iran, le Viêt Nam, la Russie et les États-Unis.
Avec 27,12 milliards de dollars dépensés en 2010, le Brésil se classe à la 11e place de la liste des pays par dépenses militaires. Le géant d'Amérique latine est devancé par la France (qui occupe la 3e place), le Royaume-Uni (4e place) et la Russie (5e place). A contrario, il est devant l'Espagne (14e), Israël (16e), l'Iran (24e) et la Corée du Nord (33e). Que ce soit en termes d'effectif ou de dépenses militaires, le Brésil demeure la première puissance militaire sur le continent latino-américain, devant la Colombie (21e armée en nombre de soldats) et le Mexique (22e).
La course aux armements qui a lieu depuis quelques années dans la région (les investissements militaires de l'Amérique du Sud ont augmenté de 50 % en une décennie)[250] a quelque peu changé la donne ; la Colombie a conclu un accord avec les États-Unis qui autorise l'armée américaine à utiliser sept bases colombiennes, le Venezuela a acheté à la Russie un nombre important de nouveaux engins de combat (dont 24 chasseurs Su-30MK2V, des systèmes antiaériens SA-15 Tor-M1, 31 hélicoptères Mi-17 et 100 000 Kalachnikov AK-103)[251], et le ministère de la Défense de l'Argentine a annoncé une augmentation du budget de la défense à 9,2 milliards en 2016[252]. Le Chili, lui, dispose des puissants avions de modèle F-16, l'avion de chasse le plus utilisé dans le monde en 2013. Toutefois, cela n'a pas remis en question la suprématie militaire du Brésil, étant donné que le pays a lui aussi engagé un programme de réarmement et de modernisation de son armée en 2008.
Dès l'âge de 18 ans, il existe, pour les hommes, une obligation d'effectuer le service militaire de base qui dure de 9 à 12 mois. Le budget de la Défense en 2005 s'élevait à 9,94 milliards de dollars américains soit environ 1,3 % du produit intérieur brut, une valeur plutôt inférieure à la moyenne mondiale (celui de l'Allemagne est d'environ 1,6 %).
Réarmement et renforcement des armées
Depuis quelques années, au vu de l'importance grandissante de son rôle sur la scène internationale (le Brésil est devenu en 2011 la 6e puissance économique mondiale devant le Royaume-Uni)[253], le pays s'est lancé dans une nouvelle stratégie nationale de défense avec pour objectif de devenir une puissance militaire à la hauteur de son rôle mondial. C'est dans ce contexte que le Brésil a signé en 2009 un important partenariat militaire de plus de 8 milliards d'euros avec la France[254].
La Marine brésilienne s'est ainsi lancée dans la construction d'un sous-marin d'attaque à propulsion nucléaire (l'un des premiers du genre en Amérique latine) et de quatre autres sous-marins de nouvelle génération à propulsion classique (diesel) de type Scorpène. Le Brésil s'est également doté d'un autre Scorpène à propulsion conventionnelle fabriqué par le groupe DCNS-Thales. La technologie de ce dernier permettra au géant sud-américain de construire le prototype d'un sous-marin nucléaire[255].
Dans le cadre de l'alliance militaire entre les deux pays, la France aidera le Brésil à fabriquer 51 Super Cougar à Itajuba, dans l'État de Minas Gerais, où le constructeur brésilien Helibras est installé depuis trente ans. Ces appareils sont destinés à équiper les armées de terre, de l'air et de la marine. Le pays sud-américain a aussi acheté 50 hélicoptères de transport EC-725 français qui seront assemblés au Brésil et 24 hélicoptères de combat Mi-35M russes. Toutefois, la France n'est pas le seul pays à avoir signé un contrat militaire avec le Brésil puisqu'en juin, ce dernier a signé avec l'Italie un accord portant sur vingt ans pour fabriquer sur le sol brésilien plus de 2 000 transports de troupes blindés. En plus de cela, les forces aériennes disposent de plus de 700 avions dont des Mirage 2000, les fameux Embraer EMB 312 et Embraer EMB 314, les Lockheed C-130 Hercules et les AMX International AMX. Le transport du président du Brésil est aussi assuré par les forces aériennes. En 2001, le ministère de la défense de la République française a vendu son porte-avion Foch aux Brésiliens. Il a été rebaptisé São Paulo lors de la transaction.
Néanmoins, à cause d'une partie de la flotte aérienne jugée obsolète, le Brésil s'est vu dans l'obligation de renouveler d'ici à 2023 ses équipements dans ce domaine. Ce processus de modernisation est symbolisé par la volonté du Brésil d'acheter 36 avions de chasse de dernière génération pour venir compléter les 130 que le pays possède déjà. Là encore, la France fait partie des partenaires stratégiques du gouvernement brésilien : en effet, le , l'armée de l'air, qui était alors en négociation avec plusieurs pays pour l'acquisition de nouveaux engins aériens, a annoncé que son choix se portait sur trois avions de toute dernière génération : le F-18 Super Hornet de Boeing, le Gripen de Saab ou le Rafale français de Dassault[256]. Le contrat pour 36 appareils JAS 39E est signé le pour un montant de 39,3 milliards de couronnes suédoises (environ 4,5 milliards de dollars)[257]
De son côté, l'avionneur brésilien Embraer a développé l'avion de transport Embraer KC-390, destiné à remplacer l'Hercule C-130 américain. Le troisième constructeur aéronautique mondial prévoit de vendre 700 appareils de ce type, dont une centaine en Amérique du Sud et au Brésil.
Armée de terre
En 2008, l'Armée de terre dispose d'un effectif de 190 000 militaires, d'un budget de 2,4 milliards de réaux brésiliens, d'un total de 1 472 véhicules blindés, 6 676 véhicules non blindés et de 482 pièces d'artillerie.
Force aérienne
Avec 50 000 militaires et plus de 700 aéronefs dont une centaine d'avions de combat, la Força Aéra Brasileira (Force aérienne brésilienne) est la plus importante force aérienne d'Amérique latine[258]. Dans un processus de modernisation et de renforcement de ses forces aériennes, le Brésil a décidé de lancer un plan de renouvellement de l'armée d'ici 2023[256]. 36 avions de chasse JAS 39 Gripen E devraient donc venir compléter à partir de 2021 les 130 avions de combat déjà en service. Conformément à cette nouvelle stratégie de défense adoptée par le gouvernement, et pour remplacer ses engins obsolètes ou défectueux, le pays sud-américain a déjà acheté près de 50 hélicoptères de transport français et des hélicoptères de combat de type Mi-35M russes. Les forces aériennes brésiliennes possèdent aussi plus de 700 avions dont des Mirage 2000 en service entre 2006 et 2013, les fameux Embraer EMB 312 et Embraer EMB 314, les Lockheed C-130 Hercules et les AMX International. Le contrôle aérien civil est sous la responsabilité des forces aéronautiques, ainsi que l'Infraero (organisme qui gère les aéroports), et le Centre de lancement d'Alcântara.
Marine nationale
La Marine brésilienne (en portugais : Marinha do Brasil) est la branche navale des forces armées brésiliennes. Avec 48 000 hommes et femmes (dont 3 200 appelés), elle met en œuvre en 2007 environ 90 bateaux. La marine brésilienne dispose d'une force aéronavale qui est constituée de 1 150 personnes, organisée alors autour du NAe São Paulo en service de 2000 à 2017 et utilisant des Douglas A-4 Skyhawk. Elle dispose également d'un corps de Marine d'environ 24 000 combattants. En 2000, le gouvernement brésilien a racheté le porte-avions Foch qui appartenait anciennement au ministère de la défense de la République française. En 2009, cette force a un effectif maximum autorisé selon la loi 9519/97 de 59 600 militaires, en tenant compte des 9 500 marins en formation et des appelés.
Le nombre maximum des officiers est de 7 800 dont 6 amiraux d'escadre, 23 vice-amiraux, 51 contre-amiraux, 3 360 officiers supérieurs, 2 060 officiers intermédiaires et 1 700 officiers subalternes, sans tenir compte des effectifs des aspirants de l'École navale et les élèves du Collège naval qui atteignent 1 500.
En octobre 2009, le parlement brésilien étudie le projet de loi 5916/09, proposé par le pouvoir exécutif, qui autorise la marine brésilienne à augmenter ses effectifs sur une période de vingt ans de 36 % soit à 80 507, et ne tient plus compte des marins en formation et des appelés dans le calcul des effectifs.
Selon le projet, qui restructure également les grades, les marins de plus haut grade, les amiraux d'escadre, seraient désormais appelés généraux. Le nombre d'officiers passe à 10 707 dont 87 officiers généraux et 10 620 officiers supérieurs, intermédiaires et subalternes.
Rôle des militaires
Les militaires sont aussi utilisés en temps de paix à la protection contre les catastrophes et au service de sauvetages, ainsi que pour des services scientifiques (sur la base antarctique Comandante Ferraz). Le , la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti), une mission de maintien de la paix de l'Organisation des Nations unies en Haïti, est formée par le Conseil de sécurité de l'ONU pour faciliter le retour rapide des autorités haïtiennes légitimes, maintenir la sécurité et la stabilité dans le pays et promouvoir l'état de droit[259]. Le Brésil joue un rôle majeur dans cette mission puisque c'est l'Armée de terre brésilienne qui est chargée d'en assurer le commandement.
Enfin, l'armée brésilienne n'est pas à confondre avec la police militaire (Polícia Militar), une force paramilitaire de la police brésilienne chargée du maintien de l'ordre public au sein des États (et du district fédéral). Contrairement aux troupes de l'armée, les polices militaires font partie de la sécurité publique et sociale brésilienne et interviennent directement sur le territoire.
L'armée est capable d'influencer le fonctionnement de l'administration et de l'économie. L’École supérieure de guerre constitue son principal outil d'influence. Le centre a formé 8 000 personnes entre 1949 et 2019, dont une moitié de civils. Parmi ces derniers, quatre présidents de la République, des ministres d’État et de nombreuses personnalités importantes du champ politique. Jair Bolsonaro, investi président en , nomme des militaires à certains des postes les plus importants de son gouvernement : à la Vice-présidence, à la Défense, aux Sciences, à la Technologie et aux télécommunications, aux Mines et à l’énergie, et au Secrétariat à la présidence[260].
Économie
Le Brésil est la plus grande économie d'Amérique latine (et la deuxième d'Amérique, après les États-Unis), la sixième économie au taux de change du marché et la septième en parité de pouvoir d’achat (PPA), selon le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. En 2024, le Brésil est classé en 50e position pour l'indice mondial de l'innovation[261]. Son PIB (PPA) par habitant est de 12 181 341 US $, 75e position selon les données de la Banque mondiale. Les principaux produits d'exportation comprennent l'aéronaval, l'équipement électrique, l'automobile, l'éthanol, le textile, la chaussure, le minerai de fer, l'acier, le café, le jus d'orange, le soja et la viande.
Le pays fabrique des avions, des sous-marins, en plus d'être impliqué dans la recherche spatiale, ayant un centre de lancement pour les véhicules légers et d'être le seul pays de l'hémisphère sud à intégrer l'équipe de construction de la Station spatiale internationale (ISS). C'est un pionnier dans la recherche de pétrole en eaux profondes, qui représentent 73 % de ses réserves, et est le premier pays capitaliste à rassembler sur son territoire les dix plus grands constructeurs automobiles.
Le pays est membre du G20, G8+5, BRICS, MERCOSUR.
Dans le secteur minier, le Brésil se démarque dans l'extraction du minerai de fer (où il est le deuxième exportateur mondial), cuivre, or, bauxite (l'un des 5 plus gros producteurs mondiaux), manganèse (l'un des 5 plus grands producteurs mondiaux), étain (l'un des plus grands producteurs mondiaux), niobium (concentre 98 % des réserves de niobium connues dans le monde) et le nickel. À propos des pierres précieuses, le Brésil est le plus grand producteur mondial d'améthyste, de topaze, d'agate et un grand producteur de tourmaline, d'émeraude, d'aigue-marine et de grenat[262],[263],[264],[265],[266],[267].
Le secteur industriel a longtemps été faible au Brésil. Les politiques volontaristes de « substitution aux importations » avec l’adoption de mesures protectionnistes sous la présidence de Gétulio Vargas puis, bien plus tard, de Dilma Rousseff, ont favorisé l'essor et la diversification de l’industrie[268]. Le Brésil est le leader industriel en Amérique latine. Dans l'industrie agroalimentaire, en 2019, le Brésil était le deuxième exportateur d'aliments transformés au monde[269],[270],[271]. En 2016, le pays était le 2e producteur de cellulose au monde et le 8e producteur de papier[272],[273],[274]. Dans l'industrie de la chaussure, en 2019, le Brésil occupait la 4e position parmi les producteurs mondiaux[275],[276],[277],[278],[279]. En 2019, le pays était le 8e producteur de véhicules et le 9e producteur d'acier au monde[280],[281],[282]. En 2018, l'industrie chimique brésilienne était la 8e au monde[283],[284],[285]. Dans l'industrie textile, le Brésil, bien qu'il soit parmi les 5 plus grands producteurs mondiaux en 2013, est très peu intégré dans le commerce mondial[286].
La représentativité du secteur tertiaire (commerce et services) était de 75,8 % du PIB du pays en 2018, selon l'IBGE. Le secteur des services était responsable de 60 % du PIB et le commerce de 13 %. Il couvre un large éventail d'activités : commerce, hébergement et restauration, transports, communications, services financiers, activités immobilières et services fournis aux entreprises, administration publique (nettoyage urbain, assainissement, etc.) et autres services tels que l'éducation, les services sociaux et de santé, recherche et développement, activités sportives, etc., car il se compose d'activités complémentaires à d'autres secteurs[287],[288].
Les micro et petites entreprises représentent 30 % du PIB du pays. Dans le secteur commercial, elles représentent 53 % du PIB au sein des activités du secteur[289].
En 2017, le nombre de personnes employées dans les activités commerciales au Brésil était de 10,2 millions (74,3 % dans le commerce de détail, 17 % dans le commerce de gros et 8,7 % dans le commerce de véhicules, pièces et motos). Le nombre d'entreprises commerciales était de 1,5 million et le nombre de magasins de 1,7 million. L'activité commerciale dans le pays a généré 3,4 billions de réaux de revenu d'exploitation net (revenu brut moins les déductions, telles que les annulations, remises et taxes) et 583,7 milliards de réaux en valeur ajoutée brute. La marge commerciale (définie par la différence entre le résultat net de la revente et le coût des biens vendus) a atteint 765,1 milliards de réaux en 2017. Sur ce total, le commerce de détail était responsable de 56,4 %, le commerce de gros de 36 % et le commerce de véhicules, pièces détachées et motos de 7,6 %. Dans le résultat opérationnel net de 2017, le commerce de détail représentait 45,5 %, le commerce de gros 44,6 % et le secteur automobile 9,9 %. Parmi les groupes d'activités commerciales, les Hypermarchés et Supermarchés ont 12,5 %; le commerce de gros de carburants et lubrifiants représentait 11,3 %; le commerce de détail et de gros de produits alimentaires, de boissons et de tabac représentait respectivement 4,8 % et 8,4 %; le commerce de véhicules automobiles 6,1 %; le commerce de gros de machines, appareils et équipements, y compris les technologies de l'information et de la communication 3,7 %[290].