Colin de Virginie — Wikipédia

Colinus virginianus

Colinus virginianus
Description de cette image, également commentée ci-après
Colin de Virginie
Classification COI
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Aves
Ordre Galliformes
Famille Odontophoridae
Genre Colinus

Espèce

Colinus virginianus
(Linnaeus, 1758)

Statut de conservation UICN

( NT )
NT  : Quasi menacé

Statut CITES

Sur l'annexe I de la CITES Annexe I , Rév. du 01/07/1975

Répartition géographique

Description de l'image Colinus virginianus map.svg.

Le Colin de Virginie (Colinus virginianus) est une espèce d'oiseaux galliformes de la famille des Odontophoridae.

Dénomination

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L’appellation colin (partagée avec plusieurs de ses cousins) est dérivé du nahuatl zōlin ou çōlin, qui désignait (entre autres) cet oiseau. Déformé par la suite en colin durant le XVIIe siècle, il devient un mot français à la fin du XVIIIe siècle. Son nom scientifique Colinus est la simple latinisation du terme français [1]; la deuxième partie virginianus se réfère à la région de la Virginie, et a été introduite par Catesby en 1731 ; il est cependant à noter que la région à laquelle il se réfère correspond plutôt à la Caroline du Sud et non l'actuelle Virginie[2].

Certains dictionnaires proposent une étymologie alternative de colin comme un diminutif de Nicolas, qui aurait été transposé à divers oiseaux[3].

Description

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Planche 76 des Oiseaux d'Amérique, par John James Audubon

Le colin de Virgine est un oiseau petit et trapu, mesurant de 24 à 27 cm environ pour un poids entre 140 et 170 g[4],[5]. Il possède des dessus bruns, barrés de noir et de brun clair. Il possède une zone blanche s'étendant du front à la nuque (formant un large sourcil), ainsi qu'une tache blanche sur la gorge ; le reste de la tête est noir, strié de blanc sur le bas. Sa queue est bleu-gris. Il possède une petite crête, mais elle est largement moins proéminente que celle de ses cousins[5].

Chez la femelle, les zones blanches sont couleur chamois, et son plumage est moins strié. Les juvéniles sont similaires à la femelle avec un teint sensiblement plus terne[5].

Répartition et habitat

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Répartition

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Cette espèce peuple principalement l'est des États-Unis, jusqu'à la Nouvelle-Angleterre et le sud du Canada, et descend au sud jusqu'à la partie sud du Mexique. On le retrouve également dans une partie des Antilles et occasionnellement dans le nord-ouest des États-Unis[5]. Les populations les plus au nord ont cependant largement décliné[6].

Une étude phyléogéographique suggère que son aire de répartition était limitée au Mexique et aux côtes du sud-est des États-Unis durant le dernier maximum glaciaire ; il s'est ensuite rapidement répandu en Amérique du Nord lorsque le climat est devenu plus favorable[7].

Le colin de Virginie occupe majoritairement les territoires semi-ouverts, comme les lisières des forêts, les clairières ou les bordures des champs[6]. Il semble préférer les paysages assez variés composés d'une alternance de forêts et de zones ouvertes[8].

Écologie et comportement

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Alimentation

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Le colin de Virginie se nourrit au sol, principalement de graines mais également d'autres matières végétales comme les feuilles, les bourgeons ou les baies, ainsi que d'insectes ; il privilégie les graines à l'hiver et les insectes durant l'été, ceux-ci étant alors plus communs[6].

Reproduction

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Colinus virginianus - Muséum de Toulouse

Le colin de Virginie se reproduit généralement autour d'avril ; il est capable d'élever entre une et deux nichées par saison (voire trois occasionnellement[9]). Il construit son nid au sol, dans une zone couverte d'une végétation basse, à l'aide d'herbes et de brindilles. Ses œufs sont uniformément blancs[5] ; il en pond un grand nombre, habituellement entre 12 et 16[10]. Ils peuvent être couvés par le mâle ou la femelle, bien qu'il s'agisse plus souvent de la femelle[11]. L'incubation dure autour de 23 jours, et les juvéniles sont élevés par leurs parents pendant deux semaines. Ils sont capable de marcher dès leur naissance et donc de se procurer de la nourriture (principalement des insectes), initialement accompagnés de leurs parents[5].

Les nids de colin sont la proie de nombreux prédateurs, incluant la Mouffette rayée, le Raton laveur, l'Opossum ou le Renard ; plusieurs serpents peuvent également s'y attaquer sans toutefois jouer un rôle important[12]. Les colins adultes sont également victimes de rapaces comme l'Épervier de Cooper, l'Épervier brun ou la Buse à queue rousse, bien que les prédateurs mammaliens occupent généralement une place plus importante[13].

Systématique

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Le colin de Virginie a été décrit pour la première fois par Carl von Linné en 1758, sous le nom Tetrao virginianus ; il considérait les sous-espèces marilandicus et mexicanus comme des espèces à part entière[14]. La sous-espèce coyoleos était aussi initialement considérée comme une espèce à part, Tetrao coyoleos[15]. Pectoralis, cubanensis, texanus, graysoni et atriceps ont également été considérées comme des espèces à part, dans le genre Ortyx (dans lequel virginianus a été placé pendant un temps[16]). Il en va de même pour insignis, godmani, salvini, bahamensis, minor et insulanus, qui étaient dans le genre Colinus[17].

Le Congrès ornithologique international dénombre actuellement 20 sous-espèces du colin de Virginie ; le nombre exact varie cependant selon les autorités taxonomiques[18].

Sous-espèces[18],[5]
Groupe Nom Découvreur Répartition Commentaire
virginianus C. v. virginianus (Carl von Linné, 1758) Nord de l'aire de répartition, jusqu'au nord de la Floride La sous-espèce nominale. Sourcils et gorge blanche, lores noirs, ventre cannelle.
C. v. floridanus (Coues, 1872) Floride et Bahamas Proche de virginianus, mais plus sombre et avec des stries noires plus marquées.
C. v. insulanus Howe, 1904 Key West
C. v. cubanensis (Gray, 1846) Cuba Proche de pectoralis, mais avec des dessous plutôt ocre que brun et des tibias non barrés.
C. v. taylori Lincoln, 1915 Centre des États-Unis
C. v. texanus (Lawrence, 1853) Sud-ouest du Texas jusqu'à Coahuila Proche de virginianus, mais globalement plus gris, avec des lores pâles.
C. v. aridus Aldrich, 1942 Nord-est du Mexique Proche de maculatus mais plus pâle et gris, avec moins de noir sur le dos.
C. v. maculatus Nelson, 1899 Centre et centre-est du Mexique Proche de texanus, avec un dos plus sombre, un collier noir plus prononcé et des dessous châtain avec des tâches blanches et noires.
graysoni / nigripectus C. v. graysoni (Lawrence, 1867) Centre-ouest du Mexique Ventre et dos cannelle-roux, sourcils et gorge blanche.
C. v. nigripectus Nelson, 1897 Est du Mexique Proche de graysoni mais avec un ventre d'un roux plus pâle, avec un collier noir plus marqué.
pectoralis C. v. pectoralis Gould, 1843 Centre de Veracruz Sourcils et gorge blanche. Large collier noir, ventre brun sombre, tibias barrés de noir.
C. v. godmani Nelson, 1897 Est de Veracruz Proche de pectoralis, avec un dos plus sombre et un ventre cannelle.
C. v. minor Nelson, 1901 Tabasco et nord-est de Chiapas Proche de pectoralis, avec un collier largement moins marqué. La plus petite sous-espèce.
C. v. thayeri Bangs & Peters, 1928 Nord-est de Oaxaca Proche de pectoralis, avec un collier plus large.
coyoleos ("masqué") C. v. ridgwayi Brewster, 1885 Sonora Tête, gorge et poitrine noires. Ventre cannelle-roux.
C. v. atriceps Ogilvie-Grant, 1893 Ouest de Oaxaca Proche de pectoralis, avec une tête noire et un ventre et dos plus roux ; pas de marques sur le bas de la poitrine.
C. v. harrisoni Orr & Webster, 1968 Sud-ouest de Oaxaca Proche de ridgwayi, avec une poitrine châtain barrée de noir.
C. v. coyoleos (Müller, 1776) Est de Oaxaca et nord de Chiapas Proche de ridgwayi, avec un sourcil blanc et des plumes bordées de brun sur la couronne.
C. v. salvini Nelson, 1897 Sud de Chiapas Proche de insignis, mais globalement plus sombre ; la sous-espèce la plus sombre en général.
C. v. insignis Nelson, 1897 Sud-est de Chiapas et nord-ouest du Guatemala Proche de coyoleos, avec une poitrine cannelle et des tibias tachetés de blanc (avec des bords noirs sur les tâches).

On distingue parfois les sous-espèces marilandicus (nord-est des États-Unis jusqu'à la Virginie au sud et la Pennsylvanie à l'ouest) et mexicanus (centre des États-Unis, du sud du Canada à l'est du Texas et l'ouest de la Caroline du Sud), toutes deux proches de virginianus.

Le colin de Virginie et l'humain

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Conservation

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Le colin de Virginie est considéré comme quasi-menacé par l'UICN en raison de son déclin rapide ces dernières décennies, bien que la population reste encore importante (autour de 5 800 000 individus)[19].

Ce déclin est connu depuis de nombreuses années et a déclenché de nombreux efforts de conservation depuis les années 1990[20], avec un succès limité[21]. Le facteur le plus important est la destruction de son habitat, le colin nécessitant une alternance de forêts et de zones ouvertes peu compatibles avec l'agriculture moderne [21]; la modification du paysage peut également accroître l'impact de la prédation sur le colin de Virginie[12].

Notes et références

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  1. « colin | Noms français des oiseaux du monde : dictionnaire historique », sur nfom.recherche.usherbrooke.ca (consulté le )
  2. James A. Jobling, The Helm dictionary of scientific bird names : from aalge to zusii, Christopher Helm, (ISBN 978-1-4081-3326-2, 1-4081-3326-1 et 978-1-4081-2501-4, OCLC 659731768, lire en ligne)
  3. « COLIN : Etymologie de COLIN », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
  4. Colin de Virginie sur oiseaux.net.
  5. a b c d e f et g (en) Leonard A. Brennan, Fidel Hernandez et Damon Williford, « Northern Bobwhite (Colinus virginianus), version 1.0 », Birds of the World,‎ (DOI 10.2173/bow.norbob.01, lire en ligne, consulté le )
  6. a b et c (en) « Northern Bobwhite | Audubon Field Guide », sur www.audubon.org (consulté le )
  7. (en) Damon Williford, Randy W. Deyoung, Rodney L. Honeycutt et Leonard A. Brennan, « Phylogeography of the bobwhite ( Colinus ) quails: Bobwhite Phylogeography », Wildlife Monographs, vol. 193, no 1,‎ , p. 1–49 (DOI 10.1002/wmon.1017, lire en ligne, consulté le )
  8. John L. Roseberry et Scott D. Sudkamp, « Assessing the Suitability of Landscapes for Northern Bobwhite », The Journal of Wildlife Management, vol. 62, no 3,‎ , p. 895–902 (ISSN 0022-541X, DOI 10.2307/3802540, lire en ligne, consulté le )
  9. Fred S. Guthery et William P. Kuvlesky, « The Effect of Multiple-Brooding on Age Ratios of Quail », The Journal of Wildlife Management, vol. 62, no 2,‎ , p. 540–549 (ISSN 0022-541X, DOI 10.2307/3802327, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) « Northern Bobwhite | Audubon Field Guide », sur www.audubon.org (consulté le )
  11. Willie Suchy et Ronald Munkel, « Breeding Strategies of the Northern Bobwhite in Marginal Habitat », National Quail Symposium Proceedings, vol. 3, no 1,‎ (ISSN 2573-5667, DOI 10.7290/nqsp03ist8, lire en ligne, consulté le )
  12. a et b Dale Rollins et John Carroll, « Impacts of predation on northern bobwhite and scaled quail », Papers in Natural Resources,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. R. Holt, L. Burger, Bruce Leopold et K. Godwin, « Annual Variation in Northern Bobwhite Survival and Raptor Migration », National Quail Symposium Proceedings, vol. 7, no 1,‎ (ISSN 2573-5667, DOI 10.7290/nqsp074c0m, lire en ligne, consulté le )
  14. Carl von Linné, Carl von Linné et Lars Salvius, Caroli Linnaei...Systema naturae per regna tria naturae :secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, vol. v.1, Impensis Direct. Laurentii Salvii, (lire en ligne)
  15. Supplementband (1776) Supplements- und Register-Band über alle sechs Theile oder Classen des Thierreichs / mit einer Erklärung ausgefertiget von Philipp Ludwig Statius Müller, (lire en ligne)
  16. Lyceum of Natural History (New York, N.Y.) et N. Y. ) Lyceum of Natural History (New York, Annals of the Lyceum of Natural History of New York, (lire en ligne)
  17. « Colinus virginianus (Colin de Virginie) - Avibase », sur avibase.bsc-eoc.org (consulté le )
  18. a et b « Megapodes, guans, guineafowl, New World quail – IOC World Bird List », sur www.worldbirdnames.org (consulté le )
  19. (en) IUCN, « Colinus virginianus: BirdLife International: The IUCN Red List of Threatened Species 2021: e.T22728956A178045540 », IUCN Red List, International Union for Conservation of Nature,‎ (DOI 10.2305/iucn.uk.2021-3.rlts.t22728956a178045540.en, lire en ligne, consulté le )
  20. Leonard A. Brennan, « How Can We Reverse the Northern Bobwhite Population Decline? », Wildlife Society Bulletin (1973-2006), vol. 19, no 4,‎ , p. 544–555 (ISSN 0091-7648, lire en ligne, consulté le )
  21. a et b (en) Fidel Hernández, Leonard A. Brennan, Stephen J. DeMaso et Joseph P. Sands, « On reversing the northern bobwhite population decline: 20 years later », Wildlife Society Bulletin, vol. 37, no 1,‎ , p. 177–188 (DOI 10.1002/wsb.223, lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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