Centrale nucléaire de Sizewell — Wikipédia
Pays | |
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Nation constitutive | |
Comté | |
Municipalité | Sizewell |
Coordonnées | |
Opérateur | |
Construction | 1960 (A)/1988 (B) |
Mise en service | 1966 (A)/1995 (B) |
Mise à l’arrêt définitif | 2006 (A) |
Statut | en service (B) |
Type | |
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Réacteurs actifs | 1 |
Puissance nominale | 1188 MWe |
Source froide |
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La centrale nucléaire de Sizewell est installée à côté du petit village de pêcheurs du même nom du comté de Suffolk en Angleterre.
L'installation est composée de trois centrales, qui sont à différents stades de leur vie :
- Sizewell A, consistant en deux réacteurs Magnox en fonctionnement de 1966 à 2006, est en attente de démantèlement ;
- Sizewell B, consistant en un réacteur REP, fonctionne depuis 1995 ;
- Sizewell C, est un projet de deux réacteurs identiques à ceux de Hinkley Point C.
Sizewell A
[modifier | modifier le code]La centrale de Sizewell A a été construite dans les années 1960 et mise en service en 1966. Elle comprend deux réacteurs Magnox de 1000 MWt qui produisent ensemble 420 MWe.
Après son arrêt définitif en 2006, cette centrale va faire l'objet d'un long processus de démantèlement nucléaire qui pourrait durer une centaine d'années sous la responsabilité d'une autorité nationale : Nuclear Decommissioning Authority (NDA).
Sizewell B
[modifier | modifier le code]La centrale de Sizewell B est une unité constituée du plus grand réacteur nucléaire à eau pressurisée (REP) construit au Royaume-Uni et le plus récent. Il est exploité par EDF Energy.
Ce réacteur a été construit de 1988 à 1995 pour une puissance nominale de 1 188 MWe. La puissance a été légèrement augmentée en 2005 avec 3479 MWt et 1 195 MWe, ce résultat dépendant essentiellement de la température de l'eau de mer (source froide).
Il produit environ 3 % des besoins d'électricité du Royaume-Uni, et pour ses dix premières années de production, il a permis d'éviter le rejet d'environ 60 millions de tonnes de gaz à effet de serre qui auraient été produits en utilisant des combustibles fossiles[1],[2].
Le réacteur de Sizewell B a déjà reçu une autorisation d'exploitation pour 40 ans (jusqu'en 2035) et, compte tenu d'une conception récente, il peut espérer une prolongation jusqu'à 60 ans.
Sizewell C
[modifier | modifier le code]En , le gouvernement britannique annonce que deux réacteurs, similaires à ceux prévus pour la centrale nucléaire d’Hinkley Point C, fourniront 13% de l’électricité britannique produite au début des années 2020[3]. Après avoir racheté British Energy début 2009 pour 15,4 milliards d'euros[4], Électricité de France annonce la construction de deux nouveaux réacteurs de type EPR de 1 600 MW chacun à Sizewell, une décision qui s'est avérée controversée[5].
Le , un accord stratégique d'investissement pour trois nouvelles centrales nucléaires (Hinkley point C, Sizewell C et Bradwell), est conclu entre le Royaume-Uni et la république populaire de Chine[6]; bien qu'il n’y ait pas de plan de financement spécifique pour Sizewell[7]. Il est prévu que le chinois CGN finance Sizewell C à hauteur de 20%[8].
La consultation du public par EDF s’est terminée en septembre 2019[9],[10].
Plusieurs organisations locales font campagne contre Sizewell C[11],[12]. Cependant, en mai 2020, l'ONG Energy for Humanity a publié une lettre ouverte appelant le ministère britannique de l'Énergie à soutenir le projet car - sans le nucléaire, «l'action sur le climat sera plus difficile, plus coûteuse et plus susceptible d'échouer ". Elle a également appelé à tirer les leçons de Hinkley Point C ainsi que du programme éolien offshore au Royaume-Uni pour assurer un calendrier d'approvisionnement en temps opportun[13].
Des inquiétudes ont été exprimées concernant l'un des actionnaires du consortium, China General Nuclear Power Corporation. CGN appartient au gouvernement chinois et a été mis sur liste noire par le département du Commerce des États-Unis pour avoir tenté d'acquérir une technologie nucléaire américaine de pointe et du matériel pour le détourner à des fins militaires[14].
En mai 2020, EDF dépose une demande d’approbation du projet, le processus devrait prendre au moins 18 mois avant que le gouvernement ne prenne la décision finale. La nouvelle centrale sera une quasi réplique d’Hinkley Point C afin de profiter du retour d’expérience, réduisant coûts et risques pour le projet. Selon les promoteurs du projet, elle créera 25 000 opportunités d'emploi[15], 70% des investissements seront dépensés au Royaume-Uni[16].
Le 24 juin 2020, « les autorités britanniques ont donné leur feu vert à l’étude du dossier » de permis de construire déposé par EDF pour Sizewell C[17].
En mars 2022, le Parlement britannique adopte une disposition législative permettant d'utiliser un mécanisme dit de « base d'actif régulé » pour financer le projet[18],[19].
Le 20 juillet 2022, le gouvernement britannique donne officiellement son feu vert au projet de construction de deux nouveaux réacteurs EPR sur le site de Sizewell C, projet évalué à 20 milliards de livres (23,4 milliards d’euros) et présenté par EDF comme la copie des deux réacteurs EPR d'Hinkley Point C, qu'EDF construit actuellement dans le Somerset, ce qui permettrait, selon EDF, des économies de 20 % sur les coûts de construction. La décision finale d'investissement d'EDF est attendue « courant 2023 ». Le scénario central en négociation entre EDF et le gouvernement prévoit un portage du projet à 20 % par EDF et à 20 % par le gouvernement britannique. Pour le solde, le gouvernement poursuit en parallèle la recherche de co-investisseurs privés avec la banque Barclays. Des investisseurs institutionnels comme Greencoat Capital LLC, l'un des plus gros gestionnaires de fonds d'énergie verte au Royaume-Uni, ont fait part de leur intérêt pour participer au financement d'un tel projet.
Le 20 août 2022, le projet reçoit l'« autorisation de développement » du Ministre de l'énergie Kwasi Kwarteng[20].
En , le groupe chinois CGNPC (China General Nuclear Power Corporation), actionnaire minoritaire depuis ses débuts à hauteur de 20% du capital, quitte le projet, poussé vers la sortie par le gouvernement britannique[21] qui reprend les parts du groupe chinois et monte à 50% dans le développement du projet Sizewell C[22]. Si la décision finale d'investissement est prise, EDF ne gardera qu'une participation minoritaire (d'un maximum de 20%)[23].
Le feu vert formel pour le début des travaux est donné le . Le gouvernement anglais annonce alors apporter 1,3 milliard de livres (1,5 milliard d'euros) en plus des 1,3 milliard déjà engagés. Ces 2,5 milliard de livres sont destinés à « poursuivre les premiers travaux de construction avant une décision finale d'investissement ». Le montant total de la construction reste fixé à 20 milliard de livres (23,4 milliards d'euros), que le gouvernement veut trouver chez des investisseurs privés[24].
Le , Framatome signe le contrat de construction des deux réacteurs EPR[25].
Le 29 août 2024, le ministère d'Ed Miliband chargé de la Sécurité énergétique et de la neutralité carbone, s'est dit prêt à débloquer un nouveau financement de 5,5 milliards de livres (6,5 milliards d'euros) pour le projet de construction de Sizewell C, dont le coût est évalué entre 20 et 30 milliards de livres. La recherche de co-investisseurs se poursuit : une dizaine d'investisseurs auraient été retenus, dont l'énergéticien Centrica, des fonds de pension britanniques et des fonds du Moyen-Orient[26].
Projet « Mégatonne »
[modifier | modifier le code]En 2022, un consortium composé d'EDF, l'Université de Nottingham, Strata Technology, Atkins et Doosan Babcock annonce l'achèvement de son projet de développement d'une installation de capture à grande échelle du CO2 atmosphérique utilisant 400 MWth de la chaleur produite par la centrale Sizewell C pour capter 1,5 Mt/an de CO2[27].
Le consortium propose de construire l'usine de démonstration pour un investissement de 3,7 millions $[27].
Galerie
[modifier | modifier le code]- Sizewell A et B
- La centrale de Sizewell A
- La centrale de Sizewell B
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Production d'électricité et ses émissions de CO2, Planète Énergies Total, 15 novembre 2016 :
« par kilowatt-heure (kWh) produit, une centrale à charbon émet 950 g de CO2, contre 350 g pour une centrale au gaz. Pour les énergies renouvelables telles que l’hydraulique, l’éolien et le solaire photovoltaïque ou thermique, les seules émissions de CO2 sont celles liées à la construction des installations. Ainsi un kWh de solaire photovoltaïque émet entre 60 et 150 g de CO2 selon le lieu de fabrication des panneaux photovoltaïques, un kWh éolien 3 à 22 g et 1 kWh hydraulique 4 g. Quant au nucléaire, même en tenant compte du futur démantèlement des centrales vieillissantes, 1 kWh ne représente que 6 g de CO2… qui sont à comparer aux 950 g des centrales à charbon. »
- (en) « SIZEWELL B - Electricity Supplied », sur AIEA PRIS (consulté le ).
- Une nouvelle aube pour l'énergie nucléaire britannique WNN, 24 septembre 2008
- EDF rachète British Energy pour 15,6 milliards d'euros, France 24, 24/9/2008
- (en) Barton's Britain: Sizewell, The Guardian, 19/05/2009
- Accord nucléaire de Hinkley Point conclu BBC, 21 octobre 2015
- >Hinkley n'est pas un indicateur du financement de Sizewell Marcus Leroux, Sunday Times, 16 septembre 2016
- reed_1_4697063 Approbation de la centrale nucléaire de Hinkley Point - mais toujours des doutes sur Sizewell C alors que de nouveaux contrôles sur les investissements étrangers sont prévus Richard Cornwell, Ipswich Star, 15 septembre 2016
- Sizewell C completes Stage 4 consultation EDF Energy, 27 septembre 2019
- Sizewell C: response to EDF SZC Co stages 3 and 4 consultations Environment Agency gov.uk, 24 janvier 2020
- Together against Sizewell C TASC, consulté le 27 juin 2020
- Stop Sizewell C Stopsizewellc, consulté le 27 juin 2020
- [1] Open letter to Secretary of State for Business, Energy and Industrial Strategy 27 mai 2020
- Nucléaire : Washington place quatre groupes chinois sur liste noire Enrique Moreira, Les Échos, 20 août 2019
- Sizewell C: Nuclear power station plans for Suffolk submitted BBC news, 27 mai 2020
- Sizewell C submits planning application EDF Energy, 27 mai 2020
- Le nouveau projet nucléaire d’EDF au Royaume-Uni face à d’importantes difficultés Eric Albert, Nabil Wakim et Mirel Bran, Le Monde, 27 juin 2020
- Londres valide sa commande de deux nouveaux EPR à EDF, Les Échos, 20 juillet 2022.
- « Royaume-Uni : Sizewell C, le projet de centrale nucléaire porté par EDF, approuvé par Londres », sur LeMonde.fr avec AFP, (consulté le ).
- « Londres approuve le projet de nouvelle centrale nucléaire Sizewell C, dont EDF est partenaire ».
- « Nucléaire : Londres sort le groupe chinois CGN du projet de centrale de Sizewell C et devient actionnaire aux côtés d’EDF », sur latribune.fr site du quotidien La Tribune, (consulté le ).
- Centrale Nucléaire Sizewell C avec EDF : Londres prend 50 % du projet, le chinois CGN sort, sudouest, 29 novembre 2022
- EDF : Le gouvernement UK va investir 679 M£ dans Sizewell C, BFM bourse, 29 novembre 2022
- « Projet nucléaire Sizewell C : le Royaume-Uni injecte 1,3 milliard de livres supplémentaires », sur latribune.fr, (consulté le ).
- Nucléaire EPR. Framatome signe des contrats à plusieurs milliards d'euros : "une excellente nouvelle pour le Grand Chalon !", francetvinfo, 16 avril 2024
- Nicolas Madelaine et Sharon Wajsbrot, Nucléaire : gros coup de pouce de Londres pour sauver le projet Sizewell, Les Échos, 4 septembre 2024.
- (en) World Nuclear News, « 'Megatonne' CO2 capture plant plan for Sizewell C] », (consulté le ).