Conférence Nord-Sud de Cancún — Wikipédia

Chefs d'État et de gouvernement à la Conférence Nord-Sud de Cancún, au Cancun Sheraton Hotel Beach in Mexico, le 23 octobre 1981.
De gauche à droite, premier rang : Ronald Reagan (États-Unis), Siméon Aké (Côte-d'Ivoire), Abdus Sattar (Bangladesh), Chadli Bendjedid (Algérie), Hans-Dietrich Genscher (RFA), Pierre Elliott Trudeau (Canada), Jose Lopez Portillo (Mexique), Prince Fahd ben Abdelaziz Al Saoud (Arabie saoudite), Willibald Pahr (Autriche), Ramiro Saraiva Guerreiro (en) (Brésil), Zhao Ziyang (Chine), Ferdinand Marcos (Philippines).
Second rang : Sergej Kraigher (Yougoslavie), Julius Nyerere (Tanzanie), Margaret Thatcher (Royaume-Uni), Zenko Suzuki (Japon), Forbes Burnham (Guyana), François Mitterrand (France), Indira Gandhi (Inde), Alhaji Shehu Shagari (Nigéria), Thorbjörn Fälldin (Suède), Luis Herrera Campins (Vénézuéla), Kurt Waldheim (ONU).

La conférence Nord-Sud de Cancún eut lieu au Mexique, du 22 au . De son nom complet « conférence Nord-Sud de Cancún pour la Coopération internationale et le Développement », elle était destinée à sortir les pays d'Amérique latine du cercle vicieux de l'endettement[1], et fut l'unique sommet « Nord-Sud »[2],[3]. Elle rassembla 22 pays[4].

Déroulement

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La conférence devait initialement se dérouler début juin 1981, mais son report les 22-23 octobre 1981 a été annoncé le 15 mars[5]. Le 21 octobre 1981, tous les participants ont diné ensemble. Dès son arrivée, François Mitterrand s'est entretenu une heure avec Chadli Bendjedid[6]. Il affirme avant le début de la conférence « La conférence de Cancun offre une chance historique à la paix »[7]. Le sujet principal de l'évènement portait de savoir si on admettait ou non qu'à la suite de cette conférence, les grands problèmes du monde soient discutés entre tous les pays du monde, ce qui n'était pas encore le cas alors[8].

La conférence fut présidée par le président du Mexique López Portillo[1] et elle rassembla des chefs d'État du Nord et du Sud : le Mexique, les États-Unis d'Amérique, la Chine, les membres de la Communauté économique européenne[9], le Japon[9], la Côte d'Ivoire[10], etc.

François Mitterrand y fit l'un de ses premiers déplacements officiels à l'étranger, et y prononça un discours[11] sur la nécessité de modifier les termes de l'échange entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement[4] ; il y affirme la volonté de la France de contribuer activement au développement du Tiers Monde par la coopération[12]. Le Premier ministre chinois demande « l'établissement d'un nouvel ordre économique international[13] ».

Même si cette conférence fut exceptionnelle pour l'époque, elle n'eut pas de suite[14]. Son insuccès (partiel[15] ou total[3],[9],[16],[17] selon les sources) fut expliqué notamment par la mauvaise volonté des États-Unis (par le biais de leur président Ronald Reagan[3],[9]), mais également par le fait que les autres pays industrialisés n'y étaient pas prêts[18]. En 1982, une crise financière, commencée au Mexique, atteint les autres pays latino-américains, tous fortement endettés. Le Mexique se déclare en faillite le 12 août 1982. Les gouvernements étrangers, le FMI et les grandes banques rééchelonnent la dette de ces pays, qui passe du court terme au long terme.

Références dans la culture populaire

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La conférence est l'un des éléments du scénario du film La Vengeance du serpent à plumes (1984).

Elle est aussi le sujet, en bandes dessinées, d'une trilogie des Aventures de Buck Danny : Mission Apocalypse (1983), Les Pilotes de l'enfer (1984) et Le Feu du ciel (1986).

Elle inspire au peintre péruvien Herman Braun-Vega le tableau intitulé Les tricheurs à Cancún[19] (1984) qui est basé sur Le Tricheur à l'as de carreau de Georges de La Tour dont il extrait les 3 joueurs de cartes pour les placer en bord de mer et leur adjoindre deux personnages, deux femmes typiquement sud-américaines de condition sociale modeste. L'une d'elles prend la place de la servante dans le tableau de Georges de La Tour. L'autre se retrouve attablée dans la même situation que le joueur berné. Comme dans son tableau Bonjour Monsieur de la Tour réalisé quelques années plus tôt déjà autour de la thématique Nord-Sud, les personnages sud-américains symbolisent les pays du Tiers Monde et les personnages de De la Tour, les pays occidentaux qui souhaitent conserver les pays du Tiers Monde à leur service[20]. Il fait une autre version de ce tableau en 2003 Les tricheurs à Cancún n°2[21] dans lequel les pièces d'or sont remplacées par des jetons.

Notes et références

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  1. a et b Guide de voyage Ulysse, Cancun et la Riviera Maya, 3 janvier 2013, 283 pages.
  2. Valéry Giscard d'Estaing avait en 1975 organisé une conférence Nord-Sud à Paris, tout aussi infructueuse.
  3. a b et c [PDF]Aurélien Hassin, Le dialogue Nord-Sud, Relations internationales, 2e cycle.
  4. a et b Chronologie de la notice Pays en développement (PED), Larousse.fr, consulté le 5 août 2013.
  5. « La conférence au sommet nord-sud est reportée en octobre », sur Lemonde.fr, (consulté le ).
  6. « Le sommet de Cancun M. François Mitterrand va plaider pour des " négociations globales " sur un nouvel ordre économique », sur Lemonde.fr, (consulté le ).
  7. Pierre Drouin, « " La conférence de Cancun offre une chance historique à la paix " affirme M. Mitterrand Quelle technologie pour le tiers-monde ? », sur Lemonde.fr, (consulté le ).
  8. « Sommet de Cancun », sur Ina.fr, (consulté le ).
  9. a b c et d [PDF] Roberto Cestelli, Cancun : une occasion manquée. Nord-Sud : un problème primordial pour l'Europe, Bulletin européen, Rome, novembre 1981, n°11.
  10. Interview de El hadj Essy Amara, ancien président de l'Union Africaine : "Le Président Houphouët était un grand croyant et s'intéressait à tout ce qui avait trait à la spiritualité", 5 décembre 2007.
  11. Document de travail remis par M. François Mitterrand, Président de la République, à l'ouverture de la conférence Nord-Sud de Cancun au Mexique, jeudi 22 octobre 1981, Vie-publique.fr.
  12. Chronologie de la politique de coopération pour le développement (1958-2007), Vie-publique.fr, mis à jour le 3 septembre 2007.
  13. Jean-Pierre Cabestan, Chine : chronologie orientée, Politique étrangère, volume 48, numéro 1, p. 106, 1983.
  14. Michel Camdessus, Recueil des cours, Académie de droit international de La Haye, Martinus Nijhoff Publishers, 1er janvier 2003, 416 pages, p.24.
  15. [PDF] Jacques-Yvan Morin, Le sommet de Québec, Revue québécoise de droit international, 1987, p.123, note 6.
  16. [PDF]Guy Feuer, « Vers des changements de paradigmes dans l'action internationale pour le développement ? »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Afri-ct.org, .
  17. Georges B. Gélinas, Et si le Tiers-monde s'autofinançait ?, éditions Écosociété, 1994, p.32.
  18. Selon François Mitterrand, cité par Pierre Joxe, Pourquoi Mitterrand ?, Philippe Rey, 228 pages.
  19. « Les Tricheurs à Cancun », sur braunvega.com (consulté le )
  20. (es) Seymour, « Herman Braun: Pintura, Historia e ironía crítica » [« Herman Braun: Peinture, Histoire et ironie critique »], Supplément dominical de El Comercio, Lima,‎ , p. 7 (lire en ligne)
  21. « Braun-Vega, maître de I'interpicturalité » (Tableau reproduit en page de couverture), Espaces Latinos, no 208,‎ , p. 1 (lire en ligne)

Articles connexes

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